JUGEMENT SUR VOLTAIRE de COQUEREL

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JUGEMENT SUR VOLTAIRE

 

De

 

 

Athanase COQUEREL - Fils

 

1820 - 1875

 

 

PASTEUR, ÉCRIVAIN, DOCTEUR EN THÉOLOGIE

 

 

 

 

 

 

         Quant à Voltaire, ai-je besoin de dire que l’éclat prodigieux de ses talents ne voile en rien à mes yeux ce qu’il y a de coupable dans la légèreté ignorante, la mauvaise foi, le cynisme impie avec lesquels il a parlé des choses les plus saintes et outragé à plaisir toute foi et toute pudeur ? Personne ne déplore plus que moi l’éternelle confusion que faisait sans cesse cet ancien élève des jésuites entre les abus détestables qu’il avait mille fois plus raison de dénoncer, de combattre à outrance, et les vérités religieuses ou morales qu’il enveloppait dans les mêmes dérisions. Il est le plus coupable de ces grands écrivains français qui ont abusé de l’esprit pour tout railler, tout flétrir ; sous ce rapport, le mal qu’il a fait à la France est incalculable. Mais quelques énormes que soient ses torts (et je les tiens pour tels), je doit dire bien haut que ses efforts infatigables en faveur de la famille Calas, sans lesquels l’heure de réhabilitation n’aurait jamais sonné pour eux, furent un exemple admirable de dévouement à l’humanité, à la tolérance et à la justice. C’est par de pareils actes de gouvernement moral qu’on fait avancer le monde, et au milieu de ses chefs d’œuvre, il a eu raison de dire en songeant aux Calas et à d’autres :

 

         J’ai fait un peu de bien ; c’est mon meilleur ouvrage.

 

         … Voltaire a régné sur son siècle et souvent pour le pervertir.

 

 

 

(Jean Calas et sa famille. Préface.)

 

 

 

 

 

 

 

 

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