OPUSCULE - De la paix perpétuelle - Partie 1

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OPUSCULE - De la paix perpétuelle - Partie 1

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DE LA PAIX PERPÉTUELLE,

 

PAR LE DOCTEUR GOODHEART.

 

 

- 1769 -

 

 

 

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TRADUCTION DE M. CHAMBON.

 

 

 

[Il ne s’agit pas ici d’un projet politique analogue à celui qu’avait imaginé l’abbé de Saint-Pierre et qu’avait réchauffé Jean-Jacques Rousseau. Voltaire ne voit de paix perpétuelle que dans la tolérance, et sur ce, il nous fait pour la centième fois la peinture des horreurs du fanatisme, et nous prêche la destruction des dogmes. Cette brochure parut au milieu de l’année 1769. Le nom de Goodheart est celui d’un docteur imaginaire et signifie bon cœur. Le nom de Chambon est celui d’un théologien non moins imaginaire que le docteur, et dont Voltaire avait signé l’année précédente ses Conseils raisonnables à M. Bergier.] (G.A.)

 

 

 

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          I – La seule paix perpétuelle qui puisse être établie chez les hommes est la tolérance ; la paix imaginée par un Français, nommé l’abbé de Saint-Pierre, est une chimère qui ne subsistera pas plus entre les princes qu’entre les éléphants et les rhinocéros, entre les loups et les chiens. Les animaux carnassiers se déchireront toujours à la première occasion.

 

          II – Si on n’a pu bannir du monde le monstre de la guerre, on est parvenu à le rendre moins barbare : nous ne voyons plus aujourd’hui les Turcs faire écorcher un Bragadini (1), gouverneur de Famagouste, pour avoir bien défendu sa place contre eux. Si on fait un prince prisonnier, on ne le charge point de fers, on ne le plonge point dans un cachot, comme Philippe, surnommé Auguste en usa avec Ferrand, comte de Flandre (2), et comme un Léopold d’Autriche traita plus lâchement encore notre grand Richard-Cœur-de-Lion (3). Les supplices de Conrandin (4), légitime roi de Naples, et de son cousin, ordonnés par un tyran vassal, autorisés par un prêtre souverain, ne se renouvellent plus : il n’y a plus de Louis XI surnommé très chrétien ou Phalaris, qui fasse bâtir des oubliettes, qui érige un taurobole dans les halles, et qui arrose de jeunes princes souverains (4) du sang de leur père : nous ne voyons plus les horreurs de la Rose rouge et de la Rose blanche (5), ni les têtes couronnées tomber dans notre île sous la hache des bourreaux ; l’humanité semble succéder enfin à la férocité des princes chrétiens ; ils n’ont plus la coutume de faire assassiner des ambassadeurs qu’ils soupçonnent ourdir quelques trames contre leurs intérêts, ainsi que Charles-Quint fit tuer les deux ministres de François Ier, Rincon et Frégose : personne ne fait plus la guerre comme ce fameux bâtard du pape Alexandre VI, qui se servit du poison, du stylet, et de la main des bourreaux plus que de son épée : les lettres ont enfin adouci les mœurs. Il y a bien moins de cannibales dans la chrétienté qu’autrefois ; c’est toujours une consolation dans l’horrible fléau de la guerre, qui ne laisse jamais l’Europe respirer vingt ans en repos.

 

          III – Si la guerre même est devenue moins barbare, le gouvernement de chaque Etat semble devenir aussi moins inhumain et plus sage. Les bons écrits faits depuis quelques années ont percé dans toute l’Europe, malgré les satellites du fanatisme qui gardaient tous les passages. La raison et la pitié ont pénétré jusqu’aux portes de l’inquisition. Les actes d’anthropophages, qu’on appelait actes de foi, ne célèbrent plus si souvent le Dieu de miséricorde à la lumière des bûchers et parmi les flots de sang répandus par les bourreaux. On commence à se repentir en Espagne d’avoir chassé les Maures qui cultivaient la terre ; et s’il était question de révoquer aujourd’hui l’édit de Nantes, personne n’oserait proposer une injustice si funeste.

 

          IV – Si le monde n’était composé que d’une horde sauvage, vivant de rapines, un fripon ambitieux serait excusable peut-être de tromper cette horde pour la civiliser, et d’emprunter le secours des prêtres. Mais qu’arriverait-il ? bientôt les prêtres subjugueraient cet ambitieux lui-même ; et il y aurait entre sa postérité et eux une haine éternelle, tantôt cachée, tantôt ouverte : cette manière de civiliser une nation serait en peu de temps pire que la vie sauvage. Quel homme en effet n’aimerait pas mieux aller à la chasse avec les Hottentots et les Cafres, que de vivre sous des papes tels que Sergius III, Jean X, Jean VI, Jean XII, Sixte IV, Alexandre VI, et tant d’autres monstres de cette espèce ? Quelle nation sauvage s’est jamais souillée du sang de cent mille manichéens, comme l’impératrice Théodora ? quels Iroquois, quels Algonquins ont à se reprocher des massacres religieux tels que la Saint-Barthélemy, la guerre sainte d’Irlande, les meurtres saints de la croisade de Montfort, et cent abominations pareilles, qui ont fait de l’Europe chrétienne un vaste échafaud couvert de prêtres, de bourreaux, et de patients ? L’intolérance chrétienne a seule causé ces horribles désastres ; il faut donc que la tolérance les répare.

