SATIRE - Déclaration

Publié le par loveVoltaire

SATIRE - Déclaration

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DÉCLARATION.

 

(1)

 

 

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          Le caractère d’un libelle est d’être imprimé sans permission des supérieurs et sous un titre supposé. Or, le sieur Vernet a fait imprimer, sans permission et clandestinement, à Genève, sous le titre de Copenhague, un recueil de lettres ennuyeuses à un prétendu milord : donc le livre dudit Vernet porte le caractère d’un libelle.

 

          Ledit Vernet, dans son recueil, s’élève contre Rome et contre la France, quoiqu’il soit encore réputé sujet du roi de France, étant petit-fils d’un réfugié, et quoique les bienséances exigent qu’on n’insulte point Rome.

 

          Ledit Vernet se déchaîne contre les spectacles dans le temps qu’ils sont protégés par les seigneurs médiateurs, et permis par le conseil de Genève, et cela pour rendre les seigneurs médiateurs suspects et le conseil odieux : dont ledit Vernet a fait un libelle très répréhensible.

 

          Ledit Vernet outrage dans cet ouvrage et nomme insolemment des personnes de considération qui ne lui ont jamais donné le moindre sujet de plainte  donc son libelle est punissable.

 

          Ledit Vernet dit que « le luxe autrefois avait un certain air de noblesse qui exerçait les grands talents, et qu’aujourd’hui le luxe est colifichet et volatile ; qu’on se pique à Paris de montrer un génie imaginatif et pittoresque, etc. » Tout est écrit dans ce goût  donc le sieur Vernet a fait un libelle ridicule.

 

          Ledit Vernet se répand en invectives infâmes contre un ouvrage (2) qu’il a fait imprimer lui-même d’une manière subreptice et scandaleuse : donc ledit Vernet se condamne lui-même dans son libelle.

 

          Brocard, à Dijon, et les frères Périsse, à Lyon, ont imprimé une feuille où l’on se moque dudit libelle ; mais je me réserve en temps et lieu d’en faire une justice exemplaire, comme d’un ouvrage de ténèbres sottement écrit contre ma patrie, contre ma religion, et contre mes amis.

 

 

Fait au château de Ferney, le 5 Juillet 1766.

 

 

 

 

 

 

1 – Vernet, s’étant fait donner par le conseil et par le consistoire une déclaration où l’on tenait pour satisfaisants les éclaircissements donnés par lui sur les faits articulés dans la lettre de Covelle, publia ladite déclaration avec un mémoire. Voltaire en réplique lança la déclaration suivante. (G.A.)

2 – L’Essai sur l’histoire générale. Voyez la Lettre curieuse. (G.A.)

 

 

 

 

 

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