CORRESPONDANCE - Année 1749 -Partie 2
Photo de PAPAPOUSS
à M. Berryer (1)
Paris, 4 Février 1749.
Monsieur, étant arrivé malade, je n’ai pu avoir l’honneur de vous faire ma cour et de vous renouveler ma sincère reconnaissance de toutes vos bontés. Je voudrais présenter à sa majesté son Panégyrique traduit en plusieurs langues. Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien me favoriser dans cette petite entreprise, et de permettre que je fasse tirer une cinquantaine d’exemplaires de l’anglais, de l’italien, du latin et de l’espagnol. Comme la chose presse et que je voudrais pouvoir mettre aux pieds de sa majesté ce petit monument de sa gloire, le jour que notre Académie ira la complimenter (2), vous sentez bien que je ne peux passer par les formalités ordinaires, et vos bontés valent bien des formalités. J’ai l’honneur d’être, avec un profond respect et la plus vive reconnaissance, monsieur, etc.
1 – Editeurs, de Cayrol et A. François. (G.A.)
2 - Le 21 Février, Richelieu, chargé par Voltaire, de présenter le Panégyrique, s’en dispensa par vengeance. Voyez, à ce sujet, Voltaire à la cour, de M. G. Desnoiresterres. (G.A.)
au cardinal Querini
Paris, 16 Février (1).
Le mando lo sbozzo della mia dedicazione, nella quale ho pigliato la libertà di parlare a vostra eminenza come ad un grand’uomo, a cui accresce un men bel lustro dallo splendor della sua casa e della sua dignità, che dal merito impareggiabile della sua persona. La supplico di recevere colla sua solita benignità il bributo della mia ammirazione e del moi ossequio. Se degni di vavorirmi col suo parere, e coi suoi stimatissimi avvisi, gli aspetto per seguitarli ; e, banciando il lembo della sua porpora, rimango, con ogni maggiore rispetto, suo umillimo e devotissimo servitore.
1 – Editeurs, de Cayrol et A. François. (G.A.)
à M. L’abbé d’Olivet
Tuum tibi mitto Ciceronem quem relegi ut barbari Crebillonii (1) scelus expiarem. Te precor mihi Semiramiden mandare cum tuis animadversionibus. Timeo ne tempus me deficiat. Hanc comœdi Semiramidem requirunt quoid reverendi patris de Nivelle comœdia (2) non placuerit. Sed die et nocte operam dabo ut consiliis tuis possim opus meum perficere.
1 – C’est la première fois que Voltaire appelle Crébillon barbare. (G.A.)
2 – L’Ecole de la jeunesse, de Nivelle de La Chaussée, jouée le 22 Février. (G.A.)
à M. le marquis d’Argenson
A Paris, le 18 Mars 1749.
Je vous envoie donc, monsieur, la copie de la lettre d’un prince (1) qui a autant d’esprit que vous, et dont je souhaite que le cœur vaille le vôtre. Je vous demande en grâce de me la renvoyer et de n’en laisser prendre aucune copie. Recommandez surtout le secret à M. de Valori ; il ne faut publier ni les faveurs des femmes ni celle des rois.
Permettez-moi seulement de me vanter des vôtres, et de m’honorer toute ma vie de vos bontés.
Les personnes (2) qui vous ont ôté le ministère protégent Catilina, cela est juste.
Brûlez ma lettre, et daignez continuer à m’aimer.
1 – Frédéric II. (G.A.)
2 – La Pompadour en était. (G.A.)
à M. Falkener
Paris, 29 Mars 1749 (1).
Dear sir, I have recieved your new favours, and those of milord Chersterfield. There are many good accounts in the Annals of Europe, as well as in the History of the late Insurrection in Scotland, though intermixed with a great number of errors. I wish I could find in every country such materials from whence my duty is to separate the wheat from the chass ; but all seems to me but chaff in the pamphlets : tis great pity that your nation is over-run with such prodigious lumbers of scandal and scurrilities : However one ought to look upon them as the bad fruits of a very good tree called liberty.
I have been disturbed these two months and kept from writing my history, which I hope will be the work of the historiografer of the honest man, rather than that of the historiografer to a king. I think truth may be told, when it is wisely told, and I know my master loves it. I am neither a flaterer, nor a riter of satires. I am confident my candour and our old friendship will persuade you to help me with all the materials you can find in your way.
You will to me the greatest favour if you can send me the relation of amiral Anson’s voyage, and the Ample disquisition about the proper means to civilise the Highlaners and to improve that country. I don know the exact title of that little book, which, they sat, is very curious and well written ; but it begins with thse xords, Ample disquisition. Pray, my dear sir, give orders to one of your men to come at it.
If you see milord Chesterfield, pray be so kind as to present him with my acknow ledgement and respects.
I am from the bottom of my heart sensible of your tender and usefull remembrance. You do not forget your old friends, and I’ll be attached to you ‚till the last day of my life. Be sure, if I enjoy a better health, I will cross the sea again, in order to see you : it is a consolation I long after. − Since you govern the posts (the king had appointed sir Everard Falkener post-master general), you may very easily convey your paquets, and even the largest to M. de la Reynière, fermier général et intendant des postes de France, with a direction to me. Farewel ! my dear sir, my respects to your lady, and my sincere wishes for your son. Your affectionate and tender friend and servant VOLTAIRE.
