LA PUCELLE D'ORLEANS : Chant quatrième - Partie 1

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LA PUCELLE.

 

 

 

CHANT QUATRIÈME.

 

 

 

ARGUMENT.

 

 

 

 

   

 

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Jeanne et Dunois combattent les Anglais.

Ce qui leur arrive dans le château d’Hermaphrodix.

 

 

_________

 

 

 

Si j’étais roi, je voudrais être juste,

Dans le repos maintenir mes sujets,

Et tous les jours de mon empire auguste

Seraient marqués par de nouveaux bienfaits.

Que si j’étais contrôleur des finances,

Je donnerais à quelques beaux esprits,

Par ci, par là, de bonnes ordonnances ;

Car, après tout, leur travail vaut son prix.

Que si j’étais archevêque à Paris,

Je tâcherais avec le moliniste

D’apprivoiser le rude janséniste (1).

Mais si j’aimais une jeune beauté,

Je ne voudrais m’éloigner d’auprès d’elle,

Et chaque jour une fête nouvelle,

Chassant l’ennui de l’uniformité,

Tiendrait son cœur en mes fers arrêté.

Heureux amants, que l’absence est cruelle !

Que de dangers on essuie en amour !

On risque, hélas ! dès qu’on quitte sa belle,

D’être cocu deux ou trois fois par jour.

 

Le preux Chandos à peine avait la joie

De s’ébaudir sur sa nouvelle proie,

Que tout à coup Jeanne de rang en rang

Porte la mort et fait couler le sang.

De Débora la redoutable lance

Perce Dildo si fatal à la France,

Lui qui pilla les trésors de Clairvaux,

Et viola les sœurs de Fontevraux.

D’un coup nouveau les deux yeux elle crève

A Fonkinar, digne d’aller en Grève,

Cet impudent, né dans les durs climats

De l’Hibernie, au milieu des frimas,

Depuis trois ans faisait l’amour en France,

Comme un enfant de Rome ou de Florence (2).

Elle terrasse et milord Halifax,

Et son cousin l’impertinent Borax,

Et Midarblou qui renia son père,

Et Bartonay qui fit cocu son frère.

A son exemple on ne voit chevalier,

Il n’est gendarme, il n’est bon écuyer,

Qui dix Anglais n’enfile de sa lance.

La mort les suit, la terreur les devance.

On croyait voir en ce moment affreux

Un dieu puissant qui combat avec eux.

 

Parmi le bruit de l’horrible tempête,

Frère Lourdis criait à pleine tête :

« Elle est pucelle, Anglais, frémissez tous,

C’est saint Denys qui l’arme contre vous ;

Elle est pucelle, elle a fait des miracles ;

Contre son bras vous n’avez point d’obstacles ;

Vite à genoux, excréments d’Albion,

Demandez-lui sa bénédiction. »

Le fier Talbot, écumant de colère,

Incontinent fait empoigner le frère ;

On vous le lie, et le moine content,

Sans s’émouvoir, continuait criant :

« Je suis martyr ; Anglais, il faut me croire ;

Elle est pucelle ; elle aura la victoire. »

 

L’homme est crédule, et dans son faible cœur

Tout est reçu ; c’est une molle argile.

Mais que surtout il paraît bien facile

De nous suprendre et de nous faire peur !

Du bon Lourdis le discours extatique

Fit plus d’effet sur le cœur des soldats,

Que l’amazone et sa troupe héroïque

N’en avaient fait par l’effort de leurs bras.

Ce vieil instinct qui fait croire aux prodiges,

L’esprit d’erreur, le trouble, les vertiges,

La froide crainte, et les illusions,

Ont fait tourner la tête des Bretons.

De ces Bretons la nation hardie

Avait alors peu de philosophie ;

Maints chevaliers étaient des esprits lourds :

Les beaux esprits ne sont que de nos jours.

