LA HENRIADE - Chant huitième - Partie1
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CHANT HUITIÈME
ARGUMENT.
Le comte d’Egmont vient de la part du roi d’Espagne au secours de Mayenne et des ligueurs. Bataille d’Ivry, dans laquelle Mayenne est défait, et d’Egmont tué. Valeur et clémence de Henri-le-Grand.
Des états dans Paris la confuse assemblée (1)
Avait perdu l’orgueil dont elle était enflée.
Au seul nom de Henri, les ligueurs, pleins d’effroi,
Semblaient tous oublier qu’ils voulaient faire un roi.
Rien ne pouvait fixer leur fureur incertaine ;
Et n’osant dégrader ni couronner Mayenne,
Ils avaient confirmé, par leurs décrets honteux,
Le pouvoir et le rang qu’il ne tenait pas d’eux.
Ce lieutenant sans chef (2), ce roi sans diadème,
Toujours dans son parti garde un pouvoir suprême.
Un peuple obéissant, dont il se dit l’appui,
Lui promet de combattre et de mourir pour lui.
Plein d’un nouvel espoir, au conseil il appelle
Tous ces chefs orgueilleux, vengeurs de sa querelle ;
Les Lorrains (3), les Nemours, La Châtre, Canillac,
Et l’inconstant Joyeuse (4), et Saint-Paul, et Brissac.
Ils viennent : la fierté, la vengeance, la rage,
Le désespoir, l’orgueil, sont peints sur leur visage.
Quelques-uns en tremblant semblaient porter leurs pas,
Affaiblis par leur sang versé dans les combats ;
Mais ces mêmes combats, leur sang, et leurs blessures,
Les excitaient encore à venger leurs injures.
Tous auprès de Mayenne ils viennent se ranger ;
Tous, le fer dans les mains, jurent de le venger.
Telle au haut de l’Olympe, aux champs de Thessalie,
Des enfants de la terre on peint la troupe impie
Entassant des rochers, et menaçant les cieux,
Ivre du fol espoir de détrôner les dieux.
La Discorde à l’instant, entr’ouvrant une nue,
Sur un char lumineux se présente à leur vue :
« Courage ! leur dit-elle, on vient vous secourir ;
C’est maintenant, Français, qu’il faut vaincre ou mourir. »
D’Aumale, le premier, se lève à ces paroles ;
Il court, il voit de loin les lances espagnoles :
« Le voilà, cria-t-il, le voilà, ce secours
Demandé si longtemps, et différé toujours :
Amis, enfin l’Autriche a secouru la France. »
Il dit. Mayenne alors vers les portes s’avance.
Le secours paraissait vers ces lieux révérés
Qu’aux tombes de nos rois la mort a consacrés.
Ce formidable amas d’armes étincelantes,
Cet or, ce fer brillant, ces lances éclatantes,
Ces casques, ces harnois, ce pompeux appareil,
Défiaient dans les champs les rayons du soleil.
Tout le peuple au devant court en foule avec joie :
Ils bénissent le chef que Madrid leur envoie :
C’était le jeune Egmont (5), ce guerrier obstiné,
Ce fils ambitieux d’un père infortuné ;
Dans les murs de Bruxelles il a reçu la vie :
Son père, qu’aveugla l’amour de la patrie,
Mourut sur l’échafaud, pour soutenir les droits
Des malheureux Flamands opprimés par leurs rois :
Le fils, courtisan lâche, et guerrier téméraire,
Baisa longtemps la main qui fit périr son père,
Servit, par politique, aux maux de son pays,
Persécuta Bruxelles, et secourut Paris.
Philippe l’envoyait sur les bords de la Seine,
Comme un dieu tutélaire, au secours de Mayenne ;
Et Mayenne, avec lui, crut aux tentes du roi
Rapporter à son tour le carnage et l’effroi.
Le téméraire orgueil accompagnait leur trace.
Qu’avec plaisir, grand roi, tu voyais cette audace !
Et que tes vœux hâtaient le moment d’un combat
Où semblaient attachés les destins de l’Etat !
Près des bords de l’Iton (6) et des rives de l’Eure
Est un champ fortuné, l’amour de la nature :
La guerre avait longtemps respecté les trésors
Dont Flore et les Zéphirs embellissaient ces bords.
Au milieu des horreurs des discordes civiles,
Les bergers de ces lieux coulaient des jours tranquilles.
