COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES - Partie 16
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COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES
ou
MONUMENTS DU PREMIER SIÈCLE DU CRISTIANISME,
(Partie 16)
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ÉVANGILE DE L’ENFANCE.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit
d’un seul Dieu.
XXXIII. – Il y avait aussi une jeune fille tourmentée par Satan ; car ce maudit lui apparaissait de temps en temps sous la forme d’un grand dragon, et avait envie de l’avaler ; il avait aussi sucé tout son sang ; de sorte qu’elle ressemblait à un cadavre. Chaque fois donc qu’il s’approchait d’elle, joignant ses mains sur sa tête, elle criait et disait : Malheur ! malheur à moi ! parce qu’il n’y a personne qui me délivre de ce très méchant dragon. Or son père et sa mère, et tous ceux qui étaient autour d’elle, où la voyaient, s’attristaient sur elle, et pleuraient ; et tous ceux qui étaient présents pleuraient et se lamentaient, principalement lorsqu’elle pleurait et disait : O mes frères et mes amis ! n’y a t-il personne qui me délivre de cet homicide ? Mais la fille du prince, qui avait été guérie de sa lèpre, entendant la voix de cette jeune fille, monta sur le toit de son château, et la vit qui fondait en larmes les mains jointes sur sa tête, et toute l’assemblée qui l’environnait pleurant également. Ainsi, elle demanda au mari de la possédée si la mère de sa femme était vivante. Lui ayant dit que son père et sa mère vivaient, Envoyez-moi, dit-elle, sa mère ; et lorsqu’elle la vit venir, Cette possédée, dit-elle, est-elle votre fille ? Oui, dit-elle, triste et pleurante : ô madame, elle est engendrée de moi. La fille du prince répondit : Cachez mon secret : car je vous avoue que j’ai été lépreuse ; mais la dame Marie, mère de Jésus-Christ, m’a guérie. Que si vous désirez que votre fille recouvre sa première santé, la menant à Bethléem, cherchez Marie, mère de Jésus ; et ayez confiance que votre fille sera guérie ; car je crois que votre fille étant saine, vous reviendrez joyeuse ; elle n’eut pas achevé le mot qu’elle se leva, et étant partie avec sa fille pour le lieu désigné, elle alla vers la divine dame Marie, et lui apprit l’état de sa fille. La divine Marie ayant entendu sa prière, lui donna un peu de l’eau dont elle avait lavé le corps de son fils Jésus, et ordonna de la répandre sur le corps de la fille ; et lui ayant donné une petite bande des langes du Seigneur Jésus : Prenez, dit-elle, cette bande, et faites-la voir à votre ennemi chaque fois que vous le verrez ; et elle les renvoya en paix.
XXXIV. – Lorsqu’elles l’eurent quittée et furent de retour dans leur ville, le temps auquel Satan avait coutume de l’épouvanter approchait, et à la même heure ce maudit lui apparut sous la forme d’un dragon ; et la fille le voyant fut saisie de frayeur. O ma fille ! dit sa mère, cessez de craindre, et laissez-le approcher de vous ; alors vous lui opposerez la bande que la dame Marie nous a donnée, et voyons ce qui en arrivera. Ainsi ce Satan approchant en dragon terrible, le corps de la fille fut saisi d’une crainte effroyable ; mais aussitôt qu’elle montra cette bande mise sur sa tête et déployée aux yeux, il sortait de la bande des flammes et des étincelles de feu qui s’élançaient contre le dragon. Ah ! combien grand est ce miracle, qui arrivait à mesure que le dragon regardait la bande du Seigneur Jésus ! car le feu en sortait et se répandait contre sa tête et ses yeux, de sorte qu’il s’écriait d’une voix forte : Qu’ai-je à faire avec vous, ô Jésus, fils de Marie ? Où fuirai-je loin de vous ? Et étant tout effrayé et se retirant, il laissa la jeune fille, qui chantait à Dieu des actions de grâces et des louanges, et avec elle tous ceux qui avaient été présents à ce miracle.
