LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 8
Photo de PAPAPOUSS
LA BIBLE EXPLIQUÉE.
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ANCIEN TESTAMENT.
(Partie 8)
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GENÈSE.
Or, Dieu vint trouver Abraham dans la vallée de Mambré, assis devant sa tente dans la chaleur du jour ; et Abraham ayant levé les yeux, vit trois hommes à côté de lui, et les ayant vus, il courut au plus vite et les salua jusqu'à terre ; et il leur dit : Mes seigneurs, si j'ai trouvé grâce devant tes yeux (1), ne passe pas au delà de l'habitation de ton serviteur ; mais j'apporterai un peu d'eau pour laver vos pieds ; reposez-vous sous l'arbre. Je vous donnerai une bouchée de pain ; confortez-vous ; après cela vous passerez ; car c'est pour manger que vous êtes venus vers votre serviteur. Et ils lui répondirent : Fais comme tu l'as dit. Abraham entra vite dans la tente de Sara, et lui dit : Dépêche-toi, pétris quatre-vingt-sept pintes de farine (2), et fais des pains cuits sous la cendre. Pour lui, il courut au troupeau où il prit un veau très tendre et très bon, et il le donna à un valet pour le faire cuire. Il prit aussi du kaimak et du lait, et le veau cuit, il se tint debout sous l'arbre vis-à-vis d'eux. Après qu'ils eurent mangé, ils lui dirent : Où est Sara ta femme ? Et il répondit : Elle est dans sa tente. L'un d'eux lui dit : Je reviendrai dans un an en revenant, si je suis en vie (3), et ta femme Sara aura un fils. Sara ayant entendu cela derrière la porte de la tente, se mit à rire, car ils étaient tous deux bien vieux ; et Sara n'avait plus ses règles. Elle rit donc en se cachant et dit : Après que je suis devenue vieille, et que mon seigneur est si vieux, j'aurai encore du plaisir ? Mais Dieu dit à Abraham : Pourquoi Sara s'est-elle mise à rire en disant : Puis-je enfanter étant si vieille ? est-ce qu'il y a quelque chose de difficile à Dieu ? Je reviendrai à toi dans un an, comme je te l'ai dit, si je suis en vie (4), et Sara aura un fils . Sara, toute tremblante, dit : Je n'ai point ri. Dieu lui dit : Si fait, tu as ri (5).
Les trois voyageurs s'étant levés de là, dirigèrent leurs yeux vers Sodome, et Abraham marchait en les menant ; et le Seigneur dit : Pourrai-je cacher à Abraham ce que je vais faire, puisqu'il sera père d'une nation grande et robuste, et que toutes les nations de la terre seront bénies en lui (6) car je sais qu'il ordonnera à lui et à toute sa famille de marcher dans la voie du Seigneur, et de faire jugement et justice. Dieu dit donc : La clameur des Sodomites et de Gomorrhe s'est multipliée, et le péché s'est appesanti. Je descendrai donc pour voir, et je verrai si la clameur, qui est venue à moi, est égalée par leurs œuvres, pour savoir si cela est, ou si cela n'est pas. Et ils partirent de là, et ils s'en allèrent à Sodome ; mais Abraham resta encore avec Dieu, et, s'approchant de lui, il lui dit : Est-ce que tu perdras le juste avec l'impie ? S'il y avait cinquante justes dans la cité, périront-ils aussi ? et ne pardonneras-tu pas à la ville à cause de ces cinquante justes ?... Dieu lui dit : Si je trouve dans Sodome cinquante justes , je pardonnerai pour l'amour d'eux... Et Abraham répliqua : S'il manque cinq de cinquante justes, détruiras-tu la ville pour ces cinq-là ? Et Dieu répondit : Je ne la détruirai point si j'en trouve quarante-cinq. Et Abraham continua : Peut-être ne s'en trouvera-t-il que quarante... Abraham dit : Et trente ? Dieu répondit : Je ne la détruirai point si j'en trouve trente... Et vingt ?... Et dix ?...Je ne la détruirai point, s'il y en a dix... Et Dieu se retira après cet entretien, et Abraham se retira chez lui.
