DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE : C comme CONCILES - Partie 1

Publié le par loveVoltaire

DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE : C comme CONCILES - Partie 1

Photo de PAPAPOUSS

 

 

 

 

 

C comme CONCILES.

 

 

 

 

 

 

SECTION PREMIÈRE.

 

 

Assemblée d’écclésiastiques convoquée pour

résoudre des doutes ou des questions sur les

points de foi ou de discipline.

 

 

 

          L’usage des conciles n’était pas inconnu aux sectateurs de l’ancienne religion de Zerdusht que nous appelons Zoroastre . Vers l’an 200 de notre ère vulgaire, le roi de Perse, Ardeshir-Babecan, assembla quarante mille prêtres pour les consulter sur des doutes qu’il avait touchant le paradis et l’enfer qu’ils nomment la géhenne, terme que les Juifs adoptèrent pendant leur captivité de Babylone, ainsi que les noms des anges et des mois. Le plus célèbre des mages Erdaviraph, ayant bu trois verres d’un vin soporifique, eut une extase qui dura sept jours et sept nuits, pendant laquelle son âme fut transportée vers Dieu. Revenu de ce ravissement, il raffermit la foi du roi, en racontant le grand nombre de merveilles qu’il avait vues dans l’autre monde, et en les faisant mettre par écrit.

 

          On sait que Jésus fut appelé Christ, mot grec qui signifie oint, et sa doctrine christianisme, ou bien évangile, c’est-à-dire bonne nouvelle, parce qu’un jour de sabbat, étant entré, selon sa coutume, dans la synagogue de Nazareth, où il avait été élevé, il se fit à lui-même l’application de ce passage d’Isaïe qu’il venait de lire : « L’esprit du Seigneur est sur moi, c’est pourquoi il m’a rempli de son onction, et m’a envoyé prêcher l’Évangile aux pauvres. » Il est vrai que tous ceux de la synagogue le chassèrent hors de leur ville, et le conduisirent jusqu’à la pointe de la montagne sur laquelle elle était bâtie, pour le précipiter, et ses proches vinrent pour se saisir de lui : car ils disaient et on leur disait qu’il avait perdu l’esprit. Or, il n’est pas moins certain que Jésus déclara constamment qu’il n’était pas venu détruire la loi ou les prophètes, mais les accomplir.

 

          Cependant, comme il ne laissa rien par écrit, ses premiers disciples furent partagés sur la fameuse question s’il fallait circoncire les Gentils, et leur ordonner de garder la loi mosaïque. Les apôtres et les prêtres s’assemblèrent donc à Jérusalem pour examiner cette affaire ; et après en avoir beaucoup conféré ; ils écrivirent aux frères d’entre les Gentils qui étaient à Antioche, en Syrie et en Cilicie, une lettre dont voici le précis : « Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous point imposer d’autre charge que celles-ci qui sont nécessaires : savoir, de vous abstenir des viandes immolées aux idoles, et du sang, et de la chair étouffée, et de la fornication. »

 

          La décision de ce concile n’empêcha pas que Pierre, étant à Antioche ne discontinuât de manger avec les Gentils que lorsque plusieurs circoncis qui venaient d’auprès de Jacques furent arrivés. Mais Paul voyant qu’il ne marchait pas droit selon la vérité de l’Evangile, lui résista en face, et lui dit devant tout le monde : Si vous, qui êtes Juif, vivez comme les Gentils et non pas comme les Juifs, pourquoi contraignez-vous les Gentils à judaïser ? Pierre en effet vivait comme les Gentils depuis que, dans un ravissement d’esprit, il avait vu le ciel ouvert, et comme une grande nappe qui descendait par les quatre coins du ciel en terre, dans laquelle il y avait de toutes sortes d’animaux terrestres à quatre pieds, de reptiles et d’oiseaux du ciel ; et qu’il avait ouï une voix qui lui avait dit : Levez-vous, Pierre, tuez et mangez.

 

          Paul, qui reprenait si hautement Pierre d’user de cette dissimulation pour faire croire qu’il observait encore la loi, se servit lui-même à Jérusalem d’une feinte semblable. Se voyant accusé d’enseigner aux Juifs qui étaient parmi les Gentils à renoncer à Moïse, il s’alla purifier dans le temple pendant sept jours, afin que tous sussent que ce qu’ils avaient ouï dire de lui était faux, mais qu’il continuait à garder la loi ; et cela par le conseil de tous les prêtres assemblés chez Jacques, et ces prêtres étaient les mêmes qui avaient décidé avec le Saint-Esprit que ces observances légales n’étaient pas nécessaires.

