ESSAI SUR LES MŒURS ET L'ESPRIT DES NATIONS - Partie 24
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ESSAI
SUR LES MŒURS ET L’ESPRIT DES NATIONS
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(Partie 24)
XLV. DE JOSÈPHE, HISTORIEN DES JUIFS.
On ne doit pas s’étonner que l’histoire de Flavien Josèphe trouvât des contradicteurs quand elle parut à Rome. Il est vrai qu’il n’y en avait que très peu d’exemplaires, il fallait au moins trois mois à un copiste habile pour la transcrire. Les livres étaient très chers et très rares : peu de Romains daignaient lire les annales d’une chétive nation d’esclaves, pour qui les grands et les petits avaient un mépris égal. Cependant il paraît, par la réponse de Josèphe à Apion, qu’il trouva un petit nombre de lecteurs ; et l’on voit aussi que ce petit nombre le traita de menteur et de visionnaire.
Il faut se mettre à la place des Romains du temps de Titus, pour concevoir avec quel mépris mêlé d’horreur les vainqueurs de la terre connue et les législateurs des nations devaient regarder l’histoire du peuple juif. Ces Romains ne pouvaient guère savoir que Josèphe avait tiré la plupart des faits des livres sacrés dictés par le Saint-Esprit. Ils ne pouvaient pas être instruits que Josèphe avait ajouté beaucoup de choses à la Bible, et en avait passé beaucoup sous silence. Ils ignoraient qu’il avait pris le fond de quelques historiettes dans le troisième livre d’Esdras, et que ce livre d’Esdras est un de ceux qu’on nomme apocryphes.
Que devait penser un sénateur romain en lisant ces contes orientaux ? Josèphe rapporte (livre X, chap. XII), que Darius, fils d’Astyage, avait fait le prophète Daniel gouverneur de trois cent soixante villes, lorsqu’il défendit, sous peine de la vie, de prier aucun dieu pendant un mois. Certainement l’Ecriture ne dit point que Daniel gouvernait trois cent soixante villes.
Josèphe semble supposer ensuite que toute la Perse se fit juive.
Le même Josèphe donne au second temple des Juifs, rebâti par Zorobabel,une singulière origine.
Zorobabel, dit-il, était l’intime ami du roi Darius. Un esclave juif intime ami du roi des roi ! c’est à peu près comme si un de nos historiens nous disait qu’un fanatique des Cévennes, délivré des galères, était l’intime ami de Louis XIV.
Quoi qu’il en soit, selon Flavien Josèphe, Darius qui était un prince de beaucoup d’esprit, proposa à toute sa cour une question digne du Mercure galant, savoir : qui avait le plus de force, ou du vin, ou des rois, ou des femmes. Celui qui répondrait le mieux devait, pour récompense, avoir une tiare de lin, une robe de pourpre, un collier d’or, boire dans une coupe d’or, coucher dans un lit d’or, se promener dans un chariot d’or traîné par des chevaux enharnachés d’or, et avoir des patentes de cousin du roi.
Darius s’assit sur son trône d’or pour écouter les réponses de son académie de beaux esprits. L’un disserta en faveur du vin, l’autre fut pour les rois ; Zorobabel prit le parti des femmes. Il n’y a rien de si puissant qu’elles ; car j’ai vu, dit-il, Apamée, la maîtresse du roi mon seigneur, donner de petits soufflets sur les joues de sa sacrée majesté, et lui ôter son turban pour s’en coiffer.
Darius trouva la réponse de Zorobabel si comique, que sur-le-champ il fit rebâtir le temple de Jérusalem.
Ce conte ressemble assez à celui qu’un de nos plus ingénieux académiciens a fait de Soliman, et d’un nez retroussé, lequel a servi de canevas à un fort joli opéra bouffon. Mais nous sommes contraints d’avouer que l’auteur du nez retroussé n’a eu ni lit d’or, ni carrosse d’or, et que le roi de France ne l’a point appelé mon cousin : nous ne sommes plus au temps des Darius.
