COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES - Partie 9

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COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES - Partie 9

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COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES

 

ou

 

MONUMENTS DU PREMIER SIÈCLE DU CRISTIANISME.

 

 

 

(Partie 9)

 

 

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PROTÉVANGILE

 

ATTRIBUÉ A JACQUES, SURNOMMÉ LE JUSTE,

FRÈRE DU SEIGNEUR.

 

 

(1)

 

 

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          I. – Dans les histoires des douze tribus d’Israël, on voit que Joachim était fort riche, et offrait à Dieu de doubles offrandes, disant en soi-même : Que mes facultés soient celles de tout le peuple pour la rémission de mes péchés auprès de Dieu, afin qu’il ait pitié de moi. Or, le grand jour du Seigneur approchait, et les enfants d’Israël offraient leurs dons, et Ruben s’éleva contre lui, disant : Il ne vous est pas permis d’offrir votre don, parce que vous n’avez point eu d’enfant en Israël. Joachim en fut très attristé, et il s’en alla voir la généalogie des douze tribus d’Israël, disant entre soi : Je verrai dans les tribus d’Israël, si je suis le seul qui n’ai point eu d’enfant en Israël. C’est pourquoi, en examinant, il vit que tous les justes en avaient eu ; et il se ressouvint du patriarche Abraham, à qui, dans ses derniers jours, Dieu avait donné un fils, Isaac. Alors Joachim étant tout triste, n’alla point voir sa femme ; mais il se retira dans le désert, où, ayant dressé des tentes, il jeûna quarante jours et quarante nuits, disant en soi-même : Je ne mangerai ni ne boirai jusqu’à ce que le Seigneur mon Dieu m’ait regardé ; mais mon oraison sera ma nourriture.

 

          II. – Or son épouse Anne pleurait de deux pleurs et était accablée d’un double chagrin, disant : Je pleure ma viduité et ma stérilité. Le grand jour du Seigneur étant donc arrivé, Judith, sa servante, lui dit : Jusqu’à quand enfin affligerez-vous votre âme ? Il ne vous est pas permis de pleurer, parce que c’est le grand jour du Seigneur. Prenez donc ce diadème que m’a donné la maîtresse où j’allais travailler à la journée, et parez-en votre tête ; car, comme je suis votre servante, vous avez une forme royale ; et Anne lui dit : Laissez-moi ; car je n’en ferai rien : Dieu m’a trop humiliée. Prenez bien garde qu’il ne vous ait été donné par quelque voleur et que Dieu ne m’implique dans votre péché ; Judith, sa servante, lui répondit : Que vous dirai-je ? est-ce que je vous souhaite un plus grand mal, puisque vous n’écoutez pas ma voix ? car c’est avec raison que Dieu vous a rendue stérile, pour ne vous point donner de fils en Israël ; et Anne en fut très attristée ; et ayant quitté ses habits de deuil, elle orna sa tête et se vêtit de ses habits de noces ; et sur les neuf heures, elle descendit dans son jardin pour se promener ; et voyant un laurier, elle s’assit dessous et fit ses prières au Seigneur Dieu, disant : Dieu de mes pères, bénissez-moi, et écoutez mon oraison, comme vous avez béni le sein de Sara, et lui avez donné un fils, Isaac.

 

