COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES - Partie 10

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COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES - Partie 10

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COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES

 

ou

 

MONUMENTS DU PREMIER SIÈCLE DU CRISTIANISME,

 

 

 

(Partie 10)

 

 

__________

 

 

 

PROTÉVANGILE

 

ATTRIBUÉ A JACQUES, SURNOMMÉ LE JUSTE,

FRÈRE DU SEIGNEUR.

 

 

 

 

 

 

 

          IX. – Or Joseph, ayant jeté sa hache, sortit au-devant d’eux ; et s’étant assemblés ils s’en allèrent au grand-prêtre, ayant pris leurs verges. Ainsi recevant d’eux leurs verges, il entra dans le temple et pria. Et ayant achevé l’oraison, il prit les verges et sortit. Alors il les rendit à chacun d’eux, et il n’y apparut aucun signe. Mais Joseph reçu la dernière verge, et voici qu’une colombe sortit de la verge, et vola sur la tête de Joseph. Et le grand-prêtre dit à Joseph : Vous êtes choisi par le sort divin pour prendre la vierge du Seigneur en garde chez vous. Et Joseph s’en défendait, disant : J’ai des fils, et je suis vieux ; mais elle est très jeune : de là je crains de devenir ridicule aux enfants d’Israël. Mais le grand-prêtre dit à Joseph : Craignez le Seigneur votre Dieu, et ressouvenez-vous quelles grandes choses Dieu fit contre Dathan, et Abiron, et Coré ; comment la terre s’ouvrit et les dévora à cause de leur contradiction. Maintenant donc craignez Dieu, Joseph, de peur que ces choses ne soient dans votre maison. Joseph, effrayé, la reçut, et lui dit : Marie, voici que je vous prends du temple du Seigneur, et je vous laisserai à la maison, et j’irai pour exercer ma profession de charpentier (et je reviendrai à vous). Et que le Seigneur vous conserve (tous les jours).

 

          X. – Or, il se tint un conseil des prêtres, disant : Faisons un voile (ou un tapis) pour le temple du Seigneur. Et le prince des prêtres dit : Appelez-moi des vierges sans tache, de la tribu de David. S’en allant donc et cherchant, ils trouvèrent sept vierges. Et le prince des prêtres se ressouvint de Marie, qu’elle était de la tribu de David, et sans tache devant Dieu. Et le prince des prêtres dit : Tirez-moi au sort laquelle filera du fil d’or (d’amiante) et de fin lin (et de soie), et d’Hyacinthe, et d’écarlate, et de la vraie pourpre ; et Zacharie et la vraie pourpre (et l’écarlate) échut à Marie par le sort ; et (les ayant reçues) elle s’en alla dans sa maison. Or, dans ce même temps, Zacharie perdit la parole. Et Samuel prit sa place, jusqu’à ce que Zacharie recommença à parler. Marie ayant reçu la pourpre (et l’écarlate) fila.

 

          XI. – Et ayant pris une cruche, elle sortit puiser de l’eau. Et voici une voix qui lui dit : Je vous salue pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes. Or Marie regardait à droite et à gauche, pour savoir d’où venait cette voix. Et toute tremblante, elle entra dans sa maison, et quitta sa cruche ; et ayant pris la pourpre, elle s’assit sur sa chaise pour travailler. Et voici que l’ange du Seigneur se présenta devant elle, disant : Ne craignez point, Marie, vous avez trouvé grâce auprès du Seigneur. Et l’entendant, Marie s’entretenait en soi-même de ces pensées : Si je concevrai par le Dieu vivant, et j’enfanterai comme chaque femme engendre ? Et l’ange du Seigneur dit : Il n’en sera pas ainsi, ô Marie ! car le Saint-Esprit viendra sur vous, et la vertu de Dieu vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint qui naîtra de vous sera appelé le fils du Dieu vivant. Et vous lui donnerez le nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés. Et voici que votre cousine Elisabeth a conçu son fils dans sa vieillesse : et ce mois-ci est le sixième pour celle qui était appelée stérile, parce que tout ce que je vous dis ne sera pas impossible auprès de Dieu. Et Marie dit : Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon votre parole.

