SIÈCLE DE LOUIS XIV - Catalogue : Écrivains - Partie 1 - A
Photo de PAPAPOUSS
CATALOGUE
DE LA PLUPART DES ÉCRIVAINS FRANÇAIS
QUI ONT PARU DANS LE SIÈCLE DE LOUIS XIV,
Pour servir à l’histoire littéraire de ce temps.
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ABADIE ou LABADIE (Jean)
1610 - 1674
Né en Guyenne, en 1610, jésuite, puis janséniste, puis protestant, voulut faire enfin une secte et s’unir avec Antoinette Bourignon, qui lui répondit que chacun avait son Saint-Esprit, et que le sien était fort supérieur à celui d’Abadie. On a de lui trente et un volumes de fanatisme. On n’en parle ici que pour montrer l’aveuglement de l’esprit humain. Il ne laissa pas d’avoir des disciples. Mort à Altena, en 1674.
ABBADIE (Jacques)
1658 - 1727
Né en Béarn, en 1658, célèbre par son Traité de la religion chrétienne, mais qui fit tort ensuite à cet ouvrage par celui de l’Ouverture des sept sceaux. Mort en Irlande, près de Londres, en 1727.
ACHERI (Dom Jean-Luc d’)
1608 - 1685
Bénédictin, grand et judicieux compilateur.
ALEXANDRE (Noël)
1639 - 1724
Né à Rouen, en 1639, dominicain. Il a fait beaucoup d’ouvrages de théologie, et disputé beaucoup sur les usages de la Chine contre les jésuites qui en revenaient. Mort en 1724.
AMELOT DE LA HOUSSAIE (Nicolas)
1634 - 1706
Né à Orléans, en 1634. Ses traductions avec des notes politiques et ses histoires sont fort recherchées ; ses Mémoires, par ordre alphabétique, sont très fautifs. Il est le premier qui ait fait connaître le gouvernement de Venise. Son histoire déplut au sénat, qui était encore dans l’ancien préjugé qu’il y a des mystères politiques qu’il ne faut pas révéler. On a appris depuis qu’il n’y a plus de mystères, et que la politique consiste à être riche et à entretenir de bonnes armées. Amelot traduisit et commenta le Prince de Machiavel, livre longtemps cher aux petits seigneurs qui se disputaient de petits Etats mal gouvernés, devenu inutile dans un temps où tant de grandes puissances, toujours armées, étouffent l’ambition des faibles. Amelot se croyait le plus grand politique de l’Europe ; cependant il ne sut jamais se tirer de la médiocrité, et il mourut dans la misère : c’est qu’il était politique par son esprit, et non par son caractère. Mort en 1706. (*)
* Dans son Dictionnaire français, Richelet se moque à chaque page d’Amelot de la Houssaye. (G.A.)
AMELOTTE (Denis)
1606 - 1678
Né en Saintonge, en 1606, de l’Oratoire. Il est principalement connu par une assez bonne version du Nouveau Testament.
AMONTONS (Guillaume)
1663 - 1705
Né à Paris, en 1663, excellent mécanicien : mort le 11 octobre 1705.
ANCILLON (David)
1617 - 1715
Né à Metz, en 1617, calviniste, et son fils Charles, mort à Berlin en 1715, ont eu quelque réputation dans la littérature (*).
* Loin de dégénérer, leur descendance n’a fait que s’illustrer de plus en plus. (G.A.)
ANSELME (*)
Mort en 1694
Moine augustin, le premier qui ait fait une histoire généalogique des grands officiers de la couronne, continuée et augmentée par Dufourny, auditeur des comptes. On a une notion très vague de ce qui constitue les grands officiers. On s’imagine que ce sont ceux à qui leur charge donne le titre de grand, comme grand écuyer, grand échanson ; mais le connétable, les maréchaux, le chancelier, sont grands officiers, et n’ont point ce titre de grand, et d’autres qui l’ont ne sont point réputés grands officiers. Les capitaines des gardes, les premiers gentilshommes de la chambre, sont devenus réellement de grands officiers, et ne sont pas comptés par le père Anselme. Rien n’est décidé sur cette matière, et il y a autant de confusion et d’incertitude sur tous les droits et sur tous les titres en France, qu’il y a d’ordre dans l’administration.
