LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 125

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 125

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 125)

 

 

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CONTINUATION DE L'HISTOIRE HÉBRAÏQUE.

 

 

(1)

 

 

 

LES MACHABÉES.

 

 

(2)

 

 

 

 

 

 

      Il ne faut point mépriser la curiosité que les Juifs nous inspirent. Tout superstitieux, tout inconstants, tout ignorants, tout barbares, et enfin tout malheureux qu'ils ont été et qu'ils sont encore, ils sont pourtant les pères des deux religions qui partagent aujourd'hui le monde, de Rome au Thibet, et du mont Atlas au Gange. Les Juifs sont les pères des chrétiens et des musulmans. L'Évangile, dicté par la vérité, et l'Alcoran, écrit par le mensonge, sont également fondés sur l'histoire juive. C'est une mère infortunée, respectée et opprimée par ses deux filles : par elles détrônée, et cependant sacrée pour elles. Voilà mon excuse de la peine fastidieuse de continuer ces recherches, entreprises par trois hommes plus savants que moi, mais à qui je ne cède point dans l'amour de la vérité.

 

      Les Juifs respirèrent sous Alexandre pendant dix années. Cet Alexandre forme la plus brillante époque de tous les peuples occidentaux. Il est triste que son histoire soit défigurée par des contes fabuleux, comme celle de tous les héros et de toutes les nations antiques. Il est encore plus triste que ces fables soient répétées de nos jours, et même par des compilateurs estimables. A commencer par l'avénement d'Alexandre au trône de Macédoine, je ne puis lire sans scrupule dans Prideaux (Histoire des Juifs, livre VII), que Philippe, père d'Alexandre, fut assassiné par un de ses gardes qui lui avait demandé inutilement justice contre un de ses capitaines, par lequel il avait été violé. Quoi donc ! un soldat est assez intrépide, assez furieux pour poignarder son roi au milieu de ses courtisans, et il n'a ni assez de force ni assez de courage pour résister à un vieux sodomite ! Il se laisse violer comme une jeune fille faible de corps et d'esprit ! Mais c'est Diodore de Sicile qui le raconte au bout de trois cents ans. Diodore dit que ce garde était ivre. Mais, ou il consentit dans le vin à cette infamie trop commune chez les Thraces, ou le vin devait exciter sa colère et augmenter ses forces. Ce fut dans l'ivresse qu'Alexandre tua Clitus.

 

      Justin copie Diodore ; Plutarque les copie tous deux. Prideaux et Rollin copient de notre temps ces anciens auteurs ; et quelque autre compilateur en fera autant, si des scupules pareils aux miens ne l'arrêtent. Modernes perroquets qui répétez des paroles anciennes, cessez de nous tromper en tout genre.

 

      Si je voulais connaître Alexandre, je me le représenterais à l'âge de vingt ans, succédant au généralat de la Grèce qu'avait eu son père, soumettant d'abord tous les peuples, depuis les confins de la Thrace jusqu'au Danube, vainqueur des Thébains, qui s'opposaient à ses droits de général, conduisant trente-cinq mille soldats aguerris contre les troupes innombrables de ces mêmes Perses qui depuis vainquirent si souvent les Romains, enfin allant jusqu'à l'Hydaspe dans l'Inde, parce que c'était là que finissait l'empire de Darius. Je regarderais cette guerre mémorable comme très légitime, puisqu'il était nommé par toute la Grèce, malgré Démosthène, pour venger tous les maux que les rois de Perse avaient faits si longtemps aux Grecs, et qu'il méritait d'eux une reconnaissance éternelle. Je m'étonnerais qu'un jeune héros, dans la rapidité de ses victoires, ait bâti cette multitude de villes, en Égypte, en Syrie, chez les Scythes, et jusque dans les Indes ; qu'il ait facilité le commerce de toutes les nations, et changé toutes ses routes en fondant le port d'Alexandrie. J'oserais lui rendre grâces au nom du genre humain.

 

      Je douterais de cent particularités qu'on rapporte de sa vie et de sa mort, de ces anecdotes presque toujours fausses, et si souvent absurdes. Je m'en tiendrais à ses grandes actions, connues de toute la terre.

 

      Ainsi les déclamations de quelques poètes contre les conquêtes d'Alexandre ne me paraîtraient que des jeux d'esprit. Je respecterais celui qui respecta la mère, la femme, et les filles de Darius ses prisonnières. Je l'admirerais dans la digue qu'il construisit au siège de Tyr, et qui fut imitée deux mille ans après par le cardinal de Richelieu au siège de La Rochelle.