XXXV. – Dans ce même endroit était une autre femme dont le fils était tourmenté par Satan. Il se nommait Judas, et chaque fois que Satan s’emparait de lui, il mordait tous ceux qui étaient présents, et s’il ne trouvait personne devant lui, il se mordait les mains et les autres membres. La mère de ce misérable, entendant donc parler de la divine Marie et de son fils Jésus, se leva promptement, et ayant pris son fils Judas dans ses bras, elle le porta vers la dame Marie. Cependant Jacques et Joses venaient d’emmener le Seigneur enfant Jésus pour jouer avec les autres enfants ; et étant sortis de la maison, ils s’étaient assis, et avec eux le Seigneur Jésus. Or, Judas le possédé s’approchait, et s’asseyant à la droite de Jésus, comme Satan le tourmentait suivant la coutume, il tâchait de mordre le Seigneur Jésus, et ne pouvant pas l’atteindre, il le frappait au côté droit ; de sorte que Jésus pleurait ; et à la même heure, Satan fuyant, sortit de cet enfant sous la forme d’un chien enragé. Or, cet enfant qui frappa Jésus, et duquel Satan sortit sous la forme d’un chien, fut Judas Iscariote, qui le livra aux Juifs ? Et les Juifs percèrent d’une lance ce même côté où Judas l’avait frappé.
XXXVI. – Lors donc que le Seigneur Jésus eut sept ans accomplis, un certain jour qu’il était avec d’autres enfants ses camarades du même âge, lesquels en jouant faisaient différentes figures avec de la terre, des ânes, des bœufs, des oiseaux, et autres semblables ; et chacun vantant son ouvrage, tâchait de l’élever au-dessus de celui des autres. Alors le Seigneur Jésus disait aux enfants : Pour moi, j’ordonnerai aux figures que j’ai faites qu’elles marchent. Ces enfants lui demandant s’il était le fils du Créateur, le Seigneur Jésus leur commandait qu’elles marchassent ; et à la même heure elles sautaient ; et lorsqu’il leur ordonnait de revenir, elles revenaient. Il avait aussi fait des figures d’oiseaux et de moineaux, lesquelles, lorsqu’il leur ordonnait de voler, volaient, et s’arrêtaient lorsqu’il leur ordonnait de voler, volaient, et s’arrêtaient lorsqu’il le leur commandait ; que s’il leur présentait à manger et à boire, elles mangeaient et buvaient. Lorsque ensuite les enfants se furent en allés et eurent rapporté ces choses à leurs parents, leurs pères leur disaient : Gardez-vous, ô mes enfants ! d’aller davantage avec lui, parce qu’il est sorcier ; fuyez-le et l’évitez, et dès ce moment ne jouez jamais avec lui.
XXXVII. – Un certain jour aussi le Seigneur Jésus, jouant et courant avec des enfants, passait devant la boutique d’un teinturier, dont le nom était Salem, et il y avait dans sa boutique plusieurs pièces d’étoffe des citoyens de cette ville, qu’ils voulaient faire teindre de diverses couleurs. Le Seigneur Jésus étant donc entré dans la boutique du teinturier, prit tous ces morceaux d’étoffe et les jeta dans la chaudière de teinture. Salem étant de retour et voyant ses étoffes perdues, commença à crier très fort, et à gronder le Seigneur Jésus disant : Que m’avez-vous fait, ô fils de Marie ! vous avez fait tort à moi et à mes citoyens ; car chacun demande la couleur qui lui convient, et vous êtes venu tout perdre. Le Seigneur Jésus répondait : De quelque pièce d’étoffe que vous vouliez changer la couleur, je vous la changerai ; et aussitôt il commença à tirer de la chaudière les morceaux d’étoffe teints chacun de la couleur que le teinturier désirait, jusqu’à ce qu’il les eût tous sortis. Les Juifs, voyant ce prodige et ce miracle, glorifiaient Dieu.