 

 

Le preux Chandos, toujours plein d’assurance,

Criait aux siens : « Conquérants de la France,

Marchez à droite. » Il dit, et dans l’instant

On tourne à gauche, et l’on fuit en jurant.

Ainsi jadis dans ces plaines fécondes

Que de l’Euphrate environnent les ondes,

Quand des humains l’orgueil capricieux

Voulut bâtir près des voûtes des cieux (3),

Dieu ne voulant d’un pareil voisinage,

En cent jargons transmua leur langage.

Sitôt qu’un d’eux à boire demandait,

Plâtre ou mortier d’abord on lui donnait ;

Et cette gent, de qui Dieu se moquait,

Se sépara, laissant là son ouvrage.

 

On sait bientôt aux remparts d’Orléans

Ce grand combat contre les assiégeants :

La renommée y vole à tire d’aile,

Et va prônant le nom de la Pucelle.

Vous connaissez l’impétueuse ardeur

De nos Français : ces fous sont pleins d’honneur :

Ainsi qu’au bal ils vont tous aux batailles.

Déjà Dunois la gloire des bâtards,

Dunois qu’en Grèce on aurait pris pour Mars,

Et La Trimouille, et La Hire, et Saintrailles,

Et Richemont, sont sortis des murailles,

Croyant déjà chasser les ennemis,

Et criant tous : « Où sont-ils ? où sont-ils ? »

Ils n’étaient pas bien loin : car près des portes

Sire Talbot, homme de très grand sens,

Pour s’opposer à l’ardeur de nos gens,

En embuscade avait mis dix cohortes.

 

Sire Talbot a depuis plus d’un jour

Juré tout haut par saint George et l’Amour

Qu’il entrerait dans la ville assiégée.

Son âme était vivement partagée :

Du gros Louvet la superbe moitié

Avait pour lui plus que de l’amitié ;

Et ce héros, qu’un noble espoir enflamme,

Veut conquérir et la ville et sa dame.

Nos chevaliers à peine ont fait cent pas,

Que ce Talbot leur tombe sur les bras ;

Mais nos Français ne s’étonnèrent pas.

Champs d’Orléans, noble et petit théâtre

De ce combat terrible, opiniâtre,

Le sang humain dont vous fûtes couverts

Vous engraissa pour plus de cent hivers.

Jamais les champs de Zama (4), de Pharsale (5),

De Malplaquet la campagne fatale (6),

Célèbres lieux couverts de tant de morts,

N’ont vu tenter de plus hardis efforts.

Vous eussiez vu les lances hérissées,

L’une sur l’autre en cent tronçons cassées ;

Les écuyers, les chevaux renversés,

Dessus leurs pieds dans l’instant redressés ;

Le feu jaillir des coups de cimeterre,

Et du soleil redoubler la lumière ;

De tous côtés voler, tomber à bas,

Epaules, nez, mentons, pieds, jambes, bras.

 

Du haut des cieux les anges de la guerre,

Le fier Michel et l’exterminateur,

Et des Persans le grand flagellateur (7),

Avaient les yeux attachés sur la terre,

Et regardaient ce combat plein d’horreur.

 

 

Michel alors prit la vaste balance (8)

Où dans le ciel on pèse les humains ;

D’une main sûre il pesa les destins

Et les héros d’Angleterre et de France.

Nos chevaliers, pesés exactement,

Légers de poids par malheur se trouvèrent :

Du grand Talbot les destins l’emportèrent :

C’était du ciel un secret jugement.

Le Richemont se voit incontinent

Percé d’un trait de la hanche à la fesse ;

Le vieux Saintraille au-dessus du genou ;

Le beau La Hire, ah ! je n’ose dire où ;

Mais que je plains sa gentille maîtresse !

Dans un marais La Trimouille enfoncé

N’en put sortir qu’avec un bras cassé :

Donc à la ville il fallut qu’ils revinssent

Tout écloppés, et qu’au lit ils se tinssent.