 

          On distingua depuis les conciles en particuliers et en généraux. Les particuliers sont de trois sortes : les nationaux convoqués par le prince, par le patriarche ou par le primat ; les provinciaux assemblés par le métropolitain ou l’archevêque ; et les diocésains ou synodes célébrés par chaque évêque. Le décret suivant est tiré d’un de ces conciles tenus à Mâcon. « Tout laïque qui rencontrera en chemin un prêtre ou un diacre, lui présentera le cou pour s’appuyer ; si le laïque et le prêtre sont tous deux à cheval, le laïque s’arrêtera et saluera révéremment le prêtre ; enfin si le prêtre est à pied et le laïque à cheval, le laïque descendra et ne remontera que lorsque l’ecclésiastique sera à une certaine distance. Le tout sous peine d’être interdit pendant aussi longtemps qu’il plaira au métropolitain. »

 

          La liste des conciles tient plus de seize pages in-folio dans le Dictionnaire de Moréri ; les auteurs ne convenant pas d’ailleurs du nombre des conciles généraux, bornons-nous ici au résultat des huit premiers qui furent assemblés par ordre des empereurs.

 

          Deux prêtres d’Alexandrie ayant voulu savoir si Jésus était Dieu ou créature, ce ne fut pas seulement les évêques et les prêtres qui disputèrent, les peuples entiers furent divisés ; le désordre vint à un tel point que les païens sur leurs théâtres tournaient en raillerie le christianisme. L’empereur Constantin commença par écrire en ces termes à l’évêque Alexander et au prêtre Arius, auteurs de la division : « Ces questions qui ne sont point nécessaires, et qui ne viennent que d’une oisiveté inutile, peuvent être faites pour exercer l’esprit ; mais elles ne doivent pas être portées aux oreilles du peuple. Etant divisés pour un si petit sujet, il n’est pas juste que vous gouverniez selon vos pensées une si grande multitude du peuple de Dieu. Cette conduite est basse et puérile, indigne de prêtres et d’hommes sensés. Je ne le dis pas pour vous contraindre à vous accorder entièrement sur cette question frivole, quelle qu’elle soit. Vous pouvez conserver l’unité avec un différend particulier, pourvu que ces diverses opinions et ces subtilités demeurent secrètes dans le fond de la pensée. »

 

          L’empereur ayant appris le peu d’effet de sa lettre, résolut, par le conseil des évêques, de convoquer un concile œcuménique, c’est-à-dire de toute la terre habitable, et choisit, pour le lieu de l’assemblée, la ville de Nicée en Bithynie. Il s’y trouva deux mille quarante-huit évêques, qui tous, au rapport d’Eutychius, furent de sentiments et d’avis différents. Ce prince, ayant eu la patience de les entendre disputer sur cette matière, fut très surpris de trouver parmi eux si peu d’unanimité ; et l’auteur de la préface arabe de ce concile dit que les actes de ces disputes formaient quarante volumes.

 

          Ce nombre prodigieux d’évêques ne paraîtra pas incroyable, si l’on fait attention à ce que rapporte Usser, cité par Selden, que saint Patrice, qui vivait dans le cinquième siècle, fonda 365 églises, et ordonna un pareil nombre d’évêques, ce qui prouve qu’alors chaque église avait son évêque, c’est-à-dire son surveillant. Il est vrai que par le canon XIII du concile d’Ancyre, on voit que les évêques des villes firent leur possible pour ôter les ordinations aux évêques de village, et les réduire à la condition de simples prêtres.

 

          On lut dans le concile de Nicée une lettre d’Eusèbe de Nicomédie, qui contenait l’hérésie manifestement, et découvrait la cabale du parti d’Arius. Il y disait, entre autres choses, que si l’on reconnaissait Jésus fils de Dieu incréé, il faudrait aussi le reconnaître consubstantiel au père. Voilà pourquoi Athanase, diacre d’Alexandrie, persuada aux Pères de s’arrêter au mot de consubstantiel, qui avait été rejeté comme impropre par le concile d’Antioche, tenu contre Paul de Samosate ; mais c’est qu’il le prenait d’une manière grossière, et marquant de la division, comme on dit que plusieurs pièces de monnaie sont d’un même métal ; au lieu que les orthodoxes expliquèrent si bien le terme de consubstantiel, que l’empereur lui-même comprit qu’il n’enfermait aucune idée corporelle, qu’il ne signifiait aucune division de la substance du père absolument immatérielle et spirituelle, et qu’il fallait l’entendre d’une manière divine et ineffable. Ils montrèrent encore l’injustice des ariens de rejeter ce mot, sous prétexte qu’il n’est pas dans l’Ecriture, eux qui employaient tant de mots qui n’y sont point, en disant que le fils de Dieu était tiré du néant, et n’avait pas toujours été.

