LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 44

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 44

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 44)

 

 

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JOSUÉ.

 

 

 

(1)

 

 

 

 

 

 

 

 

Et après la mort de Mosé (chapitre I, v.1.), serviteur de Dieu, il arriva que Dieu parla à Josué, fils de Nun, et lui dit : Mon serviteur Mosé est mort ; lève-toi, passe le Jourdain, toi et tout le peuple avec toi... Tous les lieux où tu mettras les pieds, je te les donnerai, comme je l'ai promis à Mosé, depuis le désert et le Liban jusqu'au grand fleuve de l'Euphrate ; nul ne pourra te résister tant que tu vivras (2).

 

Josué, fils de Nun, envoya donc secrètement de Settim deux espions... Ils partirent, et entrèrent dans la ville de Jéricho, dans la maison d'une prostituée nommée Rahab, et y passèrent la nuit. Le roi de Jéricho en fut averti ; il envoya chez Rahab la prostituée, disant : Amène-nous les espions qui sont dans ta maison. Mais cette femme les cachat et dit : Ils sont sortis pendant qu'on fermait les portes, et je ne sais où ils sont allés (3)...

 

(Chapitre III, v.14.) Le peuple sortit donc de ses tentes pour passer le Jourdain, et les prêtres, qui portaient l'arche du pacte, marchaient devant lui ; et quand ils furent entrés dans le Jourdain, et que leurs pieds furent mouillés d'eau au temps de la moisson, le Jourdain étant à pleins bords (4), les eaux descendantes s'arrêtèrent à un même lieu, s'élevant comme une montagne ; et les eaux d'en bas s'écoulèrent dans la mer du désert qui s'appelle aujourd'hui la mer Morte ; et le peuple s'avançait toujours contre Jéricho, et tout le peuple passait par le lit du fleuve à sec.

 

 

 

 

 

 

 

1 - Ce livre ne remonte pas même au delà du règne d'Achab, c'est-à-dire neuf cents ans avant Jésus-Christ. (G.A.)

 

2 - Le Seigneur promet plusieurs fois avec serment de donner le fleuve de l'Euphrate au peuple juif ; cependant il n'eut jamais que le fleuve du Jourdain. S'il avait possédé toutes les terres depuis la Méditerranée jusqu'à l'Euphrate, il aurait été le maître d'un empire plus grand que celui d'Assyrie. C'est ce que n'a pas compris Warburton, quand il dit que les Juifs ne devaient haïr que les peuples du Canaan. Il est certain qu'ils devaient haïr tous les peuples idolâtres du Nil et de l'Euphrate.

 

Si on demande pourquoi Josué, fils de Nun, ne ravagea pas et ne conquit pas toute l'Égypte, toute la Syrie, et le reste du monde, pour y faire régner la vraie religion, et pourquoi il ne porta le fer et la flamme que dans cinq ou six lieues de pays, tout au plus, et encore dans un très mauvais pays en comparaison des campagnes immenses arrosées du Nil et de l'Euphrate, ce n'est pas à nous à sonder les décrets de Dieu. Il nous suffit de savoir que depuis Mosé et Josué, les Juifs n'approchèrent jamais du Nil et de l'Euphrate que pour y être vendus comme esclaves, tant les jugements de Dieu son impénétrables. Dieu ne cesse jamais de parler à Mosé et à Josué ; Dieu conduit tout ; Dieu fait tout ; il dit plusieurs fois à Josué : Sois robuste, ne crains rien, car ton Dieu est avec toi. Josué ne fait rien que par l'ordre exprès de Dieu. C'est ce que nous allons voir dans la suite de cette histoire.

 

3 - Les critiques demandent pourquoi Dieu ayant juré à Josué, fils de Nun, qu'il serait toujours avec lui, Josué prend cependant la précaution d'envoyer des espions chez une meretrix. Quel besoin avait-il de cette misérable, quand Dieu lui avait promis son secours de sa propre bouche ; quand il était sûr que Dieu combattait pour lui, et qu'il était à la tête d'une armée de six cent mille hommes, dont il détacha, selon le texte, quarante mille pour aller prendre le village de Jéricho, qui ne fut jamais fortifié, les peuples de ce pays-là ne connaissant pas encore les places de guerre, et Jéricho étant dans une vallée où il est impossible de faire une place tenable ?

 

 

M. Fréret traite Calmet d'imbécile, et se moque de lui de ce qu'il perd son temps à examiner si le mot zonah signifie toujours une femme débauchée, une prostituée , une gueuse, et si Rahab ne pourrait pas être regardée seulement comme une cabaretière.

