LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 140

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 140

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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NOUVEAU TESTAMENT.

 

 

 

 

(Partie 140)

 

 

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DES AUTRES SECTES, ET DES SAMARITAINS.

 

 

 

 

 

 

 

 

      Les caraïtes étaient encore une grande secte des Juifs. Ils se sont perpétués au fond de la Pologne, où ils exercent le métier de courtiers, et croient expliquer l'ancien Testament. Les rabanites, leurs adversaires, les combattent par la tradition.

 

      Un Judas éleva une autre secte du temps de Pilate. Ces judaïtes regardaient comme un grand péché d'obéir aux Romains : ils excitèrent une sédition furieuse contre ce Pilate, dans laquelle il y eut beaucoup de sang répandu. Ces fanatiques furent même une des causes de la mort de Jésus-Christ ; car Pilate, ne voulant pas exciter parmi eux une sédition nouvelle, aima mieux faire supplicier Jésus que d'irriter des esprits si farouches. (1)

 

      Outre ces sectes principales, il y en avait beaucoup d'obscures, formées par des enthousiastes de la lie du peuple ; des gorthéniens, des masbothées, des baptistes, des génistes, des méristes, dont les noms seuls sont à peine connus. C'est ainsi que nous avons eu des gomaristes, des arminiens, des voetiens, des jansénistes, des molinistes, des thomistes, des piétistes, des quiétistes, des moraves, des millénaires, des convulsionnaires, etc., dont les noms se précipiteront dans un éternel oubli.

 

      Il n'en fut pas ainsi des Samaritains, qui formaient une nation très différente de celle de Jérusalem. Nous avons vu que les Israélites qui habitaient la province de Samarie, ayant été enlevés par Salmanazar, son successeur Asarhaddon envoya d'autres colonies à leur place. Ces colonies embrassèrent une partie de la religion juive, et rejetèrent l'autre ; ils ne voulurent point surtout aller sacrifier ni porter leur argent dans Jérusalem : ainsi les Juifs furent toujours leurs ennemis et le sont encore ; leur division a survécu à leur patrie. La capitale des Samaritains est Sichem, à dix de nos lieues de Jérusalem. Le voisinage fut une raison de plus pour ces deux peuples de se haïr.

 

      Quoique les Samaritains aient eu chez eux des prophètes, ils n'en admettent aucun dans leurs livres sacrés, et se contentent de leur Pentateuque. Ils ont les mêmes quatre grandes fêtes que les autres Juifs, la même circoncision ; d'ailleurs très pauvres et très misérables, et réduits à un petit nombre sous le gouvernement turc, qui n'est pas encourageant.

 

      Toutes ces sectes furent contenues par l'autorité d'Hérode, et tout se faisait dans l'empire romain devant la puissance suprême d'Auguste.

 

      Hérode avait déclaré, par son testament, Archélaüs, l'un de ses fils, son successeur, sous le bon plaisir de l'empereur. Il fallut qu'Archélaüs allât à Rome faire confirmer le testament de son père. Mais avant qu'il fit ce voyage, les Juifs, qui ne l'aimaient pas, chassèrent ses officiers de leur temple à coup de pierres pendant leur fête de Pâque. Les officiers et les soldats s'armèrent ; environ trois mille séditieux furent tués aux portes du temple. Archélaüs partit, s'embarqua au port de Césarée bâti par son père, et alla se jeter aux genoux d'Auguste. Antipas, son frère, fit le même voyage de son côté pour lui disputer la couronne ; c'était pendant l'enfance de Jésus-Christ. Varus était depuis longtemps gouverneur de Syrie ; il avait envoyé Sabinus à Jérusalem avec une légion ; cette légion fut attaquée par les séditieux aux portes du temple. Les Romains renversèrent et brûlèrent les portiques magnifiques de cet édifice destiné à être toujours la proie des flammes. Tout le pays fut en armes, et rempli de brigands. Varus fut obligé d'accourir lui-même avec des forces supérieures, et de punir les rebelles.

 

      Pendant que Varus pacifiait la Judée, Hérode Archélaüs et son frère Hérode Antipas plaidaient leur cause aux pieds d'Auguste. Ils la perdirent tous deux ; aucun ne fut roi. L'empereur donna Jérusalem et Samarie à Archélaüs ; il ne lui accorda que le titre d'ethnarque, et lui promit de le faire roi s'il s'en rendait digne. Hérode Antipas obtint la Galilée et quelques terres au delà du Jourdain. Un troisième Hérode leur frère, surnommé Philippe, eut les montagnes de la Trachonite, et le pays stérile de Bathanée.

 

      Josèphe, qui ne perd pas une occasion de vanter son pays, dit que le revenu d'Archélaüs fut de quatre cents talents ; celui d'Hérode Antipas, de deux cents ; et le troisième, de cent. Ainsi tout le royaume aurait valu sept cents talents (quatre millions cent mille livres de net), après avoir payé le tribut à l'empereur. Toute la Judée ne vaut pas cinq cent mille livres aux Turcs ; il y a loin de là aux vingt-cinq milliards de David et de Salomon.

 

      Auguste, neuf ans après, exila l'ethnarque Archélaüs à Vienne dans les Gaules, et réduisit son État en province romaine sous le gouvernement de la Syrie.

 

      Après la mort d'Auguste, il parut sous l'empire de Tibère un petit-fils d'Hérode-le-Grand, qui avait pris le  nom d'Agrippa. Il cherchait quelque fortune à Rome ; il n'y trouva d'abord que la prison dans laquelle Tibère le fit enfermer. Caligula lui donna la petite tétrarchie d'Hérode Philippe son oncle, et enfin lui accorda le titre de roi. C'est lui qui fit mettre aux fers saint Pierre, et qui condamna saint Jacques-le-Majeur à la mort.

 

      Nous voici donc parvenus au temps de Jésus-Christ, et de l'établissement du christianisme. Dans notre profonde vénération pour ces objets, contents d'adorer Jésus, et fuyant toute disputes, nous nous bornerons aux faits indisputables, divinement consignés dans le Nouveau Testament. Nous traiterons après en particulier des Évangiles nommés apocryphes (2), dont plusieurs ont passé chez les savants pour être plus anciens que les quatre reconnus par l'Église. Nous ne voulons rien mêler d'étranger à ces quatre qui sont sacrés.

 

     Dans ces quatre nous ne choisissons que l'historique, et nous n'en prenons que les passages les plus importants, pour tâcher d'être courts sur un sujet inépuisable.

 

 

 

 

 

 

 

1 - Voltaire parle ici des zélateurs, dont Judas le Gaulanite et le pharisien Sadok furent les chefs. (G.A.)

 

2 - Voltaire ne veut pas désigner ici la Collection des anciens Évangiles, que nous imprimons dans ce volume à la suite de la Bible expliquée. Cette collection avait paru depuis sept ans. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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