AFFAIRES La Barre et Montbailli - Partie 1

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AFFAIRES La Barre et Montbailli - Partie 1

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AFFAIRES

 

 

LA BARRE et MONTBAILLI.

 

 

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AVERTISSEMENT POUR LA PRÉSENTE ÉDITION.

 

 

 

          Après le martyre du vieillard, voici le martyre de l’enfant ; après le roué, c’est le brûlé. Voltaire, qui regrettait pour les Sirven qu’il n’y eût aucun supplicié dans leur affaire, ne s’attendait pas à un coup pareil. Il faut lire dans la Correspondance en quel état d’esprit le jeta la nouvelle de la boucherie d’Abbeville : il rugissait, et il rugissait d’autant plus qu’on l’avait fait lui-même complice du prétendu crime de lèse-majesté divine qu’on punissait. Son esprit, son Dictionnaire philosophique, avait été brûlé en même temps que l’enfant, et l’on avait fait tout cela par habileté politique.

 

          Voltaire les fit repentir de cette habileté là. Pendant dix ans et plus, jusqu’à sa mort enfin, il ameuta l’Europe contre la justice française au nom de La Barre plus ardemment encore qu’avec le nom des Calas. Mais ce fut la Révolution française seule qui réhabilita la mémoire de la victime, comme on peut le voir dans notre Appendice.

 

          Nous joignons à cette affaire les mémoires sur Montbailli, qui ne font pas moins d’honneur au patriarche que les autres. Il s’agit là de la réhabilitation d’un pauvre, du salut d’une mère ; et Voltaire, miracle ! eut cette fois gain de cause.

 

 

 

GEORGES AVENEL.

 

 

 

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RELATION DE LA MORT

 

DU CHEVALIER DE LA BARRE.

 

 

- 1766 -

 

 

 

[Cette Relation fut écrite sous le coup de la fatale nouvelle, le 15 juillet 1766, et répandue surtout chez les étrangers. En 1768, on en parlait à Paris comme d’une nouveauté. Voltaire la glissa dans mainte brochure, et, en dernier lieu, dans ses Questions sur l’Encyclopédie.] (G.A.)

 

 

 

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AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS DE KEHL.

 

SUR LES DEUX OUVRAGES SUIVANTS.

 

 

 

 

          Nous nous permettrons quelques réflexions sur l’horrible événement d’Abbeville, qui, sans les courageuses réclamations de Voltaire et de quelques hommes de lettres, eût couvert d’opprobre la nation française aux yeux de tous ceux des peuples de l’Europe qui ont secoué le joug des superstitions monacales.

 

          Il n’existe point en France de loi qui prononce la peine de mort contre aucune des actions imputées au chevalier de La Barre.

 

          L’édit de Louis XIV contre les blasphémateurs ne décerne la peine d’avoir la langue coupée qu’après un nombre de récidives qui est presque moralement impossible : il ajoute que, « quant aux blasphèmes énormes qui, selon la théologie, appartiennent aux genres de l’infidélité, » les juges pourront punir même de mort.

 

          1°/ Cette permission de tuer un homme n’en donne pas le droit  et un juge qui, autorisé par la loi à punir d’une moindre peine, prononce la peine de mort est un assassin et un barbare.

 

          2°/ C’est un principe de toutes les législations qu’un délit doit être constaté : or il n’est point constaté au procès qu’aucun des prétendus blasphèmes du chevalier de La Barre appartient, suivant la théologie, au genre de l’infidélité. Il fallait une décision de la Sorbonne, puisqu’il est question dans l’édit de prononcer suivant la théologie, comme il faut un procès-verbal de médecins dans les circonstances où il faut prononcer suivant la médecine.

 

          Quant au bris d’images, en supposant que le chevalier de La Barre en fût convaincu, il ne devait pas être puni de mort. Une seule loi prononce cette peine : c’est un édit de pacification donné par le chancelier de L’Hospital, sous Charles IX, et révoqué bientôt après. En jugeant de l’esprit de cette loi par les circonstances où elle a été faite, par l’esprit qui l’a dictée, par les intentions bien connues du magistrat humain et éclairé qui l’a rédigée, on voit que son unique but était de prévenir les querelles sanglantes que le zèle imprudent de quelque protestant aurait pu allumer entre son parti et celui des partisans de l’Eglise romaine. La durée de cette loi devait-elle s’étendre au-delà des troubles qui pouvaient en excuser la dureté et l’injustice ? C’est à peu près comme si on punissait de mort un homme qui est sorti d’une ville sans permission, parce que, cette ville étant assiégée il y a deux cents ans, on a défendu d’en sortir sous peine de mort, et que la loi n’a point été abrogée.

