POESIE : Réponse à M. de Formont
Photo de PAPAPOUSS
RÉPONSE A M. DE FORMONT
- 1 –
On m’a conté (l’on m’a menti peut-être)
Qu’Apelle un jour vint entre cinq et six
Confabuler (2) chez son ami Zeuxis (3).
Mais, ne trouvant personne en son taudis ;
Fit, sans billet, sa visite connaître :
Sur un tableau par Zeuxis commencé
Un simple trait fut hardiment tracé.
Zeuxis revint ; puis, en voyant paraître
Ce trait léger, et pourtant achevé,
Il reconnut son maître et son modèle.
Je suis Zeuxis, mais chez moi j’ai trouvé
Des traits formés de la main d’un Apelle.
1 – M. de Formont de Rouen étant allé chez Voltaire, qui faisait alors son séjour en cette ville, et ne le trouvant pas, avait laissé sur son bureau cet impromptu :
Assis devant votre pupitre,
Avec votre plume j’écris.
Cela semble d’abord un titre
Pour façonner des vers polis :
Aussi je voulais vous en faire,
Mais Apollon m’a reconnu :
J’eus beau vouloir vous contrefaire,
De lui je n’ai rien obtenu.
Je vois trop que c’est temps perdu
Et qu’il ne répond qu’à Voltaire.
2 – S’entretenir avec quelqu’un familièrement.
3 – Ou plutôt, Protogènes. (G.A.)