SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Sculpteurs, Architectes, etc. - Partie 36

Publié le par loveVoltaire

SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Sculpteurs, Architectes, etc. - Partie 36

Photo de PAPAPOUSS

 

 

 

 

 

 

CATALOGUE

 

DE LA PLUPART DES ARTISTES CÉLÈBRES

 

QUI ONT PARU DANS LE SIÈCLE DE LOUIS XIV,

 

Pour servir à l’histoire littéraire de ce temps.

 

 

 

 

______________

 

 

 

SCULPTEURS, ARCHITECTES, GRAVEURS, etc.

 

 

______________

 

 

 

          La sculpture a été poussée à sa perfection sous Louis XIV, et s’est soutenue dans sa force sous Louis XV.

 

 

 

______________

 

 

 

SARASIN (Jacques)

 

1598 - 1660

 

 

Né en 1598, fit des chefs-d’œuvre à Rome pour le pape Clément VIII. Il travailla à Paris avec le même succès. Mort en 1660.

 

 

 

 

 

PUGET (Pierre)

 

1623 - 1694

 

 

Né à Marseille en 1623, architecte, sculpteur et peintre ; célèbre par plusieurs chefs-d’œuvre qu’on voit à Marseille et à Versailles. Mort en 1694.

 

 

 

 

LEGROS et THÉODON

 

 

 

Ils ont embelli l’Italie de leurs ouvrages. Ils firent chacun, à Rome, deux modèles qui l’emportèrent au concours sur tous les autres, et qui sont comptés parmi les chefs-d’œuvre. Legros mourut à Rome en 1719.

 

 

 

 

 

GIRARDON (François)

 

1630 - 1715

 

 

Il a égalé tout ce que l’antiquité a de plus beau, par les Bains d’Apollon, et par le tombeau du cardinal de Richelieu. Mort en 1715.

 

 

 

 

LES COYSEVOX et les COUSTOU

 

et beaucoup d’autres.

 

 

Il se sont très distingués, et sont encore surpassés aujourd’hui par quatre ou cinq de nos sculpteurs modernes.

 

 

 

 

 

CHAUVEAU, NANTEUIL, MELLAN,

AUDRAN, EDELINCK, LE CLERC,

les DEVRET, POILLY, PICART, DUCHANGE

 

 

suivis encore par de meilleurs artistes, ont réussi dans les tailles-douces ; et leurs estampes ornent, dans l’Europe, les cabinets de ceux qui ne peuvent avoir des tableaux.

 

De simples orfèvres, tels que Claude BALLIN et Pierre GERMAIN, ont mérité d’être mis au rang des plus célèbres artistes, par la beauté de leur dessin et par l’élégance de leur exécution.

 

Il n’est pas aussi facile à un génie né avec le bon goût de l’architecture de faire savoir ses talents, qu’à tout autre artiste. Il ne peut élever de grands monuments que quand des princes les ordonnent. Plus d’un bon architecte a eu des talents inutiles.

 

 

 

 

 

MANSARD (François)

 

? - ?

 

 

Il a été un des meilleurs architectes de l’Europe. Le château ou plutôt le palais de Maisons, auprès de Saint-Germain, est un chef-d’œuvre, parce qu’il eut la liberté entière de se livrer à son génie.

 

 

 

 

 

MANSARD (Jules-Hardouin)

 

? - ?

 

 

Son neveu, mort en 1708, fit une fortune immense sous Louis XIV, et fut surintendant des bâtiments. La belle chapelle des Invalides est de lui. Il ne put déployer tous ses talents dans celle de Versailles, où il fut gêné par le terrain et par la disposition du petit château qu’il fallut conserver.

 

On reproche à la ville de Paris de n’avoir que deux fontaines dans le bon goût ; l’ancienne de Jean Goujon ; et la nouvelle de Bouchardon  encore sont-elles toutes deux mal placées. On lui reproche de n’avoir d’autre théâtre magnifique que celui du Louvre, dont on ne fait point d’usage, et de ne s’assembler que dans des salles de spectacle sans goût, sans proportion, sans ornement, et aussi défectueuses dans l’emplacement que dans la construction ; tandis que les villes de province donnent à la capitale des exemples qu’elle n’a pas encore suivis (*).

 

La France a été distinguée par d’autres ouvrages publics d’une plus grande importance : ce sont les vastes hôpitaux, les magasins, les ponts de pierre, les quais, les immenses levées qui retiennent les rivières dans leur lit, les canaux, les écluses, les ports, et surtout l’architecture militaire de tant de places frontières, où la solidité se joint à la beauté. On connaît assez les ouvrages élevés sur les dessins de PERRAULT (**), de LEVAU et de DORBAY.

 

L’art des jardins a été créé et perfectionné par LE NOSTRE pour l’agréable, et par LA QUINTINIE pour l’utile. Il n’est pas vrai que Le Nostre ait poussé la simplicité jusqu’à embrasser familièrement le roi et le pape. Son élève Collineau m’a protesté que ces historiettes, rapportées dans tant de dictionnaires, sont fausses ; et on n’a pas besoin de ce témoignage pour savoir qu’un intendant des jardins ne baise point les papes et les rois des deux côtés.

 

La gravure en pierres précieuses, les coins des médailles, les fontes des caractères pour l’imprimerie, tout cela s’est ressenti des progrès rapides des autres arts.

 

Les horlogers, qu’on peut regarder comme des physiciens de pratique, ont fait admirer leur esprit dans leur travail.

 

On a nuancé les étoffes, et même l’or qui les embellit, avec une intelligence et un goût si rares, que telle étoffe, qui n’a été portée que par le luxe, méritait d’être conservée comme un monument d’industrie.

 

Enfin le siècle passé a mis celui où nous sommes en état de rassembler en un corps, et de transmettre à la postérité le dépôt de toutes les sciences et de tous les arts, tous poussés aussi loin que l’industrie humaine a pu aller ; et c’est à quoi a travaillé une société de savants remplis d’esprit et de lumières (***). Cet ouvrage immense et immortel semble accuser la brièveté de la vie des hommes. Il a été commencé par messieurs d’Alembert et Diderot, traversé et persécuté par l’envie et par l’ignorance, ce qui est le destin de toutes les grandes entreprises. Il eût été à souhaiter que quelques mains étrangères n’eussent pas défiguré cet important ouvrage par des déclamations puériles et des lieux communs insipides, qui n’empêchent pas que le reste de l’ouvrage ne soit utile au genre humain.

 

 

* On a construit, depuis que M. de Voltaire a écrit cet article, trois théâtres pour les trois grands spectacles de Paris. (K.)

 

** Claude Perrault, auquel on doit la colonnade du Louvre.

 

*** Voilà donc encore une fois confirmé ce que nous avons dit dans notre Avertissement. L’ouvrage de Voltaire n’est pas l’histoire d’un règne ; c’est un tableau des cent années comprises entre 1650 et 1750. Seulement, pour les dernières, il se contente d’indiquer l’horizon. A ses yeux, le siècle de Louis XIV se ferme au moment où commence à s’élever le monument encyclopédique des arts et métiers. Le dernier salut de l’historien s’adresse à la société républicaine des gens de lettres groupés autour de Diderot et de d’Alembert dans le concept de l’humanité libre. L’âge révolutionnaire commence. – Faisons aussi remarquer que les deux phrases finales ont été ajoutées par Voltaire en 1768, pour protester contre le second interdit qui frappait l’Encyclopédie. (G.A.)

 

 

Commenter cet article