P.S. − What is become of your brothers (2) ?
1 – Editeurs, de Cayrol et A. François. (G.A.)
2 – TRADUCTION
Cher monsieur, j’ai reçu vos nouvelles faveurs et celles de mylord Chesterfield. Il y a de fort bons récits dans les Annales d’Europe et dans l’Histoire de la dernière insurrection d’Ecosse, quoiqu’il s’y mêle un grand nombre d’erreurs. Je voudrais bien trouver dans tous les pays de semblables matériaux, où mon devoir est de séparer le bon grain de l’ivraie ; mais il me semble qu’il n’y a que de l’ivraie dans les pamphlets. C’est vraiment grande pitié que votre nation soit inondée d’un si prodigieux amas de scandales et de polissonneries ! Cependant on doit les regarder comme les fruits d’un très bon arbre appelé liberté.
J’ai été dérangé ces deux derniers mois, et je n’ai pu écrire mon histoire, qui, j’espère, sera l’ouvrage de l’historiographe d’un honnête homme, plutôt que le travail de l’historiographe d’un roi. Je crois qu’on peut dire la vérité, quand on la dit avec modération, et je sais que mon maître l’aime. Je ne suis ni un flatteur ni un écrivain de satires. Je me persuade que ma franchise et notre vieille amitié vous engageront à m’aider de tous les matériaux que vous trouverez sur votre chemin.
Vous me ferez un bien grand plaisir de m’envoyer la relation du voyage de l’amiral Anson, et l’ample information sur les moyens propres à civiliser les Highlanders et à fertiliser ce pays. Je ne sais pas le titre exact de ce petit livre qui, dit-on, est très curieux et bien écrit ; mais il commence par ces mots : Ample disquisition. Je vous prie, mon cher monsieur, de charger quelqu’un de me le procurer.
Si vous savez quelque chose d’intéressant sur la dernière guerre générale, traités, expéditions maritimes, etc., etc., je vous supplie de me favoriser de ces instructions.
Me diriez-vous quel est ce monsieur Smith dont le crédit a pu lever une somme si considérable dans la Cité pour aider le gouvernement, et à qui vous avez écrit par l’ordre du duc ? Il me semble qu’un aussi bon patriote mérite une mention.
Si vous voyez milord Chesterfield, je vous prie de vouloir bien lui présenter ma reconnaissance et mes respects.
Je suis du fond de mon cœur, pénétré de votre tendre et précieux souvenir. Vous n’oubliez pas vos vieux amis, et je vous serai attaché jusqu’au dernier jour de ma vie. Soyez sûr que si je jouis d’une meilleure santé, je traverserai encore la mer pour vous voir : c’est une consolation que je désire bien vivement. Depuis que vous gouvernez les postes (Le roi George II avait nommé sir Everard Falkener maître général des postes), il vous est très facile de m’envoyer même les plus gros paquets par M. de La Reynière, fermier-général et intendant des postes de France, avec mon adresse.
Adieu, mon cher monsieur. Mes respects à milady, et mes vœux bien sincères à votre fils. Votre affectionné et tendre ami et serviteur, VOLTAIRE.
P.S. − Que sont devenus vos frères ?
au Cardinal Querini
Parigi, 23 aprile.
Ho ricevuto l’onore della sua lettera, del 17 marzo, coi bellissimi versi che sono per me un nuovo cumulo di favore, di gloria, ed un nuovo stipolo che m’instigherebbe a correre più allegramente nella strada della virtù, se la mia devole salute non ritardasse il moi corso, e non fosse per infiacchire le mie piccole forze. Non posso credere che cotali versi sieno tutti composti da un giovane suo parente, e mi viene un piccolo dubbio, che vostra eminenza gli abbia dato in poco di ajuto. Diro seiosamente, e con riverenza ed ammirazione cio che dice Giunone da scherzo, opiuttosto con un amaro rimprovero :
Eggregiam vero laudem, et spolia ampla refertis,
Tuque, puerque tuus.
Æn., lib. IV
Ediro ancora al nipote :
Avunculus excitet Hector.
Æn., lib. III
Spero di ricevere, fra pochi giorni, il piego accennato nella di lei amabile lettera. In tanto le do avviso che ho presa la libertà di mandarle un piego per lavia di Venezia, no sapendo allora che vostra eminenza fosse per andarsene a Roma. Questo piego contiene una piccola Dissertazione intorno l’opinione volgare che pretende tutto il nostro globo esser stato spesso rovesciato e fracassato, e che asserisce le balen aver nuotato durante molti secoli sulla cima dell’ Alpi. Crédo io che la terra sia stata sempre come fu creata (li 150 giorni del diluvio in fuori).
Gli esemplari che ho mandati a vostra eminenza le capiteranno in Roma, e le saranno rimandati da Brescia. O che commercio ! Mi cumula ella di perle e d’oro, e gli mando in contraccambio schioccherie ; ma, se i miei tributi sono leggieri, non è cosi frale il moi ossequio, e la mia costante ammirazione.
Saro sempre coll’ umiltà più rispettosa, e colle più ardenti brame del moi cuore, etc.