Voilà comment ils furent bien punis,

Car ils s’étaient moqués de saint Denys.

 

Comme il lui plaît Dieu fait justice ou grâce ;

Quesnel (9) l’a dit, nul ne peut en douter :

Or, il lui plut le bâtard excepter

Des étourdis dont il punit l’audace.

Et chacun d’eux, laidement ajusté,

S’en retournait sur un brancard porté,

En maugréant et Jeanne et sa fortune.

Dunois, n’ayant égratignure aucune,

Pousse aux Anglais, plus prompt que les éclairs :

Il fend leurs rangs, se fait jour à travers,

Passe, et se trouve aux lieux où la Pucelle

Fait tout tomber, où tout fuit devant elle.

Quand deux torrents, l’effroi des laboureurs,

Précipités du sommet des montagnes,

Mêlent leurs flots, assemblent leurs fureurs,

Ils vont noyer l’espoir de nos campagnes :

Plus dangereux étaient Jeanne et Dunois,

Unis ensemble, et frappant à la fois.

 

Dans leur ardeur si bien ils s’emportèrent,

Si rudement les Anglais ils chassèrent,

Que de leurs gens bientôt ils s’écartèrent.

La nuit survint ; Jeanne et l’autre héros,

N’entendant plus ni Français ni Chandos,

Font tous deux halte en criant : « Vive France ! »

Au coin d’un bois où régnait le silence,

Au clair de lune ils cherchent le chemin.

Ils viennent, vont, tournent, le tout en vain ;

Enfin rendus, ainsi que leur monture,

Mourants de faim, et lassés de chercher,

Ils maudissaient la fatale aventure

D’avoir vaincu sans savoir où coucher.

Tel un vaisseau sans voiles, sans boussole,

Tournoie au gré de Neptune et d’Eole.

Un certain chien, qui passa tout auprès,

Pour les sauver sembla venir exprès ;

Ce chien approche, il jappe, il leur fait fête ;

Virant sa queue, et portant haut sa tête,

Devant eux marche ; et, se tournant cent fois,

Il paraissait leur dire en son patois :

« Venez par là, messieurs, suivez-moi vite ;

Venez, vous dis-je, et vous aurez bon gîte. »

Nos deux héros entendirent fort bien,

Par ces façons ce que voulait ce chien ;

Ils suivent donc, guidés par l’espérance,

En priant Dieu pour le bien de la France,

Et se faisant tous deux de temps en temps

Sur leurs exploits de très beaux compliments.

Du coin lascif d’une vive prunelle,

Dunois lorgnait malgré lui la Pucelle ;

Mais il savait qu’à son bijou caché

De tout l’Etat le sort est attaché,

Et qu’à jamais la France est ruinée,

Si cette fleur se cueille avant l’année.

Il étouffait noblement ses désirs,

Et préférait l’Etat à ses plaisirs.

Et cependant, quand la route mal sûre

De l’âne saint faisait clocher l’allure,

Dunois ardent, Dunois officieux,

De son bras droit retenait la guerrière ;

Et Jeanne d’Arc, en clignotant des yeux,

De son bras gauche étendu par derrière

Serrait aussi ce héros vertueux :

Donc il advint, tandis qu’ilS chevauchèrent,

Que très souvent leurs bouches se touchèrent

Pour se parler tous les deux de plus près

De la patrie et de ses intérêts.

 

On m’a conté, ma belle Konismare (10),

Que Charles douze, en son humeur bizarre,

Vainqueur des rois et vainqueur de l’amour

N’osa t’admettre à sa brutale cour :

Charles craignit de te rendre les armes ;

Il le sentit, il évita tes charmes.

Mais tenir Jeanne et ne point y toucher,

Se mettre à table, avoir faim sans manger,

Cette victoire était cent fois plus belle.

Dunois ressemble à Robert d’Arbrisselle (11),

A ce grand saint qui se plut à coucher

Entre les bras de deux nonnes fessues,

A caresser quatre cuisses dodues,

Quatre tétons, et le tout sans pécher.

