STANCE : A Frédéric, roi de Prusse
Photo de PAPAPOUSS
A FRÉDÉRIC, ROI DE PRUSSE,
POUR EN OBTENIR LA GRÂCE D’UN FRANÇAIS DÉTENU
DEPUIS LONGTEMPS DANS LES PRISONS DE SPANDAU
(1)
− 1743 −
Génie universel, âme sensible et ferme,
Grand homme, il est sous vous de malheureux mortels ;
Mais quand à ses vertus on n’a point mis de terme,
On en met aux tourments des plus grands criminels.
Depuis vingt ans entiers faut-il qu’on abandonne
Un étranger mourant au poids affreux des fers ?
Pluton punit toujours, mais Jupiter pardonne :
N’imiterez-vous plus que le dieu des enfers ?
Voyez autour de vous les Prières tremblantes,
Filles du Repentir, maîtresses des grands cœurs,
S’étonner d’arroser de larmes impuissantes
La généreuse main qui sécha tant de pleurs.
Ah ! pourquoi m’étaler avec magnificence
Ce spectacle brillant où triomphe Titus ?
Pour embellir la fête égalez sa clémence,
Et l’imitez en tout, ou ne le vantez plus.
1 – Voyez, Mémoires de Voltaire : M. Courtilz. (G.A.)