EPITRE : Au roi de Prusse - 1744
Photo de PAPAPOUSS
AU ROI DE PRUSSE
J’ai donc vu ce Potsdam, et je ne vous vois pas ;
On dit qu’ainsi que moi vous prenez médecine.
Que de conformités m’attachent sur vos pas !
Le dieu de la double colline,
L’amour de tous les arts, la haine des dévots ;
Raisonner quelquefois sur l’essence divine ;
Peut hanter nos seigneurs les sots ;
Au corps comme à l’esprit donner peu de repos ;
Mettre l’ennui toujours en fuite ;
Manger trop quelquefois, et me purger ensuite ;
Savourer les plaisirs, et me moquer des maux ;
Sentir et réprimer ma vive impatience :
Voilà quel est mon lot, voilà ma ressemblance
Avec mon aimable héros.
O vous, maîtres du monde : ô vous rois que j’atteste,
Indolents dans la paix, ou de sang abreuvés…
Ressemblez-lui dans tout le reste…