 

          V – Pourquoi le monstre de l’intolérantisme habita-t-il dans la fange des cavernes habitées par les premiers chrétiens ? Pourquoi, de ces cloaques où il se nourrissait, passa-t-il dans les écoles d’Alexandrie, où ces demi-chrétiens demi-juifs enseignèrent ? pourquoi s’établit-il bientôt dans les chaires épiscopales, et siégea-t-il enfin sur le trône à côté des rois, qui furent obligés de lui faire place, et qui souvent furent précipités par lui du haut de leur trône ? Avant que ce monstre naquît, jamais il n’y avait eu de guerres religieuses sur la terre ; jamais aucune querelle sur le culte. Rien n’est plus vrai ; et les plus déterminés imposteurs qui écrivent encore aujourd’hui contre la tolérance n’oseraient contrarier cette vérité.

 

          VI – Les Egyptiens semblent être les premiers qui ont donné l’idée de l’intolérance ; tout étranger était impur chez eux, à moins qu’il ne se fît associer à leurs mystères : on était souillé en mangeant dans un plat dont il s’était servi, souillé en le touchant, souillé même quelquefois en lui parlant. Ce misérable peuple, fameux seulement pour avoir employé ses bras à bâtir les pyramides, les palais et les temples de ses tyrans, toujours subjugué par tous ceux qui vinrent l’attaquer (7), a payé bien cher son intolérantisme, et est devenu le plus méprisé de tous les peuples après les Juifs.

 

          VII – Les Hébreux, voisins des Egyptiens, et qui prirent une grande partie de leurs rites, imitèrent leur intolérance, et la surpassèrent ; cependant il n’est point dit dans leurs histoires que jamais le petit pays de Samarie ait fait la guerre au petit pays de Jérusalem uniquement par principe de religion. Les Hébreux juifs ne dirent point aux Samaritains : Venez sacrifier sur la montagne Moriah, ou je vous tue ; les Juifs samaritains ne dirent point : Venez sacrifier à Garizim, ou je vous extermine. Ces deux peuples se détestaient comme voisins, comme hérétiques, comme gouvernés par de petits roitelets dont les intérêts étaient opposés ; mais, malgré cette haine atroce, on ne voit pas que jamais un habitant de Jérusalem ait voulu contraindre un citoyen de Samarie à changer de secte : je consens qu’un imbécile me haïsse, mais je ne veux pas qu’il me subjugue et me tue. Le ministre Louvois disait aux plus savants hommes qui fussent en France : Croyez à la transsubstantiation, dont je me moque entre les bras de madame Dufresnoy, ou je vous ferai rouer. Les Juifs, tout barbares qu’ils étaient, n’ont point approché de cette abomination despotique.

 

          VIII – Les Tyriens donnèrent aux Juifs un grand exemple, dont cette horde, nouvellement établie auprès d’eux, ne profita pas ; ils portèrent la tolérance, avec le commerce et les arts, chez toutes les nations. Les Hollandais de nos jours pourraient leur être comparés, s’ils n’avaient pas à se reprocher leur concile de Dordrecht contre les bonnes œuvres, et le sang du respectable Barneveldt, condamné à l’âge de soixante et onze ans pour avoir contristé au possible l’Eglise de Dieu. O hommes ! ô monstres ! des marchands calvinistes, établis dans des marais, insultent au reste de l’univers ! Il est vrai qu’ils expièrent ce crime en reniant la religion chrétienne au Japon.

 

          IX – Les anciens Romains et les anciens Grecs, aussi élevés au-dessus des autres hommes que leurs successeurs sont rabaissés au-dessous, se signalèrent par la tolérance comme par les armes, par les beaux-arts, et par les lois.

 

          Les Athéniens érigèrent un temple à Socrate, et condamnèrent à mort les juges iniques qui avaient empoisonné ce vieillard respectable, ce Barneveldt d’Athènes. Il n’y a pas un seul exemple d’un Romain persécuté pour ses opinions, jusqu’au temps où le christianisme vint combattre les dieux de l’empire. Les stoïciens et les épicuriens vivaient paisiblement ensemble. Pesez cette grande vérité, chétifs magistrats de nos pays barbares, dont les Romains furent les conquérants et les législateurs ; rougissez, Séquanais, Septimaniens, Cantabres, et Allbroges.

