SATIRE - Dialogue de Pégase et du vieillard

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SATIRE - Dialogue de Pégase et du vieillard

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DIALOGUE DE PÉGASE ET DU VIEILLARD.

 

 

(1)

 

 

- 1774 -

 

 

_________

 

 

 

 

PÉGASE.

 

Que fais-tu dans ces champs, au coin d’une masure ?

 

LE VIEILLARD.

 

J’exerce un art utile, et je sers la nature ;

Je défriche un désert, je sème et je bâtis (2)

 

PÉGASE.

 

Que je vois en pitié tes sens appesantis !

Que tes goûts sont changés et que l’âge te glace !

Ne reconnais-tu plus ton coursier du Parnasse ?

 

LE VIEILLARD.

 

Je ne puis. Notre maître Apollon,

Comme moi, dans son temps, fut berger et maçon.

 

PÉGASE.

 

Oui ; mais rendu bientôt à sa grandeur première,

Dans les plaines du ciel il sema la lumière ;

Il reprit sa guitare ; il fit de nouveaux vers ;

Des filles de Mémoire il régla les concerts.

Imite en tout le dieu dont tu cites l’exemple :

Les doctes Sœurs encor pourraient t’ouvrir leur temple ;

Tu pourrais, dans la foule heureusement guidé,

Et suivant d’assez loin le sublime Vadé (3),

Retrouver une place au séjour du génie.

 

LE VIEILLARD.

 

Hélas ! j’eus autrefois cette noble manie.

D’un espoir orgueilleux honteusement déçu,

Tu sais, mon cher ami, comme je fus reçu,

Et comme on bafoua mes grandes entreprises :

A peine j’abordai, les places étaient prises.

Le nombre des élus au Parnasse est complet ;

Nous n’avons qu’à jouir, nos pères ont tout fait :

Quand l’œillet, le narcisse, et les roses vermeilles,

Ont prodigué leur suc aux trompes des abeilles,

Les bourdons sur le soir y vont chercher en vain

Ces parfums épuisés qui plaisaient au matin.

 

Ton Parnasse, d’ailleurs, et ta belle écurie,

Ce palais de la Gloire, est l’antre de l’Envie.

Homère, cet esprit si vaste et si puissant,

N’eut qu’un imitateur, et Zoïle en eut cent.

 

Je gravis avec peine à cette double cime,

Où la mesure antique a fait place à la rime,

Où Melpomène en pleurs étale en ses discours

Des rois du temps passé la gloire et les amours.

Pour contempler de près cette grande merveille.

Je me mis dans un coin sous les pieds de Corneille.

Bientôt Martin Fréron (4), prompt à me corriger,

M’aperçut dans ma niche et m’en fit déloger.

Par ce juge équitable exilé du Parnasse,

Sans secours, sans amis, humble dans ma disgrâce,

Je voulus adoucir par des égards flatteurs,

Par quelques soins polis, mes frères les auteurs.

Je n’y réussis point ; leur bruyante séquelle

A connu rarement l’amitié fraternelle :

Je n’ai pu désarmer Sabotier (5) mon rival.

Le Parnasse a bien fait de n’avoir qu’un cheval :

Si nous en avions deux, ils se mordraient sans doute.

 

J’ai vu les beaux esprits, je sais ce qu’il en coûte.

Il fallut, malgré moi, combattre soixante ans

Les plus grands écrivains, les plus profonds savants,

Toujours en faction, toujours en sentinelle :

Ici c’est l’abbé Guyon (6), plus bas c’est La Beaumelle (7).

Leur nombre est dangereux. J’aime mieux désormais

Les languissants plaisirs d’une insipide paix.

 

Il faut que je te fasse une autre confidence :

La poste, comme on sait, console de l’absence ;

Les frères, les époux, les amis, les amants,

Surchargent les courriers de leurs beaux sentiments.

J’ouvre souvent mon cœur en prose ainsi qu’en rime ;

J’écris une sottise, aussitôt on l’imprime.

On y joint méchamment le recueil clandestin

De mon cousin Vadé, de mon oncle Bazin.

Candide, emprisonné dans mon vieux secrétaire,

En criant, Tout est bien, s’enfuit chez un libraire (8).

Jeanne et la tendre Agnès, et le gourmand Bonneau,

Courent en étourdis de Genève à Beslau.

Quatre bénédictins, avec leurs doctes plumes,

Auraient peine à fournir ce nombre de volumes.

