DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE : A comme AUTRE ANECDOTE
Photo de PAPAPOUSS
A comme AUTRE ANECDOTE,
SUR UN JÉSUITE CHINOIS.
Les jésuites de France, missionnaires secrets à la Chine, dérobèrent, il y a environ trente ans, un enfant de Kanton à ses parents, le menèrent à Paris et l’élevèrent dans leur couvent de la rue Saint-Antoine. Cet enfant se fit jésuite à l’âge de quinze ans, et resta encore dix ans en France. Il sait parfaitement le français et le chinois, et il est assez savant. M. Bertin, contrôleur général et depuis secrétaire d’Etat, le renvoya à la Chine, en 1763, après l’abolissement des jésuites.
Il s’appelle Ko ; il signe : Ko, jésuite.
Il y avait, en 1772, quatorze jésuites français à Pékin, parmi lesquels était le frère Ko, qui demeure encore dans leur maison.
L’empereur Kien-Long a conservé auprès de lui ces moines d’Europe en qualité de peintres, de graveurs, d’horlogers, de mécaniciens, avec défense expresse de disputer jamais sur la religion, et de causer le moindre trouble dans l’empire.
Le jésuite Ko a envoyé de Pékin à Paris des manuscrits de sa composition, intitulés : « Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, les mœurs et usages des Chinois, par les missionnaires de Pékin. Ce livre est imprimé et se débite actuellement à Paris chez le libraire Nyon.
L’auteur se déchaîne contre tous les philosophes de l’Europe, à la page 271. Il donne le nom d’illustre martyr de Jésus-Christ à un prince du sang tartare que les jésuites avaient séduit, et que le feu empereur Yong-tching avait exilé.
Ce Ko se vante de faire beaucoup de néophytes ; c’est un esprit ardent, capable de troubler plus la Chine que les jésuites n’ont autrefois troublé le Japon.
On prétend qu’un seigneur russe, indigné de cette insolence jésuitique, qui s’étend au bout du monde, même après l’extinction de cette société, veut faire parvenir à Pékin, au président du tribunal des rites, un extrait en chinois de ce mémoire, qui puisse faire connaître le nommé Ko et les autres jésuites qui travaillent avec lui.