CORRESPONDANCE - Année 1746 - Partie 4

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à M. Amman

 

SECRÉTAIRE DE L’AMBASSADEUR DE NAPLES, À PARIS.

 

 

A Versailles, ce 26 Mars 1746.

 

 

Tu vatem vates laudatus Apolline laudas,

Concedisque tua decerptas fronte coronas.

Carminibus nostram petis ad certamina musam.

O utinam videar tibi respondere paratus !

Sed quondam dulcis vox deficit, atque labore

Nunc defessus, iners, ignava silentia servans,

Semper amans Phœbi, non exauditus ab illo,

Te miror ; victus, non invidus, arma repono.

 

 

         On m’a renvoyé ici, monsieur, les vers charmants que vous avez bien voulu m’adresser ; je ne puis que les admirer, et non les imiter. C’est en remerciant celui qui me loue si bien, que j’ai l’honneur d’être, avec reconnaissance, etc.

 

 

 

 

 

à M. de Moncrif

Mars 1746.

 

         Mon cher Sylphe, dont je n’ose encore m’appeler le confrère (1), mais dont je serai toute ma vie l’ami le plus tendre, je vous cherche partout pour vous dire combien il me sera doux d’être lié avec vous par un titre nouveau. Je suis pénétré de tout ce que vous avez fait pour moi ; mais comment me conduirai-je, au sujet du libelle diffamatoire dans lequel l’Académie est outragée, et moi si horriblement déchiré ? Il n’est que trop prouvé, aux yeux de tout Paris, que le sieur Roi est l’auteur de ce libelle coupable. C’est la vingtième diffamation dont il est reconnu l’auteur, et il n’y a pas longtemps qu’il écrivit deux lettres anonymes à M. le duc de Richelieu. Il a comblé la mesure de ses crimes ; mais je dois respecter la protection qu’il se vante d’avoir surprise auprès de la reine. Il a pris les apparences de la vertu pour être reçu chez la plus vertueuse princesse de la terre. C’est la seule manière de la tromper ; mais cette même vertu, dont sa majesté donne tant d’exemples, permettra sans doute que je me serve des voies de la justice pour faire connaître le crime. Je vous supplie d’exposer à la reine mes sentiments, et de lui demander pour moi la permission de suivre cette affaire. Je ne ferai rien sans le conseil du directeur de l’Académie, et, surtout, sans que vous m’ayez mandé que la reine trouve bon que j’agisse. Vous pourriez même peut-être lui lire ma lettre ; elle y découvrirait un cœur plus touché des sentiments d’admiration que ses vertus inspirent, qu’il n’est pénétré du mal que le sieur Roi m’a voulu faire.

 

         Adieu, homme aimable et digne de servir celle que la France adore.

 

 

1 – A l’Académie française. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. de Moncrif    (1)

 

 

         Aimable Sylphe, je sais toutes les faveurs célestes que vous m’avez faites dans votre moyenne région ; j’y serai sensible toute ma vie dans mon séjour terrestre. Mais que dites-vous de ce monstre sorti des enfers, qui prétend qu’on lui a rendu la lyre, et qui fait imprimer le libelle diffamatoire le plus punissable contre l’Académie et contre moi (2) ? Je pense que cette satire vaut une recommandation, et que vos confrères n’en seront que plus affermis dans leurs bontés pour moi. Ils ne souffriront pas que ce scélérat les fasse rougir de leur choix. Mais comment la plus vertueuse de toutes les reines peut-elle souffrir quelquefois le plus scélérat des hommes ? Je vous le dirai hardiment, vous vous rendez coupable si vous ne représentez pas à sa majesté la vérité. Cette dernière satire est trop atroce, et ce n’est pas à la reine à paraître protéger le crime. En vérité, voici l’occasion d’effacer la honte que ce misérable jette sur la cour. Adieu, je vous embrasse avec la plus tendre reconnaissance.

 

 

1 – Editions de Cayrol et A. François. (G.A.)

 

2 – Discours prononcé à la porte de l’Académie, suivi du  Triomphe poétique, par Roy. (G.A.)

 

 

 

 

 

à Monsignor G. Cerati

 

A FIRENZE, O A PIZA.

Parigi, 6 aprile (1).

