DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE : V comme VERGE

Publié le par loveVoltaire

V comme VERGE - 2V comme VERGE - 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos de PAPAPOUSS (Geyser nommé STROKKUR - Islande)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

V comme VERGE.

 

 

BAGUETTE DIVINATOIRE.

 

 

 

 

 

          Les théurgites, les anciens sages, avaient tous une verge avec laquelle ils opéraient.

 

          Mercure passe pour le premier dont la verge ait fait des prodiges. On tient que Zoroastre avait une grande verge. La verge de l’antique Bacchus était son thyrse, avec lequel il sépara les eaux de l’Oronte, de l’Hydaspe et de la mer Rouge.

 

La verge d’Hercule était son bâton, sa massue. Pythagore fut toujours représenté avec sa verge. On dit qu’elle était d’or ; il n’est pas étonnant qu’ayant une cuisse d’or, il eût une verge du même métal.

 

Abaris, prêtre d’Apollon Hyperboréen, qu’on prétend avoir été contemporain de Pythagore, fut bien plus fameux par sa verge ; elle n’était que de bois, mais il traversait les airs à califourchon sur elle. Porphyre et Jamblique affirment que ces deux grands théurgites, Abaris et Pythagore, se montrèrent amicalement leur verge.

 

La verge fut en tout temps l’instrument des sages et le signe de leur supériorité. Les conseillers sorciers de Pharaon firent d’abord autant de prestiges avec leur verge, que Moïse fit de prodiges avec la sienne. Le judicieux Almet nous apprend, dans sa dissertation sur l’Exode, « que les opérations de ces mages n’étaient pas des miracles proprement dits, mais une métamorphose fort singulière et fort difficile, qui néanmoins n’est ni contre ni au-dessus des lois de la nature. » La verge de Moïse eut la supériorité qu’elle devait avoir sur celles de ces chotims d’Egypte.

 

Non-seulement la verge d’Aaron partagea l’honneur des prodiges de son frère Moïse, mais elle en fit en son particulier de très admirables. Personne n’ignore comment de treize verges celle d’Aaron fut la seule qui fleurit, qui poussa des boutons, des fleurs et des amandes.

 

Le diable, qui, comme on sait, est un mauvais singe des œuvres des saints, voulut avoir aussi sa verge, sa baguette, dont il gratifia tous les sorciers. Médée et Circé, furent toujours armées de cet instrument mystérieux. De là vient que jamais magicienne ne paraît à l’Opéra sans cette verge, et qu’on appelle ces rôles des rôles à baguette.

 

Aucun joueur de gobelets ne fait ses tours de passe-passe sans sa verge, sans sa baguette.

 

On trouve les sources d’eau, les trésors, au moyen d’une verge, d’une baguette de coudrier, qui ne manque pas de forcer un peu la main à un imbécile qui la serre trop et qui tourne aisément dans celle d’un fripon. M. Formey, secrétaire de l’académie de Berlin, explique ce phénomène par celui de l’aimant dans le grand Dictionnaire encyclopédique. Tous les sorciers du siècle passé croyaient aller au sabbat sur une verge magique, ou sur un manche à balai qui en tenait lieu ; et les juges, qui n’étaient pas sorciers, les brûlaient.

 

Les verges de bouleau sont une poignée de scions dont on frappe les malfaiteurs sur le dos. Il est honteux et abominable qu’on inflige un pareil châtiment sur les fesses à de jeunes garçons et à de jeunes filles. C’était autrefois le supplice des esclaves. J’ai vu dans les collèges, des barbares qui faisaient dépouiller des enfants presque entièrement ; une espèce de bourreau, souvent ivre, les déchirait avec de longues verges, qui mettaient en sang leurs aines et les faisaient enfler démesurément. D’autres les faisaient frapper avec douceur, et il en naissait un autre inconvénient : les deux nerfs qui vont du sphincter au pubis, étant irrités, causaient des pollutions ; c’est ce qui est arrivé souvent à des jeunes filles (1).

 

Par une police incompréhensible, les jésuites du Paraguay fouettaient les pères et les mères de famille sur leurs fesses nues (2). Quand il n’y aurait que que cette raison pour chasser les jésuites, elle aurait suffi (3).

 

 

 

V comme VERGE - 1

 

 

 

1 – Voyez aussi ce que raconte Jean-Jacques Rousseau au commencement de ses Confessions. (G.A.)

 

2 – Voyez le Voyage de M. le colonel de Bougainville, et les Lettres sur le Paraguay. (Voltaire.)

 

3 – Dans le temps de la révocation de l’édit de Nantes, les religieuses chez qui l’on enfermait les filles arrachées des bras de leurs parents ne manquaient pas de les fouetter vigoureusement lorsqu’elles ne voulaient pas assister à la messe le dimanche : quand les religieuses n’étaient pas assez fortes, elles demandaient du secours à la garnison ; et l’exécution se faisait par des grenadiers, en présence d’un officier major. Voyez l’Histoire de la révocation de l’édit de Nantes. (K.) ‒ En 1790, le peuple prit comme une revanche de cette barbarie, quand, dans certains mouvements tumultuaires, il infligea la même correction aux religieuses fanatiques. C’est, du reste, à cette même époque que la peine du fouet fut supprimée dans les maisons d’éducation, grâce à la surveillance active de la commune de Paris ; mais ce châtiment reparut sous la Restauration avec les R.P. jésuites qui l’ont toujours regardé comme un puissant moyen de discipline :

 

C’est nous qui fessons,

Et qui refessons

Les jolis petits, les jolis garçons. (G.A.)

 

 

 

 

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