* Dont le véritable nom est Pierre de Guibourg.
ARNAULD (Antoine)
1612 - 1694
Vingtième fils de celui qui plaida contre les jésuites, docteur en Sorbonne, né en 1612. Rien n’est plus connu que son éloquence, son érudition, et ses disputes, qui le rendirent si célèbre et en même temps si malheureux, selon les idées ordinaires qui mettent le malheur dans l’exil et dans la pauvreté, sans considérer la gloire, les amis, et une vieillesse saine, qui furent le partage de cet homme fameux. Il est dit dans le supplément au Mérori qu’Arnauld, en 1689, pour avoir les bonnes grâces de la cour, fit un libelle contre le roi Guillaume, intitulé : « Le vrai portrait de Guillaume-Henri de Nassau, nouvel Absalon, nouvel Hérode, nouveau Cromwelll, nouveau Néron. » Ce style, qui ressemble à celui du père Garasse, n’est guère celui d’Arnauld. Il ne songea jamais à flatter la cour. Louis XIV eût fort mal reçut un livre si grossièrement intitulé ; et ceux qui attribuent cet ouvrage et cette intention au fameux Arnauld ne savent pas qu’on ne réussit point à la cour par des livres (*). Mort à Bruxelles, en 1694.
L’auteur du Dictionnaire historique, littéraire, critique, et janséniste, dit à l’article ARNAULD qu’aussitôt que son livre sur la Fréquente communion parut, l’enfer en frémit, et que le jésuite Nouet fit la première attaque. Il est difficile de savoir au juste quelle est l’opinion de l’enfer sur un livre nouveau ; et, à l’égard des hommes, ils ont entièrement oublié le P. Nouet. Il est très vrai que la plupart des écrits polémiques d’Arnauld ne sont plus connus aujourd’hui. C’est le sort de presque toutes les disputes. Le Dictionnaire historique, littéraire, critique, et janséniste, s’emporte un peu contre cette vérité ; il a raison : mais l’auteur devrait savoir que les injures prodiguées au sujet des querelles théologiques sont aujourd’hui aussi méprisées que ces querelles mêmes, et c’est beaucoup dire.
* Quoi que dise Voltaire, ce libelle lui est toujours attribué. (G.A.)
ARNAULD D’ANDILLY (Robert)
1588 - 1674
Frère aîné du précédent, né en 1588 l’un des plus grands écrivains de Port-Royal. Il présenta à Louis XIV, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans, sa traduction de Josèphe, qui de tous ses ouvrages est le plus recherché. Il fut père de Simon Arnauld, marquis de Pomponne, ministre d’Etat ; et ce ministre ne put empêcher ni les disputes ni les disgrâces de son oncle le docteur de Sorbonne. Mort en 1674.
AUBERI (Antoine)
1616 - 1695
On a de lui les Vies des cardinaux de Richelieu et de Mazarin, ouvrages médiocres, mais dans lesquels on peut s’instruire. Mort en 1695. C’est lui qui le premier fit connaître la fourberie de l’auteur du Testament politique du cardinal de Richelieu.
AUBIGNAC (François d’)
1604 - 1676
Il n’eut jamais de maître que lui-même. Attaché au cardinal de Richelieu, il était l’ennemi de Corneille. Sa Pratique du théâtre est peu lue ; il prouva par sa tragédie de Zénobie que les connaissances ne donnent pas les talents.
AULNOI (La comtesse d’)
Morte en 1705
Son Voyage et ses Mémoires d’Espagne, et des romans écrits avec légèreté, lui firent quelque réputation.
AVRIGNI (Hyacinthe Robillard d’)
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Jésuite, auteur d’une nouvelle manière d’écrire l’histoire. On a de lui des Annales chronologiques depuis 1601 jusqu’en 1715. On y voit ce qui s’est passé de plus important dans l’Europe exactement discuté, et en peu de mots ; les dates sont exactes. Jamais on n’a mieux su discerner le vrai, le faux et le douteux. Il a fait aussi des Mémoires ecclésiastiques ; mais ils sont malheureusement infectés de l’esprit de parti. Marcel et lui ont été tous deux effacés par l’Histoire chronologique de France du président Hénault, l’ouvrage à la fois le plus court, le plus plein que nous ayons en ce genre, et le plus commode pour les lecteurs.