COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES - Partie 21

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COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES - Partie 21

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COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES

 

ou

 

MONUMENTS DU PREMIER SIÈCLE DU CRISTIANISME,

 

 

 

(Partie 21)

 

 

 

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          X. – Et Jésus sortit du prétoire et deux larrons avec lui. Et lorsqu’ils furent arrivés au lieu qui s’appelle Golgotha, ils le dépouillèrent de son vêtement, et le ceignent d’un linge, et mettent une couronne d’épines sur sa tête, et lui donnent un roseau dans sa main. Et ils pendent pareillement les deux larrons avec lui, Dimas à sa droite, et Gestas à sa gauche. Or Jésus dit : Mon père, pardonnez-leur, puisqu’ils ne savent pas ce qu’ils font. Et ils partagèrent ses vêtements en jetant le sort sur sa robe. Et les peuples se tinrent  ; et les princes des prêtres, et les vieillards des Juifs, le raillaient, disant : Il a sauvé les autres, qu’il se sauve à présent lui-même s’il peut. S’il est fils de Dieu, qu’il descende maintenant de la croix. Or les soldats se moquaient de lui ; et prenant du vinaigre et du fiel, ils lui présentaient à boire et lui disaient : Si vous êtes le roi des Juifs, délivrez-vous-vous-même. Mais le soldat Longin, prenant une lance, ouvrit son côté ; et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Or Pilate mit sur la croix un écriteau en lettres hébraïques, et latines, et grecques, contenant ces paroles : Celui-ci est le roi des Juifs. Mais un des deux larrons qui étaient crucifiés avec Jésus, nommé Gestas, dit à Jésus : Si vous êtes le Christ, délivrez-nous vous-même, et nous aussi. Mais le larron qui était pendu à sa droite, nommé Dimas, répondant le reprit, et dit : Ne craignez-vous pas Dieu, vous qui êtes du nombre des condamnés dans ce jugement ? Pour nous, c’est avec raison et justice que nous avons reçu la récompense de nos actions ; mais ce Jésus, quel mal a-t-il fait ? Et après cela il dit à Jésus en soupirant : Seigneur, souvenez-vous de moi lorsque vous serez venu dans votre royaume. Mais Jésus répondit, et lui dit : En vérité, je vous dis que vous serez aujourd’hui avec moi en paradis.

 

          XI. – Or il était près de la sixième heure, et les ténèbres couvrirent toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Mais le soleil s’obscurcissant, voilà que le voile du temple se fendit depuis le haut jusqu’en bas, et les pierres se rendirent, et les monuments furent ouverts, et plusieurs corps des saints, qui sont morts, ressuscitèrent. Et environ la neuvième heure, Jésus s’écria à haute voix, disant : Eli ! Eli ! lamma sabacthani ; ce qu’on a interprété, Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous délaissé ? Et après cela, Jésus dit : Mon père, je recommande mon esprit en vos mains. Et disant cela il rendit l’esprit. Mais le centurion voyant que Jésus, en criant, ainsi, avait rendu l’esprit, glorifia Dieu, et dit : Véritablement cet homme était juste. Et tous ceux du peuple qui étaient présents furent grandement troublés à ce spectacle ; et considérant ce qui s’était passé, ils frappèrent leurs poitrines, et alors ils revenaient à la ville de Jérusalem. Le centurion, venant vers le gouverneur, lui rapporta tout ce qui s’était passé. Et lorsque le gouverneur eut appris tout ce qui s’était passé, il fut très chagrin ; et, faisant assembler tous les Juifs à la fois, il leur dit : Avez-vous vu les signes qui ont paru au soleil, et tous les autres prodiges qui sont arrivés tandis que Jésus mourait ? Ce que les Juifs ayant entendu, ils répondirent au gouverneur, et pria le gouverneur qu’il lui permît qu’il enlevât le corps de Jésus de la croix. Et le gouverneur le permit. Or Nicodème vint apportant avec soi un mélange de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres ; et ils descendirent, en pleurant, Jésus de la croix, et l’enveloppèrent dans des linges avec des aromates, comme les Juifs ont coutume d’ensevelir, et ils le mirent dans un monument neuf que Joseph avait construit, et qu’il avait fait tailler dans la pierre, dans lequel aucun homme n’avait été mis, et ils roulèrent une grande pierre à la porte de la caverne.