 

Au point du jour apparut à leur vue

Un beau palais d’une vaste étendue

De marbre blanc était bâti le mur ;

Une dorique et longue colonnade

Porte un balcon formé de jaspe pur ;

De porcelaine était la balustrade.

Nos paladins, enchantés, éblouis,

Crurent entrer tout droit en paradis.

Le chien aboie : aussitôt vingt trompettes

Se font entendre, et quarante estafiers

A pourpoints d’or, à brillantes braguettes,

Viennent s’offrir à nos deux chevaliers,

Très galamment deux jeunes écuyers

Dans le palais par la main les conduisent ;

Dans des bains d’or filles les introduisent

Honnêtement ; puis lavés, essuyés,

D’un déjeuner amplement festoyés,

Dans de beaux lit brodés ils se couchèrent,

Et jusqu’au soir en héros ils ronflèrent.

 

Il faut savoir que le maître et seigneur

De ce logis digne d’un empereur

Etait le fils de l’un de ces génies

Des vastes cieux habitants éternels,

De qui souvent les grandeurs infinies

S’humanisaient chez les faibles mortels.

Or, cet esprit, mêlant sa chair divine

Avec la chair d’une bénédictine,

En avait eu le noble Hermaphrodix (12),

Grand nécromant, et le très digne fils

De cet incube et de la mère Alix.

Le jour qu’il eut quatorze ans accomplis,

Son géniteur, descendant de sa sphère,

Lui dit : « Enfant, tu me dois la lumière ;

Je viens te voir, tu peux former des vœux :

Souhaite, parle, et je te rends heureux. »

Hermaphrodix, né très voluptueux,

Et digne en tout de sa belle origine,

Dit : « Je me sens de race bien divine,

Car je rassemble en moi tous les désirs,

Et je voudrais avoir tous les plaisirs.

De voluptés rassasiez mon âme ;

Je veux aimer comme homme et comme femme,

Etre la nuit du sexe féminin,

Et tout le jour du sexe masculin. »

L’incube dit : « Tel sera ton destin ; »

Et dès ce jour la ribaude figure

Jouit des droits de sa double nature :

Ainsi Platon, le confident des dieux (13),

A prétendu que nos premiers aïeux,

D’un pur limon pétri des mains divines,

Nés tous parfaits et nommés androgynes,

Egalement des deux sexes pourvus,

Se suffisaient par leur propre vertu.

 

Hermaphrodix était bien au-dessus :

Car se donner du plaisir à soi-même,

Ce n’est pas là le sort le plus divin :

Il est plus beau d’en donner au prochain,

Et deux à deux est le bonheur suprême.

Ses courtisans disaient que tour à tour

C’était Vénus, c’était le tendre Amour.

De tous côtés ils lui cherchaient des filles,

Des bacheliers ou des veuves gentilles.

 

Hermaphrodix avait oublié net

De demander un don plus nécessaire,

Un don sans quoi nul plaisir n’est parfait,

Un don charmant ; et quoi ? celui de plaire.

Dieu, pour punir cet effréné paillard,

Le fit plus laid que Samuel Bernard ;

Jamais ses yeux ne firent de conquêtes ;

C’est vainement qu’il prodiguait les fêtes,

Les longs repas, les danses, les concerts ;

Quelquefois même il composait des vers.

Mais quand le jour il tenait une belle,

Et quand la nuit sa vanité femelle

Se soumettait à quelque audacieux,

Le ciel alors trahissait tous ses vœux ;

Il recevait, pour toutes embrassades

Mépris, dégoûts, injures, rebuffades.

Le juste ciel lui faisait bien sentir

Que les grandeurs, ne sont pas du plaisir.