 

          Alors Constantin écrivit en même temps deux lettres pour publier les ordonnances du concile, et les faire connaître à ceux qui n’y avaient pas assisté. La première, adressée aux Eglises en général, dit en beaucoup de paroles que la question de la foi a été examinée, et si bien éclaircie qu’il n’y est resté aucune difficulté. Dans la seconde, il dit entre autres à l’Eglise d’Alexandrie en particulier : Ce que trois cents évêques ont ordonné n’est autre chose que la sentence du fils unique de Dieu ; le Saint-Esprit a déclaré la volonté de Dieu par ces grands hommes qu’il inspirait : donc que personne ne doute, que personne ne diffère ; mais revenez tous de bon cœur dans le chemin de la vérité.

 

          Les écrivains ecclésiastiques ne sont pas d’accord sur le nombre des évêques qui souscrivirent à ce concile. Eusèbe n’en compte que deux cent cinquante (1) ; Eustache d’Antioche, cité par Théodoret, deux cent soixante et dix ; saint Athanase, dans son Epître aux solitaires, trois cents, comme Constantin ; mais dans sa lettre aux Africains, il parle de trois cent dix-huit. Ces quatre auteurs sont cependant témoins oculaires et très dignes de foi.

 

          Ce nombre de trois cent dix-huit, que le pape saint Léon appelle mystérieux, a été adopté par la plupart des Pères de l’Eglise (2). Saint Ambroise assure que le nombre de trois cent dix-huit évêques fut une preuve de la présence du Seigneur Jésus dans son concile de Nicée, parce que la croix désigne trois cents, et le nom de Jésus dix-huit. Saint Hilaire, en défendant le mot de consubstantiel approuvé dans le concile de Nicée, quoique condamné cinquante-cinq ans auparavant dans le concile d’Antioche, raisonne ainsi : Quatre-vingts évêques ont rejeté le mot de consubstantiel, mais trois cent dix-huit l’ont reçu. Or, ce dernier nombre est pour moi un nombre saint, parce que c’est celui des hommes qui accompagnèrent Abraham, lorsque, victorieux des rois impies, il fut béni par celui qui est la figure du sacerdoce éternel. Enfin Selden rapporte que Dorothée, métropolitain de Monembase, disait qu’il y avait eu précisément trois cent dix-huit Pères à ce concile, parce qu’il s’était écoulé trois cent dix-huit ans depuis l’incarnation. Tous les chronologistes placent ce concile à l’an 325 de l’ère vulgaire ; mais Dorothée en retranche sept ans pour faire cadrer sa comparaison ; ce n’est là qu’une bagatelle : d’ailleurs on ne commença à compter les années depuis l’incarnation de Jésus qu’au concile de Lestines, l’an 743. Denys-le-Petit avait imaginé cette époque dans son Cycle solaire de l’an 526, et Bède l’avait employée dans son Histoire ecclésiastique.

 

          Au reste on ne sera point étonné que Constantin ait adopté le sentiment de ces trois cents ou trois cent dix-huit évêques qui tenaient pour la divinité de Jésus, si l’on fait attention qu’Eusèbe de Nicomédie, un des principaux chefs du pari arien, avait été complice de la cruauté de Licinius, dans les massacres des évêques et dans la persécution des chrétiens. C’est l’empereur lui-même qui l’en accuse dans la lettre particulière qu’il écrivit à l’Eglise de Nicomédie. « Il a, dit-il, envoyé contre moi des espions pendant les troubles, et il ne lui manquait que de prendre les armes pour le tyran. J’en ai des preuves par les prêtres et les diacres de sa suite que j’ai pris. Pendant le concile de Nicée, avec quel empressement et quelle impudence a-t-il soutenu, contre le témoignage de sa conscience, l’erreur convaincue de tous côtés, tantôt en implorant ma protection, de peur qu’étant convaincu d’un si grand crime, il ne fût privé de sa dignité ! Il m’a circonvenu et surpris honteusement, et a fait passer toutes choses comme il a voulu. Encore depuis peu, voyez ce qu’il a fait avec Théognis. »

 

          Constantin veut parler de la fraude dont Eusèbe de Nicomédie et Théognis de Nicée usèrent en souscrivant. Dans le mot omoousios ils insérèrent un iota qui faisait omoiousios, c’est-à-dire semblable en substance, au lieu que le premier signifie de même substance. On voit par là que ces évêques cédèrent à la crainte d’être déposés et bannis ; car l’empereur avait menacé d’exil ceux qui ne voudraient pas souscrire. Aussi l’autre Eusèbe, évêque de Césarée, approuva le mot de consubstantiel, après l’avoir combattu le jour précédent.