 

      S'il est vrai qu'Alexandre fit crucifier deux mille citoyens de Tyr après la prise de la ville, je frémirais ; mais j'excuserais peut-être cette vengeance atroce contre un peuple qui avait assassiné ses ambassadeurs et ses hérauts, et qui avait jeté leurs corps dans la mer. Je me rappellerais que César traita de même six cents des principaux citoyens de Vannes, bien moins coupables, et je plaindrais les nations si souvent en proie à de si horribles calamités.

 

      Mais je ne croirais point que Dieu suscita Alexandre, et lui livra l'opulente ville de Tyr uniquement pour faire plaisir à Jérusalem, avec qui elle n'eut jamais de guerre particulière. Prideaux, et après lui Rollin, ont beau rapporter des passages de Joël et d'Ezéchiel, dans lesquels ils se réjouissent de la première chute de Tyr sous Nabuchodonosor, comme des esclaves fouettés par leurs maîtres insultent à d'autres esclaves fouettés à leur tour ; ces passages, si ridiculement appliqués, ne me feraient jamais croire que le Dieu de l'univers, qui a laissé prendre tant de fois Jérusalem et son temple, n'a fait marcher Alexandre à la conquête de l'Asie que pour consoler quelques Juifs.

 

      Je ne croirais pas davantage à la fable absurde que Flavius Josèphe (livre XI, chapitre VII.) ose raconter. Selon ce Juif, le pontife juif, nommé Jaddus, ou plutôt Jadduah, avait apparu en songe à Alexandre dix ans auparavant : il l'avait exhorté à la conquête de l'empire persan, et l'avait assuré que le Dieu des Juifs le conduirait lui-même par la main. Quand ce grand-prêtre vint en tremblant, suivi d'une députation juive, adorer Alexandre, c'est-à-dire se prosterner devant lui et demander ses ordres, Alexandre, voyant le mot Jaho gravé sur la tiare de ce prêtre, reconnut Jaddus au bout de dix ans, se prosterna lui-même, comme s'il avait su l'hébreu. Et voilà donc comment on écrivait l'histoire !

 

      Les Juifs et les Samaritains demi-Juifs furent sujets d'Alexandre, comme ils l'avaient été de Darius. Ce fut pour eux un temps de repos. Les Hébreux des dix tribus dispersées par Salmanazar et par Asarhaddon, revinrent en foule et s'incorporèrent dans la tribu de Juda. Rien n'est en effet plus vraisemblable. Tel est le dénouement naturel de cette difficulté qu'on fait encore tous les jours : Que sont devenues les dix tribus captives ? Celle de Juda, possédant Jérusalem, s'arrogea toujours la supériorité, quoique cette capitale fût située dans le territoire de Benjamin. C'est pourquoi tous les prophètes juifs, ne cessaient de dire que la verge resterait toujours dans Juda, malgré la jalousie des Samaritains établis à Sichem. Mais quelle domination ! ils furent toujours assujettis à des étrangers.

 

      Il y eut quelques Juifs dans l'armée d'Alexandre lorsqu'il eut conquis la Perse, du moins si nous en croyons le petit livre de Flavius Josèphe contre Apion. Ces soldats étaient probablement de ceux qui étaient restés vers Babylone après la captivité, et qui avaient mieux aimé gagner leur vie chez leurs vainqueurs, que d'aller relever les ruines du temple de Jérusalem. Alexandre voulut les faire travailler comme les autres à rebâtir un autre temple, celui de Bélus à Babylone. Josèphe assure qu'ils ne voulurent jamais employer leurs mains à un édifice profane, et qu'Alexandre fut obligé de les chasser. Plusieurs Juifs ne furent pourtant pas si difficiles, lorsque trois cents ans après ils travaillèrent sous Hérode à bâtir un temple dans Césarée à un mortel, à l'empereur Auguste leur souverain : tant le gouvernement change quelquefois les mœurs des hommes les plus obstinés !

 

 

 

 

1 - Ici, le troisième commentateur s'est arrêté, et un quatrième a continué l'histoire hébraïque d'une manière différente des trois autres.

 

2 - Les livres des Machabées sont au nombre de quatre : le premier fut écrit en chaldaïque, mais on n'a plus que la version grecque ; le deuxième, recueil de différentes pièces, date d'Alexandrie ainsi que le troisième ; quant au quatrième, il a été composé par Josèphe. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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