LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 103
Photo de PAPAPOUSS
LA BIBLE EXPLIQUÉE.
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ANCIEN TESTAMENT.
(Partie 103)
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ROIS.
LIVRE IV.
Elisée ramassa le manteau qu'Elie avait laissé tomber par terre, il prit le manteau, et il en frappa les eaux du Jourdain ; mais elles ne se divisèrent pas. Elisée dit : Eh bien ! où est donc ce Dieu d'Elie ? Mais en frappant les eaux une seconde fois, elles se divisèrent à droite et à gauche, et Elisée passa à pied sec.
Or, Elisée monta de là à Béthel ; et comme il marchait dans le chemin, de petits enfants étant sortis de la ville, se moquèrent de lui en lui disant : Monte, monte, chauve. Elisée, se retournant, les anathématisa au nom du Seigneur, et en même temps deux ours sortirent d'un bois, et déchirèrent quarante-deux enfants (1).
Or le roi d'Israël (Chapitre III, v. 1.) Joram, fils d'Achab, régnant dans Samarie, et le roi Josaphat régnant dans Jérusalem, et un autre roi régnant dans l'Idumée, s'étant joints ensemble contre un roi de Moab, ayant marché par le désert pendant sept jours, et n'ayant d'eau ni pour leur armée ni pour leurs bêtes, le roi d'Israël Joram dit : Hélas ! hélas ! le Seigneur nous a ici joints trois rois ensemble pour nous livrer dans les mains de Moab.
Le roi Josaphat dit : N'y aurait-il point ici quelque prophète d'Adonaï pour prier Adonaï ? Un des gens du roi répondit : Il y a ici le bouvier Elisée, fils de Saphat, lequel était valet d'Elie. Et Josaphat dit : La parole du Seigneur est dans lui. Alors Joram, roi de Samarie, Josaphat, roi de Jérusalem, et le roi d'Edom, allèrent trouver Elisée (2).
Joram, roi de Samarie, dit à Elisée : Dis-nous pourquoi le Seigneur a assemblé trois rois pour les livrer aux mains du roi de Moab ? Elisée lui répondit : Vive Adonaï Sabbaoth, si je n'avais de respect (3) pour la face de Josaphat, roi de Juda, je ne t'aurais pas seulement écouté, et je n'aurais pas daigné te regarder ; mais maintenant qu'on m'amène (4) un harpeur. Et le harpeur vint chanter des chansons sur sa harpe ; et la main d'Adonaï fut sur Elisée... Les Israélites ayant vu cela, prit son fils aîné qui devait régner (5) après lui, et il l'offrit en holocauste sur la muraille, et les Israélites, étant épouvantés, s'en retournèrent chacun chez soi.
Un certain jour (Chapitre IV, v. 8.) Elisée passait par le village de Sunam, et il y avait une grande dame dans ce village qui lui donna du pain... Cette femme dit à son mari : Je vois que cet homme, qui passe souvent chez nous, est un saint homme de Dieu ; faisons-lui faire une petite chambre ; mettons-y un petit lit, une table, une chaise, et une lampe.
1 - Si l'histoire des quarante-deux petits garçons était vraie, dit encore milord Bolingbroke, "Elisée ressemblerait à un valet qui vient de faire fortune, et qui fait punir quiconque lui rit au nez. Quoi ! Exécrable valet de prêtre, tu ferais dévorer par des ours quarante-deux enfants innocents pour t'avoir appelé chauve ! Heureusement il n'y a point d'ours en Palestine ; ce pays est trop chaud, et il n'y a point de forêt. L'absurdité de ce conte en fait disparaître l'horreur." C'est ainsi que s'exprime un Anglais, qui avait cet esprit puissant, ce double génie que demandait Elisée, mais qui avait aussi double hardiesse.
Je n'oserais assurer qu'il n'y ait point d'ours en Galilée, c'est un pays plein de cavernes, où ces animaux, venus de loin, auraient pu se retirer. (Voltaire.) - Volney dit qu'il n'y a plus d'ours en Syrie ; d'autres voyageurs disent qu'il y en a d'une espèce particulière. (G.A.)
2 - C'est toujours milord Bolingbroke qui parle : "Si on voyait trois rois, l'un papiste, et les deux autres protestants, aller chez un capucin pour obtenir de lui de la pluie, que dirait-on d'une pareille imbécillité ? Et si un frère capucin écrivait un pareil conte dans les annales de son ordre, ne conviendrait-on pas de la vérité du proverbe : Orgueilleux comme un capucin ?"
Ces paroles du lord Bolingbroke ne peuvent faire aucun tort à Elisée. On peut dire qu'Elisée entendait qu'un orthodoxe ne doit parler à un hérétique que pour tâcher de le convertir.
3 - M. Colins et milord Bolingbroke disent que cette réponse d'Elisée est bien digne d'un bouvier qui a fait fortune. Mais le jacobin Torquemada dit que c'est la noble fierté d'un prophète qui daigne s'abaisser à parler à un roi hérétique qu'il aurait pu mettre à l'inquisition.
4 - Pourquoi Elisée ne peut-il prophétiser sans le secours d'un ménétrier ? Ces insolents Anglais le comparent to an old lecher who cannot suit if he does not fumble. Nous nous garderons bien de traduire ces paroles infâmes.
5 - L'action du roi de Moab est d'une autre nature que celle du prophète Elisée, qui ne peut prophétiser si on ne joue du violon ou de la harpe : elle prouve que les Juifs ne furent pas les seuls de ces cantons qui sacrifièrent leurs enfants. Mais devaient-ils s'enfuirent parce que leur ennemi, le roi de Moab, faisait une action abominable qu'ils commirent souvent eux-mêmes ? Au contraire, ils devaient presser le siège, ils devaient abolir cette horrible coutume, comme les Romains défendirent aux Carthaginois d'immoler des hommes, et comme César le défendit aux sauvages Gaulois.