Ces rêveries dont Josèphe surchargeait les livres saints firent tort sans doute, chez les païens, aux vérités que la Bible contient. Les Romains ne pouvaient distinguer ce qui avait tiré d’une source sacrée. Cette Bible, sacrée pour nous, était ou inconnue aux Romains, ou aussi méprisée d’eux que Josèphe lui-même. Tout fut également l’objet des railleries et du profond dédain que les lecteurs conçurent pour l’histoire juive. Les apparitions des anges aux patriarches, le passage de la mer Rouge, les dix plaies d’Egypte ; l’inconcevable multiplication du peuple juif en si peu de temps, et dans un aussi petit terrain ; le soleil et la lune s’arrêtant en plein midi, pour donner le temps à ce peuple brigand de massacrer quelques paysans déjà exterminés par une pluie de pierres ; tous les prodiges qui signalèrent cette nation ignorée, furent traités avec ce mépris qu’un peuple vainqueur de tant de nations, un peuple-roi, mais à qui Dieu s’était caché, avait naturellement pour un petit peuple barbare réduit en esclavage.
Josèphe sentait bien que tout ce qu’il écrivait révolterait des auteurs profanes ; il dit en plusieurs endroits : Le lecteur en jugera comme il voudra. Il craint d’effaroucher les esprits ; il diminue, autant qu’il le peut, la foi qu’on doit aux miracles. On voit à tout moment qu’il est honteux d’être Juif, lors même qu’il s’efforce de rendre sa nation recommandable à ses vainqueurs. Il faut sans doute pardonner aux Romains, qui n’avaient que le sens commun, qui n’avaient pas encore la foi, de n’avoir regardé l’historien Josèphe que comme un misérable transfuge qui leur contait des fables ridicules, pour tirer quelque argent de ses maîtres. Bénissons Dieu, nous qui avons le bonheur d’être plus éclairés que les Titus, les Trajan, les Antonin, et que tout le sénat et les chevaliers romains nos maîtres ; nous qui, éclairés par des lumières supérieures, pouvons discerner les fables absurdes de Josèphe, et les sublimes vérités que la sainte Ecriture nous annonce.
XLVI. D’UN MENSONGE DE FLAVIEN JOSÈPHE,
CONCERNANT ALEXANDRE ET LES JUIFS.
Lorsque Alexandre, élu par tous les Grecs, comme son père, et comme autrefois Agamemnon, pour aller venger la Grèce des injures de l’Asie, eut remporté la victoire d’Issus, il s’empara de la Syrie, l’une des provinces de Darah ou Darius ; il voulait s’assurer de l’Egypte avant de passer l’Euphrate et le Tigre, et ôter à Darius tous les ports qui pourraient lui fournir des flottes. Dans ce dessein, qui était celui d’un très grand capitaine, il fallut assiéger Tyr. Cette ville était sous la protection des rois de perse et souveraine de la mer ; Alexandre la prit après un siège opiniâtre de sept mois, et y employa autant d’art que de courage ; la digue qu’il osa faire sur la mer est encore aujourd’hui regardée comme le modèle que doivent suivre tous les généraux dans de pareilles entreprises. C’est en imitant Alexandre que le duc de Parme prit Anvers, et le cardinal de Richelieu, La Rochelle (s’il est permis de comparer les petite choses aux grandes). Rollin, à la vérité, dit qu’Alexandre ne prit Tyr que parce qu’elle s’était moquée des Juifs, et que Dieu voulut venger l’honneur de son peuple ; mais Alexandre pouvait avoir encore d’autres raisons : il fallait, après avoir soumis Tyr, ne pas perdre un moment pour s’emparer du port de Pélus. Ainsi Alexandre ayant fait une marche forcée pour surprendre Gaza, il alla de Gaza à Péluse en sept jours. C’est ainsi qu’Arrien, Quinte-Curce, Diodore, Paul Orose même, le rapportent fidèlement d’après le journal d’Alexandre.
