SIÈCLE DE LOUIS XIV - Chapitre XXI - Suite des disgrâces de la France et de l'Espagne - Partie 1

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SIÈCLE DE LOUIS XIV - Chapitre XXI - Suite des disgrâces de la France et de l'Espagne - Partie 1

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SIÈCLE DE LOUIS XIV

 

PAR

 

VOLTAIRE

 

 

 

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- Partie 1 -

 

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CHAPITRE XXI.

 

Suite des disgrâces de la France et de l’Espagne.

Louis XIV envoie son principal ministre demander

en vain la paix. Bataille de Malplaquet perdue, etc.

 

 

 

 

 

          La bataille d’Hochstedt avait coûté à Louis XIV la plus florissante armée, et tout le pays du Danube au Rhin ; elle avait coûté à la maison de Bavière tous ses Etats. La journée de Ramillies avait fait perdre toute la Flandre jusqu’aux portes de Lille. La déroute de Turin avait chassé les Français d’Italie, ainsi qu’ils l’ont toujours été dans toutes les guerres depuis Charlemagne. Il restait des troupes dans le Milanais, et cette petite armée victorieuse sous le comte de Médavi. On occupait encore quelques places. On proposa de céder tout à l’empereur pourvu qu’il laissât retirer ces troupes, qui montaient à près de quinze mille hommes. L’empereur accepta cette capitulation. Le duc de Savoie y consentit. Ainsi l’empereur, d’un trait de plume, devint le maître paisible en Italie. La conquête du royaume de Naples et de Sicile lui fut assurée. Tout ce qu’on avait regardé en Italie comme feudataire fut traité comme sujet. Il taxa la Toscane à cent cinquante mille pistoles, Mantoue à quarante mille. Parme, Modène, Lucques, Gênes, malgré leur liberté, furent comprises dans ces impositions.

 

          L’empereur qui jouit de tous ces avantages n’était pas ce Léopold, ancien rival de Louis XIV, qui, sous les apparences de la modération avait nourri sans éclat une ambition profonde. C’était son fils aîné Joseph, vif, fier, emporté, et qui cependant ne fut pas plus grand guerrier que son père. Si jamais empereur parut fait pour asservir l’Allemagne et l’Italie, c’était Joseph Ier. Il domina de là les monts : il rançonna le pape : il fit mettre de sa seule autorité, en 1706, les électeurs de Bavière et de Cologne au ban de l’empire : il les dépouilla de leur électorat : il retint en prison les enfants du Bavarois, et leur ôta jusqu’à leur nom (1). Leur père n’eut d’autre ressource que d’aller traîner sa disgrâce en France et dans les Pays-Bas. Philippe V lui céda depuis toute la Flandre espagnole en 1712 (2). S’il avait gardé cette province, c’était un établissement qui valait mieux que la Bavière, et qui le délivrait de l’assujettissement à la maison d’Autriche : mais il ne put jouir que des villes de Luxembourg, de Namur, et de Charleroi ; le reste était aux vainqueurs.

 

          Tout semblait déjà menacer ce Louis XIV qui avait auparavant menacé l’Europe. Le duc de Savoie pouvait entrer en France. L’Angleterre et l’Ecosse se réunissaient pour ne plus composer qu’un seul royaume ; ou plutôt l’Ecosse, devenue province de l’Angleterre, contribuait à la puissance de son ancienne rivale. Tous les ennemis de la France semblaient, vers la fin de 1706 et au commencement de 1707, acquérir des forces nouvelles, et la France toucher à sa ruine. Elle était pressée de tous côtés, et sur mer et sur terre. De ces flottes formidables que Louis XIV avait formées, il restait à peine trente-cinq vaisseaux. En Allemagne, Strasbourg était encore frontière ; mais Landau perdu laissait toujours l’Alsace exposée. La Provence était menacée d’une invasion par terre et par mer. Ce qu’on avait perdu en Flandre faisait craindre pour le reste. Cependant, malgré tant de désastres, le corps de la France n’était point encore entamé ; et, dans une guerre si malheureuse, elle n’avait encore perdu que des conquêtes.

 

          Louis XIV fit face partout. Quoique partout affaibli, il résistait, ou protégeait, ou attaquait encore de tous côtés. Mais on fut aussi malheureux en Espagne qu’en Italie, en Allemagne, et en Flandre. On prétend que le siège de Barcelone avait été encore plus mal conduit que celui de Turin.

