SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 12 - E - F

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SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 12 - E - F

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CATALOGUE

 

DE LA PLUPART DES ÉCRIVAINS FRANÇAIS

 

QUI ONT PARU DANS LE SIÈCLE DE LOUIS XIV,

 

Pour servir à l’histoire littéraire de ce temps.

 

 

 

 

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ESPRIT (Jacques)

 

1611 - 1678

 

 

Né à Béziers en 1611, auteur  du livre de la Fausseté des vertus humaines, qui n’est qu’un commentaire du duc de La Rochefoucauld. Le chancelier Séguier, qui goûta sa littérature, lui fit avoir un brevet de conseiller d’Etat. Mort en 1678.

 

 

 

 

 

ESTRADES (Godefroi, maréchal d’)

 

? - 1686

 

 

Ses Lettres sont aussi estimées que celles du cardinal d’Ossat ; et c’est une chose particulière aux Français, que de simples dépêches aient été souvent d’excellents ouvrages. Mort en 1686.

 

 

 

 

 

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FÉLIBIEN (André)

 

1619 - 1695

 

 

Né à Chartres en 1619. Il est le premier qui, dans les inscriptions de l’hôtel-de-ville, ait donné à Louis XIV le nom de Grand. Ses Entretiens sur la vie des peintres sont l’ouvrage qui lui a fait le plus d’honneur. Il est élégant, profond, et il respire le goût : mais il dit trop peu de choses en trop de paroles, et est absolument sans méthode. Mort en 1695.

 

 

 

 

 

FÉNELON (François de Salignac de La Mothe)

 

1651 - 1715

 

 

Archevêque de Cambrai, né en Périgord en 1651. On a de lui cinquante-cinq ouvrages différents. Tous partent d’un cœur plein de vertu, mais son Télémaque l’inspire. Il a été vainement blâmé par Gueudeville, et par l’abbé Faydit. Mort à Cambrai en 1715.

 

Après la mort de Fénelon, Louis XIV brûla lui-même tous les manuscrits que le duc de Bourgogne avait conservés de son précepteur. Ramsay, élève de ce célèbre archevêque, m’a écrit ces mots  « S’il était né en Angleterre, il aurait développé son génie, et donné l’essor sans crainte à ses principes, que personne n’a connus (*). »

 

 

* Ce n’est pas là l’opinion de M. Michelet. Voyez dans son Histoire de France. (G.A.)

 

 

 

 

 

FERRAND (Antoine)

 

? – 1719

 

 

Conseiller de la cour des aides. On a de lui de très jolis vers. Il joûtait avec Rousseau dans l’épigramme et le madrigal. Voici dans quel goût Ferrand écrivait :

 

D’amour et de mélancolie

Célemnus enfin consumé,

En fontaine fut transformé ;

Et qui boit de ses eaux oublie

Jusqu’au nom de l’objet aimé.

Pour mieux oublier Egérie,

J’y courus hier vainement ;

A force de changer d’amant,

L’infidèle l’avait tarie.

 

On voit que Ferrand mettait plus de naturel, de grâce, et de délicatesse, dans ses sujets galants, et Rousseau plus de force et de recherche dans des sujets de débauche. Mort en 1719.

 

 

 

 

 

FEUQUIÈRES (Antoine de Pas, marquis de)

 

1648 - 1711

 

 

Né à Paris en 1648. Officier consommé dans l’art de la guerre, et excellent guide s’il est critique trop sévère. Mort en 1711.

 

 

 

 

 

FLÉCHIER (Esprit)

 

1632 - 1710

 

 

Du comtat d’Avignon, né en 1632, évêque de Layaur et puis de Nîmes, poète français et latin, historien, prédicateur, mais connu surtout par ses belles oraisons funèbres (*). Son Histoire de Théodose a été faite pour l’éducation de Monseigneur. Le duc de Montausier avait engagé les meilleurs esprits de France à travailler, par des bons ouvrages, à cette éducation. Mort en 1710.

 

 

* Et aujourd’hui par sa relation des Grands jours d’Auvergne.(G.A.)