XXXVIII. – Or, Joseph, qui allait par toute la ville, menait avec lui le Seigneur Jésus, lorsqu’à cause de son métier des personnes le demandaient pour leur faire des portes, ou des pots au lait, ou des cribles, ou des coffres, et le Seigneur Jésus l’accompagnait où qu’il allât. Et chaque fois qu’il arrivait à Joseph de faire quelque ouvrage trop long ou trop court, trop large ou trop étroit, le Seigneur Jésus étendait sa main contre, et cela s’arrangeait aussitôt comme Joseph le désirait ; de sorte qu’il n’avait pas besoin d’achever aucun ouvrage de sa main, parce qu’il n’était pas fort entendu dans son métier.
XXXIX. – Or, un certain jour Hérode, roi de Jérusalem, le fit venir, et lui dit : Joseph, je veux que vous me construisiez un trône de la mesure de ce lieu où j’ai coutume de m’asseoir. Joseph obéit, et mettant aussitôt la main à l’ouvrage, il demeura deux ans dans le palais ; jusqu’à ce qu’il eût achevé la construction de ce trône. Et comme il le posait à sa place, il vit qu’il s’en manquait de chaque côté dix-huit pouces de la mesure fixée : ce qu’ayant vu, le roi se fâchait très fort contre Joseph, et Joseph craignant la colère du roi allait coucher sans souper, n’ayant rien goûté du tout. Alors le Seigneur Jésus lui demandant pourquoi il avait peur, Parce que, dit Joseph, j’ai perdu un ouvrage auquel j’ai travaillé deux ans entiers. Et le Seigneur Jésus lui dit : Quittez la crainte et ne vous abattez pas l’esprit ; vous prendrez un des côtés de ce trône et moi l’autre, afin que nous le réduisions à la juste mesure. Et lorsque Joseph eut fait comme le Seigneur Jésus avait dit, et que l’un et l’autre tirait fortement de son côté, le trône obéit et fut réduit à la juste mesure de ce lieu. Les assistants qui voyaient ce prodige en étaient étonnés, et glorifiaient Dieu. Or ce trône était fait de ce bois qui avait existé du temps de Soleiman, c’est-à-dire d’un bois marqueté de différentes formes et figures.
XI. – Un certain autre jour le Seigneur Jésus étant sorti dans la rue, et ayant vu des enfants qui s’étaient assemblés pour jouer, il se mêla dans la troupe. Ceux-ci l’ayant vu, comme ils se cachaient, pour qu’il les cherchât, le Seigneur Jésus vint à la porte d’une certaine maison, et demanda à des femmes qui étaient là, où ces enfants étaient allés. Et comme elles répondirent qu’il n’y avait personne là, le Seigneur Jésus reprit : Qui sont ceux que vous voyez dans le four ? Comme elles répondirent que c’étaient des chevreaux de trois ans, le Seigneur Jésus s’écria et dit : Sortez ici, chevreaux, vers votre pasteur. Et aussitôt les enfants sortaient semblables à des chevreaux, et bondissaient autour de lui ; ce que ces femmes ayant vu, elles furent fort étonnés, et la crainte, et le tremblement les saisis. Tout d’un coup donc elles adoraient le Seigneur Jésus, et le priaient, disant : O notre Seigneur Jésus ! fils de Marie, vous êtes véritablement ce bon pasteur d’Israël ! ayez pitié de vos servantes, qui se tiennent devant vous, et qui ne doutent point que vous, ô notre Seigneur ! ne soyez venu pour guérir, mais non pas pour détruire. Ensuite, comme le Seigneur Jésus eut répondu que les enfants d’Israël étaient entre les peuples comme les Ethiopiens, les femmes disaient : Seigneur, vous connaissez toutes choses et rien ne vous est caché ; maintenant donc nous vous prions, et nous demandons à votre douceur que vous rétablissiez ces enfants, vos serviteurs, dans leur premier état. Le Seigneur Jésus disait donc : Venez, enfants, afin que nous nous en allions et que nous jouions : et sur-le-champ, en présence de ces femmes, les chevreaux furent changés, et revinrent sous la forme d’enfants.