          III. – Et regardant vers le ciel, elle vit dans le laurier un nid de moineaux, et elle se plaignit en elle-même et dit : Hélas ! que je suis malheureuse ! (à qui puis-je être comparée ?) qui est-ce qui m’a engendrée, ou quelle mère m’a enfantée pour que je naquisse ainsi maudite devant les enfants d’Israël ? car ils m’accablent de reproches et d’insultes ; ils m’ont chassée du temple du Seigneur mon Dieu. Hélas ! que je suis malheureuse ! (à qui suis-je devenue semblable ? je ne puis point être comparée aux oiseaux du ciel, parce que les oiseaux sont féconds en votre présence, Seigneur ; car ce qui est en moi, je le remets en vous. Hélas ! que je suis malheureuse ! à qui puis-je être comparée ?) Je ne puis être comparée avec les animaux mêmes de la terre, parce qu’ils sont féconds en votre présence, Seigneur. Hélas ! que je suis malheureuse ! à qui suis-je semblable ? Je ne puis être comparée avec les eaux, parce qu’elles sont fécondes en votre présence (car les eaux elles-mêmes, tant claires que flottantes, vous louent avec les poissons de la mer). Mais, hélas ! que je suis malheureuse ! à qui puis-je être comparée ? Je ne puis être comparée avec la terre, parce que la terre porte ses fruits en son temps, et vous bénit, Seigneur.

 

          IV. – Et voici que l’ange du Seigneur vola vers elle en lui disant : Anne, Dieu a exaucé votre prière ; vous concevrez et vous enfanterez, et votre enfant sera célèbre dans tout le monde ; mais Anne dit : Le Seigneur mon Dieu est vivant : soit que j’engendre garçon ou fille, je l’offrirai au Seigneur notre Dieu, et il servira dans les choses sacrées tous les jours de sa vie ; et voici que deux anges vinrent en lui disant : Joachim votre mari vient avec ses troupeaux ; car l’ange du Seigneur est descendu vers lui, disant : Joachim, Joachim, le Seigneur a exaucé votre prière, descendez d’ici. Voici que Anne votre femme concevra dans son sein ; et Joachim descendit, et il appela ses bergers, disant : Apportez-moi ici dix agneaux femelles (pures et sans tache), et elles seront pour le Seigneur mon Dieu ; et amenez-moi douze veaux purs, et ils seront pour les prêtres et pour le clergé, soit pour l’assemblée des vieillards ; et apportez-moi cent boucs, et les cent boucs seront pour tout le peuple ; et voici que Joachim vient avec ses troupeaux, et Anne se tenait debout sur la porte, et elle vit Joachim qui venait avec ses troupeaux, et accourant, elle s’attacha à son cou, disant : A présent je connais que le Seigneur Dieu m’a extrêmement bénie ; car moi qui étais veuve, je ne suis plus veuve, et moi qui étais stérile, j’ai conçu dans mon sein, et Joachim se reposa dans sa maison le premier jour.

 

          V. – Le lendemain il offrit ses dons, disant en soi-même : Si le Seigneur Dieu me bénit, la lame du prêtre me le fera connaître ; (et Joachim offrit ses dons) et fit attention à la lame (soit à l’éphod ou au rational) du prêtre, lorsqu’il fut admis à l’autel du Seigneur, et il ne vit point de péché en soi ; et Joachim dit : A présent j’ai connu que Dieu a eu pitié de moi, et m’a remis tous mes péchés ; et il descendit justifié de la maison du Seigneur, et il vint dans sa maison. Ainsi Anne conçut, et ses six mois furent accomplis ; mais au neuvième mois Anne enfanta, et dit à la sage-femme : Qu’est-ce que j’ai enfanté ? Elle dit : Une femme ; et Anne dit : Mon âme est magnifiée à cette heure-ci, et elle se recoucha. Or, les jours étant accomplis, Anne fut purifiée, et elle allaitait sa fille, et nomma son nom Marie.

 

