LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 112

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 112

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 112)

 

 

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ROIS.

 

 

 

LIVRE IV.

 

 

 

 

 

 

 

      Il n'y eut point avant Josias de roi semblable, qui revînt au Seigneur de tout son cœur, de toute son âme, et de toute sa force, et on n'en a point vu non plus après lui...

 

      Cependant l'extrême fureur d'Adonaï ne s'apaisa point, parce que Manassé, père de Josias, l'avait fort irrité. C'est pourquoi Adonaï dit : Je rejetterai Juda de ma face, comme j'ai rejeté Israël ; et je rejetterai Jérusalem et la maison que j'ai choisie (1).

 

      En ce temps-là (Chapitre XXIII, v. 29) le pharaon Néchao, roi d'Égypte, marcha contre le roi des Assyriens au fleuve de l'Euhrate ; et Josias marcha contre lui, et il fut tué dès qu'il parut.

 

      Pharaon Néchao prit Joachaz, le fils de Josias, et l'enchaîna dans la terre d'Emath, afin qu'il ne régnât point à Jérusalem, et il condamna Jérusalem à payer cent talents d'argent et un talent d'or...

 

      Et pharaon Néchao établit roi à Jérusalem Eliacin, autre fils de Josias, et lui changea son nom en celui de Joachim (2).

 

      En ce temps-là (Chapitre XXIV, v. 1.) Nabuchodonosor, roi de Babylone, marcha contre Juda ; et Joachim fut son esclave pendant trois ans, après quoi il se révolta...

 

      Alors le Seigneur envoya des troupes de brigands de Chaldée, de Syrie, de Moab, d'Ammon, contre Juda, pour l'exterminer selon le verbe que le Seigneur avait fait entendre par ses serviteurs les prophètes (3)... Et Joachim s'endormit avec ses pères ; et son fils Joachim régna à sa place.

 

      Et Nabuchodonosor vint avec ses gens pour prendre Jérusalem. Joachim, roi de Juda, sortit de la ville, et vint se rendre au roi de Babylone avec sa mère, ses serviteurs, ses princes, ses eunuques, la huitième année de son règne...

 

 

 

 

 

 

 

1 - L'auteur du livre des Rois nous dit que jamais roi ne fut si pieux, n'aima tant Dieu que Josias, et il ajoute que Dieu, pour récompense, rejette sa maison et Jérusalem, parce que Manassé, père de Josias, l'avait offensé. C'est sur quoi tous les critiques se récrient. Le prêtre de Juda, disent-ils, qui écrivit ce livre, veut insinuer que tous les rois de la terre n'auraient pu prendre Jérusalem, si le Seigneur ne la leur avait pas livrée ; mais pour que le Seigneur leur permette de détruire cette Jérusalem qui devait durer éternellement, il faut qu'il soit en colère contre elle : il ne peut être en colère contre Josias ; il l'est donc contre son père, c'est puissamment raisonner : aussi ne répliquons-nous rien à cet argument.

 

2 - Si Polybe et Xénophon avaient écrit cette histoire, convenons qu'ils l'auraient écrite autrement. Nous saurions ce que c'était que ce grand empire d'Assyrie, qui est l'instant d'après anéanti dans l'empire de Babylone ; nous apprendrions pourquoi ce Josias, favori du Seigneur, se déclara contre Néchao, roi d'Égypte C'était un grand spectacle que la puissance égyptienne combattant contre l'Asie ; c'étaient de grands intérêts, et qui méritaient d'être au moins exposés clairement. Les Paralipomènes nous apprennent que le pharaon d'Égypte envoya dire au melch Josias : "Qu'y a-t-il entre toi et moi, melch de Juda ? Je ne marche point contre toi, c'est contre une autre maison que Dieu m'a ordonné d'aller au plus vite ; ne t'oppose point à Dieu qui est avec moi, de peur qu'il ne te tue." (Liv. II, chapitre XXV, v. 21.)

 

Remarquez, lecteurs attentifs et sages, que toutes les nations adoraient un Dieu suprême, quoiqu'il y eût mille dieux subalternes, mille cultes différents : c'est une vérité dont vous trouverez des traces dans tous les livres grecs et latins, comme dans les livres hébreux, et dans le peu qui nous reste du Zenda-Vesta et des Védams. Le roi d'Égypte Néchao dit : Dieu est avec moi. Le roi de Ninive en avait dit autant. Le roi de Babylone disait : Dieu est avec moi. Voyez l'Iliade d'Homère ; chaque héros y a un dieu qui combat pour lui.

 

3 - Le Juif qui a écrit cette histoire court bien rapidement sur le plus grand et le plus fatal événement de sa patrie ; il semble qu'il n'ait voulu faire que des notes pour aider sa mémoire. Cette destruction de Jérusalem, cette captivité de la tribu de Juda, ces rois de Babylone et d'Égypte qui semblent se disputer cette proie ; ces brigands de Chaldée, de Syrie, de Moab, et d'Ammon, qui se réunissent tous contre une misérable honte de Juda sans défense : tout cela n'est ni annoncé ni expliqué ; cette histoire est plus sèche et plus confuse que tous les commentaires qu'on en a faits.

 

La saine critique demandait (humainement parlant) que l'auteur débrouillât d'abord les deux empires de Ninive et de Babylone, qu'il nous instruisit des intérêts que ces deux puissances eurent à démêler avec l'Égypte et avec la Syrie ; comment la petite province de Judée, enclavée dans la Syrie, subit le sort des peuples vaincus par le roi de Babylone. L'auteur nous dit bien que Dieu avait prédit tout cela par ses prophètes ; mais il fallait écrire un peu plus clairement pour les hommes. Au moins, quand Flavius Josèphe raconte l'autre destruction de Jérusalem dont il fut témoin, il développe très bien l'origine et les événements de cette guerre ; mais quand dans ses Antiquités judaïques (liv. X, chapitre VII), il parle de Nabuchodonosor qui brûle Jérusalem en passant, il ne nous en dit pas plus que le livre que nous cherchons en vain à commenter. Flavius Josèphe n'avait point d'autres archives que nous. Tous les documents de Babylone périrent avec elle, tous ceux de l'Égypte furent consumés dans l'incendie de ses bibliothèques. Trois peuples malheureux, opprimés et subjugués, ont conservé quelques histoires informes : les Parsis ou Guèbres, les descendants des anciens brachmanes, et les Juifs. Ceux-ci, quoique infiniment moins considérables, nous touchent de plus près, parce qu'une révolution inouïe a fait naître parmi eux la religion qui a passé en Europe. Nous faisons tous nos efforts pour démêler l'histoire de cette nation dont nous tenons l'origine de notre culte, et nous ne pouvons en venir à bout.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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