 

 

« Quoi ! disait-il, la moindre chambrière

Tient son galant étendu sur son sein,

Un lieutenant trouve une conseillère,

Dans un moutier un moine a sa nonnain,

Et moi, génie, et riche, et souverain,

Je suis le seul dans la machine ronde

Privé d’un bien dont jouit tout le monde ! »

Lors il jura, par les quatre éléments,

Qu’il punirait les garçons et les belles

Qui n’auraient pas pour lui des sentiments,

Et qu’il ferait des exemples sanglants

Des cœurs ingrats, et surtout des cruelles.

 

Il recevait en roi les survenants ;

Et de Saba la reine basanée (14)

Et Thalestris dans la Perse amenée,

Avaient reçu de moins riches présents

Des deux grands rois qui brûlèrent pour elles,

Qu’il n’en faisait aux chevaliers errants,

Aux bacheliers, aux gentes demoiselles.

Mais si quelqu’un d’un esprit trop rétif

Manquait pour lui d’un peu de complaisance,

S’il lui faisait la moindre résistance,

Il était sûr d’être empalé tout vif.

 

 

  

 

LA PUCELLE - CHANT QUATRIEME - 2

 

 

1 – Voyez le Précis du Siècle de Louis XV, chap. XXXVI. (G.A.)

 

2 – Au dix-huitième siècle, on brûla des sodomites en place de Grève. (G.A.)

 

3 – La tour de Babel fut élevée, comme on sait, cent vingt ans après le déluge universel. Flavius-Josèphe croit qu’elle fut bâtie par Nemrod ou Nembrod ; le judicieux dom Calmet a donné le profil de cette tour élevée jusqu’à onze étages, et il a orné son Dictionnaire de tailles-douces dans ce goût, d’après les monuments ; le livre du savant Juif Jaleus donne à la tour de Babel vingt-sept mille pas de hauteur, ce qui est bien vraisemblable ; plusieurs voyageurs ont vu les restes de cette tour.

 

Le saint patriarche Alexandre Entychius assure, dans ses Annales, que soixante et douze hommes bâtirent cette tour. Ce fut, comme on le sait, l’époque de la confusion des langues : le fameux Bécan prouve admirablement que la langue flamande fut celle qui retint le plus de l’hébraïque. (1762.)

 

4 et 5 – Remarquez qu’à la bataille de Zama, entre Publius Scipion et Annibal, il y avait des Français qui servaient dans l’armée carthaginoise, selon Polybe. Ce Polybe, contemporain et ami de Scipion, dit que le nombre était égal de part et d’autre ; le chevalier de Folard n’en convient pas : il prétend que Scipion attaqua en colonnes. Cependant il paraît que la chose n’est pas possible, puisque Polybe dit que les troupes combattaient toutes de main à main : c’est sur quoi nous nous en rapportons aux doctes.

 

            Nota bene qu’à Pharsale Pompée avait cinquante-cinq mille hommes, et César vingt-deux mille. Le carnage fut grand ; les vingt deux mille césariens, après un combat opiniâtre, vainquirent les cinquante-cinq mille pompéiens. Cette bataille décida du sort de la république, et mit sous la puissance du mignon de Nicomède la Grèce, l’Asie-Mineure, l’Italie, les Gaules, l’Espagne, etc., etc.

 

            Cette bataille eut plus de suites que le petit combat de Jeanne ; mais enfin c’est Jeanne, c’est notre Pucelle : sachons gré à notre cher compatriote d’avoir comparé les exploits de cette chère fille à ceux de César, qui n’avait pas son pucelage. Les révérends pères jésuites n’ont-ils pas comparé saint Ignace à César, et saint-François-Xavier à Alexandre ? Ils leur ressemblaient comme les vingt-quatre vieillards de Pascal ressemblent aux vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse. On compare tous les jours le premier roi venu à César ; pardonnons donc au grave chantre de notre héroïne d’avoir comparé un petit choc de bibus aux batailles de Zama et de Pharsale. (1762.) (Voltaire.) − Voyez, sur les vingt-quatre vieillards, la cinquième des Lettres provinciales. (G.A.)

