LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 24

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 24

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 24)

 

 

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EXODE.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Pharaon fit donc atteler son char, et prit avec lui tout son peuple avec six cents chars de guerre choisis (1), et tous les chefs de l'armée ; car le Seigneur avait endurci le cœur du pharaon, roi d'Égypte... et le Seigneur dit à Mosé : Pourquoi cries-tu à moi ? dis aux enfants d'Israël qu'ils marchent (2). Et Mosé ayant étendu sa main sur la mer, le Seigneur enleva la mer par un vent brûlant toute la nuit, et la mer fut à sec, et l'eau fut divisée, et les Israélites entrèrent au milieu de la mer séchée, car l'eau était comme un mur à leur droite et à leur gauche... En ce jour, les Israélites virent les corps morts des Égyptiens, et l'exécution grande que la main du Seigneur avait faite. Alors Mosé et les enfants d'Israël chantèrent un cantique au Seigneur... Marie la prophétesse, sœur d'Aaron, prit un tambour à la main ; toutes les autres femmes dansèrent avec elle (3).

 

      Mosé étant parti de la mer Rouge, les Israélites allèrent dans le désert de Sur, et ayant marché dans cette solitude, ils ne trouvèrent point d'eau, et ils arrivèrent à Mara, où l'eau était extrêmement amère. Mosé cria au Seigneur, qui lui montra un bois, lequel ayant été jeté dans l'eau, elle devint douce.

 

      Le quinzième jour du second mois, depuis la sortie d'Égypte, le peuple vint au désert de Sin, entre Elim et Sinaï, et ils murmurèrent dans ce désert contre Mosé et Aaron. Ils dirent : Plût à Dieu que nous fussions morts dans l'Égypte par la main du Seigneur ! Nous étions assis sur des marmites de viandes, et nous mangions du pain tant que nous voulions (4).

 

      Alors Dieu dit à Mosé : Je vais leur faire pleuvoir des pains du ciel... Et Mosé dit à Aaron : Dites à l'assemblée des enfants d'Israël qu'ils se présentent devant le Seigneur. Et ils virent la gloire du Seigneur qui parut dans une nuée ; et Dieu dit à Mosé : Dis-leur que ce soir ils mangeront de la chair, et demain matin ils seront rassasiés, et vous saurez tous que je suis le Seigneur votre Dieu. Et le soir donc tout le camp fut couvert de cailles, et le matin tous les environs furent chargés d'une rosée qui ressemblait à la bruine qui tombe sur la terre ; et les enfants d'Israël ayant vu cela, se disaient l'un à l'autre : Manhu ; et Mosé leur dit : C'est le pain que Dieu vous a donné à manger (5).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 - S'il y avait environ vingt-quatre millions de familles en Égypte, l'armée de Pharaon dut être de vingt-quatre millions de combattants, en comptant un soldat par famille : mais Dieu avait déjà tué le premier-né de chaque famille : il faut donc supposer que tous les puînés étaient en âge de porter les armes pour former tout le peuple en corps d'armée.

 

A l'égard des chevaux, il est dit que toutes les bêtes de somme avaient péri par la sixième plaie, et que tous les premiers-nés étaient morts par la dernière, mais il pouvait rester quelques chevaux encore.

 

2 - Les incrédules, et même plusieurs commentateurs, ont voulu expliquer ce miracle.

 

L'historien Flavius Josèphe le réduit à rien, en disant qu'il en arriva presque autant au grand Alexandre quand il côtoya la mer de Pamphylie ; et dans la crainte que les Romains ne prissent le miracle du passage de la mer Rouge pour un mensonge et ne s'en moquassent, il dit qu'il laisse à chacun la liberté d'en croire ce qu'il voudra. Il faut bien qu'un historien laisse à son lecteur la liberté de le croire et de ne pas le croire, de l'approuver ou d'en rire : on la prendrait bien sans lui. L'auteur sacré est bien loin d'employer les ménagements et les subterfuges du Juif Flavius Josèphe, d'ailleurs très respectable. Il vous donne le passage des six cent mille Juifs à travers les eaux de la mer suspendues et tant de millions d'Égyptiens engloutis, comme un des plus signalés prodiges que Dieu ait faits en faveur de son peuple.

 

On a dit qu'un autre prodige est qu'aucun auteur égyptien n'ait jamais parlé de ce miracle épouvantable, ni des autres plaies d'Égypte ; qu'aucune nation du monde n'ait jamais entendu parler ni de cet évènement, ni de tout ce qui l'a précédé ; que personne ne connut jamais ni Aaron, ni Séphora, ni Joseph fils de Jacob, ni Abraham, ni Seth, ni Adam. Ils affirment que tout cela ne commença à être un peu connu que longtemps après la traduction attribuée aux Septante, comme nous l'avons déjà remarqué. Les desseins de Dieu n'ont pu être accomplis que dans les temps marqués par sa providence.