 

          Le comte de Toulouse n’avait paru que pour ramener sa flotte à Toulon. Barcelone secourue, le siège abandonné, l’armée française diminuée de moitié s’était retirée sans munitions dans la Navarre, petit royaume qu’on conservait aux Espagnols, et dont nos rois ajoutent encore le titre à celui de France, par un usage qui semble au-dessous de leur grandeur.

 

          A ces désastres s’en joignit un autre, qui parut décisif. Les Portugais, avec quelques Anglais, prirent toutes les places devant lesquelles ils se présentèrent, et s’avancèrent jusque dans l’Estramadoure espagnole, différente de celle du Portugal. C’était un Français devenu pair d’Angleterre qui les commandait, milord Galloway, autrefois comte de Ruvigny ; tandis que le duc de Berwick, Anglais et neveu de Marlborough, était à la tête des troupes de France et d’Espagne, qui ne pouvaient plus arrêter les victorieux.

 

          Philippe V, incertain de sa destinée, était dans Pampelune. Charles, son compétiteur, grossissait son parti et ses forces en Catalogne : il était maître de l’Aragon, de la province de Grenade. Les Anglais avaient pris Gibraltar pour eux, et lui avaient donné Minorque, Ivica, et Alicante. Les chemins d’ailleurs lui étaient ouverts jusqu’à Madrid. (26 juin 1707) Galloway y entra sans résistance, et fit proclamer roi l’archiduc Charles. Un simple détachement le fit aussi proclamer à Tolède (3).

 

          Tout parut alors si désespéré pour Philippe V, que le maréchal de Vauban, le premier des ingénieurs, le meilleur des citoyens, homme toujours occupé de projets, les uns utiles, les autres peu praticables, et tous singuliers, proposé à la cour de France d’envoyer Philippe V régner en Amérique ; ce prince y consentit. On l’eût fait embarquer avec les Espagnols attachés à son parti. L’Espagne eût été abandonnée aux factions civiles. Le commerce du Pérou et du Mexique n’eût plus été que pour les Français ; et dans ce revers de la famille de Louis XIV, la France eût encore trouvé sa grandeur. On délibéra sur ce projet à Versailles : mais la constance des Castillans et les fautes des ennemis conservèrent la couronne à Philippe V. Les peuples aimaient dans Philippe le choix qu’ils avaient fait, et dans sa femme, fille du duc de Savoie, le soin qu’elle prenait de leur plaire, une intrépidité au-dessus de son sexe, et une constance agissante dans le malheur. Elle allait elle-même de ville en ville animer les cœurs, exciter le zèle, et recevoir les dons que lui apportaient les peuples. Elle fournit ainsi à son mari plus de deux cent mille écus en trois semaines. Aucun des grands, qui avaient juré d’être fidèles, ne fut traître. Quand Galloway fit proclamer l’archiduc dans Madrid, on cria : Vive Philippe ! et à Tolède, le peuple ému chassa ceux qui avaient proclamé l’archiduc.

 

          Les Espagnols avaient jusque-là fait peu d’efforts pour soutenir leur roi ; ils en firent de prodigieux quand ils le virent abattu (4), et montrèrent en cette occasion une espèce de courage contraire à celui des autres peuples, qui commencent par de grands efforts, et qui se rebutent. Il est difficile de donner un roi à une nation malgré elle. Les Portugais, les Anglais, les Autrichiens, qui étaient en Espagne, furent harcelés partout, manquèrent de vivres, firent des fautes presque toujours inévitables dans un pays étranger, et furent battus en détail. (22 septembre 1706) Enfin Philippe V, trois mois après être sorti de Madrid en fugitif, y rentra triomphant, et fut reçu avec autant d’acclamations que son rival avait éprouvé de froideur et de répugnance.

 

          Louis XIV redoubla ses efforts quand il vit que les Espagnols en faisaient ; et tandis qu’il veillait à la sûreté de toutes les côtes sur l’Océan et sur la Méditerranée, en y plaçant des milices, tandis qu’il avait une armée en Flandre, une auprès de Strasbourg, un corps dans la Navarre, un dans le Roussillon, il envoyait encore de nouvelles troupes au maréchal de Berwick dans la Castille.