6 – Il y eut à cette bataille vingt-huit mille sept cents hommes couchés, non pas sur le carreau, comme le dit un historien, mais dans la boue et dans le sang ; ils furent comptés par le marquis de Crèvecoeur, aide de camp du maréchal de Villars, chargé de faire enterrer les morts. Voyez le  Siècle de Louis XIV, année 1709. (1762.) (Voltaire.)

 

7 – Apparemment que notre profond auteur donne le nom de Persans aux soldats de Sennacherib, qui étaient Assyriens, parce que les Persans furent longtemps dominateurs en Assyrie ; mais il est constant que l’ange du Seigneur tua tout seul cent quatre-vingt-cinq mille soldats de l’armée de Sennacherib, qui avait l’insolence de marcher contre Jérusalem ; et quand Sennacherib vit tous ces corps morts, il s’en retourna. Ceci arriva l’an du monde 3293, comme on dit ; cependant plusieurs doctes prétendent que cette aventure toute simple est de l’an 3295 : nous la croyons de 3296, comme nous le prouverons ci-dessous. (1762.) (Voltaire.)

 

8 – Cet endroit paraît imité d’Homère. Milton fait peser les destins des hommes dans le signe de la Balance. (1762.) (Voltaire.)

 

9 – Allusion aux sentiments répandus dans les livres de Quesnel, prêtre de l’Oratoire. (1762.) (Voltaire.)

 

10 – Aurore Konismare, maîtresse du roi de Pologne Auguste 1er et mère du célèbre comte de Saxe. (1773.) (Voltaire.) − Son vrai nom est Kœnigsmark. C’est une ancêtre de madame Georges Sand. (G.A.)

 

11 – Robert d’Arbrissel, fondateur du bel ordre de Fontevrauld : il convertit, en 1100, d’un coup de filet, par un seul sermon, toutes les filles de joie de la ville de Rouen. Il s’imposa un nouveau genre de martyre : ce fut de coucher toutes les nuits entre deux jeunes religieuses pour tromper le diable,qui apparemment le lui rendit bien. Il n’aimait pas la loi salique, car il fit une femme abbé général des moinesses de son ordre. (1773.) (Voltaire.)

 

12 – Hermaphrodix se nommait d’abord Conculix : « Plusieurs vertueuses dames, disait Voltaire, ont  été effarouchées du nom de Conculix ; mais nous croyons, avec tous les savants de l’Europe, que c’est une fausse délicatesse ; car il faudrait, sur ce principe, proscrire convive, concurrence, concupiscence, et cent autres mots de cette espèce. » Voltaire se décida pourtant à changer ce nom. (G.A.)

 

13 – Selon Platon, l’homme fut formé avec les deux sexes. Adam apparut tel à la dévote Bourignon et à son directeur Abbadie. (1762.) (Voltaire.)

 

14 – La reine de Saba vint voir Salomon, dont elle eut un fils, qui est certainement la tige des rois d’Ethiopie, comme cela est prouvé. On ne sait pas ce que devint la race d’Alexandre et de Thalestris. (1762.) (Voltaire.)

 

 

Publié dans La Pucelle d'Orléans

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J
<br /> <br /> Hermaphrodix ! prédécesseur d'Astérix et Obélix , non ?<br /> <br /> <br /> Uderzo et Goscinny connaissaient-ils ce texte de Volti ?<br /> <br /> <br /> En tout cas, je ris bien en relisant cette Pucelle si agréablement mise en page .<br /> <br /> <br /> Je baise le bas de votre noble robe et vous souhaite de rire en travaillant <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Oui, je m'amuse beaucoup avec cette petite Pucelle, surtout lorsque j'apprends que Voltaire a dû changer le nom du château parce que les "bégueules" étaient<br /> horrifiées qu'il l'ait  appelé Conculix. <br /> <br /> <br /> <br />