 

 

 

 

 

FLEURY (Claude)

 

1640 - 1723

 

 

Né en 1640, sous-précepteur du duc de Bourgogne, et confesseur de Louis XV son fils, vécut à la cour dans la solitude et dans le travail. Son Histoire de l’Eglise est la meilleure qu’on ait jamais faite, et les discours préliminaires sont fort au-dessus de l’histoire. Ils sont presque d’un philosophe, mais l’histoire n’en est pas. Mort en 1723.

 

 

 

 

 

FONTAINE (Jean de La)

 

 

 

Voyez LA FONTAINE.

 

 

 

 

 

FONTENELLE (Bernard Le Bovier de)

 

1657 - 1757

 

 

Né à Rouen le 11 février 1657 (*). On peut le regarder comme l’esprit le plus universel que le siècle de Louis XIV ait produit. Il a ressemblé à ces terres heureusement situées qui portent toutes les espèces de fruits. Il n’avait pas vingt ans lorsqu’il fit une grande partie de la tragédie-opéra de Bellérophon, et depuis il donna l’opéra de Thélis et Pélée dans lequel il imita beaucoup Quinault, et qui eut un grand succès. Celui d’Enée et Lavinie en eut moins. Il essaya ses forces au théâtre tragique ; il aida mademoiselle Bernard dans quelques pièces. Il en composa deux (**), dont une fut jouée en 1680, et jamais imprimée. Elle lui attira trop longtemps de très injustes reproches : car il avait eu le mérite de reconnaître que, bien que son esprit s’étendît à tout, il n’avait pas le talent de Pierre Corneille, son oncle, pour la tragédie.

 

En 1686, il fit l’allégorie de Méro et d’Énégu ; c’est Rome et Genève. Cette plaisanterie si connue, jointe à l’Histoire des oracles, excita depuis contre lui une persécution. Il en essuya une moins dangereuse, et qui n’était que littéraire, pour avoir soutenu qu’à plusieurs égards les modernes valaient bien les anciens. Racine et Boileau, qui avaient pourtant intérêt que Fontenelle eût raison, affectèrent de le mépriser, et lui fermèrent longtemps les portes de l’Académie. Ils firent contre lui des épigrammes ; il en fit contre eux, et ils furent toujours ses ennemis. Il fit beaucoup d’ouvrages légers, dans lesquels on remarquait déjà cette finesse et cette profondeur qui décèlent un homme supérieur à ses ouvrages mêmes. On remarqua dans ses vers et dans ses Dialogue des morts l’esprit de Voiture, mais plus étendu et plus philosophique. Sa Pluralité des mondes fut un ouvrage unique en son genre Il sut faire, des Oracles de Van Dale, un livre agréable. Les matières délicates auxquelles on touche dans ce livre lui attirèrent des ennemis violents, auxquels il eut le bonheur d’échapper. Il vit combien il est dangereux d’avoir raison dans des choses où des hommes accrédités ont tort. Il se tourna vers la géométrie et vers la physique avec autant de facilité qu’il avait cultivé les arts d’agrément. Nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, il exerça cet emploi pendant plus de quarante ans avec un applaudissement universel. Son Histoire de l’Académie jette très souvent une clarté lumineuse sur les mémoires les plus obscurs. Il fut le premier qui porta cette élégance dans les sciences. Si quelquefois il y répandit trop d’ornement, c’était de ces moissons abondantes dans lesquelles les fleurs croissent naturellement avec les épis.

 

          Cette Histoire de l’Académie des sciences serait aussi utile qu’elle est bien faite, s’il n’avait eu à rendre compte que de vérités découvertes  mais il fallait souvent qu’il expliquât des opinions combattues les unes par les autres, et dont la plupart sont détruites.

 

          Les éloges qu’il prononça des académiciens morts ont le mérite singulier de rendre les sciences respectables, et on rendu tel leur auteur. En vain l’abbé Desfontaines et d’autres gens de cette espèce ont voulu obscurcir sa réputation ; c’est le propre des grands hommes d’avoir de méprisables ennemis. S’il fit imprimer depuis des comédies froides, peu théâtrales, et une apologie des tourbillons de Descartes, on a pardonné ces comédies en faveur de sa vieillesse, et son cartésianisme, en faveur des anciennes opinions qui, dans sa jeunesse, avaient été celles de l’Europe.