 

         Vostra signoria illustrissima è venuta inquesto paese, e ci ha dato nuove istruzioni, mentre io non ho potuto acquistarne in Firenze ne in Piza. Ella parla la nostra lingua colla più elegante finezza, ed io non posso senza gran fatica esprimermi in italiano. Sono infelicemente innamorato della vostra lingua e del votro paese. Ho cercato d’alleviare un poco il dolore che io risento di non aver mai viaggiato di là d’ell’ Alpi, scivendo almeno un qualche Saggio in italiano ; la prego di ricevere colla sua solita benignità questi fogli, e mi lusingo ancora che avrà la bontà di presentarne alcuni esemplari alle Accademie fiorentine, dalle quali non spero già applauso, ma molto ambirei una favorevole indulgenza. Io gogo l’onore d’essere suo compagno nell’ Instituto di Bologna, e nalla Società di Londra ; ma se un nuovo grado d’onore, un nuovo vincolo potesse naturalizzarmi Italiano, simile consolazione sminuirebbe il moi eterno rammarico di non aver veduto l’antica patria e la culla delle scienze ; rimetto tutto alla sua cortesissima gentilezza.

 

         Vi è un altro piccolo affare, sopra il quale supplico V.S. illustrissima di darmi il suo avviso, e di favorirmi delle sue istruzioni. Si traita qui della scomunica fulminata da alcuni vescovi e curati contro i commedianti del re, che sono pagati e mantuneti da sua maestà, e che non rappresentano mai tragedia nè commedia se non approvata dai magistrati, e munita di tutti i contrassegni dell’ autorità pubblica ; Si dice qui comunemente che questa contradizione tra il governo e la Chiesa non si trova in Roma, e che i virtuosi mantenuti a spese pubbliche non sono sottoposti a questa crudele infamia.

 

         La supplico, colla più viva premura, di dirmi come si usa in Roma ed in Firenze con questi tali ; se siano scomunicati, o no ; e quali siano insieme le regole e la tolleranza. Mi farà un pregiatissimo favore, se si compiacerà di darmi sodi insegnamenti intorno a questa materia. La prego d’indirizzare la sua risposta al signor de La Reynière, fermier-général des postes, à Paris.

 

         La supplico di scusarmi se questa lettera sia scitta d’un’ altra mano, perchè sono gravemente ammalato. Ma dalla mia malattia non vengono indevoliti i sentimenti coi quali saro sempre…

 

 

P.S. – Sa vene che il signor de La Marea è morto.

 

 

1 – Editeurs, de Cayrol et A. François. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. de Moncrif

A Paris, le 7 Avril 1746 (1).

 

         J’ai reçu, mon très sage et très aimable ami, le paquet que vous m’avez envoyé. Je vous remercie bien davantage de votre conversation avec le père Perrusseau (2) ; il est d’une compagnie à laquelle je dois mon éducation, et le peu que je sais. Il n’y a guère de jésuites qui ne sachent que je leur suis attaché dès mon enfance. Les jansénistes peuvent n’être pas mes amis ; mais assurément les jésuites doivent m’aimer, et ils manqueraient à ce qu’ils doivent à la mémoire du père Porée, qui me regardait comme son fils, s’ils n’avaient pas pour moi un peu d’amitié. Le pape, en dernier lieu, a chargé M. le bailli de Tencin de me faire des compliments de la part de sa sainteté, et de m’assurer de sa protection et de sa bienveillance. Je me flatte que les bontés déclarées du père commun m’assurent de celles des principaux enfants, et d’ailleurs le père Perrusseau pourra savoir un jour que, sans avoir l’honneur de le connaître, je me suis intéressé à lui plus qu’il ne pensait. Mon attachement pour un très grand roi hérétique ne m’a pas gâté, comme vous voyez.

 

         Adieu ; soyez bien sûr que je suis plus reconnaissant et plus tendre pour mes amis que pour les monarques. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

 

 

1 – Editeurs, de Cayrol et A. François. (G.A.)

 

2 – Confesseur du roi. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. l’abbé Alary     (1)

A Paris, le 7 Avril 1746..