Sur le soir les deux anges vinrent à Sodome ; et Loth, assis aux portes de la ville, les ayant vus, se leva, les salua, prosterné en terre, et leur dit : Messieurs, passez dans la maison de votre serviteur, demeurez-y, lavez vos pieds, et demain vous passerez votre chemin ; et ils lui dirent : Non, mais nous resterons dans la rue. Loth les pressa instamment, et les obligea de venir chez lui. Il leur fit à souper, cuisit des azymes, et ils mangèrent.
Mais avant qu'ils allassent coucher, les gens de la ville, les hommes de Sodome, environnèrent la maison, depuis le plus jeune jusqu'au plus vieux, depuis un bout jusqu'à l'autre, et ils appelèrent Loth, et lui dirent : Où sont ces gens qui sont entrés chez toi cette nuit ? amène-les-nous, afin que nous en usions. Loth étant sorti vers eux, et, fermant la porte derrière lui, leur dit : Je vous prie, mes frères, ne faites point ce mal ; j'ai deux filles qui n'ont point connu d'hommes, je vous les amènerai ; abusez d'elles tout comme il vous plaira ; mais ne faites point de mal à ces deux hommes ; car ils sont venus à l'ombre de mon toit. Mais ils lui dirent : Retire-toi de là (7) : cet étranger est-il venu chez nous pour nous juger ? Va, nous t'en ferons encore plus qu'à eux. Et ils firent violence à Loth, et se préparèrent à rompre les portes. Les deux voyageurs firent rentrer Loth chez lui, et fermèrent la porte. Ils frappèrent d'aveuglement tous les Sodomites, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, de sorte qu'ils ne pouvaient plus trouver la porte...
Les anges dirent à Loth : As-tu ici quelqu'un de tes gens, soit gendre, soit fils ou fille ? fais sortir de la ville tout ce qui t'appartient ; car nous allons détruire ce lieu, parce que leur cri s'est élevé devant le Seigneur, qui nous a envoyés pour les détruire. Loth étant donc sorti, parla à ses gendres qui devaient épouser ses filles ; il leur dit : Levez-vous et sortez de ce lieu, parce que le Seigneur va détruire cette ville. Et ils crurent qu'il se moquait d'eux (8).
Dès le point du jour, les deux anges pressèrent Loth de sortir, en lui disant : Prends ta femme et tes filles, de peur que tu ne périsses pour le crime de la ville. Comme Loth tardait, ils le prirent par la main, et ils prirent la main de sa femme et de ses filles, parce que le Seigneur les épargnait... et l'ayant tiré de sa maison, ils le mirent hors la ville, et lui dirent : Sauve ta vie ; ne regarde point derrière toi ; sauve-toi sur la montagne de peur que tu ne périsses.
Le Seigneur donc fit tomber sur Sodome et sur Gomorrhe une pluie de soufre et de feu qui tombait du ciel, et il détruisit ces villes et tout le pays d'alentour, et tous les habitants et toutes les plantes... La femme de Loth, ayant regardé derrière elle, fut changée en statue de sel (9)...
Abraham s'étant levé de grand matin, vint au lieu où il avait été auparavant avec le Seigneur ; et, jetant les yeux sur Sodome, sur Gomorrhe, et sur tout le pays d'alentour, il ne vit plus rien que des étincelles et de la fumée qui s'élevait de la terre, comme la fumée d'un four (10)...
Loth monta de Ségor et demeura sur la montagne dans une caverne avec ses deux filles (11). L'aînée dit à la cadette : Notre père est vieux, et il n'est resté aucun homme sur la terre qui puisse entrer à nous, selon la coutume de toute la terre ; venez, enivrons notre père avec du vin, couchons avec lui, afin de pouvoir susciter de la semence de notre père. Et cette aînée alla coucher avec son père qui ne sentit rien, ni quand il se coucha, ni quand il se releva ; et le jour suivant, cette aînée dit à la cadette : Voilà que j'ai couché hier avec mon père ; donnons-lui à boire cette nuit, et tu coucheras avec lui, afin que nous gardions de la semence de notre père. Elles lui donnèrent donc encore du vin à boire, et la petite fille coucha avec lui qui n'en sentit rien ni quand elle concourut avec lui, ni quand elle se leva. Ainsi, les deux filles deLoth furent grosses de leur père. L'aînée enfanta Moab, qui fut père des Moabites jusqu'à aujourd'hui, et la cadette fut mère d'Ammon, qui veut dire fils de mon peuple. C'est le père des Ammonites jusqu'à aujourd'hui.