 

          Enfin, on l’a regardé comme le premier des hommes dans l’art nouveau de répandre de la lumière et des grâces sur les sciences abstraites, et il a eu du mérite dans tous les autres genres qu’il a traités. Tant de talents ont été soutenus par la connaissance des langues et de l’histoire ; et il a été, sans contredit, au-dessus de tous les savants qui n’ont pas eu le don de l’invention.

 

          Son Histoire des Oracles, qui n’est qu’un abrégé très sage et très modéré de la grande histoire de Van Dale, qui fit une querelle assez violente avec quelques jésuites compilateurs de la Vie des Saints (***), qui avaient précisément l’esprit des compilateurs. Ils écrivirent à leur manière contre le sentiment raisonnable de Van Dale et de Fontenelle. Le philosophe de Paris ne répondit point ; mais son ami, le savant Basnage, philosophe de Hollande, répondit, et le livre des compilateurs ne fut pas lu. Plusieurs années après, le jésuite Le Tellier, confesseur de Louis XIV, ce malheureux auteur de toutes les querelles qui ont produit tant de mal et tant de ridicule en France, déféra Fontenelle à Louis XIV, comme un athée, et rappela l’allégorie de Mère et d’Enégu. Marc-René de Paulmi, marquis d’Argenson, alors lieutenant de police, et depuis garde des sceaux, écarta la persécution qui allait éclater contre Fontenelle, et ce philosophe le fait assez entendre dans l’éloge du garde des sceaux d’Argenson, prononcé dans l’Académie des sciences. Cette anecdote est plus curieuse que tout ce qu’a dit l’abbé Trublet de Fontenelle. Mort le 9 janvier 1757, âgé de cent ans moins un mois et deux jours (****).

 

 

 

 

 

* Dans l’édition de 1752, l’article commençait ainsi : « Fontenelle (B. de) quoique vivant encore en l’année 1752, fera une exception à la loi qu’on s’est faite de ne mettre aucun homme vivant dans ce Catalogue. Son âge, de près de cent années, semble demander cette distinction. Il est à présent au-dessus de l’éloge et de la critique. On peut le regarder, etc. » (G.A.)

** Aspar et Brutus. Voyez l’article BERNARD (mademoiselle). (G.A.)

*** Avec Baltus, auteur des Actes de saint Barlaam.(G.A.)

**** Lorsque la première édition du Siècle de Louis XIV devint publique, Fontenelle vivait encore. On avait cherché à l’irriter contre Coltiare. « Comment suis-je traité dans cet ouvrage ? demanda Fontenelle à un de ses amis. – Monsieur, répondit-il, M. de Voltaire commence par dire que vous êtes le seul homme vivant pour lequel il se soit écarté de la loi qu’il s’est faite de ne parler que des morts. – Je n’en veux pas savoir davantage, reprit Fontenelle ; quelque chose qu’il ait pu ajouter, je dois être content. »

 

Ce qu’on trouve ici sur l’Histoire des Oracles, et sur Méro et Énégu, a été ajouté depuis la mort de Fontenelle. (K.)

 

 

 

 

 

FORBIN (Claude, chevalier DE)

 

? – 1733

 

 

Chef d’escadre en France, grand-amiral du roi de Siam. Il a laissé des mémoires curieux qu’on a rédigés, et l’on peut juger entre lui et du Guay-Trouin. Mort en 1733.

 

 

 

 

 

FRAGUIER (Claude)

 

1666 - 1728

 

 

Bon littérateur et plein de goût. Il a mis la philosophie de Platon en bons vers latins. Il eût mieux valu faire de bons vers français. On a de lui d’excellentes dissertations dans le recueil utile de l’Académie des belles-lettres. Mort en 1728.

 

 

 

 

 

FURETIÈRE (Antoine)

 

1620 - 1688

 

 

Né en 1620, fameux par son Dictionnaire et par sa querelle : mort en 1688.

 

 

 

 

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