 

          X – Il est constant que les Romains tolérèrent jusqu’aux infâmes superstitions des Egyptiens et des Juifs ; et dans le temps même que Titus prenait Jérusalem, dans le temps même qu’Adrien la détruisait, les Juifs avaient dans Rome une synagogue : il leur était permis de vendre des haillons, et de célébrer leur pâque, leur pentecôte, leurs tabernacles : on les méprisait, mais on les souffrait. Pourquoi les Romains oublièrent-ils leur indulgence ordinaire jusqu’à faire mourir quelquefois des chrétiens pour lesquels ils avaient autant de mépris que pour les Juifs ? Il est vrai qu’il y en eut très peu d’envoyés au supplice. Origène lui-même l’avoue dans son troisième livre contre Celse, en ces propres mots : « Il y a eu très peu de martyrs, et encore de loin en loin ; cependant, dit-il, les chrétiens ne négligent rien pour faire embrasser leur religion par tout le monde ; ils courent dans les villes, dans les bourgs, dans les villages. »   Mais enfin il est vrai qu’il y eut quelques chrétiens d’exécutés à mort : voyons donc s’ils furent punis comme chrétiens ou comme factieux.

 

          Faire périr un homme dans les tortures, uniquement parce qu’il ne pense pas comme nous, est une abomination dont les anthropophages mêmes ne sont pas capables. Comment donc les Romains, ces grands législateurs, auraient-ils fait une loi de ce crime ? On répondra que les chrétiens ont commis tant de fois cette horreur, que les anciens Romains peuvent aussi s’en être souillés. Mais la différence est sensible. Les chrétiens, qui ont massacré une multitude innombrable de leurs frères, étaient possédés d’une violente rage de religion ; ils disaient : Dieu est mort pour nous, et les hérétiques le crucifient une seconde fois : vengeons par leur sang le sang de Jésus-Christ. Les Romains n’ont jamais eu une telle extravagance. Il est évident que s’il y eut quelques persécutions, ce fut pour réprimer un parti, et non pour abolir une religion.

 

          XI – Rapportons-nous-en à Tertullien lui-même. Jamais homme n’écrivit avec plus de violence ; les Philippiques de Cicéron contre Antoine sont des compliments en comparaison des injures que cet Africain prodigue à la religion de l’empire, et des reproches, qu’il fait aux mœurs de ses maîtres. On accusait les chrétiens de boire du sang, parce qu’en effet ils figuraient le sang de Jésus-Christ par le vin qu’ils buvaient dans leur cène ; il récrimine en accusant les dames romaines d’avaler une liqueur plus précieuse que le sang de leurs amants, une chose que je ne puis nommer, et qui doit former un jour des hommes : Quiafuturum sanguinem lambunt. (Chap. IX.)

 

          Tertullien ne se borne pas, dans son Apologétique, à dire qu’il faut tolérer la religion chrétienne, il fait entendre en cent endroits qu’elle doit régner seule, qu’elle est incompatible avec les autres.

 

          Celui qui veut être admis dans ma maison y sera reçu s’il est sage et utile ; mais celui qui n’y entre que pour m’en chasser est un ennemi dont je dois me défaire. Il est évident que les chrétiens voulaient chasser les enfants de la maison ; il était donc très juste de les réprimer : on ne punissait pas le christianisme, mais la faction intolérante, et encore la punissait-on si rarement qu’Origène et Tertullien, les deux plus violents déclamateurs, sont morts dans leur lit. Nous ne voyons aucun de ceux qu’on appelait papes de Rome supplicié sous les premiers Césars. Ils étaient intolérants et tolérés dans la capitale du monde. La misérable équivoque du mot martyr signifiait témoin, confesseur.

 

          XII – Pour bien connaître l’intolérance des premiers chrétiens, ne nous en rapportons qu’à eux-mêmes. Ouvrons ce fameux Apologétique de Tertullien, nous y verrons la source de la haine des deux partis. Tous deux croyaient fermement à la magie ; c’était l’erreur générale de l’antiquité, depuis l’Euphrate et le Nil jusqu’au Tibre. On imputait à des êtres inconnus les maladies inconnues qui affligeaient les hommes : plus la nature était ignorée, plus le surnaturel était en vogue. Chaque peuple admettait des démons, des génies malfaisants ; et partout il y avait des charlatans qui se vantaient de chasser les démons avec des paroles. Les Egyptiens, les Chaldéens, les Syriens, les Juifs, les prêtres grecs et romains, avaient tous leur formule particulière. On opérait des prodiges en Egypte et en Phénicie en prononçant le mot Iao, Jehova, de la manière dont on le prononce dans le ciel. On faisait plusieurs conjurations par le moyen du mot Abraxas (8). On chassait par la parole tous les mauvais démons qui tourmentaient les hommes. Tertullien ne conteste pas le pouvoir des démons. « Apollon, dit-il dans son chapitre XXII, devina que Crésus faisait cuire dans son palais, en Lydie, une tortue avec un agneau dans une marmite d’airain. Pourquoi en fut-il si bien informé ? c’est qu’il alla en Lydie en un clin d’œil, et qu’il en revint de même. »

