SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 14 - H
Photo de PAPAPOUSS
CATALOGUE
DE LA PLUPART DES ÉCRIVAINS FRANÇAIS
QUI ONT PARU DANS LE SIÈCLE DE LOUIS XIV,
Pour servir à l’histoire littéraire de ce temps.
______________
HAMILTON (Antoine, comte d’)
? - ?
Né à Caen (*). On a de lui quelques jolies poésies, et il est le premier qui ait fait des romans dans un goût plaisant, qui n’est pas le burlesque de Scarron. Ses Mémoires du comte de Grammont, son beau-frère, sont de tous les livres celui où le fond le plus mince est paré du style le plus gai, le plus vif et le plus agréable. C’est le modèle d’une conversation enjouée, plus que le modèle d’un livre. Son héros n’a guère d’autres rôles dans ses mémoires que celui de friponner ses amis au jeu, d’être volé par son valet de chambre, et de dire quelques prétendus bons mots sur les aventures des autres.
* Ou plutôt, en Irlande. (G.A.)
HARDOUIN (Jean)
1646 - 1729
Jésuite, né à Quimper, en 1646, profond dans l’histoire et chimérique dans les sentiments. Il faut s’enquérir, dit Montaigne, non quel est le plus savant, mais le mieux savant. Hardouin poussa la bizarrerie jusqu’à prétendre que l’Enéide et les Odes d’Horace, ont été composées par des moines du treizième siècle : il veut qu’Enée soit Jésus-Christ, et Lalagé, la maîtresse d’Horace, la religion chrétienne. Le même discernement qui faisait voir au père Hardouin le Messie dans Enée, qui découvrait des athées dans les pères Thomassin, Quesnel, Malebranche, dans Arnauld, dans Nicole et Pascal (*). Sa folie ôta à sa calomnie toute son atrocité ; mais tous ceux qui renouvellent cette accusation d’athéisme contre des sages ne sont pas toujours reconnus pour fous, et sont souvent très dangereux. On a vu des hommes abuser de leur ministère, en employant ces armes contre lesquelles il n’y a point de bouclier, pour perdre sans ressource des personnes respectables auprès des princes trop peu instruits. Mort en 1729.
* Le P. Hardouin cherchait à prouver qu’un Dieu tel que les carthésiens le concevaient, ne pouvait ressembler au véritable Dieu tel que l’admettent les chrétiens, puisque ce Dieu des philosophes devait gouverner le monde par des lois générales et invariables ; ce qui, selon le P. Hardouin, détruisait toute espèce de révélation particulière, et toute religion, même la religion naturelle. Il prouvait que ces philosophes étaient athées par les mêmes arguments que les déistes emploient pour prouver que les théologiens sont absurdes. (K.)
HECQUET (Philippe)
? - ?
Médecin. Il mit au jour, en 1722, le système raisonné de la Trituration, idée ingénieuse qui n’explique pas la manière dont se fait la digestion. Les autres médecins y ont joint le suc gastrique, et la chaleur des viscères : mais nul n’a pu découvrir le secret de la nature, qui se cache dans toutes ses opérations.
HELVÉTIUS (Jean-Claude-Adrien)
? - 1755
Fameux médecin, qui a très écrit sur l’économie animale et sur la fièvre. Mort en 1755. Il était père d’un vrai philosophe (*), qui renonça à la place de fermier général pour cultiver les lettres, et qui a eu le sort de plusieurs philosophes ; persécuté pour un livre et pour sa vertu.
* Helvétius, l’auteur du livre de l’Esprit. Cet article est de 1768. (G.A.)
HÉNAULT (Charles-Jean-François)
1685 - 1770
Président aux enquêtes du parlement, surintendant de la maison de la reine, de l’Académie française, né à Paris le 8 février 1685. Nous avons déjà parlé de son livre utile de l’Abrégé de l’Histoire de la France. Les recherches pénibles qu’une telle étude doit avoir coûtées ne l’ont pas empêché de sacrifier aux grâces, et il a été du très petit nombre de savants qui ont joint aux travaux utiles les agréments de la société qui ne s’acquièrent point. Il a été dans l’histoire ce que Fontenelle a été dans la philosophie. Il l’a rendu familière ; aussi lui avons-nous rendu, comme à Fontenelle, justice de son vivant (*). Mort en 1770.
* Voltaire lui rend là une justice d’ami. (G.A.)
HESNAULT (Jean)
? – 1682
Connu par le sonnet de l’Avorton, par d’autres pièces, et qui aurait une très grande réputation si les trois premiers chants de sa traduction de Lucrèce, qui furent perdus, avaient paru et avaient été écrits comme ce qui nous est resté du commencement de cet ouvrage. Mort en 1682. Au reste, la postérité ne le confondra pas avec un homme du même nom, et d’un mérite supérieur à qui nous devons la plus courte et la meilleure histoire de France, et peut-être la seule manière dont il faudra désormais écrire toutes les grandes histoires ; car la multiplicité des faits et des écrits devient si grande qu’il faudra bientôt tout réduire aux extraits et aux dictionnaires mais il sera difficile d’imiter l’auteur de l’Abrégé chronologique, d’approfondir tant de choses, en paraissant les effleurer (*).
* Toute cette fin fut écrite avant l’article précédent, qui ne date que de 1768. (G.A.)
HERBELOT (Barthélemy d’)
1625 - 1695
Né à Paris en 1625, le premier parmi les Français qui connut bien les langues et les histoires orientales : peu célèbre d’abord dans sa patrie ; reçu par le grand-duc de Toscane, Ferdinand II, avec une distinction qui apprit à la France à connaître son mérite ; rappelé ensuite et encouragé par Colbert qui encourageait tout. Sa Bibliothèque orientale est aussi curieuse que profonde. Mort en 1695.
HERMANT (Godefroy)
1616 - 1690
Né à Beauvais en 1616. Il n’a fait que des ouvrages polémiques qui s’anéantissent avec la dispute. Mort en1690.
HERMANT (Jean)
1650 - 1725
Né à Caen en 1650, auteur de l’Histoire des conciles, des ordres religieux, des hérésies. Cette Histoire des hérésies ne vaut pas celle de M. Pluquet. Mort en 1725.
HUET (Pierre-Daniel)
1630 - 1721
Né à Caen en 1630, savant universel, et qui conserva la même ardeur pour l’étude jusqu’à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Appelé auprès de la reine Christine, à Stockholm, il fut ensuite un des hommes illustres qui contribuèrent à l’éducation du dauphin. Jamais prince n’eut de pareils maîtres. Huet se fit prêtre à quarante ans ; il eut l’évêché d’Avranches, qu’il abdiqua ensuite pour se livrer tout entier à l’étude dans la retraite. De tous ses livres, le Commerce et la Navigation des anciens, et l’Origine des Romains, sont le plus d’usage. Son Traité sur la Faiblesse de l’esprit humain a fait beaucoup de bruit, et a paru démentir sa Démonstration évangélique. Mort en 1721.