ANNALES DE L'EMPIRE - CATALOGUE DES EMPEREURS - OTHON III - Partie 19

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Photo de PAPAPOUSS

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ANNALES DE L’EMPIRE.

 

 

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CATALOGUE DES EMPEREURS

 

 

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OTHON III

 

 

 

 

Né, en 973, empereur en 983, mort en 1002.

 

On prétend qu’il épousa Marie d’Aragon.

 

Mort sans postérité.

 

 

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OTHON III

 

 

QUATORZIÈME EMPEREUR

 

 

(1)

 

 

 

983 – Comment reconnaître en Allemagne un empereur et un roi de Germanie âgé de dix ans, qui n’avait été reconnu qu’à Vérone, et dont le père venait d’être vaincu par les Sarrasins ? Ce même Henri de Bavière, qui avait disputé la couronne au père, sort de la prison de Maëstricht, où il était renfermé ; et, sous prétexte de servir de tuteur au jeune empereur Othon III, son petit neveu, qu’on avait ramené en Allemagne, il se saisit de sa personne, et il le conduit à Magdebourg.

 

984 – L’Allemagne se divise en deux factions. Henri de Bavière a dans son parti la Bohême et la Pologne ; mais la plupart des seigneurs de grands fiefs et des évêques, espérant être plus maîtres sous un prince de dix ans, obligent Henri à mettre le jeune Othon en liberté et à le reconnaître, moyennant quoi on lui rend enfin la Bavière.

 

         Othon III est donc solennellement proclamé à Veissemstadt.

 

         Il est servi à dîner par les grands officiers de l’empire. Henri de Bavière fait les fonctions de maître-d’hôtel, le comte palatin de grand-échanson, le duc de Saxe de grand-écuyer, le duc de Franconie de grand-chambellan. Les ducs de Bohême et de Pologne y assistèrent comme grands vassaux.

 

         L’éducation de l’empereur est confiée à l’archevêque de Mayence et à l’évêque d’Ildesheim.

 

         Pendant ces troubles, le roi de France Lothaire essaie de reprendre la Haute-Lorraine. Il se rend maître de Verdun.

 

986 – Après la mort de Lothaire, Verdun est rendu à l’Allemagne.

 

987 – Louis V, dernier roi en France de la race de Charlemagne, étant mort après un an de règne, Charles, duc de Lorraine, son oncle et son héritier naturel, prétend en vain à la couronne de France. Hugues Capet prouve par l’adresse et par la force que le droit d’élire était alors en vigueur.

 

988 – L’abbé de Verdun obtient à Cologne la permission de ne point porter l’épée, et de ne point commander en personne les soldats qu’il doit quand l’empereur lève des troupes.

 

         Othon III confirme tous les privilèges des évêques et des abbés. Leur privilège et leur devoir étaient donc de porter l’épée, puisqu’il fallut une dispense particulière à cet abbé de Verdun.

 

989 – Les Danois prennent ce temps pour entrer par l’Elbe et  par le Véser. On commence alors à sentir en Allemagne qu’il faut négocier avec la Suède contre le Danemark ; et l’évêque de Slesvick est chargé de cette négociation.

 

         Les Suédois battent les Danois sur mer. Le nord de l’Allemagne respire.

 

990 – Le reste de l’Allemagne, ainsi que la France, est en proie aux guerres particulières des seigneurs ; et ces guerres, que les souverains ne peuvent apaiser, montrent qu’ils avaient plus de droit que de puissance. C’était bien pis en Italie.

 

         Le pape Jean XV, fils d’un prêtre, tenait alors le saint-siège, et était favorable à l’empereur. Crescence, nouveau consul, fils du consul Crescence dont Jean X fut le père (1), voulait maintenir l’ombre de l’ancienne république ; il avait chassé le pape de Rome. L’impératrice Théophanie, mère d’Othon III, était venue avec des troupes commandées par le marquis de Brandebourg soutenir dans l’Italie l’autorité impériale.

 

         Pendant que le marquis de Brandebourg est à Rome, les Slaves s’emparent de son marquisat.

 

Depuis 991 jusqu’à 996 – Les Salves, avec un ramas d’autres Barbares, assiègent Magdebourg. On les repousse avec peine. Ils se retirent dans la Poméranie, et cèdent quelques villages du Brandebourg qui arrondissent le marquisat.

 

         L’Autriche était alors un marquisat aussi, et non moins malheureux que le Brandebourg, étant frontière des Hongrois.

 

         La mère de l’empereur était revenue d’Italie sans avoir beaucoup remédié aux troubles de ce pays, et était morte à Nimègue. Les villes de Lombardie ne reconnaissaient point l’empereur.

 

         Othon III lève des troupes, fait le siège de Milan, s’y fait couronner, fait élire page Grégoire V, son parent, comme il aurait fait un évêque de Spire, et est sacré dans Rome par son parent, avec sa femme l’impératrice Marie, fille de don Garcie, roi d’Aragon et de Navarre.