 

          Ni lui ni aucun Père de l’Eglise ne contestent le pouvoir de la magie ; mais tous prétendent chasser les démons par un pouvoir supérieur. Tertullien s’exprime ainsi : « Qu’on amène un possédé du diable devant votre tribunal : si quelque chrétien lui commande de parler, ce démon avouera qu’il n’est qu’un diable, quoique ailleurs il soit un dieu. Que votre vierge céleste qui promet les pluies, qu’Esculape qui guérit les hommes, comparaissent devant un chrétien ; si dans le moment il ne les force pas d’avouer qu’ils sont des diables, répandez le sang de ce chrétien téméraire. »

 

          Quel homme sage ne sera pas convaincu, en lisant ces paroles, que Tertullien était un insensé qui voulait l’emporter sur d’autres insensés, et qui prétendait avoir le privilège exclusif du fanatisme ?

 

          XIII – Les magistrats romains étaient, sans doute, bien excusables, aux yeux des hommes, de regarder le christianisme comme une faction dangereuse à l’empire. Ils voyaient des hommes obscurs s’assembler secrètement, et on les entendait ensuite déclamer hautement contre tous les usages reçus à Rome. Ils avaient forgé une quantité incroyable de fausses légendes. Que pouvait penser un magistrat quand il voyait tant d’écrits supposés, tant d’impostures appelées par les chrétiens eux-mêmes fraudes, et colorées du nom de fraudes pieuses ? Lettres de Pilate à Tibère sur la personne de Jésus ; Actes de Pilate ; Lettres de Tibère au sénat, et du sénat à Tibère, à propos de Jésus ; Lettres de Paul à Sénèque, et de Sénèque à Paul ; Combat de Pierre et de Simon devant Néron ; prétendus vers des sibylles ; plus de cinquante Evangiles tous différents les uns des autres, et chacun d’eux forgé pour le canton où il était reçu ; une demi-douzaine d’Apocalypses qui ne contenaient que des prédictions contre Rome, etc., etc.

 

          Quel sénateur, quel jurisconsulte n’eût pas reconnu à ces traits, une faction pernicieuse ? La religion chrétienne est sans doute céleste ; mais aucun sénateur romain n’aurait pu le deviner.

 

          XIV – Un Marcel, en Afrique, jette son ceinturon par terre, brise son bâton de commandement, à la tête de sa troupe, et déclare qu’il ne veut plus servir que le Dieu des chrétiens ; on fait un saint de ce séditieux !

 

          Un diacre, nommé Laurent, au lieu de contribuer comme un citoyen aux nécessités de l’empire, au lieu de payer au préfet de Rome l’argent qu’il a promis, lui amène des borgnes et des boiteux ; et on fait un saint de ce téméraire !

 

          Polyeucte, emporté par le fanatisme le plus punissable, brise les vases sacrés, les statues d’un temple où l’on rendait grâces au ciel pour la victoire de l’empereur ; et on fait un saint de ce perturbateur du repos public, criminel de lèse-majesté !

 

          Un Théodore, imitateur d’Erostrate, brûle le temple de Cybèle dans Amasie en 305 ; et on fait un saint de cet incendiaire ! Les empereurs et le sénat, qui n’étaient pas illuminés par la foi, ne pouvaient donc s’empêcher de regarder le christianisme comme une secte intolérante et comme une faction téméraire qui, tôt ou tard, aurait des suites funestes au genre humain.

 

          XV – Un jour un juif de bon sens et un chrétien comparurent devant un sénateur éclairé, en présence du sage Marc-Aurèle, qui voulait s’instruire de leurs dogmes. Le sénateur les interrogea l’un après l’autre.

 

 

 

 

1 – Voyez l’Essai sur les mœurs, chapitre CLIX. (G.A.)

2 – Voyez l’Essai, Chapitre LI. (G.A.)

3 – Voyez l’Essai, Chapitre XLIX. (G.A.)

4 – Voyez l’Essai, Chapitre LXI. (G.A.)

5 – C’étaient les enfants du comte d’Armagnac. – Voyez l’Essai, chapitre XCIV. (G.A.)

6 – Voyez l’Essai, Chapitre CXV. (G.A.)

7 – C’est une remarque faite souvent par Voltaire. (G.A.)

8 – Voyez, dans le Dictionnaire philosophique, l’article BOUC. (G.A.)

 

 

 

 

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