Protégés par le ciel et par leur pauvreté,
Ils semblaient des soldats braver l’avidité,
Et, sous leurs toits de chaume, à l’abri des alarmes,
N’entendaient point le bruit des tambours et des armes.
Les deux camps ennemis arrivent en ces lieux :
La désolation partout marche avant eux.
De l’Eure et de l’Iton les ondes s’alarmèrent ;
Les bergers, pleins d’effroi, dans les bois se cachèrent,
Et leurs tristes moitiés, compagnes de leurs pas,
Emportent leurs enfants gémissants dans leur bras.
Habitants malheureux de ces bords pleins de charmes,
Du moins à votre roi n’imputez point vos larmes :
S’il cherche les combats, c’est pour donner la paix :
Peuples, sa main sur vous répandra ses bienfaits :
Il veut finir vos maux, il vous plaint, il vous aime,
Et dans ce jour affreux il combat pour vous-même.
Les moments lui sont chers, il court dans tous les rangs
Sur un coursier fougueux plus léger que les vents,
Qui, fier de son fardeau, du pied frappant la terre,
Appelle les dangers, et respire la guerre (7).
On voyait près de lui briller tous ces guerriers,
Compagnons de sa gloire et ceints de ses lauriers ;
D’Aumont (8) qui sous cinq rois avait porté les armes ;
Biron (9) dont le seul nom répandait les alarmes ;
Et son fils (10), jeune encore, ardent, impétueux,
Qui depuis… mais alors il était vertueux ;
Sully, Nangis, Crillon, ces ennemis du crime (11)
Que la Ligue déteste et que la Ligue estime ;
Turenne, qui, depuis, de la jeune Bouillon
Mérita, dans Sedan, la puissance et le nom (12) ;
Puissance malheureuse et trop mal conservée,
Et par Armand détruite aussitôt qu’élevée (13).
Essex avec éclat paraît au milieu d’eux,
Tel que dans nos jardins un palmier sourcilleux,
A nos ormes touffus mêlant sa tête altière,
Paraît s’enorgueillir de sa tige étrangère.
Son casque étincelait des feux les plus brillants
Qu’étalaient à l’envi l’or et les diamants,
Dons chers et précieux dont sa fière maîtresse
Honora son courage, ou plutôt sa tendresse.
Ambitieux Essex, vous étiez à la fois
L’amour de votre reine et le soutien des rois.
Plus loin sont la Trimouille (14), et Clermont, et Feuquières ;
Le malheureux de Nesle, et l’heureux Lesdiguières (15),
D’Ailly, pour qui ce jour fut un jour trop fatal.
Tous ces héros en foule attendaient le signal,
Et, rangés près du roi, lisaient sur son visage
D’un triomphe certain l’espoir et le présage.
Mayenne, en ce moment, inquiet, abattu,
Dans son cœur étonné cherche en vain sa vertu :
Soit que, de son parti connaissant l’injustice,
Il ne crût point le ciel à ses armes propice ;
Soit que l’âme, en effet, ait des pressentiments,
Avant-coureurs certains des grands événements.
Ce héros cependant, maître de sa faiblesse,
Déguisait ses chagrins sous sa fausse allégresse :
Il s’excite, il s’empresse, il inspire aux soldats
Cet espoir généreux que lui-même il n’a pas.
D’Egmont auprès de lui, plein de la confiance
Que dans un jeune cœur fait naître l’imprudence,
Impatient déjà d’exercer sa valeur,
De l’incertain Mayenne accusait la lenteur.
Tel qu’échappé du sein d’un riant pâturage,
Au bruit de la trompette animant son courage,
Dans les champs de la Thrace un coursier orgueilleux,
Indocile, inquiet, plein d’un feu belliqueux,
Levant les crins mouvants de sa tête superbe,
Impatient du frein, vole et bondit sur l’herbe ;
Tel paraissait Egmont : une noble fureur
Eclate dans ses yeux, et brûle dans son cœur.
Il s’entretient déjà de sa prochaine gloire ;
Il croit que son destin commande à la victoire.
Hélas ! Il ne sait point que son fatal orgueil
Dans les plaines d’Ivry lui prépare un cercueil.
Vers les Ligueurs enfin le grand Henri s’avance ;
Et, s’adressant aux siens, qu’enflammait sa présence :
« Vous êtes nés Français, et je suis votre roi (16) ;
Voilà nos ennemis, marchez, et suivez-moi ;
Ne perdez point de vue, au fort de la tempête,
Ce panache éclatant qui flotte sur ma tête ;
Vous le verrez toujours au chemin de l’honneur. »
A ces mots, que ce roi prononçait en vainqueur,
Il voit d’un feu nouveau ses troupes enflammées,
Et marche en invoquant le grand Dieu des armées.