 

3 - Les critiques font des difficultés sur ce cantique ; ils disent qu'il n'est guère probable qu'environ trois millions de personnes, en comptant les vieillards, les femmes et les enfants, à peine échappés d'un si grand péril, aient pu aussitôt chanter un cantique, et que Mosé l'ait composé dans l'instant même. Ils demandent en quelle langue était ce cantique. Ils disent qu'il ne pouvait être qu'en égyptien. C'est une objection bien frivole. Il y avait une remarque plus singulière à faire : c'est que l'ancien livre apocryphe de la Vie de Mosé dit que le Pharaon échappa, et alla régner à Ninive. On a raison de traiter cette imagination de ridicule.

 

Si vous en croyez dom Calmet, Manéthon dit que le pharaon échappa de ce péril ; mais Manéthon, dont on ne connaît un petit nombre de passages que par la réponse de Flavius Josèphe, ne dit point du tout que l'armée du pharaon fut submergée dans la mer entr'ouverte ; il dit qu'un roi d'Égypte, nommé Aménophis (qui n'a jamais existé), alla au-devant d'une armée de brigands arabes établis en Palestine, qu'il n'osa en venir aux mains, et qu'il se retira en Éthiopie.

 

4 - Les incrédules ne cessent de nous reprocher insolemment que nous leur contons des fables absurdes. Ils ne peuvent pas comprendre que Dieu n'ait pas donné à son peuple cet excellent pays de l'Égypte, où il n'y avait plus que des femmes et des enfants. "Comment, disent-ils, Mosé, à l'âge de plus de quatre-vingts ans, peut-il conduire, dans le plus affreux des déserts, trois millions d'hommes, au lieu de les mener du moins dans le pays de Canaan, en passant par l'Idumée ? Les déserts de Sur, de Mara, d'Elim, de Sin, de Raphidim, d'Horeb, de Sinaï, de Pharan, de Cadès-Barné, d'Oboth, de Cadenoth, dans lesquels ils errèrent quarante années, ne pourraient pas nourrir trente voyageurs pendant quatre jours, s'ils ne portaient de l'eau et des provisions. Il y a quelques fontaines, à la vérité, au mont Horeb : mais tout le reste est sec et impraticable ; plusieurs Arabes y tombent quelquefois morts de soif et de faim. Le premier devoir d'un législateur, tel qu'on nous représente Mosé, est de pourvoir à la subsistance de son peuple."

 

5 - Diodore de Sicile, livre I, chapitre LX, raconte qu'un roi d'Égypte, nommé Actisanès, fit autrefois couper le nez à une troupe de voleurs, qui avaient infesté de leurs brigandages toute l'Égypte dans le temps des guerres civiles, qu'il les relégua vers Rhinocolure, à l'entrée de tous ces déserts. Rhinocolure en grec signifie nez coupé, et apparemment ce mot fut depuis la traduction du mot égyptien. Diodore dit qu'ils habitèrent le désert de Sin, et qu'ils firent des filets pour prendre des cailles dans le temps qu'elles passent vers ces climats.

 

Les incrédules, abusant également du texte de Diodore et de celui de l'Écriture sainte, croient apercevoir dans ce récit la véritable histoire des Juifs. Ils disent que les Juifs sont des voleurs de leur propre aveu : qu'il est très naturel qu'un roi d'Égypte, soit Actisanès, soit un autre, les ayant relégués dans un désert après leur avoir fait couper le nez, leur race ait conçu une haine implacable contre les Égyptiens, et qu'elle ait continué le métier de brigands qu'elle tenait de ses pères.

 

Pour la manne, ils n'y trouvent rien d'extraordinaire, si ce n'est qu'elle est un purgatif : ils disent que ce purgatif peut être moins fort que la manne de la Calabre, et qu'on peut s'y accoutumer à la longue ; qu'on trouve encore de la manne dans ces déserts, mais que c'est une nourriture qui ne peut sustenter personne ; et enfin ils nient le miracle de la manne comme tous les autres. Ils prétendent qu'il était aussi aisé à Dieu de les bien nourrir que de les mal nourrir ; que si les hommes, les femmes et les enfants marchèrent trois jours entiers dans les sables brûlants du désert de Sin sans boire, les femmes et les enfants durent expirer par la soif ; que non-seulement Dieu se serait contredit lui-même en les conduisant ainsi lorsqu'il se déclarait leur protecteur et leur père, mais qu'il était leur cruel homicide, qu'il est impossible d'admettre dans Dieu tant de déraison et tant de cruauté. Quelques raisons qu'on leur dise, ils persistent dans leurs blasphèmes, et nous ne pouvons que les plaindre. (Voltaire.) - Selon Ehrenberg, c'est l'arbrisseau appelé tamarix qui donne la manne, substance que les Arabes mangent comme du miel. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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