SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 23 - N et O

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SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 23 - N et O

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CATALOGUE

 

DE LA PLUPART DES ÉCRIVAINS FRANÇAIS

 

QUI ONT PARU DANS LE SIÈCLE DE LOUIS XIV,

 

Pour servir à l’histoire littéraire de ce temps.

 

 

 

 

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NAUDÉ (Gabriel)

 

1600 - 1653

 

 

Né à Paris, en 1600 ; médecin et plus philosophe que médecin. Attaché d’abord au cardinal Barberin, à Rome, puis au cardinal de Richelieu, au cardinal Mazarin, et ensuite à la reine Christine, dont il alla quelque temps grossir la cour savante ; retiré enfin à Abbeville, où il mourut dès qu’il fut libre. De tous ses livres, son Apologie des grands hommes accusés de magie est presque le seul qui soit demeuré. On ferait un plus gros livre des grands hommes accusés d’impiété depuis Socrate.

 

Popoulus nam solos credit habendos

Esse deos quos ipse colit.

 

                                                                                   JUV., sat. XV, v. 37.

 

Mort en 1653.

 

 

 

 

 

NEMOURS (Marie de Longueville, duchesse de)

 

1625 - 1707

 

 

Née en 1625. On a d’elle des Mémoires où l’on trouve quelques particularités des temps malheureux de la Fronde. Morte en 1707.

 

 

 

 

 

NEVERS (Philippe-Julien Mazarin Mancini, duc de)

 

? - 1707

 

 

On a de lui des pièces de poésie d’un goût très singulier. Il ne faut pas s’en rapporter au sonnet parodié par Racine et Despréaux :

 

Dans un palais doré, Nevers jaloux et blême

Fait des vers où jamais personne n’entend rien.

 

Il en faisait qu’on entendait très aisément et avec grand plaisir, comme ceux-ci contre Rancé, le fameux réformateur de la Trappe, qui avait écrit contre l’archevêque Fénelon :

 

Cet abbé qu’on croyait pétri de sainteté,

Vieilli dans la retraite et dans l’humilité,

Orgueilleux de ses croix bouffi de sa souffrance,

Rompt ses sacrés statuts en rompant le silence ;

Et, contre un saint prélat s’animant aujourd’hui,

Du fond de ses déserts déclame contre lui ;

Et moins humble de cœur que fier de sa doctrine,

Il ose décider ce que Rome examine.

 

Son esprit et ses talents se sont perfectionnés dans son petit-fils. Mort en 1707.

 

 

 

 

 

NICÉRON (Jean-Pierre)

 

1685 - 1738

 

 

Barnabite, né à Paris, en 1685, auteur des Mémoires sur les hommes illustres dans les lettres. Tous ne sont pas illustres, mais il parle de chacun convenablement ; il n’appelle point un orfèvre grand homme. Il mérite d’avoir place parmi les savants utiles (*). Mort en 1738.

 

 

* Voltaire lui emprunta beaucoup pour composer ce Catalogue. (G.A.)

 

 

 

 

 

NICOLE (Pierre)

 

1625 - 1695

 

 

Né à Chartres, en 1625, un des meilleurs écrivains de Port-Royal. Ce qu’il a écrit contre les jésuites n’est guère lu aujourd’hui ; et ses Essais de morale, qui sont utiles au genre humain, ne périront pas. Le chapitre, surtout, des moyens de conserver la paix dans la société, est un chef-d’œuvre auquel on ne trouve rien d’égal en ce genre dans l’antiquité ; mais cette paix est peut-être aussi difficile à établir que celle de l’abbé de Saint-Pierre. Mort en 1695.

 

 

 

 

 

NIVELLE DE LA CHAUSSÉE (Pierre-Claude)

 

1692 – 1750

 

 

Il a fait quelques comédies dans un genre nouveau et attendrissant, qui ont eu du succès. Il est vrai que pour faire des comédies il lui manquait le génie comique. Beaucoup de personnes de goût ne peuvent souffrir des comédies où l’on ne trouve pas un trait de bonne plaisanterie ; mais il y a du mérite à savoir toucher, à traite traiter la morale, à faire des vers bien tournés et purement écrits : c’est le mérite de cet auteur. Il était né sous Louis XIV. On lui a reproché que ce qui approche du tragique dans ses pièces n’est pas toujours assez intéressant, et que ce qui est du ton de la comédie n’est pas plaisant. L’alliage de ces deux métaux est difficile à trouver. On croit que La Chaussée est un des premiers après ceux qui ont eu du génie. Il est mort vers l’année 1750 (*)

 

 

* Né en 1692, mort en 1754. Article composé en 1757. (G.A.)

 

 

 

 

 

NODOT

 

1688 - ?

 

 

N’est connu que par ses fragments de Pétrone, qu’il dit avoir trouvés à Belgrade, en 1688. Les lacunes qu’il a en effet remplies ne me paraissent pas d’un aussi mauvais latin que ses adversaires le disent. Il y a des expressions, à la vérité, dont ni Cicéron, ni Virgile, ni Horace, ne se servent ; mais le vrai Pétrone est plein d’expressions pareilles, que de nouvelles mœurs et de nouveaux usages avaient mises à la mode. Au reste, je ne fais cet article touchant Nodot que pour faire voir que la satire de Pétrone n’est point du tout celle que le consul Pétrone envoya, dit-on, à Néron, avant de se faire ouvrir les veines : « Flagitia principis sub nominibus exoleorum fœminarumque, et novitate cujusque stupri perscripsit, alque obsignata misit Neroni. »

 

On a prétendu que le professeur Agamemnon est Sénèque ; mais le style de Sénèque est précisément le contraire de celui d’Agamemnon, turgida oratio ; Agamemnon est un plat déclamateur de collège.

 

On ose dire que Trimalcion est Néron. Comment un jeune empereur, qui après tout avait de l’esprit et des talents, peut-il être représenté par un vieux financier ridicule, qui donne à dîner à des parasites plus ridicules encore, et qui parle avec autant d’ignorance et de sottise que le Bourgois gentilhomme de Molière ?

 

Comment la crasseuse et idiote Fortunata, qui est fort au-dessous de madame Jourdain, pourrait-elle être la femme ou la maîtresse de Néron ? quel rapport des polissons de collège, qui vivent de petits larcins dans des lieux de débauche obscurs, peuvent-ils avoir avec la cour magnifique et voluptueuse d’un empereur ? Quel homme sensé, en lisant cet ouvrage licencieux, ne jugera pas qu’il est d’un homme effréné, qui a de l’esprit, mais dont le goût n’est pas encore formé ; qui fait tantôt des vers agréables, et tantôt de très mauvais ; qui mêle les plus basses plaisanteries aux plus délicates, et qui est lui-même un exemple de la décadence du goût dont il se plaint ?

 

La clef qu’on a donnée de Pétrone ressemble à celle des Caractères de La Bruyère ; elle est faite au hasard.

 

 

 

 

 

 

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OZANAM (Jacques)

 

1642 - 1717

 

 

Juif d’origine, né près de Dombes, en 1642. Il apprit la géométrie sans maître, dès l’âge de quinze ans. Il est le premier qui ait fait un dictionnaire de mathématiques. Ses Récréations mathématiques et physiques ont toujours un grand débit ; mais ce n’est plus l’ouvrage d’Ozanam, comme les dernières éditions de Moréri ne sont plus son ouvrage. Mort en 1717.

 

 

 

 

 

 

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