COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES - Partie 15

Publié le par loveVoltaire

COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES - Partie 15

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COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES

 

ou

 

MONUMENTS DU PREMIER SIÈCLE DU CRISTIANISME,

 

 

 

(Partie 15)

 

 

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ÉVANGILE DE L’ENFANCE.

 

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit

d’un seul Dieu.

 

 

 

 

          XXIX. – Il y avait dans la même ville deux femmes, épouses d’un homme dont chacune avait un fils malade ; l’une se nommait Marie, et le nom de son fils était Kaljufe. Celle-là se leva, et ayant pris son fils, elle alla vers la divine Marie, mère de Jésus, et lui ayant présenté une très belle serviette : O madame Marie ! dit-elle, recevez de moi cette serviette, et rendez-moi à la place un de vos langes. Marie le fit, et la mère de Kaljufe s’en allant, en fit une tunique dont elle habilla son fils. Ainsi sa maladie fut guérie ; mais le fils de sa rivale mourut. De là vint une mésintelligence entre elles : comme elles avaient le soin du ménage chacune leur semaine, et que c’était le tour de Marie mère de Kaljufe, elle chauffait le four pour cuir du pain ; et ayant laissé son fils Kaljufe auprès du four, elle sortit pour aller chercher de la farine. Sa rivale le voyant seul (or le four chauffait à grand feu), le prit et le jeta dans le four, et se retira de là. Marie revenant, et voyant son fils Kaljufe rire couché au milieu du four, et le four refroidi comme si on n’y avait point mis de feu, elle connut que sa rivale l’avait jeté dans le feu. L’ayant donc retiré, elle le porta à la divine dame Marie, et lui raconta son accident. Taisez-vous lui dit-elle, car je crains pour nous, si vous divulguez ces choses. Ensuite sa rivale alla tirer de l’eau au puits, et voyant Kaljufe qui jouait auprès du puits, et qu’il n’y avait personne, elle le prit, et le jeta dans le puits. Et lorsque des personnes furent venues chercher de l’eau au puits, elles virent cet enfant assis sur la surface de l’eau, et lui ayant tendu des cordes, ils (1) le retirèrent. Et cet enfant leur causa une si grande admiration, qu’ils (2) glorifiaient Dieu. Or, sa mère étant survenue, elle le prit et le porta vers la divine dame Marie, en pleurant et disant : O madame ! Voyez ce que ma rivale a fait à mon fils, et comment elle l’a jeté dans un puits ; et il n’y a point de doute que quelque jour elle ne lui cause quelque malheur. La divine Marie lui dit : Dieu vengera l’injustice qu’elle vous a faite. Peu de jours après, comme sa rivale allait puiser de l’eau au puits, son enfant s’embarrassa dans la corde, de façon qu’il fut précipité dans le puits ; et ceux qui accoururent à son secours, lui trouvèrent la tête cassée et les os brisés. Ainsi il périt misérablement ; et ce proverbe d’un auteur s’accomplit en elle : « Ils ont creusé un puits, et ont jeté la terre fort loin, mais ils sont tombés dans la fosse qu’ils avaient préparée. »

 

 

1 – Ou plutôt, elles. (G.A.)

 

2 – Elles. (G.A.)

 

 

 

          XXX. – Il y avait une autre femme qui avait deux enfants attaqués de la même maladie : l’un étant mort et l’autre près de mourir, elle le prit dans ses bras, et le porta à la divine dame Marie en fondant en larmes : O madame ! dit-elle, aidez-moi, et me donnez du secours ; car j’avais deux fils, je viens d’en ensevelir un, et je vois l’autre à deux doigts de la mort ; voyez comment je demande grâce à Dieu, et je le prie humblement ; et elle commença à dire : O Seigneur ! vous êtes clément, miséricordieux et doux ; vous m’avez donné deux fils, et comme vous en avez retiré un à vous, laissez-moi au moins celui-ci. C’est pourquoi la divine Marie, voyant la violence de ses larmes, eut pitié d’elle, et lui dit : Hé ! mettez votre fils dans le lit de mon fils, et couvrez-le de ses habits. Et lorsqu’elle l’eut mis dans le lit où le Christ était couché (or ses yeux allaient se fermer pour toujours), aussitôt que l’odeur des habits du Seigneur Jésus-Christ eut touché cet enfant, ses yeux s’ouvrirent, et appelant sa mère d’une voix forte, il demanda du pain, et quand on lui en eut donné, il le suçait. Alors sa mère dit : O dame Marie ! je connais maintenant que la vertu de Dieu habite en vous, de sorte que votre fils guérit les enfants qui deviennent avec lui participants de la même nature, aussitôt qu’ils touchent ses habits. Cet enfant qui fut guéri de cette sorte est celui qui dans l’Evangile est appelé Barthélemi.