 

          Cependant Théonas de Masmarique, et Second de Ptolémaïque, demeurèrent opiniâtrément attachés à Arius ; et le concile les ayant condamnés avec lui, Constantin les exila, et déclara, par un édit, qu’on punirait de mort quiconque serait convaincu d’avoir caché quelque écrit d’Arius, au lieu de le brûler. Trois mois après, Eusèbe de Nicomédie et Théognis furent aussi envoyés en exil dans les Gaules. On dit qu’ayant gagné celui qui gardait les actes du concile par ordre de l’empereur, ils avaient effacé leurs souscriptions, et s’étaient mis à enseigner publiquement qu’il ne faut pas croire que le Fils soit consubstantiel au Père.

 

          Heureusement, pour remplacer leurs signatures et conserver le nombre mystérieux de trois cent dix-huit, on imagina de mettre le livre où étaient ces actes divisés par sessions, sur le tombeau de Chrysante et de Misonius, qui étaient morts pendant la tenue du concile ; on y passa la nuit en oraison, et le lendemain il se trouva que ces deux évêques avaient signé.

 

          Ce fut par un expédient à peu près semblable que les Pères du même concile firent la distinction des livres authentiques de l’Ecriture d’avec les apocryphes : les ayant placés tous pêle-mêle sur l’autel, les apocryphes tombèrent d’eux-mêmes par terre.

 

          Deux autres conciles assemblés l’an 359, par l’empereur Constance, l’un de plus de quatre cent évêques à Rimini, et l’autre de plus de cent cinquante à Séleuci, rejetèrent après de longs débats le mot consubstantiel, déjà condamné par un concile d’Antioche, comme nous l’avons dit ; mais ces conciles ne sont reconnus que par les sociniens.

 

          Les Pères de Nicée avaient été si occupés de la consubstantialité du Fils, que sans faire aucune mention de l’Eglise dans leur symbole, ils s’étaient contentés de dire : Nous croyons aussi au Saint-Esprit. Cet oubli fut réparé au second concile général convoqué à Constantinople, l’an 381, par Théodose. Le Saint-Esprit y fut déclaré Seigneur et vivifiant, qui procède du Père, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les prophètes. Dans la suite, l’Eglise latine voulut que le Saint-Esprit procédât encore du Fils, et le filioque fut ajouté au symbole, d’abord en Espagne, l’an 447 ; puis en France au concile de Lyon, l’an 1274 ; et enfin à Rome, malgré les plaintes des Grecs contre cette innovation.

 

          La divinité de Jésus une fois établie, il était naturel de donner à sa mère le titre de mère de Dieu : cependant le patriarche de Constantinople Nestorius soutint, dans ses sermons, que ce serait justifier la folie des païens, qui donnaient des mères à leurs dieux. Théodose le Jeune pour décider cette grande question, fit assembler le troisième concile général à Ephèse, l’an 431, où Marie fut reconnue mère de Dieu.

 

          Une autre hérésie de Nestorius, également condamnée à Ephèse, était de reconnaître deux personnes en Jésus. Cela n’empêcha pas le patriarche Flavien de reconnaître dans la suite deux natures en Jésus. Un moine nommé Eutichès, qui avait déjà beaucoup crié contre Nestorius, assura, pour mieux les contredire l’un et l’autre, que Jésus n’avait aussi qu’une nature. Cette fois-ci le moine se trompa. Quoique son sentiment eût été soutenu l’an 449, à coups de bâton, dans un nombreux concile à Ephèse, Eutichès n’en fut pas moins anathématisé deux ans après le quatrième concile général que l’empereur Marcien fit tenir à Chalcédoine, où deux natures furent assignées à Jésus.