 

          D’ailleurs la loi porte, « et autres actes scandaleux et séditieux, » et non pas scandaleux ou séditieux : donc pour qu’un homme soit dans le cas de la loi, il faut que le scandale qu’il donne soit aggravé par un acte séditieux, qui est un véritable crime. Ce n’est pas le scandale que le vertueux L’Hospital punit par cette loi, c’est un acte séditieux qui était alors une suite nécessaire de ce scandale. Ainsi, lorsque l’on punit dans un temps de guerre une action très légitime en elle-même, ce n’est pas cette action qu’on punit, mais la trahison, qui dans ce moment est inséparable de cette action.

 

          Il est donc trop vrai que le chevalier de La Barre a péri sur un échafaud parce que les juges n’ont pas entendu la différence d’une particule disjonctive à une particule conjonctive (1).

 

          La maxime de Zoroastre, Dans le doute abstiens-toi, doit être la loi de tous les juges :ils doivent, pour condamner, exiger que la loi qui prononce la peine soit d’une évidence qui ne permette pas le doute, comme ils ne doivent prononcer sur le fait qu’après des preuves claires et concluantes.

 

          Le dernier délit imputé au chevalier de La Barre, celui de bris d’images, n’était pas prouvé : l’arrêt prononce véhémentement suspecté. Mais si l’on entend ces mots dans leur sens naturel, tout arrêt qui les renferme ordonne un véritable assassinat ; ce ne sont pas les gens soupçonnés d’un crime, mais ceux qui en sont convaincus, que la société a droit de punir. Dira-t-on que ces mots véhémentement suspecté indiquent une véritable preuve, mais moindre que celle qui fait prononcer que l’accusé est atteint et convaincu ? Cette explication indiquerait un système de jurisprudence bien barbare ; et si l’on ajoutait qu’on punit un homme, moitié pour une action dont il est convaincu, moitié pour celle dont on dit qu’il est véhémentement suspecté, ce serait une confusion d’idées bien plus barbare encore.

 

          Observons de plus que dans ce procès criminel, non-seulement les juges ont interprété la loi, usage qui peut être regardé comme dangereux, mais qu’ils ont donné à cette interprétation secrète un effet rétroactif, en l’appliquant à un crime commis antérieurement, ce qui est contraire à tous les principes du droit public ; que la question de l’interprétation de la loi n’a pas été jugée séparément de la question sur le fait ; qu’enfin cette interprétation d’une loi dans le sens de la rigueur pouvait, suivant cette manière de procéder, être décidée par une pluralité de deux voix, et l’a été réellement d’un cinquième. Et l’on s’étonnerait encore qu’indépendamment de toute idée de tolérance, de philosophie, d’humanité, de droit naturel, un tel jugement ait soulevé tous les hommes éclairés d’un bout de l’Europe à l’autre.

 

 

1 – C’est le cas du procès de Figaro dans la grande comédie de Beaumarchais. Cette préface serait-elle de l’auteur de la Folle journée ? (G.A.)

 

 

 

 

 

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          Il semble, monsieur, que toutes les fois qu’un génie bienfaisant cherche à rendre service au genre humain, un démon funeste s’élève aussitôt pour détruire l’ouvrage de la raison.

 

          A peine eûtes-vous instruit l’Europe par votre excellent livre sur les délits et les peines (1), qu’un homme, qui se dit jurisconsulte (2), écrivit contre vous en France. Vous aviez soutenu la cause de l’humanité, et il fut l’avocat de la barbarie. C’est peut-être ce qui a préparé la catastrophe du jeune chevalier de La Barre, âgé de dix-neuf ans, et du fils du président d’Etallonde, qui n’en avait pas encore dix-huit.

 

          Avant que je vous raconte, monsieur, cette horrible aventure qui a indigné l’Europe entière (excepté peut-être quelques fanatiques ennemis de la nature humaine), permettez-moi de poser ici deux principes que vous trouverez incontestables.

 

          1°/ Quand une nation est encore assez plongée dans la barbarie pour faire subir aux accusés le supplice de la torture, c’est-à-dire pour leur faire souffrir mille morts au lieu d’une, sans savoir s’ils sont innocents ou coupables, il est clair au moins qu’on ne doit point exercer cette énorme fureur contre un accusé quand il convient de son crime, et qu’on n’a plus besoin d’aucune preuve.

 

          2°/ Il est aussi absurde que cruel de punir les violations des usages reçus dans un pays, les délits commis contre l’opinion régnante, et qui n’ont opéré aucun mal physique, du même supplice dont on punit les parricides et les empoisonneurs.

 

          Si ces deux règles ne sont pas démontrées, il n’y a plus de lois, il n’y a plus de raison sur la terre ; les hommes sont abandonnés à la plus capricieuse tyrannie, et leur sort est fort au-dessous de celui des bêtes.

 

          Ces deux principes établis, je viens, monsieur, à la funeste histoire que je vous ai promise.

