POESIE : L'abbé Desfontaines et le ramoneur
Photo de Romain
L’ABBÉ DESFONTAINES ET LE RAMONEUR,
OU LE RAMONEUR ET L’ABBÉ DESFONTAINES.
Conte par feu M. de la Faye.
– 1738 –
Un ramoneur à face basanée,
Le fer en main, les yeux ceints d’un bandeau,
S’allait glissant dans une cheminée,
Quand de Sodome un antique bedeau,
Qui pour l’Amour prenait ce jouvenceau,
Vint endosser son échine inclinée.
L’Amour cria : le quartier accourut.
On verbalise ; et Desfontaines en rut
Est encagé dans le clos de Bicêtre.
On vous le lie, on le fait dépouiller.
Un bras nerveux se complaît d’étriller
Le lourd fessier du sodomite prêtre.
Filles riaient, et le cuistre écorché
Criait : « Monsieur, pour Dieu, soyez touché ;
Lisez, de grâce, et mes vers et ma prose. »
Le fesseur lut ; et soudain, plus fâché,
Du renégat il redoubla la dose :
Vingt coups de fouet pour son vilain péché,
Et trente en sus pour l’ennui qu’il nous cause.