1 – Voici un nouvel exemple du singulier joint avec le pluriel. Il y a ici trois hommes, et ces trois hommes sont trois dieux, et Abraham ne parle qu'à un seul et ensuite il parle à tous trois. Quelques-uns ont cru que cela signifiait la sainte Trinité. Cette expliquation a été combattue, parce que le mot de trinité ne se trouve dans aucun endroit de l'Écriture. Il ne nous appartient pas d'approfondir cette question. (Voltaire.) - Il y a, dans le texte hébreu, trois messagers, et non pas trois dieux. (G.A.)
2 – Trois sata de farine font un épha ; et si l'épha contient vingt-neuf pintes, trois éphata de farine font quatre-vingt-sept pintes. Cétait prodigieusement de pain. L'usage était chez mes Orientaux de servir d'un seul plat en grande quantité. Le Kema ou Kaimak qu'Abraham fit lui-même, était une espèce de fromage à la crème dont la mode a été chez les mahométans : ils ont un conte intitulé : Le Kaïmak et le Serpent, dont ils font grand cas, et qui a été traduit par Senecé, valet de chambre d'Anne d'Autriche, mère de Louis XIV. Il est dit dans l'histoire des Arabes qu'on servit du Kaimak au repas de noces de Mahomet avec Cadishé.
3 - Si je suis en vie, est une façon de parler ordinaire. Ni un ange ni un Dieu ne pouvait douter qu'il ne dût être en vie dans un an. Et comme ces voyageurs ne se donnaient point pour des dieux, ils pouvaient emprunter le langage des hommes ; mais puisqu'ils prédirent l'avenir, ils se donnaient au moins pour prophètes.
4 - C'est Dieu même ici qui parle, et qui dit : Je reviendrai si je suis en vie. C'est qu'il ne se donne encore à Abraham que pour un homme.
Dom Calmet trouve une ressemblance visible entre l'aventure d'Abraham et celle du bonhomme Irius à qui Jupiter, Neptune et Mercure accordèrent un enfant en jetant leur semence sur un cuir de boeuf dont l'enfant naquit. Il est bien clair, dit Calmet, que le nom d'Irius est le même que celui d'Abraham.
5 - Cette conversation de Dieu et d'Abraham et tous ces détails sont de la plus grande naïveté. L'auteur rend compte de tout ce qui s'est fait, et de tout ce qui s'est dit, comme s'il y avait été présent. Il a donc été inspiré sur tous les points par Dieu même ; sans quoi il ne serait qu'un conteur de fables. Ceux qui ont dit que toute cette histoire n'était qu'allégorique ont été bien hardis. Ils ont prétendu que Dieu et les deux anges qui vinrent chez Abraham ne mangèrent point, mais firent semblant de manger. Or, si cela était, on pourrait en dire autant de toute la sainte Écriture : rien ne serait arrivé de ce qu'on raconte : tout n'aurait été qu'en apparence : l'Écriture serait un rêve perpétuel, ce qu'il n'est pas permis d'avancer.