 

          Il y avait dans Abbeville, petite cité de Picardie, une abbesse, fille d’un conseiller d’Etat très estimé (3) ; c’est une dame aimable, de mœurs très régulières, d’une humeur douce et enjouée, bienfaisante, et sage sans superstition.

 

          Un habitant d’Abbeville, nommé Belleval, âgé de soixante ans, vivait avec elle dans une grande intimité, parce qu’il était chargé de quelques affaires du couvent : il est lieutenant d’une espèce de petit tribunal qu’on appelle l’élection, si on peut donner le nom de tribunal à une compagnie de bourgeois uniquement préposés pour régler l’assise de l’impôt appela la taille. Cet homme devint amoureux de l’abbesse, qui ne le repoussa d’abord qu’avec sa douceur ordinaire, mais qui fut ensuite obligée de marquer son aversion et son mépris pour ses importunités trop redoublées (4).

 

          Elle fit venir chez elle, dans ce temps-là, en 1764, le chevalier de La Barre, son neveu, petit-fils d’un lieutenant-général des armées, mais dont le père avait dissipé une fortune de plus de quarante mille livres de rentes : elle prit soin de ce jeune homme comme de son fils, et elle était prête de lui faire obtenir une compagnie de cavalerie : il fut logé dans l’extérieur du couvent, et madame sa tante lui donnait souvent à souper, ainsi qu’à quelques jeunes gens de ses amis. Le sieur Belleval, exclu de ces soupers, se vengea en suscitant à l’abbesse quelques affaires d’intérêt (5).

 

          Le jeune La Barre prit vivement le parti de sa tante, et parla à cet homme avec une hauteur qui le révolta entièrement. Belleval résolut de se venger ; il sut que le chevalier de La Barre et le jeune d’Etallonde, fils du président de l’élection, avaient passé depuis peu devant une procession sans ôter leur chapeau : c’était au mois de juillet 1765. Il chercha dès ce moment à faire regarder cet oubli momentané des bienséances comme une insulte préméditée faite à la religion. Tandis qu’il ourdissait secrètement cette trame, il arriva malheureusement que, le 9 auguste de la même année, on s’aperçut que le crucifix de bois, posé sur le pont Neuf d’Abbeville, était endommagé, et l’on soupçonna que des soldats ivres avaient commis cette insolence impie.

 

          Je ne puis m’empêcher, monsieur, de remarquer ici qu’il est peut-être indécent et dangereux d’exposer sur un pont ce qui doit être révéré dans un temple catholique ; les voitures publiques peuvent aisément le briser ou le renverser par terre. Des ivrognes peuvent l’insulter au sortir d’un cabaret, sans savoir même quel excès ils commettent. Il faut remarquer encore que ces ouvrages grossiers, ces crucifix de grand chemin, ces images de la vierge Marie, ces enfants Jésus qu’on voit dans des niches de plâtre au coin des rues de plusieurs villes, ne sont pas un objet d’adoration tels qu’ils le sont dans nos églises : cela est si vrai, qu’il est permis de passer devant ces images sans les saluer. Ce sont des monuments d’une piété mal éclairée ; et au jugement de tous les hommes sensés, ce qui est saint ne doit être que dans le lieu saint.

 

          Malheureusement l’évêque d’Amiens, étant aussi évêque d’Abbeville, donna à cette aventure une célébrité et une importance qu’elle ne méritait pas. Il fit lancer des monitoires ; il vint faire une procession solennelle auprès de ce crucifix (6), et on ne parla dans Abbeville que de sacrilèges pendant une année entière. On disait qu’il se formait une nouvelle secte qui brisait tous les crucifix, qui jetterait par terre toutes les hosties et les perçait à coups de couteau. On assurait qu’elles avaient répandu beaucoup de sang. Il y eut des femmes qui crurent en avoir été témoins. On renouvela tous les contes calomnieux répandus contre les juifs dans tant de villes de l’Europe. Vous connaissez, monsieur, à quels excès la populace porte la crédulité et le fanatisme toujours encouragé par les moines.

 

          Le sieur Belleval (7), voyant les esprits échauffés, confondit malicieusement ensemble l’aventure du crucifix et celle de la procession, qui n’avaient aucune connexité. Il rechercha toute la vie du chevalier de La Barre : il fit venir chez lui valets, servantes, manœuvres ; il leur dit d’un ton d’inspiré qu’il étaient obligés, en vertu des monitoires, de révéler tout ce qu’ils avaient pu apprendre à la charge de ce jeune homme ; ils répondirent tous qu’ils n’avaient jamais entendu dire que le chevalier de La Barre eût la moindre part à l’endommagement du crucifix.