 

          (25 avril 1707) Ce fut avec ces troupes secondées des Espagnols, que Berwick gagna la bataille importante d’Almanza sur Galloway (5). Almanza, ville bâtie par les Maures, est sur la frontière de Valence : cette belle province fut le prix de la victoire. Ni Philippe V ni l’archiduc ne furent présents à cette journée ; et c’est sur quoi le fameux comte Peterborough, singulier en tout, s’écria « qu’on était bien bon de se battre pour eux. » C’est ce qu’il manda au maréchal de Tessé, et c’est ce que je tiens de sa bouche. Il ajoutait qu’il n’y avait que des esclaves qui combattissent pour un homme, et qu’il fallait combattre pour une nation. Le duc d’Orléans, qui voulait être à cette action, et qui devait commander en Espagne, n’arriva que le lendemain ; mais il profita de la victoire ; il prit plusieurs places, et entre autres Lérida, l’écueil du grand Condé (6).

 

          (22 mai 1707) D’un autre côté, le maréchal de Villars, remis en France à la tête des armées (7), uniquement parce qu’on avait besoin de lui, réparait en Allemagne le malheur de la journée d’Hoschstedt. Il avait forcé les lignes de Stolhoffen au-delà du Rhin, dissipé toutes les troupes ennemies, étendu les contributions à cinquante lieues à la ronde, pénétré jusqu’au Danube. Ce succès passager faisait respirer sur les frontières de l’Allemagne ; mais en Italie tout était perdu. Le royaume de Naples sans défense, et accoutumé à changer de maître, était sous le joug des victorieux, et le pape, qui n’avait pu empêcher que les troupes allemandes passassent par son territoire, voyait, sans oser murmurer, que l’empereur se fît son vassal malgré lui. C’est un grand exemple de la force des opinions reçues, et du pouvoir de la coutume, qu’on puisse toujours s’emparer de Naples sans consulter le pape, et qu’on n’ose jamais lui en refuser l’hommage.

 

          Pendant que le petit-fils de Louis XIV perdait Naples, l’aïeul était sur le point de perdre la Provence et le Dauphiné. Déjà le duc de Savoie et le prince Eugène y étaient entrés par le Col de Teude. Ces frontières n’étaient pas défendues comme le sont la Flandre et l’Alsace théâtre éternel de la guerre, hérissé de citadelles que le danger avait averti d’élever. Point de pareilles précautions vers le Var, point de ces fortes places qui arrêtent l’ennemi, et qui donnent le temps d’assembler des armées. Cette frontière a été négligée jusqu’à nos jours, sans que peut-être on puisse en alléguer d’autre raison, sinon que les hommes étendent rarement leurs soins de tous les côtés. Le roi de France voyait, avec une indignation douloureuse, que ce même duc de Savoie, qui un an auparavant n’avait presque plus que sa capitale, et le prince Eugène, qui avait été élevé dans sa cour, fussent prêts de lui enlever Toulon et Marseille.

 

          (Août 1707) Toulon était assiégé et pressé : une flotte anglaise, maîtresse de la mer, était devant le port, et le bombardait. Un peu plus de diligence, de précautions, et de concert, aurait fait tomber Toulon. Marseille sans défense n’aurait pas tenu ; et il était vraisemblable que la France allait perdre deux provinces. Mais le vraisemblable n’arrive pas toujours. On eut le temps d’envoyer des secours. On avait détaché des troupes de l’armée du maréchal de Villars, dès que ses provinces avaient été menacées ; et on sacrifia les avantages qu’on avait en Allemagne pour sauver une partie de la France. Le pays par où les ennemis pénétraient est sec, stérile, hérissé de montagnes ; les vivres rares ; la retraite difficile. Les maladies, qui désolèrent l’armée ennemie, combattirent encore pour Louis XIV (8). (22 août 1707) Le siège de Toulon fut levé, et bientôt la Provence délivrée, et le Dauphiné hors de danger : tant le succès d’une invasion est rare, quand on n’a pas de grandes intelligences dans le pays. Charles-Quint y avait échoué ; et, de nos jours, les troupes de la reine de Hongrie y échouèrent encore (9).

 

          Cependant cette irruption, qui avait coûté beaucoup aux alliés, ne coûtait pas moins aux Français : elle avait ravagé une grande étendue de terrain, et divisé les forces.