Que fait Josèphe pour relever sa nation sujette des Perses, tombée sous la puissance d’Alexandre, avec toute la Syrie, et honorée depuis de quelques privilèges par ce grand homme ? Il prétend qu’Alexandre, en Macédoine, avait vu en songe le grand-prêtre des Juifs, Jaddus (supposé qu’il y eût en effet un prêtre juif dont le nom finît en us) (1) ; que ce prêtre l’avait encouragé à son expédition contre les Perses, que c’était par cette raison qu’Alexandre avait attaqué l’Asie. Il ne manqua donc pas, après le siège de Tyr, de se détourner de cinq ou six journées de chemin pour aller voir Jérusalem. Comme le grand-prêtre Jaddus avait autrefois apparu en songe à Alexandre, il reçut aussi en songe un ordre de Dieu d’aller saluer ce roi ; il obéit, et, revêtu de ses habits pontificaux, suivi de ses lévites en surplis, il alla en procession au-devant d’Alexandre. Dès que ce monarque vit Jaddus, il reconnut le même homme qui l’avait averti en songe, sept ou huit ans auparavant, de venir conquérir la Perse, et il le dit à Parménion. Jaddus avait sur sa tête son bonnet orné d’une lame d’or, sur laquelle était gravé un mot hébreu. Alexandre, qui, sans doute, entendait l’hébreu parfaitement, reconnut aussitôt le nom de Jéhova, et se prosterna humblement, sachant bien que Dieu ne pouvait avoir que ce nom. Jaddus lui montra aussitôt des prophéties qui disaient clairement « qu’Alexandre s’emparerait de l’empire des Perses ; » prophéties qui n’avaient point été faites après la bataille d’Issus. Il le flatta que Dieu l’avait choisi pour ôter à son peuple chéri toute espérance de régner sur la terre promise ; ainsi qu’il avait choisi autrefois Nabuchodonosor et Cyrus, qui avaient possédé la terre promise l’un après l’autre. Ce conte absurde du romancier Josèphe ne devait pas, ce me semble, être copié par Rollin, comme s’il était attesté par un écrivain sacré.
Mais c’est ainsi qu’on a écrit l’histoire ancienne, et bien souvent la moderne (2).
1 – C’est Iaddoua. (G.A.)
2 – Le Talmud de Babylone fait la même histoire sur Alexandre. Seulement le grand-prêtre n’est pas laddoua, mais Siméon-le-Juste. Les Samaritains racontent aussi l’entrevue d’Alexandre et du grand-prêtre de Jérusalem.(G.A.)
XLVII. DES PRÉJUGÉS POPULAIRES AUXQUELS
LES ÉCRIVAINS SACRÉS ONT DAIGNÉ SE
CONFORMER PAR CONDESCENDANCE.
Les livres saints sont faits pour enseigner la morale, et non la physique.
Le serpent passait dans l’antiquité pour le plus habile de tous les animaux. L’auteur du Pentateuque veut bien dire que le serpent fut assez subtil pour séduire Eve. On attribuait quelquefois la parole aux bêtes : l’écrivain sacré fait parler le serpent et l’ânesse de Balaam. Plusieurs Juifs et plusieurs docteurs chrétiens ont regardé cette histoire comme une allégorie ; mais, soit emblème, soit réalité, elle, elle est également respectable. Les étoiles étaient regardées comme des points dans les nuées : l’auteur divin se proportionne à cette idée vulgaire, et dit que la lune fut faite pour présider aux étoiles.
L’opinion commune était que les cieux étaient solides ; on les nommait en hébreu rakiak, mot qui répond à une plaque de métal, à un corps étendu et ferme, et que nous traduisîmes par firmament. Il portait des eaux, lesquelles se répandaient par des ouvertures. L’Ecriture se proportionne à cette physique ; et enfin on a nommé firmament, c’est-à-dire plaque, que profondeur immense de l’espace dans lequel on aperçoit à peine les étoiles les plus éloignées à l’aide des télescopes.