On ne va point, mon fils, fût-on sur toi monté,

Avec ce gros bagage à la postérité.

Pour comble de malheur, une troupe importune

De bâtards indiscrets, rebut de la fortune,

Né le long du Charnier nommé des Innocents,

Se glisse sous la presse avec mes vrais enfants.

C’en est trop. Je renonce à tes neuf Immortelles :

J’ai beaucoup de respect et d’estime pour elles ;

Mais tout change, tout s’use, et tout amour prend fin.

Va, vole au mont sacré ! je reste en mon jardin.

 

 

PÉGASE.

 

Tes dégoûts vont trop loin, tes chagrins sont injustes.

Des arts qui t’ont nourri les déesses augustes

Ont mis sur ton front chauve un brin de ce laurier

Qui coiffa Chapelain, Desmarets, Saint-Didier (9).

N’as-tu pas vu cent fois à la tragique scène,

Sous le nom de Clairon, l’altière Melpomène,

Et l’éloquent Lekain, le premier des acteurs,

De tes drames rampants ranimant les langueurs,

Corriger, par des tons que dictait la nature,

De ton style ampoulé la froide et sèche enflure ?

De quoi te plaindrais-tu ? Parle de bonne foi :

Cinquante bons esprits qui valent mieux que toi

N’ont-ils pas, à leurs frais, érigé la statue

Dont tu n’étais pas digne, et qui leur était due ?

Malgré tous tes rivaux, mon écuyer Pigal

Posa ton corps tout nu sur un beau piédestal ;

Sa main creusa les traits de ton visage étique,

Et plus d’un connaisseur le prend pour un antique.

Je vis Martin Fréron, a le mordre attaché

Consumer de ses dents tout l’ébène ébréché.

Je vis ton buste rire à l’énorme grimace

Que fit, en le rongeant, cet apostat d’Ignace.

Viens donc rire avec nous ; viens fouler à tes pieds

De tes sots ennemis les fronts humiliés.

Au son de ton sifflet, vois rouler dans la crotte

Sabotier sur Clément, Patouillet sur Nonotte ;

Leurs clameurs un moment pourront te divertir.

 

 

LE VIEILLARD.

 

Les cris des malheureux ne me font point plaisir.

De quoi viens-tu flatter le déclin de mon âge ?

La jeunesse est maligne, et la vieillesse est sage.

Le sage en sa retraite, occupé de jouir,

Sans chercher les humains, et pourtant sans les fuir,

Ne s’embarrasse point des bruyantes querelles

Des auteurs ou des rois, des moines ou des belles.

Il regarde de loin sans dire son avis,

Trois Etat polonais doucement envahis ;

Saint Ignace dans Rome écrasé par saint Pierre,

Ou Clément dans Paris acharné sur le Mierre.

Dans ses champs cultivés, à l’abri des revers,

Le sage vit tranquille, et ne fait point de vers.

Monsieur l’abbé Terray, pour le bien du royaume,

Préfère un laboureur, un prudent économe,

A tous nos vains écrits qu’il ne lira jamais.

Triptolème est le dieu dont je veux les bienfaits.

Un bon cultivateur est cent fois plus utile

Que ne fut autrefois Hésiode ou Virgile.

Le besoin, la raison, l’instinct doit nous porter

A faire nos moissons plutôt qu’à les chanter ;

J’aime mieux t’atteler toi-même à ma charrue,

Que d’aller sur ton dos voltiger dans la nue.

 

PÉGASE.

 

Ah ! doyen des ingrats ! ce triste et froid discours

Est d’un vieux impuissant qui médit des amours.

Un pauvre homme épuisé se pique de sagesse.

Eh bien ! tu te sens faible, écris avec faiblesse ;

Corneille en cheveux blancs sur moi caracola,

Quand en croupe avec lui je portais Attila ;

Je suis tout fier encor de sa course dernière.

Tout mortel jusqu’au bout doit fournir sa carrière (10),

Et je ne puis souffrir un changement grossier.

Quoi ! renoncer aux arts, et prendre un vil métier !

Sais-tu qu’un villageois sans esprit, sans science,

N’ayant pour tout talent qu’un peu d’expérience,

Fait jaunir dans son champ de plus riches moissons

Que n’en eut Mirabeau par ses doctes leçons (11) ?

Laisse un travail pénible aux mains du mercenaire,

Aux journaliers la bêche, aux maçons leur équerre :

Songe que tu naquis pour mon sacré vallon ;

Chante encore avec Pope, et pense avec Platon ;

Ou rime en vers badins les leçons d’Epicure,

Et ce Système heureux qu’on dit de la nature.