 

          Restait à savoir combien, avec une personne et deux natures, Jésus devait avoir de volontés. Le cinquième concile général, qui, l’an 553, assoupit, par ordre de Justinien, les contestations touchant la doctrine de trois évêques, n’eut pas le loisir d’entamer cet important objet. Ce ne fut que l’an 680 que le sixième concile général, convoqué aussi à Constantinople par Constantin Pogonat, nous apprit que Jésus a précisément deux volontés ; et ce concile, en condamnant les monothélites qui n’en admettaient qu’une, n’excepta pas de l’anathème le pape Honorius Ier qui, dans une lettre rapportée par Baronius, avait dit au patriarche de Constantinople : « Nous confessons une seule volonté dans Jésus-Christ. Nous ne voyons point que les conciles ni l’Ecriture nous autorisent à penser autrement ; mais de savoir si, à cause des œuvres de divinité et d’humanité qui sont en lui, on doit entendre une ou deux opérations, c’est ce que je laisse aux grammairiens, et ce qui n’importe guère. » Ainsi Dieu permit que l’Eglise grecque et l’Eglise latine n’eussent rien à se reprocher à cet égard. Comme le patriarche Nestorius avait été condamné pour avoir reconnu deux personnes en Jésus, le pape Honorius le fut à son tour pour n’avoir confessé qu’une volonté dans Jésus.

 

          Le septième concile général, ou second de Nicée, fut assemblé, l’an 787, par Constantin, fils de Léon et d’Irène, pour rétablir l’adoration des images. Il faut savoir que deux conciles de Constantinople, le premier l’an 730, sous l’empereur Léon, et l’autre vingt-quatre ans après, sous Constantin Copronyme, s’étaient avisés de proscrire les images, conformément à la loi mosaïque et à l’usage des premiers siècles du christianisme. Aussi le décret de Nicée, où il est dit que quiconque ne rendra pas aux images des saints le service, l’adoration, comme à la Trinité, sera jugé anathème, éprouva d’abord des contradictions ; les évêque qui voulurent le faire recevoir l’an 789, dans un concile de Constantinople, en furent chassés par des soldats. Le même décret fut encore rejeté avec mépris, l’an 794, par le concile de Francfort et par les livres carolins que Charlemagne fit publier. Mais enfin le second concile de Nicée fut confirmé à Constantinople sous l’empereur Michel et Théodora sa mère, l’an 842, par un nombreux concile qui anathématisa les ennemis des saintes images. Il est remarquable que ce furent deux femmes, les impératrices Irène et Théodora, qui protégèrent les images.

 

          Passons au huitième concile général. Sous l’empereur Basile, Photius, ordonné à la place d’Ignace, patriarche de Constantinople, fit condamner l’Eglise latine sur le filioque,et autres pratiques, par un concile de l’an 866 ; mais Ignace ayant été rappelé l’année suivante (le 23 Novembre), un autre concile déposa Photius ; et l’an 869 les Latins à leur tour condamnèrent l’Eglise grecque dans un concile appelé par eux huitième général, tandis que les Orientaux donnent ce nom à un autre concile, qui dix ans après annula ce qu’avait fait le précédent, et rétablit Photius.

 

          Ces quatre conciles se tinrent à Constantinople ; les autres, appelés généraux par les Latins, n’ayant été composés que des seuls évêques d’Occident, les papes, à la faveur des fausses décrétales, s’arrogèrent insensiblement le droit de les convoquer. Le dernier, assemblé à Trente depuis l’an 1545 jusqu’en 1563, n’a servi ni à ramener les ennemis de la papauté, ni à les subjuguer. Ses décrets sur la discipline n’ont été admis chez presque aucune nation catholique, et il n’a produit d’autre effet que de vérifier ces paroles de saint Grégoire de Naziance : « Je n’ai jamais vu de concile qui ait eu une bonne fin et qui n’ait augmenté les maux plutôt que de les guérir. L’amour de la dispute et l’ambition règnent au-delà de ce qu’on peut dire dans toute assemblée d’évêques. »

 

          Cependant le concile de Concile de Constance, l’an 1415, ayant décidé qu’un concile général reçoit immédiatement de Jésus-Christ son autorité, à laquelle toute personne, de quelque état dignité qu’elle soit, est obligée d’obéir dans ce qui concerne la foi ; le concile de Basle ayant ensuite confirmé ce décret qu’il tient pour article de foi, et qu’on ne peut négliger sans renoncer au salut, on sent combien chacun est intéressé à se soumettre aux conciles.

 

 

 

 

 

 

1 – Le reste des 2048 n’eut point apparemment le temps de rester jusqu’à la fin du concile, ou peut-être ce nombre se doit-il entendre de ceux qui furent convoqués, et non de ceux qui purent se rendre à Nicée. (K.)

 

2 – Aux yeux de M. Pierre Leroux, les 318 évêques ou prêtres institués selon la règle d’alors par le suffrage du clergé et du peuple, et qui siégèrent à Nicée, furent une véritable Assemblée constituante, une véritable Convention que le christianisme vainqueur envoya pour le représenter et lui faire des lois. (G.A.)

Commenter cet article