LA HENRIADE - Chant septième - Partie 1

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LA HENRIADE-CHANT 7- Partie 1

 

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CHANT SEPTIÈME.

 

 

ARGUMENT.

 

 

 

(1)

 

 

 

 

 

Saint-Louis transporte Henri V en esprit au ciel et aux enfers et lui fait voir, dans le palais des Destins, sa prospérité, et les grands hommes que la France doit produire.

 

 

 Chant VII

 

 

 

(2) Du Dieu qui nous créa la clémence infinie,

Pour adoucir les maux de cette courte vie,

A placé parmi nous deux êtres bienfaisants,

De la terre à jamais aimables habitants,

Soutiens dans les travaux, trésors dans l’indigence :

L’un est le doux Sommeil, et l’autre est l’Espérance.

L’un, quand l’homme accablé sent de son faible corps

Les organes vaincus sans force et sans ressorts,

Vient par un calme heureux secourir la nature,

Et lui porter l’oubli des peines qu’elle endure ;

L’autre anime nos cœurs, enflamme nos désirs,

Et même en nous trompant, donne de vrais plaisirs.

Mais aux mortels chéris à qui le ciel l’envoie,

Elle n’inspire point une infidèle joie ;

Elle apporte de Dieu la promesse et l’appui ;

Elle est inébranlable et pure comme lui.

 

Louis près de Henri tous les deux les appelle :

« Approchez vers mon fils, venez, couple fidèle. »

Le Sommeil l’entendit de ses antres secrets :

Il marche mollement vers ces ombrages frais.

Les vents, à son aspect, s’arrêtent en silence ;

Les songes fortunés, enfants de l’Espérance,

Voltigent vers le prince, et couvrent ce héros

D’olive et de lauriers, mêlés à leurs pavots.

 

Louis, en ce moment, prenant son diadème,

Sur le front du vainqueur il le posa lui-même :

« Règne, dit-il, triomphe, et sois en tout mon fils ;

Tout l’espoir de ma race en toi seul est remis :

Mais le trône, ô Bourbon ! ne doit point te suffire ;

Des présents de Louis le moindre est son empire.

C’est peu d’être un héros, un conquérant, un roi,

Si le ciel ne t’éclaire, il n’a rien fait pour toi.

Tous ces honneurs mondains ne sont qu’un bien stérile,

Des humaines vertus récompense fragile,

Un dangereux éclat qui passe et qui s’enfuit,

Que le trouble accompagne, et que la mort détruit.

Je vais te découvrir un plus durable empire,

Pour te récompenser, bien moins que pour t’instruire,

Viens, obéis, suis-moi par de nouveaux chemins :

Vole au sein de Dieu même, et remplis tes destins. »

 

L’un et l’autre, à ces mots, dans un char de lumière,

Des cieux, en un moment, traversent la carrière.

Tels on voit dans la nuit la foudre et les éclairs

Courir d’un pôle à l’autre, et diviser les airs ;

Et telle s’éleva cette nue embrasée,

Qui, dérobant aux yeux le maître d’Elisée,

Dans un céleste char, de flamme environné,

L’emporta loin des bords de ce globe étonné.

 

Dans le centre éclatant de ces orbes immenses,

Qui n’ont pu nous cacher leur marche et leurs distances (3),

Luit cet astre du jour, par Dieu même allumé,

Qui tourne autour de soi sur son axe enflammé :

De lui partent sans fin des torrents de lumière ;

Il donne, en se montrant, la vie à la matière,

Et dispense les jours, les saisons, et les ans,

A des mondes divers autour de lui flottants.

Ces astres, asservis à la loi qui les presse,

S’attirent dans leur course (4), et s’évitent sans cesse,

Et servant l'un à l’autre et de règle et d’appui,

Se prêtent les clartés qu’ils reçoivent de lui.

Au-delà de leur cours, et loin dans cet espace

Où la matière nage, et que Dieu seul embrasse,

Sont des soleils sans nombre, et des mondes sans fin.

Dans cet abîme immense il leur ouvre un chemin.

Par delà tous ces cieux le Dieu des cieux réside (5).

 

C’est là que le héros suit son céleste guide ;

C’est là que sont formés tous ces esprits divers,

Qui remplissent les corps et peuplent l’univers.

Là sont, après la mort, nos âmes replongées,

De leur prison grossière à jamais dégagées.

 

Un juge incorruptible y rassemble à ses pieds

Ces immortels esprits que son souffle a créés,

C’est cet Etre infini qu’on sert et qu’on ignore :

Sous des noms différents le monde entier l’adore :

Du haut de l’empyrée il entend nos clameurs ;

Il regarde en pitié ce long amas d’erreurs,

Ces portraits insensés que l’humaine ignorance

Fait avec piété de sa sagesse immense.