 

Dom Calmet examine aussi avec beaucoup d'attention si cette cabaretière ne fut pas coupable d'un petit mensonge en disant que les espions juifs étaient partis, lorsqu'ils étaient chez elle ; il prétend qu'elle fit une très bonne action."Étant informée, dit-il, du dessein de Dieu, qui voulait détruire les Cananéens et livrer leur pays aux Hébreux, elle n'y pouvait résister sans tomber dans le même crime de rébellion à l'égard de Dieu, qu'elle aurait voulu éviter envers sa patrie ; de plus, elle était persuadée des justes prétentions de Dieu, et de l'injustice des Cananéens : ainsi elle ne pouvait prendre un parti ni plus équitable, ni plus conforme aux lois de la sagesse."

 

M. Fréret répond que si cela est, Rahab était donc inspirée de Dieu même, aussi bien que Josué, et que le crime abominable de trahir sa patrie pour des espions d'un peuple barbare dont elle ne pouvait entendre la langue, ne peut être excusé que par un ordre exprès de Dieu, maître de la vie et de la mort. Rahab, dit-il, était une infâme qui méritait le dernier supplice. Nous savons que le Nouveau Testament compte cette Rahab au nombre des aïeuls de Jésus-Christ ; mais il descend aussi de Bethsabée et de Thamar, qui n'étaient pas moins criminelles. Il a voulu nous faire connaître que sa naissance effaçait tous les crimes. Mais l'action de la prostituée Rahab n'en est pas moins punissable selon le monde.

 

Collins soutient que Josué sembla se défier de Dieu en envoyant des espions chez cette femme, et que puisqu'il avait avec lui Dieu et quarante mille hommes pour se saisir d'un petit bourg dans une vallée, et que la palissade qui enfermait ce petit bourg tomba au son des trompettes, on n'avait pas besoin d'envoyer chez une gueuse deux espions qui risquaient d'être pendus.

 

Nous citons à regret ces discours des incrédules, mais il faut faire voir jusqu'où va la témérité de l'esprit humain.

 

4 - Les incrédules disent qu'il ne faut pas multiplier les miracles sans nécessité ; que le prodige du passage du Jourdain est supérieur après le passage de la mer Rouge. Ils remarquent que l'auteur fait passer le Jourdain dans notre mois d'avril au temps de la moisson, mais que la moisson ne se fait dans ce pays-là qu'au mois de juin. Ils assurent que jamais au mois d'avril le Jourdain n'est à pleins bords, que ce petit fleuve ne s'enfle que dans les grandes chaleurs par la fonte des neiges du mont Libau ; qu'il n'a dans aucun endroit plus de quarante-cinq pieds de large, excepté à son embouchure dans la mer Morte, et qu'on peut le passer à gué dans plusieurs endroits. Ils trouvent qu'il y a plusieurs gués par l'aventure funeste de la tribu d'Ephraïm, qui combattit depuis contre Jephté, capitaine des Galaadites. Ceux de Galaad se saisirent, dit le texte sacré, des gués du Jourdain, par lesquels les Ephraïmites devaient repasser, et quand quelque Ephraïmite échappé de la bataille venait aux gués et disait à ceux de Galaad : Je vous conjure de me laisser passer, ceux de Galaad disaient à l'Ephraïmite : N'es-tu pas d'Ephraïm! ? Non, disait l'Ephraïmite. Eh bien ! disaient les Galaadites, prononce schiboleth, et l'Ephraïmite, qui grasseyait, prononçait siboleth, et aussitôt on le tuait : et on tua ainsi ce jour-là quarante-deux mille Ephraïmites.

 

Ce passage, disent les critiques, fait voir qu'il y avait plusieurs gués pour traverser aisément ce petit fleuve.

 

Ils s'étonnent ensuite que le roi prétendu de Jéricho, et tous les autres Cananéens que l'auteur sacré a dépeints comme une race de géants terribles, et auprès de qui les Juifs ne paraissaient que des sauterelles, ne vinrent pas exterminer ces sauterelles qui venaient ravager leur pays. Il est vrai, disent-ils, que l'auteur sacré nous assure que le roi Og était le dernier des géants ; mais il nous assure aussi qu'il en restait beaucoup au delà du Jourdain dans le pays de Canaan, et, géants ou non, ils devaient disputer le passage de la rivière.

 

On répond à cela que l'arche passait la première ; que la gloire du Seigneur était visiblement sur l'arche ; que Dieu marchait avec Josué et quarante mille hommes choisis, et que les habitants durent être consternés d'un miracle dont ils n'avaient point d'idée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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