EPITRE : A M. le maréchal de Saxe

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 Photo de PAPAPOUSS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A M. LE MARÉCHAL DE SAXE.

 

 

EN LUI ENVOYANT LES ŒUVRES DE M. LE MARQUIS DE

ROCHEMORE, SON ANCIEN AMI, MORT DEPUIS PEU (1)

 

 

 

(CE DERNIER EST SUPPOSÉ LUI FAIRE UN ENVOI DE L’AUTRE MONDE.)

 

 

 

 

 

 

 

 

Je goûtais dans ma nuit profonde

Les froides douceurs du repos,

Et m’occupais peu des héros

Qui troublent le repos du monde ;

Mais dans nos champs élysiens

Je vois une troupe en colère

De fiers Bretons, d’Autrichiens,

Qui vous maudit et vous révère ;

Je vois des Français éventés

Qui tous se flattent de vous plaire,

Et qui sont encore entêtés

De leurs plaisirs et de leur gloire,

Car ils sont morts à vos côtés

Entre les bras de la Victoire.

Enfin dans ces lieux tout m’apprend

Que celui que je vis à table

Gai, doux, facile, complaisant,

Et des humains le plus aimable,

Devient aujourd’hui le plus grand.

J’allais vous faire un compliment ;

Mais, parmi les choses étranges

Qu’ont dit à la cour de Pluton,

On prétend que ce fier Saxon

S’enfuit au seul bruit des louanges,

Comme l’Anglais fuit à son nom.

 

Lisez seulement mes folies,

Mes vers, qui n’ont loué jamais

Que les trop dangereux attraits

Du dieu du vin et des Sylvies :

Ces sujets ont toujours tenté

Les héros de l’antiquité

Comme ceux du siècle où nous sommes :

Pour qui sera la volupté,

S’il en faut priver les grands hommes ?

 

 

 

 AU MARECHAL DE SAXE - 1745

 

 

 

 

1 – Les œuvres de ce marquis n’ont jamais été recueillies. (G.A.)

 

 

 

 

 

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