6 - Il n'est pas vrai à la lettre que toutes les nations de la terre descendent d'Abraham, puisqu'il y avait déjà, dès longtemps, de grands peuples établis, et que lui-même avait battu cinq grands rois avec trois cent dix-huit valets. On ne peut pas entendre non plus par toutes les nations les gens de Canaan, puisqu'on suppose qu'ils furent tous massacrés. Il est difficile d'entendre, par toutes les nations, les mahométans et les chrétiens, qui sont les ennemis mortels des Juifs. On peut dire que le christianisme a été prêché dans la plupart des nations ; que le christianisme vient du judaïsme, et que le judaïsme vient d'Abraham. Mais tous les peuples qui n'ont point reçu le christianisme, les Japonais, les Chinois, les Tartares, les Indiens, les Turcs, ne peuvent être regardés comme bénis. Ce sont de petites difficultés qui se rencontrent souvent, et par-dessus lesquelles il faut passer pour aller à l'essentiel. Cet essentiel est la piété , la foi, la soumission entière au chef de l'Église et aux conciles œucuméniques. Sans cette soumission, qui pourrait comprendre par son seul entendement comment Dieu s'entretenait si familièrement avec Abraham, sur le point d'abîmer et de brûler cinq villes entières ? quelle langue Dieu parlait ? comment il fit rire Sara ? comment il mangea ? Chaque mot peut faire naître un doute dans l'âme la plus fidèle. Ne lisons donc point l'Écriture dans la vaine espérance de l'entendre parfaitement, mais dans la ferme résolution de la vénérer, en n'y entendant pas plus que les commentateurs.
7 - Nous avouons que le texte confond ici plus qu'ailleurs l'esprit humain. Si ces deux anges, ces deux dieux étaient incorporels, ils avaient donc pris un corps d'une grande beauté pour inspirer des désirs abominables à tout un peuple. Quoi ! les vieillards et les enfants, tous les habitants, sans exception, viennent en foule pour commettre le péché infâme avec ces deux anges : Il n'est pas dans la nature humaine de commettre tous ensemble publiquement une telle abomination, pour laquelle on cherche toujours la retraite et le silence. Les Sodomites demandent ces deux anges comme on demande du pain en tumulte dans un temps de famine. Il n'y a rien dans la mythologie qui approche de cette horreur inconcevable. Ceux qui ont dit que les trois dieux dont deux étaient allés à Sodome, et un était resté avec Abraham, étaient Dieu le père, le Fils, et le Saint-Esprit, rendent encore le crime des Sodomites plus exécrable, et cette histoire plus incompréhensible.
La proposition de Loth aux Sodomites de coucher tous avec ses deux filles pucelles, au lieu de coucher avec ces deux anges, ou ces deux dieux, n'est pas moins révoltante. Tout cela renferme la plus détestable impureté dont il soit fait mention dans aucun livre.
Les interprètes trouvent quelques rapports entre cette aventure et celle de Philémon et de Baucis ; mais celle-ci est bien moins indécente, et beaucoup plus instructive. C'est un bourg que les dieux punissent d'avoir méprisé l'hospitalité ; c'est un avertissement d'être charitable ; il n'y a nulle impureté. Quelques-uns disent que l'auteur sacré a voulu renchérir sur l'histoire de Philémon et de Baucis, pour inspirer plus d'horreur d'un crime fort commun dans les pays chauds. Cependant les Arabes voleurs, qui sont encore dans ce désert sauvage de Sodome, stipulent toujours que les caravanes qui passent par ce désert leur donneront des filles nubiles, et ne demandent jamais de garçons.
Cette histoire de ces deux anges n'est point traitée ici en allégorie, en apologue, tout est au pied de la lettre, et on ne voit pas quelle allégorie on en pourrait tirer pour l'explication du Nouveau Testament, dont l'Ancien est une figure, selon tous les Pères de l'Église.
8 - L'auteur ne dit point ce que devinrent les deux gendres de Loth qui ne demeuraient point dans sa maison avec ses filles, et qui ne les avaient pas encore épousées. Il faut qu'ils aient été enveloppés dans la destruction générale. Cependant l'auteur ne dit point que ces deux gendres de Loth fussent coupables du même excès d'impureté abominable pour laquelle les Sodomites furent brûlés avec la ville. Il ne paraît point, par le texte, qu'ils fussent de la troupe qui voulut violer les deux anges. Mais pourquoi ne suivirent-ils pas les deux filles et leur beau-père ? pouquoi ne viennent-ils pas faire des enfants à leurs deux épouses ? et pourquoi laissent-ils ce soin à leur propre père qui les engrosse étant ivre ?
La proposition du père Loth d'abandonner ses deux filles à la lubricité des Sodomites, semble presque aussi insoutenable que la furieuse passion de tout ce peuple pour ces deux anges.