Pour la dernière fois veux-tu me monter ?

 

LE VIEILLARD.

 

Non.

Apprends que tout système offense ma raison.

Plus de vers, et surtout plus de philosophie.

A rechercher le vrai j’ai consumé ma vie ;

J’ai marché dans la nuit sans guide et sans flambeau :

Hélas ! voit-on plus clair au bord de son tombeau ?

A quoi peut nous servir ce don de la pensée,

Cette lumière faible, incertaine, éclipsée ?

Je n’ai pensé que trop. Ceux qui par charité

Ont au fond de leur puits noyé la Vérité

Font repentir souvent l’imprudent qui l’en tire.

Je me tais. Je ne veux rien savoir, ni rien dire.

 

PÉGASE.

 

Eh bien ! végète et meurs. Je revole à Paris

Présenter mon service à de profonds esprits,

Les uns, dans leurs greniers fondant des républiques,

Les autres ébranchant les vers monarchiques.

J’en connais qui pourraient, loin des profanes yeux,

Sans le secours des vers, élevés dans les cieux,

Emules fortunés de l’essence éternelle,

Tout faire avec des mots, et tout créer comme elle.

Ils ont besoin de moi dans leurs inventions.

J’avais porté René (12) parmi ses tourbillons ;

Son disciple plus fou (13), mais non pas moins superbe,

Etait monté sur moi quand il parlait au Verbe.

J’ai des amis en prose, et bien mieux inspirés

Que tes héros du Pinde aux rimes consacrés.

Je vais porter leurs noms dans les deux hémisphères.

 

LE VIEILLARD.

 

Adieu donc ; bon voyage au pays des chimères.

 

 

 

 

 

 

 

1 – Cette satire, composée en Avril 1774, circula dans Paris au mois de mai, suivie de l’Epître à Ninon du comte de Schowalow. (G.A.)

 

2 – En effet notre auteur a défriché quelques terrains plus rebelles que ceux des plus mauvaises langues de Bordeaux et de la Champagne Pouilleuse, et ils ont produit le plus beau froment ; mais ces tentatives très longues et très dispendieuses ne peuvent être imitées par des colons. Il faudrait que le gouvernement s’en chargeât, qu’il recommandât ce travail immense à un intendant, l’intendant à un subdélégué, et qu’on fît venir de la cavalerie sur les Feux. (1775.) (Voltaire.)

 

3 – Vadé, écrivain de la Foire, sous le nom duquel l’auteur de l’Ecossaise se cacha par modestie. – L’Ecossaise est signée : Jérôme Carré. Voyez au THÉÂTRE (G.A.)

 

4 – Martin Fréron ; Martin n’est pas son nom de baptême, ce n’est que son nom de guerre. Il s’est déchaîné, dit-on, pendant vingt ans contre l’auteur de ce dialogue pour faire vendre ses feuilles. « Qua mensura mensi fueritis, cadem remetietur vobis. » Il s’est attiré l’Ecossaise, et nous en sommes bien fâchés (1775.) (Voltaire.)

 

5 – L’abbé Sabotier ou Sabatier, natif de Castres, ne s’est pas exercé dans les mêmes genres que le chantre de Henri IV, et le peintre qui a dessiné le Siècle de Louis XIV et de Louis XV ; ainsi il ne peut être son rival. S’il s’était abonné aux mêmes études, il aurait été son maître.

 

Cet abbé avait fait, en 1771, un dictionnaire de littératures, dans lequel il prodiguait des éloges outrés ; il ne se vendit point. Mais il en fit un autre, en 1772, intitulé les Trois siècles, dans lequel il prodiguait des calomnies, et il se vendit. Il insulta MM. d’Alembert, de Saint-Lambert, Marmontel, Thomas, Diderot, Beauzée, La Harpe, Delille, et vingt autres gens de lettres vivants, dont il faudrait respecter la mémoire s’ils étaient morts.

 

Mais celui que MM. Sabotier et Clément ont déchiré avec l’acharnement le plus emporté est un vieillard de quatre-vingts ans, qui ne pouvait pas se défendre.