 

          On ne découvrit aucun indice touchant cette mutilation, et même alors il parut fort douteux que le crucifix eût été mutilé exprès. On commença à croire (ce qui était assez vraisemblable) que quelque charrette chargée de bois avait causé cet accident.

 

          Mais, dit Belleval (8) à ceux qu’il voulait faire parler, si vous n’êtes pas sûrs que le chevalier de La Barre ait mutilé un crucifix en passant sur le pont, vous savez au moins que cette année, au mois de juillet, il a passé dans une rue avec deux de ses amis à trente pas d’une procession sans ôter son chapeau. Vous avez ouï dire qu’il a chanté une fois des chansons libertines ; vous êtes obligés de l’accuser sous peine de péché mortel.

 

          Après les avoir ainsi intimidés, il alla lui-même chez le premier juge de la sénéchaussée d’Abbeville. Il y déposa contre son ennemi, il força ce juge à entendre les dénonciateurs.

 

          La procédure une fois commencée, il y eut une foule de délations. Chacun disait ce qu’il avait vu ou cru voir, ce qu’il avait entendu ou cru entendre. Mais quel fut, monsieur, l’étonnement de Belleval, lorsque les témoins qu’il avait suscités lui-même contre le chevalier de La Barre dénoncèrent son propre fils comme un des principaux complices des impiétés secrètes qu’on cherchait à mettre au grand jour ! Belleval fut frappé comme d’un coup de foudre ; il fit incontinent évader son fils ; mais ce que vous croirez à peine, il n’en poursuivit pas avec moins de chaleur cet affreux procès.

 

          Voici, monsieur, quelles sont les charges :

 

          Le 13 auguste 1765, six témoins déposent qu’ils ont vu passer trois jeunes gens à trente pas d’une procession, que les sieurs de La Barre et d’Etallonde avaient leur chapeau sur la tête, et le sieur Moinel le chapeau sous le bras.

 

          Dans une addition d’information, une Elisabeth Lacrivel dépose avoir entendu dire à un de ses cousins que ce cousin avait entendu dire à un de ses cousins que ce cousin avait entendu dire au chevalier de La Barre qu’il n’avait pas ôté son chapeau.

 

 

 

 

1 – Voyez le Commentaire de Voltaire sur le Traité des délits et des peines. (G.A.)

2 – Muyart de Vouglans, auteur d’une Réfutation des principes hasardés dans le Traité des délits et des peines. Chose étrange ! ce même Muyart avait signé avec sept autres avocats une consultation en faveur de La Barre et de ses coaccusés ; mais Voltaire n’avait pas encore reçu cette pièce quand il écrivit sa Relation. (G.A.)

3 – Madame de Brou, abbesse de Willecourt. (G.A.)

4 – Au lieu de cet alinéa, on lit dans l’édition de 1775 : « Un nommé Saucourt, espèce de jurisconsulte d’Abbeville, était ulcéré contre cette dame, parce que lui ayant demandé pour son fils une demoiselle riche et de qualité, pensionnaire dans ce couvent, elle l’avait marié à un autre. Ce Saucourt venait encore de perdre un procès contre un citoyen d’Abbeville, père d’un des jeunes gens qui furent impliqués dans l’horrible aventure du chevalier de La Barre. Saucourt cherchait à se venger. Il avait tout le fanatisme du capitoul de Toulouse, David, principal assassin des Calas, et il joignait l’hypocrisie à ce fanatisme. Madame l’abbesse avait fait venir chez elle, etc. » Et dans toute la Relation le nom de Saucourt remplace celui de Belleval. Voltaire ne s’était pourtant pas trompé : Belleval avait bien été la cheville ouvrière de l’affaire ; mais la famille de Belleval, mais ses enfants implorèrent la générosité du patriarche, et Belleval lui-même lui envoya en 1773 cette déclaration : « Nous déclarons que non-seulement nous avons le jugement du chevalier de La Barre en horreur, mais frémissons encore au nom du juge qui a instruit cet exécrable procès. En foi de quoi nous avons signé ce certificat, et y avons apposé le sceau de nos armes. A Abbeville, 9 novembre 1773. Signé : De Belleval. » Voltaire, sans croire à la déclaration, voulut bien décharger Belleval en ne le nommant plus, mais il reporta toute l’infamie de l’affaire sur un dévot qui avait été le second de cet homme. (G.A.)

5 – Texte de 1775 : « Le sieur Sancourt commença d’abord par accuser le chevalier, auprès de l’évêque d’Amiens, de s’être habillé en fille dans le couvent. Il sut que le chevalier, etc. » (G.A.)

6 – Il dit alors que les coupables s’étaient rendus dignes des derniers supplices en ce monde. Cet évêque s’appelait La Motte. (G.A.)

7 – En 1775 « Saucourt. » (G.A.)

8 – « Saucourt. » 1775. (G.A.)

 

 

 

 

 

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