 

          L’Europe ne s’attendait pas que dans un temps d’épuisement, et lorsque la France comptait pour un grand succès d’être échappée à une invasion, Louis XIV aurait assez de grandeur et de ressources pour tenter lui-même une invasion dans la Grande-Bretagne, malgré le dépérissement de ses forces maritimes, et malgré les flottes des Anglais, qui couvraient la mer. Ce projet fut proposé par des Ecossais attachés au fils de Jacques II. Le succès était douteux ; mais Louis XIV envisagea une gloire certaine dans la seule entreprise. Il a dit lui-même que ce motif l’avait déterminé autant que l’intérêt politique.

 

          Porter la guerre dans la Grande-Bretagne, tandis qu’on en soutenait le fardeau si difficilement en tant d’autres endroits, et tenter de rétablir du moins sur le trône d’Ecosse le fils de Jacques II, pendant qu’on pouvait à peine maintenir Philippe V sur celui d’Espagne, c’était une idée pleine de grandeur, et qui, après tout, n’était pas destituée de vraisemblance.

 

          Parmi les Ecossais, tous ceux qui ne s’étaient pas vendus à la cour de Londres gémissaient d’être dans la dépendance des Anglais. Leurs vœux secrets appelaient unanimement le descendant de leurs anciens rois, chassé, au berceau, des trônes d’Angleterre, d’Ecosse, et d’Irlande, et à qui on avait disputé jusqu’à sa naissance. On lui promit qu’il trouverait trente mille hommes en armes qui combattraient pour lui, s’il pouvait seulement débarquer vers Edimbourg avec quelques secours de la France.

 

          Louis XIV, qui dans ses prospérités passées avait fait tant d’efforts pour le père, en fit autant pour le fils dans le temps même de ses revers. Huit vaisseaux de guerre, soixante et dix bâtiments de transport, furent préparés à Dunkerque. (Mars 1708) Six mille hommes furent embarqués. Le comte de Gacé, depuis maréchal de Matignon, commandait les troupes. Le chevalier de Forbin Janson, l’un des plus grands hommes de mer, conduisait la flotte. La conjoncture paraissait favorable (10), il n’y avait en Ecosse que trois mille hommes de troupes réglées. L’Angleterre était dégarnie. Ses soldats étaient occupés en Flandre sous le duc de Marlborough. Mais il fallait arriver ; et les Anglais avaient en mer une flotte de près de cinquante vaisseaux de guerre. Cette entreprise fut entièrement semblable à celle que nous avons vue, en 1744, en faveur du petit-fils de Jacques II. Elle fut prévenue par les Anglais. Des contre-temps la dérangèrent. Le ministère de Londres eut même le temps de faire revenir douze bataillons de Flandre. On se saisit dans Edimbourg des hommes les plus suspects. Enfin le prétendant s’étant présenté aux côtes d’Ecosse, et n’ayant point vu les signaux convenus, tout ce que put faire le chevalier de Forbin, ce fut de le ramener à Dunkerque. Il sauva la flotte ; mais tout le fruit de l’entreprise fut perdu. Il n’y eut que Matignon qui y gagna. Ayant ouvert les ordres de la cour en pleine mer, il y vit les provisions de maréchal de France ; récompense de ce qu’il voulut et ne put faire.

 

          Quelques historiens (11) ont supposé que la reine Anne était d’intelligence avec son frère. C’est une trop grande simplicité de penser qu’elle invitât son compétiteur à la venir détrôner. On a confondu les temps : on a cru qu’elle le favorisait alors, parce que depuis elle le regarda en secret comme son héritier. Mais qui peut jamais vouloir être chassé par son successeur ?

 

 

 

1 – Le duc de Bavière était père de ce jeune prince appelé par Charles II au trône d’Espagne, et mort à Bruxelles. L’électeur, dans son manifeste contre l’empereur, dit, en parlant de la mort de son fils. « qu’il avait succombé à un mal qui avait souvent sans péril attaqué son enfance, avant qu’il eût été déclaré l’héritier de Charles II. » Il ajoutait que « l’étoile de la maison d’Autriche avait toujours été funeste à ceux qui s’étaient opposés à sa grandeur. » Une accusation directe eût peut-être été moins insultante que cette terrible ironie. Le duc de Bavière, en se séparant de l’empire pour s’unir à un prince en guerre avec l’empire, donnait un prétexte à l’empereur. Louis XIV avait traité avec autant de dureté le duc de Lorraine et l’électeur palatin, et il avait moins d’excuses. (K.)