9 - Cette métamorphose d'Edith, femme de Loth, en statue de sel, a été encore une grande pierre d'achoppement. L'historien Josèphe assure, dans ses Antiquités, qu'il a vu cette statue, et qu'on la montrait encore de son temps. L'auteur du livre de la Sagesse dit qu'elle subsiste comme un monument d'incrédulité. Benjamin de Tudèle, dans son fameux voyage, dit qu'on la voit, à deux parasanges de Sodome. Saint Irénée dit qu'elle a ses règles tous les mois. Aujourd'hui les voyageurs ne trouvent rien de tout cela. Quand les Romains prirent Jérusalem, ils ne furent point curieux de voir la statue de sel. Ni Pompée, ni Titus, ni Adrien, n'avaient jamais entendu parler de Loth, de sa femme Edith, et de ses deux filles, ni d'Abraham, ni d'aucun homme de cette famille. Le temps n'était pas encore venu où elle devait être connue des nations.
Les commentateurs disent que la fable d'Eurydice est prise de l'histoire d'Edith, femme de Loth. D'autres croient que la fable de Niobé changée en statue fut pillée de ce morceau de la Genèse. Les savants assurent qu'il est impossible que les Grecs aient jamais rien pris des Hébreux, dont ils ignoraient la langue, les livres, et jusqu'à l'existence, et que les Grecs ne purent savoir qu'il y avait une Judée que du temps d'Alexandre. L'historien Flavius Josèphe l'avoue dans sa réponse à Apion. Les Grecs, les Romains, les rois de Syrie et les Ptolémées d'Égypte surent que les Juifs étaient des Barbares et des usuriers, avant de savoir qu'ils eussent des livres.
10 - Le texte ne dit point que la ville de Sodome et les autres furent changées en un lac : au contraire, il dit qu'Abraham ne vit que "des étincelles, de la cendre, et de la fumée comme celle d'un four dans toute cette terre." Il faut donc que Sodome, Gomorrhe et les trois autres villes qui formaient la Pentapole, fussent bâties au bout du lac. Ce lac, en effet, devait exister, et former le dégorgement du Jourdain. La plus grande difficulté est de concevoir comment il y avait cinq villes si riches et si débauchées dans ce désert affreux qui manque absolument d'eau potable, et où l'on ne trouve jamais que quelques hordes vagabondes d'Arabes voleurs qui viennent dans le temps des caravanes. On est toujours surpris qu'Abraham et sa famille aient quitté le beau pays de la Chaldée pour venir dans ces déserts de sable et de bitume, où il est impossible aux hommes et aux animaux de vivre. Nous ne prétendons point éclaircir toutes ces obscurités ; nous nous en tenons respectueusement au texte. (Voltaire.) - Voyez, dans le Dictionnaire philosophique, l'article ASPHALTIDE (lac) et nos notes (G.A.)
11 - Ségor était une ville du voisinage. Quelques commentateurs la placent à quarante-vinq milles de Sodome ; et Loth quitta Ségor pour aller dans une caverne avec ses deux filles. Le texte ne dit point d'ailleurs ce qu'il fit lorsqu'il vit sa femme changée en statue de sel. Il ne dit point non plus nom de ses filles. L'idée d'enivrer leur père pour coucher avec lui dans la caverne est singulière. Le texte ne dit point où elles trouvèrent du vin ; mais il dit que Loth jouit de ses filles sans s'apercevoir de rien, soit quand elles couchèrent avec lui, soit quand elles s'en allèrent. Il est très difficile de jouir d'une femme sans le sentir, surtout si elle est pucelle. C'est un fait que nous ne hasardons pas d'expliquer.
Il est vrai que cette histoire a quelque rapport avec celle de Myrrha et de Cyniras. Au reste, on ne voit pas pourquoi les filles de Loth craignaient que le monde ne finit, puisque Abraham avait déjà engendré Ismaël de sa servante, que toutes les nations étaient dispersées, et que la ville de Ségot donc ces filles sortaient, et la ville de Tsohar, étaient tout auprès. Il y a là tant d'obscurités, que le seul parti est toujours de se soumettre, sans oser rien approfondir.