Sur les pas des deux chefs alors en même temps
On voit des deux partis voler les combattants.
Ainsi lorsque des monts séparés par Alcide
Les aquilons fougueux fondent d’un vol rapide,
Soudain les flots émus de deux profondes mers
D’un choc impétueux s’élancent dans les airs ;
La terre au loin gémit, le jour fuit, le ciel gronde,
Et l’Africain tremblant craint la chute du monde.
Au mousquet réuni le sanglant coutelas
Déjà de tous côtés porte un double trépas :
Cette arme (17), que jadis, pour dépeupler la terre,
Dans Bayonne inventa le démon de la guerre,
Rassemble en même temps, digne fruit de l’enfer,
Ce qu’ont de plus terrible et la flamme et le fer.
On se mêle, on combat ; l’adresse, le courage,
Le tumulte, les cris, la peur, l’aveugle rage,
La honte de céder, l’ardente soif du sang,
Le désespoir, la mort passent de rang en rang.
L’un poursuit un parent dans le parti contraire ;
Là, le frère en fuyant meurt de la main d’un frère.
La nature en frémit, et ce rivage affreux
S’abreuvait à regret de leur sang malheureux.
Dans d’épaisses forêts de lances hérissées,
De bataillons sanglants, de troupes renversées,
Henri pousse, s’avance, et se fait un chemin.
Le grand Mornay (18) le suit, toujours calme et serein ;
Il veille autour de lui tel qu’un puissant génie,
Tel qu’on feignait jadis, aux champs de la Phrygie,
De la terre et des cieux les moteurs éternels
Mêlés dans les combats sous l’habit des mortels ;
Ou tel que du vrai Dieu les ministres terribles,
Ces puissances des cieux, ces êtres impassibles,
Environnés des vents, des foudres, des éclairs,
D’un front inaltérable ébranlent l’univers.
Il reçoit de Henri tous ces ordres rapides,
De l’âme d’un héros mouvements intrépides,
Qui changent le combat, qui fixent le destin ;
Aux chefs des légions il les porte soudain ;
L’officier les reçoit ; sa troupe impatiente
Règle, au son de sa voix, sa rage obéissante.
On s’écarte, on s’unit, on marche en divers corps ;
Un esprit seul préside à ces vastes ressorts.
Mornay revole au prince, il le suit, il l’escorte ;
Il pare, en lui parlant, plus d’un coup qu’on lui porte ;
Mais il ne permet pas à ses stoïques mains
De se souiller du sang des malheureux humains.
De son roi seulement son âme est occupée :
Pour sa défense seule il a tiré l’épée ;
Et son rare courage, ennemi des combats,
Sait affronter la mort et ne la donne pas.
De Turenne déjà la valeur indomptée
Repoussait de Nemours la troupe épouvantée.
D’Ailly portait partout la crainte et le trépas ;
D’Ailly tout orgueilleux de trente ans de combats,
Et qui, dans les horreurs de la guerre cruelle,
Reprend, malgré son âge, une force nouvelle.
Un seul guerrier s’oppose à ses coups menaçants (19) :
C’est un jeune héros à la fleur de ses ans,
Qui, dans cette journée illustre et meurtrière,
Commençait des combats la fatale carrière ;
D’un tendre hymen à peine il goûtait les appas ;
Favori des Amours, il sortait de leurs bras.
Honteux de n’être encor fameux que par ses charmes,
Avide de la gloire, il volait aux alarmes.
Ce jour, sa jeune épouse, en accusant le ciel,
En détestant la Ligue et ce combat mortel,
Arma son tendre amant, et, d’une main tremblante,
Attacha tristement sa cuirasse pesante,
Et couvrit en pleurant, d’un casque précieux
Ce front si plein de grâce, et si cher à ses yeux.
1 – Tel qu’il est aujourd’hui, le commencement de ce chant date de 1730. (G.A.)
2 – Il se fit déclarer, par la partie du parlement qui lui demeura attachée, lieutenant-général de l’Etat et royaume de France. (1730.) (Voltaire.)
3 – Les Lorrains. Le chevalier d’Aumale, dont il est si souvent parlé, et son frère le duc, étaient de la maison de Lorraine.
