LETTRES A S.A. MGR LE PRINCE DE *** - Partie 28

Publié le par loveVoltaire

LETTRES A S.A. MGR LE PRINCE DE *** - Partie 28

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LETTRES A S.A. MGR LE PRINCE DE ***,

 

 

SUR RABELAIS ET SUR D’AUTRES AUTEURS ACCUSÉS

D’AVOIR MAL PARLÉ DE LA RELIGION CHRÉTIENNE.

 

 

 

- Partie 28 -

 

 

 

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DE BOULANGER.

 

 

 

 

          Nous aurions plus de peine à justifier le sieur Boulanger, directeur des ponts et chaussées. Son Christianisme dévoilé (1) n’est pas écrit avec la méthode et la profondeur d’érudition et de critique qui caractérisent le savant Fréret. Boulanger est un philosophe audacieux, qui remonte aux sources sans daigner sonder les ruisseaux. Ce philosophe est aussi chagrin qu’intrépide. Les horreurs dont tant d’Eglises chrétiennes se sont souillées depuis leur naissance ; les lâches barbaries des magistrats qui ont immolé tant d’honnêtes citoyens aux prêtres ; les princes qui, pour leur plaire, ont été d’infâmes persécuteurs ; tant de folies dans les querelles ecclésiastiques, tant d’abominations dans ces querelles ; les peuples égorgés ou ruinés ; les trônes de tant de prêtres composés des dépouilles et cimentés du sang des hommes ; ces guerres affreuses de religion dont le christianisme seul a inondé la terre ; ce chaos énorme d’absurdités et de crimes remue l’imagination du sieur Boulanger avec une telle puissance, qu’il va, dans quelques endroits de son livre, jusqu’à douter de la Providence divine. Fatale erreur, que les bûchers de l’inquisition et nos guerres religieuses excuseraient peut-être, si elle pouvait être excusable ; mais nul prétexte ne peut justifier l’athéisme. Quand tous les chrétiens se seraient égorgés les uns les autres ; quand ils auraient dévoré les entrailles de leurs frères assassinés pour des arguments ; quand il ne resterait qu’un seul chrétien sur la terre, il faudrait qu’en regardant le soleil il reconnût et adorât l’Etre éternel ; il pourrait dire dans sa douleur : Mes pères et mes frères ont été des monstres ; mais Dieu est Dieu.

 

 

 

 

 

 

 

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