 

          XII. – Or les Juifs injustes, apprenant qu’il a demandé le corps de Jésus et qu’il l’a enseveli, cherchaient et Nicodème et ces douze hommes qui ont dit devant le gouverneur qu’il n’est pas né de la fornication, et les autres bons qui avaient déclaré ses bonnes œuvres. Or, tous s’étant cachés à cause de la crainte des Juifs, le seul Nicodème se montra à eux quand ils entrèrent dans la synagogue. Et les Juifs lui dirent : Et vous, comment avez-vous osé entrer dans la synagogue, parce que vous étiez sectateur du Christ ? Que sa part soit avec vous dans le siècle à venir. Et Nicodème répondit : Ainsi soit-il, que cela soit ainsi, que ma part soit avec lui dans son royaume. Joseph pareillement, lorsqu’il fut monté vers les Juifs, il leur dit : Pourquoi êtes-vous irrités contre moi, parce que j’ai demandé à Pilate le corps de Jésus ? Voilà que je l’ai mis dans un monument, et je l’ai enveloppé dans un suaire propre, et j’ai placé une grande pierre à la porte de la caverne : pour moi j’ai bien agi à son égard, au lieu que vous avez mal agi envers le juste pour le crucifier ; mais vous l’avez abreuvé de vinaigre, et vous l’avez couronné d’épines, et vous l’avez déchiré de verges, et vous avez fait des imprécations sur son sang. Les Juifs entendant cela eurent l’esprit chagrin et troublé. Ils se saisirent de Joseph, et le firent garder avant le jour du sabbat jusqu’après le jour des sabbats ; et ils lui dirent : Reconnaissez qu’à cette heure il ne convient pas de vous faire aucun mal jusqu’au premier jour du sabbat. Mais nous savons que vous ne serez pas digne de la sépulture, mais nous donnerons vos chairs et vos volatiles du ciel et aux bêtes de la terre. Joseph répondit : Ce discours est semblable à l’orgueilleux Goliath, qui insulta le Dieu vivant envers saint David. Mais vous, savez-vous, scribes et docteurs, que Dieu dit par le prophète : A moi la vengeance, et je rendrai le mal dont vous me menacez seulement, Dieu, que vous avez pendu en croix, est assez puissant pour m’arracher de votre main. Tout le crime viendra sur vous. Car lorsque le gouverneur a lavé ses mains, il a dit : Je suis pur du sang de ce juste. Et vous répondant, vous avez crié : Que son sang soit sur nous et sur nos enfants. Puissiez-vous, comme vous avez dit, périr à jamais ! Mais les Juifs, entendant ces discours, en furent très irrités. Et, se saisissant de Joseph, ils l’enfermèrent dans une chambre où il n’y avait point de fenêtre. Annas et Caïphas mirent le scellé à la porte sur la clef, y posèrent des gardes, et tinrent conseil avec les prêtres et les lévites pour faire une assemblée générale après le jour du sabbat. Et ils pensèrent de quelle mort ils feraient mourir Joseph. Cela étant fait, les princes Annas et Caïphas ordonnèrent qu’on amenât Joseph. Toute l’assemblée, entendant ces choses, fut saisie d’admiration, parce qu’ils trouvèrent la clef de la chambre scellée, et ne trouvèrent pas Joseph. Annas et Caïphas s’en allèrent.

 