 

          XII. – Et ayant achevé la pourpre et l’écarlate, elle l’apporta au grand-prêtre. Il la bénit, et dit : O Marie ! Votre nom est magnifié, et vous serez bénie dans toute la terre. Marie, ayant conçu une grande joie, s’en alla vers Elisabeth, sa cousine, et frappa à sa porte. Et Elisabeth, l’entendant, accourut à la porte, et lui ouvrit, et dit : Et d’où me vient ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne à moi ! car ce qui est en moi a tressailli et vous a bénie. Or Marie elle-même ignorait ces mystères, dont l’archange Gabriel lui avait parlé. Et regardant le ciel, elle dit : Qui suis-je, pour que toutes les générations me disent ainsi bienheureuse ? Mais de jour en jour son ventre grossissait ; et, frappée de crainte, Marie s’en alla dans sa maison, et se cacha des enfants d’Israël. Elle avait seize ans lorsque ces mystères s’accomplissaient.

 

          XIII. – Au bout de son sixième mois, voici que Joseph vint de ses ouvrages de charpente, et entrant dans sa maison, il la vit enceinte, et le visage abattu ; (il se jeta par terre, et pleura amèrement) disant : De quel front regarderai-je le Seigneur Dieu ? or quelle prière ferai-je pour cette petite-fille, laquelle j’ai reçue vierge du temple du Seigneur Dieu, et je ne l’ai pas gardée ? Qui m’a trompé ? qui a fait ce mal dans ma maison ? qui a captivé et séduit la Vierge ? ne m’est-il pas arrivé une histoire pareille à celle d’Adam ? Car à l’heure de son bonheur le serpent entra et trouva Eve seule, et il la séduisit : oui, oui, pareille chose m’est arrivée. Et Joseph se releva de terre, et ayant pris Marie, il lui dit : O vous qui étiez si agréable à Dieu, pourquoi avez-vous fait cela, et avez-vous oublié le Seigneur votre Dieu, vous qui avez été élevée dans le saint des saints ? pourquoi avez-vous avili votre âme, vous qui receviez votre nourriture de la main des anges ? Pourquoi avez-vous fait cela ? Mais elle pleurait très amèrement, disant : Je suis pure, et je n’ai point connu d’homme. Mais Joseph lui dit : Eh ! d’où vient donc ce que vous avez dans le sein ? Et Marie répondit : Le Seigneur mon Dieu est vivant : je ne sais d’où cela me vient.

 

          XIV. – Et Joseph fut tout interdit, et persistait dans cette pensée, que ferai-je d’elle ? Et Joseph dit en soi-même : Si je cache son péché, je serai trouvé coupable dans la loi du Seigneur ; si je la dénonce à la vue de tous les enfants d’Israël, je crains que cela ne soit pas juste, et que je ne sois trouvé livrant le sang innocent à un jugement de mort. Que ferai-je donc d’elle ? assurément je l’abandonnerai en cachette : et la nuit le surprit. Et voici que l’ange du Seigneur lui apparaît en songe, disant : Ne craignez point de recevoir cette jeune fille, car ce qui est né en elle est du Saint-Esprit ; elle enfantera donc un fils ; et vous lui donnerez le nom de Jésus ; car ce sera lui qui sauvera son peuple de leurs péchés ; Joseph se leva donc après ce songe, et glorifia le Dieu d’Israël qui lui a fait cette grâce ; et il garda la jeune fille.