Charles-Emmanuel, duc de Nemours, frère utérin du duc de Mayenne.
La Châtre était un des maréchaux de la Ligue, que l’on appelait des bâtards qui se feraient un jour légitimer aux dépens de leur père. En effet, La Châtre fit sa paix depuis, et Henri lui confirma la dignité de maréchal de France. (1730.) (Voltaire.)
4 – Joyeuse est le même dont il est parlé au quatrième chant.
Saint-Paul, soldat de fortune, fait maréchal par le même duc de Mayenne, homme emporté et d’une violence extrême. Il fut tué par le duc de Guise, fils du Balafré.
Brissac s’était jeté dans le parti de la Ligue, par indignation contre Henri III, qui avait dit qu’il n’était bon ni sur terre ni sur mer. Il négocia depuis secrètement avec Henri IV, et lui ouvrit les portes de Paris, moyennant le bâton de maréchal de France. (1730.) (Voltaire.)
5 – Le comte d’Egmont, fils de Lamoral, comte d’Egmont, qui fut décapité à Bruxelles avec le prince de Horn, le 5 Juin 1568.
Le fils étant resté dans le parti de Philippe II, roi d’Espagne, fut envoyé au secours du duc de Mayenne, à la tête de huit cents lances. A son entrée dans Paris, il reçut les compliments de la ville. Celui qui le haranguait ayant mêlé dans son discours les louanges du comte d’Egmont, son père : « Ne parlez pas de lui, dit le comte, il méritait la mort ; c’était un rebelle. » Paroles d’autant plus condamnables que c’était à des rebelles qu’il parlait, et dont il venait défendre la cause. (1730.) (Voltaire.)
6 – Ce fut dans une plaine entre l’Iton et l’Eure que se donna la bataille d’Ivry, le 14 Mars 1590. (1730.) (Voltaire.)
7 – Fréron accusé Voltaire, en 1770, d’avoir pris ce vers au poète Sarrazin. Voltaire, comme Sarrazin, n’avait emprunté qu’à Virgile (Voir les Géorgiques, livre III). (G.A.)
8 – Jean d’Aumont, maréchal de France, qui fit des merveilles à la bataille d’Ivry, était fils de Pierre d’Aumont, gentilhomme de la chambre, et de Françoise de Sully, héritière de l’ancienne maison de Sully. Il servit sous les rois Henri II, François II, Charles IX, Henri III et Henri IV. (1730.) (Voltaire.)
9 – Henri de Gontaud de Brion, maréchal de France, grand-maître de l’artillerie, était un grand homme de guerre : il commandait à Ivry le corps de réserve, et contribua au gain de la bataille en se présentant à propos à l’ennemi. Il dit à Henri-le-Grand, après la victoire : « Sire, vous avez fait ce que devait faire Biron, et Biron ce que devait faire le roi. » Ce maréchal fut tué d’un coup de canon, en 1592, au siège d’Epernay. (1730.) (Voltaire.)
10 – Charles de Gontaud de Biron, maréchal et duc et pair, fils du précédent, conspira depuis contre Henri IV, et fut décapité dans la cour de la Bastille en 1620. On voit encore à la muraille les crampons de fer qui servirent à l’échafaud. (1730.) (Voltaire.)
11 – Rosny, depuis duc de Sully, surintendant des finances, franc-maître de l’artillerie, fait maréchal de France après la mort de Henri IV, reçut sept blessures à la bataille d’Ivry. (1730) (Voltaire.)
Il naquit à Rosny en 1559, et mourut à Villebon en 1641 : ainsi il avait vu Henri II et Louis XIV. Il fut grand-voyer et grand-maître de l’artillerie, grand-maître des ports de France, surintendant des finances, duc et pair et maréchal de France. C’est le seul homme à qui on ait jamais donné le bâton de maréchal comme une marque de disgrâce : il ne l’eut qu’en échange de la charge de grand-maître de l’artillerie, que la reine régent lui ôta en 1634. Il était très brave homme de guerre, et encore meilleur ministre ; incapable de tromper le roi et d’être trompé par les financiers. Il fut inflexible pour les courtisans, dont l’avidité est insatiable, et qui trouvaient en lui une rigueur conforme à l’humeur économe de Henri VI. Ils l’appelaient le négatif , et l’on disait que le mot de oui n’était jamais dans sa bouche. Avec cette vertu sévère, il ne plut jamais qu’à son maître, et le moment de la mort de Henri IV fut celui de sa disgrâce. Le roi Louis XIII le fit revenir à la cour quelques années après, pour lui demander ses avis. Il y vint, quoique avec répugnance. Les jeunes courtisans qui gouvernaient Louis XIII voulurent, selon l’usage, donner des ridicules à ce vieux ministre, qui reparaissait dans une jeune cour avec des habits et des airs de mode passés depuis longtemps. Le duc de Sully, qui s’en aperçut, dit au roi : « Sire, quand le roi votre père, de glorieuse mémoire, me faisait l’honneur de me consulter, nous ne commencions à parler d’affaires qu’au préalable on n’eût fait passer dans l’antichambre les baladins et les bouffons de la cour. »
Il composa, dans la solitude de Sully, des Mémoires dans lesquels règne un air d’honnête homme, avec un style naïf, mais trop diffus.