 

La Mort auprès de lui, fille affreuse du Temps,

De ce triste univers conduit les habitants :

Elle amène à la fois les bonzes, les brachmanes,

Du grand Confucius les disciples profanes,

Des antiques Persans les secrets successeurs,

De Zoroastre (6) encore aveugles sectateurs,

Les pâles habitants de ces froides contrées

Qu’assiègent de glaçons les mers hyperborées ;

Ceux qui de l’Amérique habitent les forêts,

De l’erreur invincible innombrables sujets.

Le dervis étonné, d’une vue inquiète,

A la droite de Dieu cherche en vain son prophète.

Le bonze, avec des yeux sombres et pénitents,

Y vient vanter ses vœux et ses tourments.

Eclairés à l’instant, ces morts dans le silence

Attendent en tremblant l’éternelle sentence.

Dieu, qui voit à la fois, entend, et connaît tout,

D’un coup d’œil les punit, d’un coup d’œil les absout.

Henri n’approcha point vers le trône invisible

D’où part à chaque instant ce jugement terrible,

Où Dieu prononce à tous ses arrêts éternels,

Qu’osent prévoir en vain tant d’orgueilleux mortels.

« Quelle est, disait Henri, s’interrogeant lui-même ;

Quelle est de Dieu sur eux la justice suprême ?

Ce Dieu les punit-il d’avoir fermé leurs yeux

Aux clartés que lui-même il plaça si loin d’eux ?

Pourrait-il les juger, tel qu’un injuste maître,

Sur la loi des chrétiens, qu’ils n’avaient pu connaître ?

Non. Dieu nous a créés, Dieu nous veut sauver tous :

Partout il nous instruit, partout il parle à nous ;

Il grave en tous les cœurs la loi de la nature,

Seule à jamais la même, et seule toujours pure.

Sur cette loi, sans doute, il juge les païens,

Et si leur cœur fut juste, ils ont été chrétiens (7). »

Tandis que du héros la raison confondue

Portait sur ce mystère une indiscrète vue,

Au pied du trône même une voix s’entendit ;

Le ciel s’en ébranla, l’univers en frémit ;

Ses accents ressemblaient à ceux de ce tonnerre

Quand du mont Sinaï Dieu parlait à la terre.

Le chœur des immortels se tut pour l’écouter,

Et chaque astre en son cours alla le répéter,

« A ta faible raison garde-toi de te rendre :

Dieu t’a fait pour l’aimer et non pour le comprendre.

Invisible à tes yeux, qu’il règne dans ton cœur ;

Il confond l’injustice, il pardonne à l’erreur ;

Mais il punit aussi toute erreur volontaire :

Mortel, ouvre les yeux quand son soleil t’éclaire (8). »

 

Henri dans ce moment, d’un vol précipité,

Est par un tourbillon dans l’espace emporté

Vers un séjour informe, aride, affreux, sauvage,

De l’antique chaos abominable image,

Impénétrable aux traits de ces soleils brillants,

Chefs-d’œuvre du Très-Haut, comme lui bienfaisants.

Sur cette terre horrible, et des anges haïe,

Dieu n’a point répandu le germe de la vie.

La Mort, l’affreuse Mort, et la Confusion,

Y semblent établir leur domination.

« Quelles clameurs, ô Dieu ! Quels cris épouvantables !

Quels torrents de fumée !Et quels feux effroyables :

Quels monstres, dit Bourbon, volent dans ces climats !

Quels gouffres enflammés s’entr’ouvrent sous mes pas ! ».

 

« O mon fils ! Vous voyez les portes de l’abîme

Creusé par la Justice, habité par le Crime :

Suivez-moi, les chemins en sont toujours ouverts. »

Ils marchent aussitôt aux portes des enfers (9).

Là, gît la sombre Envie, à l’œil timide et louche,

Versant sur des lauriers les poisons de sa bouche ;

Le jour blesse ses yeux, dans l’ombre étincelants ;

Triste amante des morts, elle hait les vivants.

Elle aperçoit Henri, se détourne, et soupire.

Auprès d’elle est l’Orgueil, qui se plaît et s’admire ;

La Faiblesse au teint pâle, aux regards abattus,

Tyran qui cède au crime et détruit les vertus ;

L’Ambition sanglante, inquiète, égarée,

De trônes, de tombeaux, d’esclaves entourée ;

La tendre Hypocrisie, aux yeux pleins de douceur

(Le ciel est dans ses yeux, l’enfer est dans son cœur) ;

Le faux Zèle étalant ses barbares maximes ;

Et l’Intérêt enfin, père de tous les crimes.

 

Des mortels corrompus ces tyrans effrénés

A l’aspect de Henri paraissent consternés ;

Ils ne l’ont jamais vu ; jamais leur troupe impie

N’approcha de son âme à la vertu nourrie :

« Quel mortel, disaient-ils, par ce juste conduit,

Vient nous persécuter dans l’éternelle nuit ? »

 

Le héros, au milieu de ces esprits immondes,

S’avançait à pas lents sous ces voûtes profondes.