 

997 – Il est étrange que des auteurs de nos jours, et Maimbourg, et tant d’autres, rapportent encore la fable des amours de cette impératrice avec un comte de Modène, et du supplice de l’amant et de la maîtresse. On prétend que l’empereur, plus irrité contre la maîtresse que contre l’amant, fit brûler sa femme toute vive, et condamna seulement son rival à perdre la tête ; que la veuve du comte ayant prouvé l’innocence de son mari, eut quatre beaux châteaux en dédommagement. Cette fable avait déjà été imaginée sur une Andaberte (2), femme de l’empereur Louis II. Ce sont des romans dont le sage et savant Muratori (3) prouve la fausseté.

 

         L’empereur reconnu à Rome retourne en Allemagne ; il y trouve les Slaves maîtres de Bernbourg, et on ôte à l’archevêque de Magdebourg le gouvernement dans ce pays pour s’être laissé battre par les Slaves.

 

998 – Tandis qu’Othon III est occupé contre les barbares du Nord, le consul Crescence chasse de Rome Grégoire V, qui va l’excommunier à Pavie ; et Othon repasse en Italie pour le punir.

 

         Crescence soutient un siège dans Rome ; il rend la ville au bout de quelques jours, et se retire dans le môle d’Adrien, appelé alors le môle de Crescence, et depuis le château Saint-Ange. Il y meurt en combattant, sans qu’on sache le genre de sa mort ; mais il semblait mériter le nom de consul qu’il portait. L’empereur prend sa veuve pour maîtresse, et fait couper la langue et arracher les yeux au pape de la nomination de Crescence. Mais aussi on dit qu’Othon et sa maîtresse firent pénitence, qu’ils allèrent en pèlerinage à un monastère, qu’ils couchèrent même sur une natte de jonc.

 

999 – Il fait un décret par lequel les Allemands seuls auront le droit d’élire l’empereur romain, et les papes seront obligés de le couronner ; Grégoire V, son parent, ne manqua pas de signer le décret ; et les papes suivants de le réprouver.

 

1000 – Othon retourne en Saxe, et passe en Pologne. Il donne au duc le titre de roi, mais non à ses descendants. On verra dans la suite que les empereurs créaient des ducs et des rois à brevet. Boleslas reçoit de lui la couronne, fait hommage à l’empire, et s’oblige à une légère redevance annuelle.

 

         Le pape Sylvestre II, quelques années après, lui conféra aussi le titre de roi, prétendant qu’il n’appartenait qu’au pape de le donner. Il est étrange que des souverains demandent des titres à d’autres souverains ; mais l’usage est le maître de tout. Les historiens disent qu’Othon, allant ensuite à Aix-la-Chapelle, fit ouvrir le tombeau de Charlemagne, et qu’on trouva cet empereur encore tout frais, assis sur un trône d’or, une couronne de pierreries sur la tête, et un grand sceptre d’or à la main. Si l’on avait enterré ainsi Charlemagne, les Normands, qui détruisirent Aix-la-Chapelle, ne l’auraient pas laissé sur son trône d’or.

 

1001 – Les Grecs alors abandonnaient le pays de Naples, mais les Sarrasins y revenaient souvent. L’empereur repasse les Alpes pour arrêter leurs progrès et ceux des défenseurs de la liberté italique, plus dangereux que les Sarrasins.

 

1002 – Les Romains assiègent son palais dans Rome, et tout ce qu’il peut faire, c’est de s’enfuir avec le pape et avec sa maîtresse, la veuve de Crescence. Il meurt à Paterno, petite ville de la campagne de Rome, à l’âge de près de trente ans. Plusieurs auteurs disent que sa maîtresse l’empoisonna, parce qu’il n’avait pas voulu la faire impératrice (4) ; d’autres, qu’il fut empoisonné par les Romains, qui ne voulaient point d’empereur. Ce fait est peut-être vraisemblable, mais il n’est nullement prouvé. Sa mort laissa indécis plus que jamais ce long combat de la papauté contre l’empire, des Romains contre l’un et l’autre, et de la liberté italienne contre la puissance allemande. C’est ce qui tient l’Europe toujours attentive ; c’est là le fil qui conduit dans le labyrinthe de l’histoire de l’Allemagne.

 

         Ces trois Othon, qui ont rétabli l’empire, ont tous trois assiégé Rome, et y ont fait couler le sang : et Arnoud, avant eux, l’avait saccagée.

 

1003 – Othon III ne laissait point d’enfants. Vingt seigneurs prétendirent à l’empire ; un des plus puissants était Henri, duc de Bavière : le plus opiniâtre de ses rivaux était Ekard, marquis de Thuringe. On assassine le marquis pour faciliter l’élection du Bavarois, qui, à la tête d’une armée, se fait sacrer à Mayence le 19 juillet.

 

 

 

 

 

 

 

1 – Ces deux personnages n’en font qu’un seul, et c’est le même Centius ou Crescentius dont il a été parlé à l’année 979. Voltaire n’a pas commis cette erreur dans son Essai. (G.A.)

 

2 – Ou plutôt, Angelberge. (G.A.)

 

3 – Rerum italicarum scriptores prœcipui ab anno 500 ad annum 1590. (1723-1751). Muratori n’était mort que depuis deux ans (1750) quand Voltaire le qualifiait de sage et de savant. (G.A.)

 

4 – Voltaire ne rend pas justice à la veuve de Crescentius. Elle ne se fit la maîtresse d’Othon que pour venger la mort de son mari. Voyez Sismondi, Histoire des républiques italiennes, tome I. (G.A.)

 

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