 

 

         Que dites-vous, mon cher monsieur, de ce poète Roy ? Trouvez-vous qu’il ait assez comblé la mesure ? Il y a plus de dix personnes dans Paris qui lui ont entendu lire le libelle affreux qu’on vend publiquement. J’ose souhaiter l’unanimité des suffrages (2) pour réponse à cette infamie ; ce sera là sa première punition. J’attends de votre amitié, et de la haine que les scélérats doivent inspirer, qu’on aura pour moi plus de bonté que je n’aurais droit d’en attendre, s’il ne s’agissait pas dans cette occasion de confondre l’ennemi public. Roy doit me servir en voulant me nuire : votre amitié et sa rage me sont également honorables.

 

 

1 – Editeurs, de Cayrol et A. François. Alary était membre de l’Académie. (G.A.)

 

2 – Il fut élu par vingt-huit voix sur vingt-neuf, à la place du président Bouhier. (G.A.)

 

 

 

 

 

au Cardinal Querini

Parigi, 12 aprile.

 

 

         Mi è stato detto che vostra eminenza non aveva ricevuto le lettere da me scritte. Se sono smarrite, saro riputato appresso di vostra eminenza il più ingrato di tutti gli uomini. Si è degnata di dare l’immortalità al Poema di Fontenoy ; m’ ha favorito della sua bella lettera pastorale, della stampa del magnifico monumento eretto da lei nel suo palazzo di Brescia ; in somma è divenuta il moi Mecenate, e non riveve da me il menomo testimonio della mia gratitudine. Sono pero  più infelice che colpevole. Ho scritto a vostra eminenza tre o quattro volte ; l’ho ringraziata, le ho spiegato il moi cuore ; ho pensato che il suo nome sarebbe riverito anche da’ barbari che possono svaliggiare i corrieri ; ho mandato le mie lettere alla posta senza altra diligenza. Dopo questo il signore ambasciadore di Venezia m’ ha dato la licenza di mettere nel suo piego tutte le lettere che avrei da oggi in avanti l’onore di scrivere a vostra eminenza. Usero di questa libertà, e mi lusingo che il signor Tron, essendo il suo nipote, sarà un nuovo vincolo dal quale verranno raddoppiati quelli che mi ritengono sotto il suo caro patrocinio, e che stringono la mia ossequiosa servitù. Mi perdoni se non ho potuto scrivere di proprio pugno ; sono gravemente ammalato. Ma benchè le mie forze siano molto indebolite, non sono sminuiti i vivi sentimenti del moi riverente ossequio.

 

         Bacio la sua sacra porpora, e mi confermo, etc.

 

 

 

 

 

à M. le prince de Craon

(1)

 

 

         Sia lecito ad un antico servitore di tutta la sua famiglia, particolarmente honorato dell’ amicizia del principe di Beauvau, suo pregiatissimo giglio, d’inviare alla vostra altezza questo piccolo saggio. Rendo questo homaggio alla lingua italiana, e piglio la libertà di metterlo sotto il suo patrocinio. Se ella si degnasse di presentarlo all’Accademia della Crusca, ed a quelle altre che sono nel suo governamento, sareil troppo fortunato. Ho già l’onore d’essere aggregato all’ Instituto di Bologna ; ma favorito da vostra altezza, potrei forse aspirare ad altri onori, che mi renderebbero, benche da lungi, uno de’ suoi vassalli. Non voglio infastidirla con una longa tediosa lettera ; ma le saro eternamente obbligato. In tanto m’inchinando le con ogni maggiore ossequio, mi protesto di sua altezza umilissimo e devotissimo servitore.

 

 

1 – Editeurs, de Cayrol et A. François. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. le marquis d’Argenson

Le 15 Avril 1746.

 

         Je suis bien malade, mais vous me rendez la santé, et vous l’allez rendre à la patrie. Je viens de lire votre préambule ; il n’y a que des points et des virgules à y mettre. Je vous le renverrai, ou vous le rapporterai. Je vous garderai le plus profond secret, et la France vous gardera longtemps, monseigneur, la plus profonde reconnaissance. Je me flatte que votre petit préambule en fera faire bientôt un autre plus général, et que les Hollandais ne feront pas comme le roi de Sardaigne.

 

         Ah ! que la sentence de Comines, qui est dans votre portefeuille, vous sied bien ! En vérité, vous êtes un homme adorable. Vous allez dormir avec des feuilles d’olive sous votre chevet.

 

 

 

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