 

          XV. – Or, le scribe Annas vint à Joseph, et lui dit : Pourquoi n’avez-vous pas assisté à l’assemblée ? Et Joseph lui dit : J’étais fatigué du chemin, et je me suis reposé le premier jour. Et s’étant retourné le scribe vit Marie enceinte, et s’en alla courant au prêtre, et lui dit : Joseph, à qui vous rendez témoignage, a grandement péché. Et le prêtre dit : Qu’est-ce que c’est ? Et il lui dit : Il a souillé la Vierge qu’il avait reçue du temple du Seigneur, et a dérobé ses noces, et ne les a point déclarées aux enfants d’Israël. Et le prince des prêtres, répondant, dit : Joseph a-t-il fait cela ? et le scribe Annas dit : Envoyez des ministres, et ils la trouveront enceinte. Et les ministres y allèrent, et trouvèrent comme il leur dit : et ils l’amenèrent ainsi que Joseph en jugement, et le prêtre dit : Marie, pourquoi avez-vous fait cela ? et pourquoi avez-vous avili votre âme, et avez-vous oublié le Seigneur votre Dieu, vous qui avez été élevée dans le saint des saints, qui avez reçu votre nourriture de la main de l’ange, qui avez entendu ses mystères (et qui avez tressailli de joie en sa présence) ; pourquoi avez-vous fait cela ? Mais elle pleurait amèrement, disant : Le Seigneur mon Dieu est vivant, parce que je suis pure en présence du Seigneur, et je ne connais point d’homme. Et le prêtre dit à Joseph : Pourquoi avez-vous fait cela ? et Joseph dit : Le Seigneur Dieu est vivant (et son Christ est vivant) parce que je suis pur d’elle. Et le prêtre dit : Ne dites point un faux témoignage, mais dites vrai ; vous avez dérobé ses noces, et ne les avez point manifestées aux enfants d’Israël, et vous n’avez point incliné votre tête sous la main toute-puissante afin que votre race fût bénie. Et Joseph se tut.

 

          XVI. – Et le prêtre lui dit (encore une fois) : Restituez la vierge que vous avez reçue du temple du Seigneur : et Joseph fondait en larmes ; et le prêtre dit : Je vous ferai boire de l’eau de conviction ; et votre péché sera manifesté devant vos yeux. Et le prêtre ayant pris de l’eau en fit boire à Joseph, et l’envoya dans les montagnes ; et il revint sain : (il en fit aussi boire à Marie, et l’envoya de même dans les montagnes ; et elle revint saine.) Et tout le peuple admira qu’il ne se fût point manifesté votre péché, et moi je ne vous juge pas : et il les renvoya absous. Joseph, ayant donc reçu Marie, s’en alla dans sa maison tout joyeux, et glorifiant le Dieu d’Israël.

 

          XVII. – Or on publia un décret d’Auguste César pour faire inscrire tous ceux qui étaient à Bethléem. Et Joseph dit : J’aurai soin de faire inscrire mes enfants ; mais que ferai-je de cette petite fille ? (Comment l’inscrirai-je ?) l’inscrirai-je comme ma femme ? (Elle n’est point ma femme, car je l’ai reçue du temple du Seigneur pour la conserver.) Comme ma fille ? mais (tous) les enfants d’Israël savent qu’elle n’est pas ma fille. Qu’en ferai-je ? assurément au jour du Seigneur je ferai comme le Seigneur voudra. Et Joseph sella une ânesse, et la fit monter sur l’ânesse. Or Joseph et Simon suivaient à trois milles. Et Joseph se retournant la vit triste, et il dit en soi-même : Peut-être que ce qui est en elle l’attriste. Et s’étant retourné une seconde fois, Joseph la vit riante et il lui dit : O Marie, qu’est-ce qui est cause que je vois votre face tantôt joyeuse et tantôt triste ? et Marie dit à Joseph : C’est que je vois devant mes yeux deux peuples, un qui pleure et qui gémit, mais l’autre qui tressaille de joie et qui rit. Et il vint à mi-chemin ; et Marie lui dit : Descendez-moi de l’ânesse, parce que ce qui est en moi me presse pour sortir. Et il la descendit de l’ânesse et lui dit : Où vous conduirai-je, parce que le lieu est désert ? Or, Marie dit encore une fois à Joseph : Emmenez-moi, car ce qui est en moi me presse extrêmement ; et aussitôt il l’emmena.

