LETTRES A S.A. MGR LE PRINCE DE *** - Partie 29
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LETTRES A S.A. MGR LE PRINCE DE ***,
SUR RABELAIS ET SUR D’AUTRES AUTEURS ACCUSÉS
D’AVOIR MAL PARLÉ DE LA RELIGION CHRÉTIENNE.
- Partie 29 -
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DE MONTESQUIEU.
Le plus modéré et le plus fin des philosophes a été le président de Montesquieu. Il ne fut que plaisant dans ses Lettres persanes ; il fut délié et profond dans son Esprit des lois. Cet ouvrage, rempli d’ailleurs de choses excellentes et de fautes, semble fondé sur la loi naturelle, et sur l’indifférence des religions : c’est là surtout ce qui lui fait tant de partisans et tant d’ennemis ; mais les ennemis cette fois furent vaincus par les philosophes. Un cri longtemps retenu s’éleva de tous côtés. On vit enfin à découvert les progrès du théisme qui jetait depuis longtemps de profondes racines. La Sorbonne voulut censurer l’Esprit des lois, mais elle sentit qu’elle serait censurée par le public ; elle garda le silence. Il n’y eut que quelques misérables écrivains obscurs, comme un abbé Guyon et un jésuite, qui dirent des injures au président de la célébrité de l’homme qu’ils attaquaient. Ils auraient rendu plus de services à notre religion s’ils avaient combattu avec des raisons ; mais ils ont été de mauvais avocats d’une bonne cause.