POESIE : A Mademoiselle***

A MADEMOISELLE ***
QUI AVAIT PROMIS UN BAISER A CELUI QUI FERAIT LES MEILLEURS VERS POUR SA FETE (1)
Quoi ! Pour le prix des vers accorder au vainqueur
D’un baiser la douce caresse,
Céphise, quelle est votre erreur !
Vous donnez à l’esprit ce qui n’est dû qu’au cœur.
Un baiser fut toujours le prix de la tendresse,
Et c’est à l’amour seul qu’en appartient le don :
Les habitants du Pinde en leur plus grande ivresse
N’ont jamais espéré qu’un laurier d’Apollon.
Des vers à mes rivaux je cède l’avantage ;
Ils riment mieux que moi, mais je sais mieux aimer ;
Que le laurier soit leur partage,
Et le mien sera le baiser.
1 – Collé, dans son Journal, attribue ces vers à Saurin. (G.A.)