Louis guidait ses pas : « Ciel, qu’est-ce que je vois?

L’assassin de Valois ! Ce monstre devant moi !

Mon père, il tient encor ce couteau parricide

Dont le conseil des Seize arma sa main perfide :

Tandis que, dans Paris, tous ces prêtres cruels

Osent de son portrait souiller les saints autels,

Que la Ligue l’invoque, et que Rome le loue (10),

Ici, dans les tourments, l’enfer le désavoue. »

« Mon fils, reprit Louis, de plus sévères lois

Poursuivent en ces lieux les princes et les rois.

Regardez ces tyrans, adorés dans leur vie :

Plus il étaient puissants, plus Dieu les humilie.

Il punit les forfaits que leurs mains ont commis,

Ceux qu’ils n’ont point vengés, et ceux qu’ils ont permis.

La mort leur a ravi leurs grandeurs passagères,

Ce faste, ces plaisirs, ces flatteurs mercenaires,

De qui la complaisance, avec dextérité,

A leurs yeux éblouis cachait la vérité.

La vérité terrible ici fait leurs supplices :

Elle est devant leurs yeux, elle éclaire leurs vices.

Voyez comme à sa voix tremblent ces conquérants !

Héros aux yeux du peuple, aux yeux de Dieu tyrans ;

Fléaux du monde entier, que leur fureur embrase,

La foudre qu’ils portaient à leur tour les écrase.

Auprès d’eux sont couchés tous ces rois fainéants,

Sur un trône avili fantômes impuissants.

 

Henri voit près des rois leurs insolents ministres :

Il remarque surtout ces conseillers sinistres,

Qui, des mœurs et des lois avares corrupteurs,

De Thémis et de Mars ont vendu les honneurs ;

Qui mirent les premiers à d’indignes enchères

L’inestimable prix des vertus de nos pères.

Etes-vous en ces lieux, faibles et tendres cœurs,

Qui livrés aux plaisirs, et couchés sur des fleurs,

Sans fiel et sans fierté couliez dans la paresse

Vos inutiles jours, filés par la mollesse ?

Avec les scélérats seriez-vous confondus,

Vous, mortels bienfaisants, vous, amis des vertus,

Qui, par un seul moment de doute ou de faiblesse,

Avez séché le fruit de trente ans de sagesse (11)

 

Le généreux Henri ne put cacher ses pleurs.

« Ah ! s’il est vrai, dit-il, qu’en ce séjour d’horreurs

La race des humains soit en foule engloutie (12),

Si les jours passagers d’une si triste vie

D’un éternel tourment sont suivis sans retour,

Ne vaudrait-il pas mieux ne voir jamais le jour ?

Heureux, s’ils expiraient dans le sein de leur mère !

Ou si ce Dieu du moins, ce grand Dieu si sévère,

A l’homme, hélas ! trop libre, avait daigné ravir

Le pouvoir malheureux de lui désobéir ! »

 

« Ne crois point, dit Louis, que ces tristes victimes

Souffrent des châtiments qui surpassent leurs crimes,

Ni que ce juste Dieu, créateur des humains,

Se plaise à déchirer l’ouvrage de ses mains :

Non, s’il est infini, c’est dans ses récompenses :

Prodigue de ses dons, il borne ses vengeances (13).

Sur la terre on le peint l’exemple des tyrans ;

Mais ici c’est un père, il punit ses enfants ;

Il adoucit les traits de sa main vengeresse ;

Il ne sait point punir des moments de faiblesse,

Des plaisirs passagers, pleins de trouble et d’ennui,

Par des tourments affreux, éternels comme lui (14). »

 

 LA HENRIADE-CHANT 7- Partie 1

 

1 – Le lecteur judicieux voit bien qu’on a été dans l’obligation indispensable de mettre dans un songe toute la fiction de ce septième chant, qui sans cela eût paru trop insoutenable dans notre religion. On a donc supposé (et la religion chrétienne le permet) que Dieu, qui nous donne toutes nos idées et le jour et la nuit, fait voir en songe à Henri IV les événements qu’il prépare à la France, et lui montre les secrets de sa providence sous des emblèmes allégoriques, ce qu’on expliquera plus au long dans le cours des remarques. (1723.)

 

2 – Ce chant était le sixième dans la première édition, et commençait tout différemment. (G.A.)

 

3 – Voici un des plus admirables morceaux de poésie française que nous connaissions. C’était pour la première fois, depuis Lucrèce, que les idées scientifiques se trouvaient exprimées en aussi beaux vers. Nous avons souligné ce tableau du système du monde, qui en partie est relatif à la gravitation et qui fit événement dans cette société encore tout entichée des tourbillons de Descartes. (G.A.)