On y trouve quelques vers de sa façon, qui ne valent pas plus que sa prose. Voici ceux qu’il composa en se retirant de la cour sous la régence de Marie de Médicis :
Adieu maisons, châteaux, armes, canons du roi ;
Adieu conseils, trésors déposés à ma foi ;
Adieu munitions, adieu grands équipages ;
Adieu tant de rachats, adieu tant de ménages ;
Adieu faveurs, grandeurs ; adieu le temps qui court ;
Adieu les amitiés et les amis de cour ; etc.
Il ne voulut jamais changer de religion ; cependant il fut des premiers à conseiller à Henri IV d’aller à la messe. Le cardinal Duperron l’exhortant un jour à quitter le calvinisme, il lui répondit : « Je me ferai catholique quand vous aurez supprimé l’Evangile ; car il est si contraire à l’Eglise romaine, que je ne peux pas croire que l’un et l’autre aient été inspirés par le même esprit. »
Le pape lui écrivit un jour une lettre remplie de louanges sur la sagesse de son ministère ; le pape finissait sa lettre comme un bon pasteur, par prier Dieu qu’il ramenât sa brebis égarée, et conjurait le duc de Sully de se servir de ses lumières pour entrer dans la bonne voie. Le duc lui répondit sur le même ton ; il l’assura qu’il priait Dieu tous les jours pour la conversion de sa sainteté. Cette lettre est dans ses Mémoires. (1723.) (Voltaire.)
12 – Henri de la Tour d’Orliègues, vicomte de Turenne, maréchal de France. Henri-le-Grand le maria à Charlotte de La Mark, princesse de Sedan, en 1591. La nuit de ses noces, le maréchal alla prendre Stenay d’assaut. (1730.) (Voltaire.)
13 – La souveraineté de Sedan, acquise par Henri de Turenne, fut perdue par Frédéric Maurice, duc de Bouillon, son fils, qui avait trempé dans la conspiration de Cinq-Mars contre Louis XIII, ou plutôt contre le cardinal de Richelieu, donna Sedan pour conserver sa vie : il eut, en échange de sa souveraineté, de très grandes terres, plus considérables en revenu, mais qui donnaient plus de richesses et moins de puissance. (1730.) (Voltaire.)
14 – Claude, duc de La Trimouille, était à la bataille d’Ivry. Il avait un grand courage et une ambition démesurée, de grandes richesses, et était le seigneur le plus considérable parmi les calvinistes. Il mourut à trente-huit ans.
Balsac de Clermont d’Entragues, oncle de la fameuse marquise de Verneuil, fut tué à la bataille d’Ivry. Feuquières et de Nesle, capitaines de cinquante hommes d’armes, y furent tués aussi. (1730.) (Voltaire.)
15 – Jamais homme ne mérita mieux le titre d’heureux ; il commença par être simple soldat, et finit par être connétable sous Louis XIII. (1730.) (Voltaire.)
16 – On a tâché de rendre en vers les propres paroles que dit Henri IV à la journée d’Ivry : « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le verrez toujours au chemin de l’honneur et de la gloire. » (1730.) (Voltaire.)
17 – La baïonnette au bout du fusil ne fut en usage que longtemps après. Le nom de baïonnette vient de Bayonne, où l’on fit les premières baïonnettes. (1730.) (Voltaire.)
18 – Duplessis-Mornay eut deux chevaux tués sous lui à cette bataille. Il avait effectivement dans l’action le sang-froid dont on le loue ici. (1730.) (Voltaire.)
19 – L’épisode qui suit n’était pas aussi développé dans les premières éditions. (G.A.)