Les Indiens, les Chaldéens, les Persans, imaginaient que Dieu avait formé le monde en six temps. L’auteur de la Genèse, pour ne pas effaroucher la faiblesse des Juifs, représentent Dieu formant le monde en six jours, quoique un mot et un instant suffisent à sa toute-puissance. Un jardin, des ombrages, étaient un très grand bonheur dans des pays secs et brûlés du soleil ; le divin auteur place le premier homme dans un jardin.
On n’avait point d’idée d’un être purement immatériel : Dieu est toujours représenté comme un homme ; il se promène à midi dans le jardin, il parle, et on lui parle.
Le mot âme, ruah ; signifie le souffle, la vie, l’âme est toujours employée pour la vie dans le Pentateuque.
On croyait qu’il y avait des nations de géants, et la Genèse veut bien dire qu’ils étaient les enfants des anges et des filles des hommes.
On accordait aux brutes une espèce de raison. Dieu daigne faire alliance, après le déluge, avec les brutes comme avec les hommes.
Personne ne savait ce que c’est que l’arc-en-ciel ; il était regardé comme une chose surnaturelle, et Homère en parle toujours ainsi. L’Ecriture l’appelle l’arc de Dieu, le signe d’alliance.
Parmi beaucoup d’erreurs auxquelles le genre humain a été livré, on croyait qu’on pouvait faire naître des animaux de la couleur qu’on voulait, en présentant cette couleur aux mères avant qu’elles conçussent : l’auteur de la Genèse dit que Jacob eut des brebis tachetées par cet artifice.
Toute l’antiquité se servait des charmes contre la morsure des serpents ; et quand la plaie n’était pas mortelle, ou qu’elle était heureusement sucée par des charlatans nommés Psylles, ou qu’enfin on avait appliqué avec succès des topiques convenables, on ne doutait pas que les charmes n’eussent opéré. Moïse éleva un serpent d’airain dont la vue guérissait ceux que les serpents avaient mordus. Dieu changeait une erreur populaire en une vérité nouvelle.
Une des plus anciennes erreurs était l’opinion que l’on pouvait faire naître des abeilles d’un cadavre pourri. Cette idée était fondée sur l’expérience journalière de voir des mouches et des vermisseaux couvrir les corps des animaux. De cette expérience, qui trompait les yeux, toute l’antiquité avait conclu que la corruption est le principe de la génération. Puisqu’on croyait qu’un corps mort produisait des mouches, on se figurait que le moyen sûr de se procurer des abeilles était de préparer les peaux sanglantes des animaux de la manière requise pour opérer cette métamorphose. On ne faisait pas réflexion combien les abeilles ont d’aversion pour toute chair corrompue, combien toute infection leur est contraire. La méthode de faire naître ainsi des abeilles ne pouvait réussir ; mais on croyait que c’était faute de s’y bien prendre. Virgile, dans son quatrième chant des Géorgiques, dit que cette opération fut heureusement faite par Aristée ; mais aussi il ajoute que c’est un miracle, mirabile monstrum (Georgiques, livre IV, v. 554).
C’est en rectifiant cet antique préjugé qu’il est rapporté que Samson trouva un essaim d’abeilles dans la gueule d’un lion qu’il avait déchiré de ses mains.
C’était encore une opinion vulgaire que l’aspic se bouchait les oreilles, de peur d’entendre la voix de l’enchanteur. Le Psalmiste se prête à cette erreur en disant, psaume LVII : « Tel que l’aspic sourd qui bouche ses oreilles, et qui n’entend point les enchanteurs. »
L’ancienne opinion, que les femmes font tourner et vin et le lait, empêchent le beurre de se figer, et font périr les pigeonneaux dans les colombiers quand elles ont leurs règles, subsiste encore dans le petit peuple, ainsi que les influences de la lune. On crut que les purgations des femmes étaient les évacuations d’un sang corrompu, et que si un homme approchait de sa femme dans ce temps critique, il faisait nécessairement des enfants lépreux et estropiés : cette idée avait tellement prévenu les Juifs, que le Lévitique, chapitre XX, condamne à mort l’homme et la femme qui se seront rendu le devoir conjugal dans ce temps critique.