          VI. – Or la petite fille se fortifiait de jour en jour, et lorsqu’elle eut six mois, sa mère la posa par terre pour essayer si elle se tiendrait debout ; elle fit sept pas en marchant, et elle vint dans le sein de sa mère ; et Anne dit : Le Seigneur mon Dieu est vivant, parce que vous ne marcherez pas sur la terre jusqu’à ce que je vous aie présentée au temple du Seigneur : et elle fit la sanctification dans son lit ; et tout ce qui est souillé, elle avait soin de le séparer d’elle à cause d’elle, et elle appela des filles d’Hébreux sans tache, et elles la soignaient. Et la première année de la petite fille s’accomplit : et Joachim fit un grand repas ; et il invita les princes des prêtres, et les scribes, et tout le sénat, et tout le peuple d’Israël. Et il offrit (des présents) aux princes des prêtres ; et ils le bénirent, disant : Dieu de nos pères, bénissez cette jeune fille, et donnez-lui un nom célèbre éternellement dans toutes les générations. Et tout le peuple dit : Soit fait, soit fait, ainsi soit-il. Et il la présenta aux prêtres ; et ils la bénirent, disant : Dieu très haut, regardez cette petite fille, et bénissez-là d’une bénédiction qui n’ait point de relâche. Sa mère la prit et lui donna à téter : et Anne fit un cantique au Seigneur Dieu, disant : Je chanterai louange au Seigneur mon Dieu, parce qu’il m’a visitée, et m’a délivrée de l’opprobre de mes ennemis, et le Seigneur Dieu m’a donné un fruit de sa grande miséricorde en sa présence. Qui est-ce qui annoncera aux fils de Ruben qu’Anne allaitait ? (Ecoutez, écoutez, douze tribus d’Israël, parce que Anne allaite). Et elle la recoucha dans le lieu de sa sanctification, et elle sortit, et elle les servait. Et ayant achevé le festin, ils se retirèrent tout joyeux (et ils lui donnèrent le nom de Marie) en glorifiant le Dieu d’Israël.

 

          VII. – Or la petite fille avançait en âge, et lorsqu’elle eut deux ans, Joachim dit à Anne son épouse : Introduisons-la dans le temple de Dieu, afin que nous rendions notre vœu que nous avons promis, de peur que Dieu ne nous l’enlève ou ne s’irrite contre nous. Et Anne dit : Attendons la troisième année, de peur que la petite fille ne demande son père et sa mère. Et Joachim dit : Attendons. Et la petite fille eut trois ans, et Joachim dit : Appelez de petites-filles des Hébreux sans tache, et qu’elles reçoivent en particulier des lampes, et qu’elles soient allumées, de peur que la petite fille ne se retourne en arrière, et que son esprit ne soit détourné du temple de Dieu. Et ils firent ainsi, jusqu’à ce qu’elles entrèrent dans le temple. Et le prince des prêtres la reçut, et la baisa, et dit : Marie, le Seigneur a magnifié votre nom dans toutes les générations, et dans les derniers jours le Seigneur manifestera en vous le prix de sa rédemption aux enfants d’Israël. Et il la plaça sur le troisième degré de l’autel ; et le Seigneur Dieu répandit sa grâce sur elle ; et elle tressaillait de joie en dansant avec ses pieds ; et toute la maison d’Israël la chérit.

 

          VIII. – Et ses parents descendirent, admirant et louant Dieu, parce que la petite fille ne s’est pas retournée vers eux. Or, Marie était comme une colombe élevée dans le temple du Seigneur, et elle recevait sa nourriture de la main d’un ange. Lorsqu’elle eut douze ans, il se tint (dans le temple du Seigneur) un conseil des prêtres, disant : Voilà que Marie a douze ans dans le temple du Seigneur  que lui ferons-nous, de peur que la sanctification du Seigneur notre Dieu ne soit peut-être souillée ? Et les prêtres dirent à Zacharie : Prince des prêtres, présentez-vous à l’autel du Seigneur, et priez pour elle ; et tout ce que Dieu nous aura manifesté, nous le ferons. Et le prince des prêtres, ayant pris sa longue tunique à douze clochettes, entra dans le saint des saints, et pria pour elle. Et voici que l’ange du Seigneur se présenta, lui disant : Zacharie, Zacharie, sortez, et convoquez les veufs du peuple ; et qu’ils apportent chacun une verge ; et elle sera donnée en garde pour femme à celui à qui Dieu aura montré un signe. Or des crieurs le publièrent par toute la région de la Judée, et la trompette du Seigneur sonna, et tous accoururent.

 

 

 

 

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