SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 13 - G
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CATALOGUE
DE LA PLUPART DES ÉCRIVAINS FRANÇAIS
QUI ONT PARU DANS LE SIÈCLE DE LOUIS XIV,
Pour servir à l’histoire littéraire de ce temps.
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GACON (François)
1667 - 1725
Né à Lyon, en 1667, mis par le P. Nicéron dans le catalogue des hommes illustres, et qui n’a été fameux que par des grossières plaisanteries, qu’on appelle brevets de la calotte. Ces turpitudes ont pris leur source dans je ne sais quelle association qu’on appelait le régiment des fous et de la calotte. Ce n’est pas là assurément du bon goût. Les honnêtes gens ne voient qu’avec mépris de tels ouvrages et leurs auteurs, qui ne peuvent être cités que pour faire abhorrer leur exemple. Gacon n’écrivit presque que de mauvaises satires en mauvais vers contre les auteurs les plus estimés de son temps. Ceux qui n’en écrivent aujourd’hui qu’en mauvaise prose sont encore plus méprisés que lui. On n’en parle ici que pour inspirer le même mépris envers ceux qui pourraient l’imiter. Mort en 1725.
GALLAND (Antoine)
1646 - 1715
Né en Picardie, en 1646. Il apprit à Constantinople les langues orientales, et traduisit une partie des Contes arabes, qu’on connaît sous le titre de Mille et une nuits ; il y mit beaucoup du sien : c’est un des livres les plus connus en Europe ; il est amusant pour toutes les nations. Mort en 1715.
GALLOIS (L’abbé Jean)
1632 - 1707
Né à Paris, en 1632, savant universel, fut le premier qui travailla au Journal des savants avec le conseiller-clerc Sallo, qui avait conçu l’idée de ce travail. Il enseigna depuis un peu de latin au ministre d’Etat Colbert, qui, malgré ses occupations, crut avoir assez de temps pour apprendre cette langue ; il prenait surtout ses leçons en carrosse dans ses voyages de Versailles à Paris. On disait, avec vraisemblable, que c’était en vue d’être chancelier. On peut observer que les deux hommes qui ont le plus protégé les lettres ne savaient pas le latin, Louis XIV et M. Colbert. On prétend que l’abbé Gallois disait : « M. Colbert veut quelquefois se familiariser avec moi, mais je le repousse par le respect. » On attribue ce même mot à Fontenelle à l’égard du régent : il est plus dans le caractère de Fontenelle, et le régent avait dans le sien plus de familiarité que Colbert. Mort en 1707.
GASSENDI (Pierre GASSEND, plus connu sous le nom de)
1592 - 1655
Né en Provence, en 1592, restaurateur d’une partie de la physique d’Epicure. Il sentit la nécessité des atomes et du vide. Newton et d’autres ont démontré depuis ce que Gassendi avait affirmé. Il eut moins de réputation que Descartes, parce qu’il était plus raisonnable, et qu’il n’était pas inventeur ; mais on l’accusa, comme Descartes, d’athéisme. Quelques-uns crurent que celui qui admettait le vide, comme Epicure, niait un Dieu, comme lui. C’est ainsi que foisonnent les calomniateurs. Gassendi en Provence, où l’on n’était point jaloux de lui, était appelé le saint prêtre ; à Paris, quelques envieux l’appelaient l’athée. Il est vrai qu’il était sceptique, et que la philosophie lui avait appris à douter de tout, mais non pas de l’existence d’un Etre suprême (*). Il avait avancé longtemps avant Locke, dans une grande lettre à Descartes, qu’on ne connaît point du tout l’âme, que Dieu peut accorder la pensée à l’autre être inconnu qu’on nomme matière, et la lui conserver éternellement. Mort en octobre 1655.
* Les déclamations contre le scepticisme sont l’ouvrage de la sottise ou de la charlatanerie. Un sceptique qui n’admettait pas les différents degrés de probabilité serait un fou ; un sceptique qui les admet ne diffère des dogmatiques qu’en ce qu’il cherche à démêler ces différents degrés avec plus de subtilité. (K.)
GÉDOIN (Nicolas)
? - 1744
Chanoine de la Sainte-Chapelle à Paris, auteur d’une excellente traduction de Quintilien et de Pausanias. Il était entré chez les jésuites à l’âge de quinze ans, et en sortit dans un âge mûr. Il était si passionné pour les bons auteurs de l’antiquité qu’il aurait voulu qu’on eût pardonné à leur religion en faveur des beautés de leurs ouvrages et de leur mythologie il trouvait dans la fable une philosophie naturelle, admirable, et des emblèmes frappants de toutes les opérations de la Divinité. Il croyait que l’esprit de toutes les nations s’était rétréci, et que la grande poésie et la grande éloquence avaient disparu du monde avec la mythologie des Grecs. Le poème de Milton lui paraissait un poème barbare et d’un fanatisme sombre et dégoûtant, dans lequel le diable hurle sans cesse contre le Messie. Il écrivit sur ce sujet quatre dissertations très curieuses : on croit qu’elles seront bientôt imprimées (*). Mort en 1744.
N.B. – On a imprimé dans quelques dictionnaires que Ninon lui accorda ses faveurs à quatre-vingts ans. En ce cas on aurait dû dire plutôt que l’abbé Gédoin lui accorda les siennes ; mais c’est un conte ridicule. Ce fut à l’abbé de Châteauneuf que Ninon donna un rendez-vous pour le jour auquel elle aurait soixante ans accomplis (**).