 

4 – Que l’on admette ou non l’attraction de M. Newton, toujours demeure-t-il certain que les globes célestes, s’approchant et s’éloignant tour à tour, paraissent s’attirer et s’éviter. (1730.) (Voltaire.)

 

5 – Voltaire a critiqué lui-même ce dernier vers qui a tant d’éclat mais si peu de sens : « J’aurais mieux aimé, écrit-il quelque part, que l’auteur eût dit :

 

Dans ces cieux infinis le Dieu des cieux réside.

 

car la force, la vertu puissante qui les dirige et qui les anime, doit être partout ; ainsi que la force motrice est dans toute la substance du corps en mouvement… Nous avons eu la bassesse de faire de Dieu un roi qui a des courtisans dans son cabinet et des huissiers dans son antichambre… » ou moins encore : « Un fat qui se regarde au miroir et qui se contemple dans sa figure : c’est bien alors que l’homme a fait Dieu à son image. » (G.A.)

 

6 – En Perse, les Guèbres ont une religion à part, qu’ils prétendent être la religion fondée par Zoroastre, et qui paraît moins folle que les autres superstitions humaines, puisqu’ils rendent un culte secret au soleil, comme à une image du Créateur. (1730.) (Voltaire.)

 

7 – Ce passage, si peu catholique, était, dans l’édition de 1730, plus hérétique encore. Au lieu du huguenot béarnais, c’était le poète lui-même qui parlait, et déclarait nettement que « Dieu ne punit pas les païens d’avoir fermé les yeux aux clartés chrétiennes. » (G.A.)

 

8 – « Le critique de 94 fait observer avec raison que la réponse de l’Eternel est bien au-dessous des réflexions intérieures de Henri IV. » (G.A.)

 

9 – Les théologiens n’ont pas décidé comme un article de foi que l’enfer fût au centre de la terre, ainsi qu’il l’était dans la théologie païenne. Quelques-uns l’ont placé dans le soleil : on l’a mis ici dans un globe destiné uniquement à cet usage. (1730.) (Voltaire.)

 

10 – Le parricide Jacques Clément fut loué à Rome dans la chaire, où l’on aurait dû prononcer l’oraison funèbre de Henri III. On mit son portrait à Paris sur les autels, avec l’eucharistie. Le cardinal de Retz rapporte que le jour des Barricades, sous la minorité de Louis XIV, il vit un bourgeois portant un hausse-col sur lequel était gravé ce moine, avec ces mots : SAINT JACQUES CLÉMENT. (1730.) (Voltaire.)

 

11 – Ces huit vers sont de 1739. « Voilà de quoi inspirer peut-être un peu de pitié pour les pauvres damnés, parmi lesquels il y a de si honnêtes gens, » écrit Voltaire à Frédéric. Et Frédéric lui répond : « L’endroit ajouté au chant VIIe est encore admirable…, mais, mon cher Voltaire, ménagez la race des bigots et craignez vos persécuteurs ; ce seul article est capable de vous faire des affaires de nouveau. » (G.A.)

 

12 – On compte plus de 950 millions d’hommes sur la terre ; le nombre des catholiques va à 50 millions : si la vingtième partie est celle des élus, c’est beaucoup, donc il y a actuellement sur la terre 947 millions 500 mille hommes destinés aux peines éternelles de l’enfer. Et comme le genre humain se répare environ tous les vingt ans, mettez, l’un portant l’autre, les temps les plus peuplés avec les moins peuplés, il se trouve qu’à ne compter que 6,000 ans depuis la création, il y a déjà 300 fois 947 millions de damnés. De plus, le peuple juif ayant été cent fois moins nombreux que le peuple catholique, cela augmente le nombre des damnés prodigieusement : ce calcul méritait bien les larmes de Henri IV (1746). (Voltaire.) − Cette note est connue sous le nom de note des damnés. Elle disparut de l’édition de 1748, où Voltaire, sans vouloir effrayer les imaginations faibles, se contenta de renvoyer le lecteur au sermon de Massillon sur le petit nombre des élus, et aux paraboles de l’Evangile sur les épis après la moisson et les grappes après la vendange. Au lieu de 300 fois 947 millions, il faut lire 120 fois. (G.A.)

 

13 – Voici des vers qui ne sont guère catholiques. (G.A.)

 

14 – On peut entendre par cet endroit les fautes vénielles et le purgatoire. Les anciens eux-mêmes en admettaient un, et on le trouve expressément dans Virgile. (1746.) (Voltaire.)

 

− « Ces vers sont fort beaux ; mais ils ont le malheur de pécher contre les convenances, dit le critique de 94 ; et pour un habitant du ciel chrétien, saint Louis ne se montre guère orthodoxe. » (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

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