 

Il est permis, il est utile de dire son sentiment sur des ouvrages, surtout quand on le motive par des raisons solides, ou du moins séduisantes. S’il ne s’agissait que de littérature, nous dirions qu’il est très injuste d’accuser l’auteur de la Henriade et du Siècle de Louis XIV, occupé de célébrer la gloire des grands hommes de ce siècle, de ne leur avoir point rendu justice. Nous dirions que personne n’a parlé avec plus de sensibilité des admirables scènes de Corneille, de la perfection désespérante du style de Racine (comme s’exprime M. La Harpe), de la perfection non moins désespérante de l’Art poétique et de plusieurs belles épîtres de Boileau.

 

Nous dirions que sa liste des grands écrivains de ce siècle mémorable contient l’Eloge raisonne de l’inimitable Molière, qu’il regarde comme supérieur à tous les comiques de l’antiquité ; celui de La Fontaine, qui a surpassé Phèdre par sa naïveté et par ses grâces ; celui de Quinault, qui n’eut ni modèle ni rivaux dans ses opéras. Nous dirions qu’il a rendu des hommages aux Bossuet, aux Fénelon, à tous les hommes de génie, à tous les savants.

 

Nous ajouterions qu’il aurait été digne d’apprécier leurs extrêmes beautés s’il n’avait pas connu leurs fautes, inséparables de la faiblesse humaine ; que c’eût été une grande impertinence de mettre sur le même rang Cinna et Pertharite, Polyeucte et Théodore ; et d’admirer également les excellentes fables de La Fontaine, et celles qui sont moins heureuses. Il faut plus encore, il faut savoir discerner dans le même ouvrage une beauté au milieu des défauts et un vice de langage, un manque de justesse dans les pensées les plus sublimes : c’est en quoi consiste le goût. Et nous pourrions assurer que l’auteur du Siècle de Louis XIV, après soixante ans de travaux, était peut-être alors aussi en droit de dire son avis que l’est aujourd’hui M. Sabotier.

 

Mais il s’agit ici d’accusations plus importantes. C’est peu que cet abbé, dans l’espérance de plaire à ses supérieurs, dont il ignore l’équité et le discernement, impute à cent littérateurs de nos jours des sentiments odieux ; il a la cruauté de les appeler indévots, impies. Il dit en propres mots que l’auteur de la Henriade nie l’immortalité de l’âme. C’était bien assez de lui ravir l’immortalité d’Alzire, de Zaïre, de Mérope, dont nous sommes certains qu’il est peu jaloux, et dont il ne prend point le parti. Il est trop dur de dépouiller une âme de quatre-vingts ans de la seule vie qui puisse lui rester dans le temps à venir. Ce procédé est injuste et maladroit, et d’autant plus maladroit qu’il nous met dans la nécessité de révéler quelle est l’âme de l’abbé dans le temps présent.

 

Nous l’avons vu et lu, et nous le tenons entre nos mains, le Spinosa commenté, expliqué, éclairci, embelli, écrit tout entier de la main de M. l’abbé Sabotier, natif de Castres ; et nous déposerons ce monument chez un notaire ou chez un greffier, dès qu’il nous en aura donné la permission ; car nous ne voulions pas disposer d’un tel écrit sans l’aveu de l’auteur. C’est un égard que nous nous devons les uns aux autres.

 

Pour les poésies légères de ce grand critique et de ce grand missionnaire, nous en userons un peu plus librement. Voici les preuves de la piété de cet abbé, qui est si peu indulgent pour les péchés de son prochain ; voici les preuves du bon goût de celui qui trouve les vers de MM. de Saint-Lambert, Delille, de La Harpe, si mauvais :

 

En sortant de la prison où ses mœurs respectables l’avaient fait renfermer à Strasbourg, il s’amusa, pour se dissiper, à faire un conte intitulé le … mauvais lieu. Ce conte commence ainsi ; et remarquez bien que nous l’avons écrit de sa main, de la même main que le Spinosa.

 

Du temps que la dame Pâris

Tenait école florissante

De jeux d’amour à juste prix,

D’une écolière assez savante

Sur les bords de la Seine un jour le pied glissa.

La chose assurément n’était pas merveilleuse :

Mais la chute dans l’eau n’était pas périlleuse,

Lorsqu’un mousquetaire passa.

Il crut que ce serait une perte publique

Que la perte de tant d’appas :

Aussi, plein d’ardeur héroïque,

Mit-il, sans hésiter, chemise et pourpoint bas, etc.

 

Nous épargnons sans hésiter, aux yeux de nos chastes lecteurs, la suite de ce morceau délicat. Ce n’est qu’un échantillon de l’élégante poésie de M. l’abbé des Trois Siècles.