* Elles ne l’ont jamais été. (G.A.)
** Voyez, dans le Dictionnaire philosophique, l’article DICTIONNAIRE. (G.A.)
GENEST (Charles-Claude)
1635 (*) - 1719
Aumônier de la duchesse d’Orléans, philosophe et poète. Sa tragédie de Pénélope a encore du succès sur le théâtre, et c’est la seule de ses pièces qui s’y soit conservée. Elle est au rang de ces pièces écrites d’un style lâche et prosaïque, que les situations font tolérer dans la représentation. Son laborieux ouvrage de la Philosophie de Descartes, en rimes plutôt qu’en vers, signala plus sa patience que son génie ; et il n’eut guère rien de commun avec Lucrèce que de versifier une philosophie erronée presque en tout ; il eut part aux bienfaits de Louis XIV. Mort en 1719.
* Ou plutôt 1639. (G.A.)
GIRARD (l’abbé Gabriel)
? - 1748
De l’Académie. Son livre des Synonymes est très utile ; il subsistera autant que la langue, et servira même à la faire subsister. Mort fort vieux, en 1748.
GODEAU (Antoine)
? - 1672
L’un de ceux qui servirent à l’établissement de l’Académie française, poète, orateur, et historien. On sait que pour faire un jeu de mots, le cardinal de Richelieu lui donna l’évêché de Grasse pour le Bénédicite mis en vers. Son Histoire ecclésiastique en prose fut plus estimée que son poème sur les Fastes de l’Eglise. Il se trompa en croyant égaler les Fastes d’Ovide : ni son sujet ni son génie n’y pouvaient suffire. C’est une grande erreur de penser que les sujets chrétiens puissent convenir à la poésie comme ceux du paganisme, dont la mythologie aussi agréable que fausse animait toute la nature. Mort en 1672.
GODEFROI (Théodore)
1580 - 1648
Fils de Denis Godefroi, Parisien ; homme savant, né à Genève, en 1580, historiographe de France sous Louis XIII et Louis XIV. Il s’appliqua surtout aux titres et au cérémonial. Mort en 1648.
N.B. – Son père, Denis, a rendu un service important à l’Europe par son travail immense sur le Corpus juris civilis.
GODEFROI (Denis)
1615 - 1680
Son fils, né à Paris, en 1615, historiographe de France, comme son père ; mort en 1680. Toute cette famille a été illustre dans la littérature.
GOMBAULD (Jean Ogier de)
? - 1666
Quoique né sous Charles IX (*), vécut longtemps sous Louis XIV. Il y a de lui quelques bonnes épigrammes, dont même on a retenu des vers. Mort en 1666.
* Ou plutôt sous Henri III. (G.A.)
GOMBERVILLE (Marin Le Roi de)
1600 - 1674
Né à Paris, en 1600, l’un des premiers académiciens. Il écrivit de grands romans avant le temps du bon goût, et sa réputation mourut avec lui. Mort en 1674.
GONDI (Jean-François-Paul de)
1613 - 1679
Cardinal de Retz, né en 1613 (*), qui vécut en Catilina dans sa jeunesse, et en Atticus dans sa vieillesse. Plusieurs endroits de ses Mémoires sont dignes de Salluste ; mais tout n’est pas égal. Mort en 1679.
* Ou plutôt 1614. (G.A.)
GOURVILLE
1625 - 1703
Valet de chambre du duc de La Rochefoucauld, devenu son ami et même celui du grand Condé ; dans le même temps pendu à Paris en effigie, et envoyé du roi en Allemagne ; ensuite proposé pour succéder au grand Colbert dans le ministère. Nous avons de lui des Mémoires de sa vie, écrits avec naïveté, dans lesquels il parle de sa naissance et de sa fortune avec indifférence. Il y a des anecdotes vraies et curieuses. Né en 1625. Mort en 1703.
GRÉCOURT
? - 1743
Chanoine de Tours. Son poème de Philotanus eut un succès prodigieux. Le mérite de ces sortes d’ouvrages n’est d’ordinaire que dans le choix du sujet, et dans la malignité humaine. Ce n’est pas qu’il n’y ait quelques vers bien faits dans ce poème. Le commencement en est très heureux ; mais la suite n’y répond pas. Le diable n’y parle pas aussi plaisamment qu’il est amené. Le style est bas, uniforme, sans dialogue, sans grâces, sans finesse, sans pureté de style, sans imagination dans l’expression ; et ce n’est enfin qu’une histoire satirique de la bulle Unigenitus en vers burlesques, parmi lesquels il s’en trouve de très plaisants. Mort en 1743.
GUERET (Gabriel)
1641 - 1688
Né à Paris en 1641, connu dans son temps par son Parnasse réformé, et par la Guerre des auteurs. Il avait du goût ; mais son discours, Si l’empire de l’éloquence est plus grand que celui de l’amour, ne prouverait pas qu’il en eût. Il a fait le Journal du palais, conjointement avec Blondeau : ce journal du palais est un des recueils des arrêts des parlements de France, jugements souvent différents dans des causes semblables. Rien ne fait mieux voir combien la jurisprudence a besoin d’être réformée, que cette nécessité où l’on est de recueillir des arrêts. Mort en 1688.