Enfin l’Esprit saint veut bien se conformer tellement aux préjugés populaires, que le Sauveur lui-même dit qu’on ne met jamais le vin nouveau dans de vieilles futailles, et qu’il faut que le blé pourrisse pour mûrir.
Saint Paul dit aux Corinthiens, en voulant leur persuader la résurrection : « Insensés, ne savez-vous pas qu’il faut que le grain meure pour se vivifier ? » On sait bien aujourd’hui que e grain ne pourrit ni ne meurt en terre pour lever ; s’il pourrissait, il ne lèverait pas ; mais alors on était dans cette erreur, et le Saint-Esprit daignait en tirer des comparaisons utiles. C’est ce que saint Jérôme appelle parler par économie.
Toutes les maladies de convulsions passèrent pour des possessions de diables, dès que la doctrine des diables fut admise. L’épilepsie, chez les Romains comme chez les Grecs, fut appelée le mal sacré. La mélancolie, accompagnée d’une espèce de rage, fut encore un mal dont la cause était ignorée ; eux qui en étaient attaqués erraient la nuit en hurlant autour des tombeaux. Ils furent appelés démoniaques, lycanthropes, chez les Grecs. L’Ecriture admet des démoniaques qui errent autour des tombeaux.
Les coupables, chez les anciens Grecs, étaient souvent tourmentés des Furies ; elles avaient réduit Oreste à un tel désespoir, qu’il s’était mangé un doigt dans un accès de fureur ; elles avaient poursuivi Alcméon, Etéocle et Polynice. Les Juifs hellénistes, qui furent instruits de toutes les opinions grecques, admirent enfin chez eux des espèces de Furies, des esprits immondes, des diables qui tourmentaient les hommes. Il est vrai que les saducéens ne reconnaissaient point de diables ; mais les pharisiens les reçurent un peu avant le règne d’Hérode. Il y avait alors chez les Juifs des exorcistes qui chassaient les diables ; ils se servaient d’une racine qu’ils mettaient sous le nez des possédés, et employaient une formule tirée d’un prétendu livre de Salomon. Enfin ils étaient tellement en possession de chasser les diables, que notre Sauveur lui-même, accusé, selon saint Matthieu, de les chasser par les enchantements de Belzébuth, accorde que les Juifs ont le même pouvoir, et leur demande si c’est par Belzébuth qu’ils triomphent des esprits malins.
Certes, si les mêmes Juifs qui firent mourir Jésus avaient eu le pouvoir de faire de tels miracles, si les pharisiens chassaient en effet les diables, ils faisaient donc le même prodige qu’opérait le Sauveur. Ils avaient le don que Jésus communiquait à ses disciples ; et s’ils ne l’avaient pas, Jésus se conformait donc au préjugé populaire, en daignant supposer que ses implacables ennemis, qu’il appelait race de vipères, avaient le don des miracles et dominaient sur les démons. Il est vrai que ni les Juifs ni les chrétiens ne jouissent plus aujourd’hui de cette prérogative longtemps si commune. Il y a toujours des exorcistes, mais on ne voit plus de diables ni de possédés : tant les choses changent avec le temps. Il était dans l’ordre alors qu’il y eût des possédés, et il est bon qu’il n’y en ait plus aujourd’hui. Les prodiges nécessaires pour élever un édifie divin sont inutiles quand il est au comble. Tout a changé sur la terre : la vertu seule ne change jamais. Elle est semblable à la lumière du soleil, qui ne tient presque rien de la matière connue, et qui est toujours pure, toujours immuable, quand tous les éléments se confondent sans cesse. Il ne faut qu’ouvrir les yeux pour bénir son auteur.