 

          XVIII. – Et trouvant là une caverne, il l’y fit entrer, et la laissa en garde à son fils, et il sortit pour chercher une sage-femme juive dans la région de Bethléem. Or, comme Joseph était en marche, il vit le pôle ou le ciel arrêté, et l’air tout interdit, et les oiseaux du ciel s’arrêtant au milieu de leur cours. Et regardant à terre il vit une marmite de viande dressée, et des ouvriers assis à table dont les mains étaient dans la marmite ; et mâchant ils ne mâchaient pas, et ceux qui portaient les mains à la tête ne prenaient rien, et ceux qui présentaient à leur bouche n’y portaient rien ; mais les faces de tous étaient attentives en haut. Et voici que des brebis étaient dispersées, (elles n’avançaient point, mais) elles étaient arrêtées. Et le berger levant la main pour les frapper avec sa verge, sa main restait en haut. Et, regardant dans le torrent du fleuve, il vit les museaux des boucs qui approchaient à la vérité de l’eau, mais qui ne buvaient pas (enfin toutes choses en ce moment étaient détournées de leur cours).

 

          XIX – Et voici qu’une femme descendant des montagnes lui dit : Je vous dis, ô homme, où allez-vous ? Et il dit : Je cherche une sage-femme juive. Et elle lui dit : Etes-vous d’Israël, vous ? Et il dit : Oui. Mais elle dit : Quelle est celle qui accouche dans la caverne ? Et il dit : C’est ma fiancée. Et elle dit : N’est-elle pas votre femme ? Et Joseph dit : Elle n’est point ma femme ; mais c’est Marie, élevée dans le saint des saints, dans le temple du Seigneur  et elle m’est échue par le sort ; et elle a conçu du Saint-Esprit. Et la sage-femme lui dit : Cela est-il vrai ? Il lui dit : Venez et voyez. Et la sage-femme alla avec lui. Et elle s’arrêta devant la caverne ; et la sage-femme dit : Mon âme a été magnifiée aujourd’hui, parce que mes yeux ont vu des choses étonnantes, et le salut est né à Israël. Or tout d’un coup la nuée fut dans la caverne, et une grande lumière, de sorte que leurs yeux ne la supportaient pas ; mais peu à peu la lumière se modéra, de sorte que l’enfant fut aperçu, et il prenait les tétons de sa mère Marie, et la sage-femme s’écria et dit : Ce jour d’aujourd’hui est grand pour moi, parce que j’ai vu ce grand spectacle. Et la sage-femme sortit de la caverne, et Salomé se trouva à sa rencontre. Et la sage-femme dit à Salomé : J’ai un grand spectacle à vous raconter ; une vierge a engendré celui que sa nature ne comporte pas (et cette vierge demeure vierge). Et Salomé dit : Le Seigneur mon Dieu est vivant ; si je n’examine pas sa nature, je ne croirai pas qu’elle a engendré.

 

          XX. – Et la sage-femme, entrant, dit à Marie : Couchez-vous, car un grand combat se prépare pour vous. Et lorsque Salomé l’eut touchée dans le lieu même, elle sortit, disant : Malheur à moi impie et perfide, parce que j’ai tenté le Dieu vivant ; et voici que ma main (brûlante de feu) tombe de moi. Et elle fléchit les genoux vers Dieu, et dit : Dieu de nos pères, souvenez-vous de moi, parce que je suis de la race d’Abraham, d’Isaac, et de Jacob ; et ne me déshonorez pas devant les enfants d’Israël, mais rendez-moi à mes parents ; car vous savez, Seigneur, que c’était en votre nom que j’employais (tous) mes soins (et mes vacations), et je recevais de vous ma récompense. Et l’ange du Seigneur se présenta à elle, disant : (Salomé, Salomé) le Seigneur vous a exaucée ; présentez votre main à l’enfant, et portez-le ; car il sera pour vous le salut et la joie. Et Salomé s’approcha et le porta, disant : Je l’adorerai, parce qu’il est le grand roi né en Israël. Et (ayant porté l’enfant) tout d’un coup Salomé fut guérie, et la sage-femme sortit de la caverne, justifiée. Et voici qu’une voix lui dit : N’annoncez pas les grandes choses que vous avez vues, jusqu’à ce que l’enfant entre dans Jérusalem. Et Salomé se retira justifiée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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