LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 48
Photo de PAPAPOUSS
LA BIBLE EXPLIQUÉE.
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ANCIEN TESTAMENT.
(Partie 48)
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JOSUÉ.
Josué ravagea donc tout le pays des montagnes et du midi, toute la plaine, et il tua tous les rois et les fit tous pendre. Il tua tout ce qui avait vie, comme le Seigneur le lui avait commandé.
(Chapitre XI.) Il poursuivit tous les rois qui restaient, et il tua tout sans en rien laisser échapper, et il coupa les jarrets à leurs chevaux ; il brûla leurs chariots, et il prit Asor et en tua le roi, et il égorgea tous les habitants d'Asor et toutes les bêtes, et réduisit le tout en cendres...
Et il marcha contre les géants des montagnes, et les tua (chapitre XI., v. 21), et il ne laissa aucun de la race des géants, excepté dans Gaza, Geth, et Asot (1).
(Chapitre XII., 24) Et il fit pendre en tout trente et un rois (2).
(Chapitre XV., v. 13) Josué bénit Caleb, et lui donna Hébron en possession ; et depuis ce temps, Hébron a été à Caleb, fils de Jéphoné. Or l'ancien nom d'Hébron était Cariath-Arbé, et Adam, le plus grand des géants de la race des géants, est enterré dans Hébron... (3).
Caleb extermina dans la ville de Cariath-Arbé trois fils de géants ; et de ce lieu il monta à Dabit, qui s'appelait auparavant Cariath-Sépher, c'est-à-dire la ville des lettres, la ville des archives... (4) ; et Caleb dit : Je donnerai ma fille Axa en mariage à quiconque prendra la ville des lettres ; et Othoniel, jeune frère de Caleb, la prit, et lui donna sa fille Axa pour femme...
1 - Voici encore une légère difficulté. Le peuple de Dieu marche contre les géants, après que le texte a dit qu'il n'y avait plus de géants, et, lorsque Caleb, le moment d'après, au chapitre XIV, va, selon le texte, conquérir des villes grandes et fortes remplies de géants, au pays d'Hébron. On peut répondre que le pays d'Hébron n'était qu'à quelques lieues de Gaza et d'Azot.
2 - Trente et un rois de pendus, c'est beaucoup dans un aussi petit pays ; mais remarquons toujours qu'on ne les mit en croix qu'après les avoir tués. On leur mettait d'abord le pied sur le cou. Et nous avons déjà observé que le supplice d'attacher à la potence, ou à la croix, des hommes en vie, ne fut jamais connu des Juifs en aucun temps.
3 - Plusieurs savants hommes ont douté qu'Adam fût enterré dans la ville du géant Arbé, appelée Cariath-Arbé. Les moines portugais qui accompagnèrent les Albuquerques après la découverte des grandes Indes, et qui entrèrent dans l'île de Ceylan, nommèrent la plus grande montagne de cette île le Pic d'Adam. Ensuite ils trouvèrent l'empreinte de son pied, et jugèrent par là de sa taille, qui devait être d'une centaine de coudées. Le Pic d'Adam est encore marqué sur nos cartes ; et les savants moines portugais ont cru qu'Adam y était enterré. Les Hollandais, qui dominent dans le Ceylan, et qui recueillent toute la cannelle, doutent qu'Adam repose dans cette île. Les habitants même ne savent pas que nous donnons le nom de Pic d'Adam à leur montagne, et ont le malheur d'ignorer qu'il y ait jamais eu un Adam. La Genèse ne dit point qu'Adam ait été un géant, ni qu'il soit enterré à Hébron.
4 - Les Phéniciens avaient, en effet, quelques villes où l'on gardait les archives et les comptes des marchands. On sait qu'ils avaient inventé l'alphabet, et que dans leurs voyages sur mer ils communiquèrent cet alphabet aux Grecs. Cariath-Sépher est entre Hébron et la mer Méditerranée ; c'est le commencement de la Phénice. L'historien Josèphe avoue que les Juifs ne possédèrent jamais rien sur cette côte. Les Phéniciens en furent toujours les maîtres. Sanchoniathon le Phénicien, né à Béryte, avait déjà écrit une Cosmogonie longtemps avant les époques de Mosé et de Josué. Car Eusèbe, qui rapporte un grand nombre de passages de cette Cosmogonie, n'en cite aucun concernant les Hébreux : et s'il y en avait eu, il est clair qu'Eusèbe en aurait fait mention comme d'un témoignage rendu par le plus ancien de nos auteurs à la vérité des livres juifs. Il est donc certain que Sanchoniathon écrivit, et qu'il ne connut point ces Hébreux qui ne vinrent que depuis lui s'établir auprès de son pays. Nous pourrions tirer de là une conséquence, que si les Phéniciens avaient depuis si longtemps des villes où l'on cultivait quelques sciences, les Cananéens, qui demeuraient entre la mer et le Jourdain, pouvaient avoir aussi quelques villes dont la horde des Hébreux s'empara, et où elle commit plusieurs cruautés.