2 – Dans l’histoire de Reboulet, il est dit qu’il eut cette souveraineté dès l’an 1700 ; mais alors il n’avait que la vice-royauté. (Voltaire.)

3 – On tint à Madrid, au nom de l’archiduc, plusieurs conseils où furent appelés les hommes les plus distingués de son parti. Le marquis de Ribas, secrétaire d’Etat sous Charles II, y assista. C’était lui qui avait dressé le testament de ce prince en faveur de Philippe V. Des cabales de cour l’avaient fait disgracier. On lui proposa de déclarer que le testament avait été supposé ; mais il ne voulut consentir à aucune déclaration qui pût affaiblir l’autorité de cet acte : ni les menaces ni les promesses ne purent l’ébranler. (K.)

4 – Ils firent de prodigieux efforts, parce que des hérétiques commandaient dans l’Escurial. (G.A.)

5 – Berwick avait commandé avec succès en Espagne pendant l’année 1704. Des intrigues de cour le firent rappeler. Le maréchal de Tessé demandait un jour à la jeune reine pourquoi elle n’avait pas conservé un général dont les talents et la probité lui auraient été si utiles. « Que voulez-vous que je vous dise ? répondit-elle ; c’est un grand diable d’Anglais, sec, qui va toujours tout droit devant lui. » Dans la campagne que termina la bataille d’Almanza, Berwick était instruit de l’état de l’armée alliée, et de ses projets, par un officier général portugais qui, persuadé que l’alliance du roi de Portugal avec l’empereur était contraire à ses vrais intérêts, le trahissait par esprit de patriotisme. (Mémoires de Berwick.) (K.) – A la bataille d’Almanza se trouvait le héros des Cévennes, Jean Cavalier, avec les réfugiés français. (G.A.)

6 – L’armée du duc d’Orléans prit aussi Saragosse : lorsque les troupes françaises parurent à la vue de la ville, on fit accroire au peuple que ce camp qu’il voyait n’était pas un objet réel, mais une apparence causée par un sortilège : le clergé se rendit processionnellement sur les murailles pour exorciser ces fantômes ; et le peuple ne commença à croire qu’il était assiégé par une armée réelle, que lorsqu’il vit les houssards abattre quelques têtes. (Mémoires de Berwick.)

7 – Il avait reparu sur le Rhin dès 1705. (G.A.)

8 – Non-seulement les maladies, mais aussi les divisions vinrent en aide à Louis XIV. Le duc de Savoie ne s’entendait ni avec Eugène, ni avec l’amiral anglais. (G.A.)

9 – Le respect pour la vérité dans les plus petites choses oblige encore de relever le discours que le compilateur des Mémoires de madame de Maintenon fait tenir par le roi de Suède, Charles XII, au duc de Marlborough : « Si Toulon est pris, je l’irai reprendre. » Ce général anglais n’était point auprès du roi de Suède dans le temps du siège. Il le vit dans Alt-Ranstadt en avril 1707, et le siège de Toulon fut levé au mois d’août. Charles XII, d’ailleurs, ne se mêla jamais de cette guerre ; il refusa constamment de voir tous les Français qu’on lui députa. On ne trouve, dans les Mémoires de Maintenon, que des discours qu’on n’a ni tenus ni pu tenir ; et on ne peut regarder ce livre que comme un roman mal digéré. (Voltaire.)

10 – Voltaire applaudit à cette descente en Ecosse et juge que la conjoncture était favorable, parce qu’il a en tête l’expédition de 1744. Forbin, toutefois, quoique bien résolu, regardait l’entreprise comme impossible. (G.A.)

11 – Entre autres Reboulet, page 233 du tome VIII. Il fonde ses soupçons sur ceux du chevalier de Fortin. Celui qui a donné au public tant de mensonges, sous le titre de Mémoires de madame de Maintenon, et qui fit imprimer, en 1752, à Francfort, une édition frauduleuse du Siècle de Louis XIV, demande, dans une des notes, qui sont ces historiens qui ont prétendu que la reine Anne était d’intelligence avec son frère. C’est un fantôme, dit-il. Mais on voit ici clairement que ce n’est point un fantôme, et que l’auteur du Siècle de Louis XIV n’avait rien avancé que la preuve en main ; il n’est pas permis d’écrire l’histoire autrement. (Voltaire.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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