 

          XXXI. – Au reste, il y avait là une femme lépreuse qui, allant voir la divine dame Marie, mère de Jésus, disait : Madame, aidez-moi ; et la divine dame Marie répondait : Quel secours demandez-vous ? est-ce de l’or ou de l’argent, ou que votre corps soit guéri de la lèpre ? Mais qui est-ce, demandait cette femme, qui pourrait me donner cela ? La divine Marie lui dit : Attendez un moment, jusqu’à ce que j’aie lavé mon fils Jésus, et que je l’aie remis au lit. La femme attendait comme on lui avait dit, et Marie, après qu’elle eut mis Jésus au lit, donnant à la femme l’eau dont elle avait lavé son corps : Prenez, dit-elle, un peu de cette eau, et la répandez sur votre corps : ce qu’ayant fait, étant guérie sur-le-champ, elle glorifiait Dieu, et lui rendait grâces.

 

          XXXII. – Elle s’en alla donc après qu’elle eut demeuré trois jours chez elle ; et lorsqu’elle fut revenue à la ville, elle y vit un prince qui avait épousé la fille d’un autre prince ; mais lorsqu’il eut regardé sa femme, il aperçut entre ses yeux des marques de lèpre, de la forme d’une étoile, de sorte que son mariage fut cassé et déclaré nul. Cette femme les ayant vues dans cet état, chagrines et fondant en pleurs, leur demanda la cause de leurs larmes : Mais ne vous informez pas, lui dirent-elles, de notre état ; car nous ne pouvons raconter notre malheur à aucun mortel, ou le communiquer à aucun étranger. Elle insistait cependant, et les priait de le lui confier, qu’elle leur en montrerait peut-être le remède. Comme ils lui montrèrent donc la jeune femme, et les marques de lèpre qui paraissaient entre ses yeux : Moi, que vous voyez ici, dit la femme, j’ai eu la même maladie, et j’allai à Bethléem pour mes affaires. Y étant entrée dans une certaine caverne, je vis une femme nommée Marie, laquelle avait un fils qui s’appelait Jésus : me voyant lépreuse, elle me plaignit, et me donna de l’eau dont elle avait lavé le corps de son fils ; j’en arrosai mon corps, et j’ai été guérie. Ces femmes disaient donc : O madame, ne vous lèverez-vous pas, et partant avec nous, ne nous montrerez-vous pas la divine dame Marie ? Elle y consentant, elles se levèrent, et allèrent vers la divine dame Marie ? portant avec elles de magnifiques présents ; et lorsqu’elles furent entrées, et lui eurent offert les présents, elles lui montraient cette jeune femme lépreuse qu’elles avaient amenée. La divine Marie disait donc : Que la miséricorde du Seigneur habite sur vous ; et leur donnant un peu de l’eau dont elle avait lavé le corps de Jésus-Christ, elle ordonnait qu’on en lavât la malade ; ce qu’elles firent, et tout d’un coup elle fut guérie, et elle et tous les assistants glorifiaient Dieu. Etant donc joyeuses et de retour dans leur ville, elles chantaient des louanges au Seigneur. Or le prince, apprenant que son épouse était guérie, la reçut chez lui : et célébrant de secondes noces, il rendit grâces à Dieu de ce que son épouse avait recouvré la santé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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