 

Nous lui demandons bien pardon de publier un autre morceau de sa prose, bien plus touchant et bien plus décisif (et toujours de sa main, et signé Sabotier de Castres) :

 

« On n’aime ici que les processions, les sermons, et les messes. Les gens qui ont eu la force de secouer le joug des préjugés de l’enfance, du fanatisme et de l’erreur, en un mot les hommes qui pensent bien, n’osent se faire connaître, etc., etc. »

 

Nous donnerons le reste si cela lui fait plaisir.

 

Jugez maintenant, lecteur, s’il sied bien à ce galant homme de traiter un secrétaire d’une de nos académies, d’impie et de scélérat, et d’en dire autant de nos littérateurs les plus illustres. On croit qu’il aura incessamment un bénéfice : mais quelle récompense aura le censeur royal qui lui a fait obtenir une permission tacite d’outrager la vertu et le bon goût ?

 

On dit qu’il est tonsuré, et qu’étant bientôt élevé aux dignités de l’Eglise, il croira en Dieu, ne fût-ce que par reconnaissance ; car, malgré son spinosisme, il saura qu’il n’y a point de société policée qui n’admette un Etre suprême, rémunérateur de la vertu et vengeur du crime. Nous le prions de se souvenir de ce vers de Voltaire :

 

Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer.

 

Ce philosophe écrivait, il n’y a pas longtemps, à un grand prince : « C’est de tous les vers médiocres que j’aie jamais faits, le moins médiocre, et celui dont je suis le moins mécontent. » (1774) (Voltaire.)

 

Il avait grande raison : un athée est peut-être presque aussi dangereux, si on l’ose dire, qu’un fanatique est un loup enragé qui égorge et qui suce le sang publiquement, en croyant bien faire, l’athée pourra commettre tous les crimes secrets, sachant bien qu’il fait mal et comptant sur l’impunité. Voilà pourquoi les deux grands législateurs Locke et Penne, qui ont admis toutes les religions dans la Caroline et dans la Pensylvanie, en ont formellement exclu les athées. (1775) (Voltaire.)

 

6 – L’abbé Guyon, auteur d’un libelle insipide contre notre auteur, intitulé l’Oracle des philosophes. (1775.) (Voltaire.)

 

7 – Langeviel, dit La Beaumelle, autre écrivain de libelles aussi ridicules qu’affreux contre la cour. Il faut pardonner à notre auteur, s’il n’a puni ces gredins qu’en imprimant leurs noms, et en exposant simplement leurs calomnies. (1774.) (Voltaire.)

 

8 – On a imprimé cinq ou six volumes des prétendues lettres de notre auteur ; cela n’est pas honnête. On en a falsifié plusieurs ; cela est encore moins honnête ; mais les éditeurs ont voulu gagner de l’argent. (1774.) (Voltaire.)

 

9 – M. Clément et M. Sabotier ont imprimé que notre auteur avait pillé le poème de la Henriade d’un poème intitulé Clovis, par M. Saint-Didier. Cela est encore peu honnête, car ce Clovis ne parut que trois ans après la Henriade ; mais une erreur de trois ans est peu de chose.

 

Il en a échappé une de quinze ans à M. l’abbé Sabotier ; car il a imprimé que notre auteur avait pillé son Siècle de Louis XIV dans les Annales politiques de l’abbé de Saint-Pierre ; mais le Siècle de Louis XIV fut imprimé pour la première fois, en 1752, et le livre de l’abbé de Saint-Pierre en 1767 ; sur quoi un mauvais plaisant, se souvenant mal à propos que Sabotier est le fils d’un mauvais perruquier de Castres, chassé de chez son père, a écrit qu’il aurait dû plutôt faire des perruques pour l’auteur de la Henriade, que de le dépouiller cruellement de ses prétendus lauriers, et d’exposer sa tête octogénaire à la rigueur des saisons. (1774.) (Voltaire.)

 

10 – Vers célèbre. (G.A.)

 

11 – Il a fort encouragé l’agriculture par son livre intitulé l’Ami des hommes. (1775.) (Voltaire.)

 

12 – René Descartes. On sait qu’il était excellent géomètre, mais que toute sa philosophie n’est fondée que sur des chimères. (1774.) (Voltaire.)

 

13 – On sait aussi que Malebranche s’est entretenu familièrement avec le Verbe, quoique la première partie de son livre sur les erreurs des sens et de l’imagination soit un chef-d’œuvre de philosophie. (1774.) (Voltaire.)

 

 

 

 

 

 

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