          XIII. – Comme tous admiraient ces choses, voici qu’un des soldats qui gardaient le sépulcre dit dans la synagogue : Que comme nous gardions le monument de Jésus, il s’est fait un tremblement de terre, et nous avons vu l’ange de Dieu ; comment il a roulé la pierre du monument, et il était assis dessus, et son regard était comme la foudre, et son vêtement comme la neige. Et nous sommes devenus comme morts de peur. Et nous avons entendu l’ange disant aux femmes qui étaient venues au sépulcre de Jésus : Ne craignez point  je sais que vous cherchez Jésus crucifié ; il est ressuscité des morts, et il vous précédera en Galilée ; c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit. Et les Juifs faisant venir tous les soldats qui avaient gardé le tombeau de Jésus, ils leur dirent : Quelles sont ces femmes à qui l’ange a parlé ? pourquoi ne les avez-vous pas arrêtées ? Les soldats répondant dirent : Nous ne savons ce qu’ont été ces femmes, et nous sommes devenus comme mort par la crainte de l’ange ; et comment aurions-nous pu arrêter ces femmes ? Les Juifs leur dirent : Le Seigneur est vivant parce que nous ne vous croyons pas. Les soldats répondant dirent aux Juifs : Vous avez vu et entendu Jésus qui faisait de si grands miracles, et vous ne l’avez pas cru, comment pourriez-vous nous croire ? Vous avez certes bien dit : Le Seigneur est vivant, et le Seigneur est véritablement vivant. Nous avons appris que vous avez enfermé Joseph, qui ensevelit le corps de Jésus, dans une chambre dont vous aviez scellé la clef, et l’ouvrant vous ne l’avez pas trouvé. Donnez-nous donc Joseph que vous avez gardé dans une chambre, et nous vous donnerons Jésus que nous avons gardé dans le sépulcre. Les Juifs répondant dirent : Nous vous donnerons Joseph, donnez-nous Jésus. Joseph est dans Arimathie, Jésus est en Galilée, comme nous l’avons appris de l’ange qui le disait aux femmes. Les Juifs, entendant ces choses, craignirent, disant en eux-mêmes : Certes tous ceux qui entendront ces discours croiront en Jésus. Et rassemblant beaucoup d’argent, ils le donnèrent aux soldats, disant : Dites que, comme vous dormiez, les disciples de Jésus sont venus la nuit et ont dérobé le corps de Jésus. Et si cela est rapporté à Pilate le gouverneur, nous répondrons pour vous, et nous vous mettrons en sûreté. Or les soldats, en recevant ainsi, dirent comme les Juifs le leur avaient ordonné, et leurs discours se divulgua partout.

 

          XIV. – Or un certain prêtre nommé Phinées, et Ada, maître d’école, et un lévite nommé Agée, ces trois vinrent de Galilée à Jérusalem, et dirent aux princes des prêtres et à tous ceux qui étaient dans les synagogues : Ce Jésus que vous avez crucifié, nous l’avons vu parlant avec ses onze  disciples, étant assis au milieu d’eux sur la montagne des Oliviers, et leur disant : Allez dans tout le monde, prêchez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Et celui qui aura cru et aura été baptisé, sera sauvé. Et lorsqu’il eut dit ces paroles à ses disciples, nous l’avons vu qui montait au ciel. Et les princes des prêtres, et les vieillards et les lévites entendant cela, dirent à ces trois hommes : Rendez gloire au Dieu d’Israël, et confessez-lui si ce que vous avez vu et entendu est vrai. Mais eux répondant dirent : Le Seigneur de nos pères est vivant, le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, comme nous avons entendu Jésus parler avec ses disciples, et comme nous l’avons vu monter au ciel ; ainsi nous vous disons la vérité. Et ajoutant ces paroles, ces trois hommes dirent : Nous pécherons, si nous ne disons pas les paroles que nous avons entendues de Jésus, et que nous l’avons vu monter au ciel. Aussitôt les princes des prêtres se levant, tenant la loi du Seigneur, ils jurèrent contre eux, disant : N’annoncez plus désormais les paroles que vous avez dites de Jésus, et ils leur donnèrent beaucoup d’argent. Et ils envoyèrent avec eux d’autres hommes, pour les conduire jusque dans leur contrée, afin qu’ils ne s’arrêtassent point à Jérusalem. Tous les Juifs s’assemblèrent donc, et firent entre eux une grande lamentation, disant : Quel est ce prodige qui s’est fait à Jérusalem ? Mais Annas et Caïphas les consolant, dirent : Est-ce que nous devons croire les soldats qui ont gardé le monument de Jésus, qui nous disent qu’un ange a roulé la pierre de la porte du monument ? Peut-être que ce sont ses disciples qui le leur ont dit, et qui leur ont donné de l’argent pour le leur faire dire, et pour enlever le corps de Jésus. Or sachez qu’il ne faut croire en aucune manière à des étrangers parce qu’ils ont reçu de nous beaucoup d’argent. Et ils ont dit à tout le monde comme nous leur avons dit de dire. Ou ils nous garderont la foi, ou aux disciples de Jésus.

 

 

 

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