ANNALES DE L'EMPIRE - CATALOGUE DES EMPEREURS - HENRI IV - Partie 2 - Partie 24

Publié le par loveVoltaire

Photo de PAPAPOUSS

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ANNALES DE L’EMPIRE.

 

 

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CATALOGUE DES EMPEREURS

 

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(Partie 2)

 

 

 

HENRI IV,

 

 

 

 

 

1075 – Les Russes commençaient alors à être chrétiens, et connus dans l’Occident.

 

         Un Démétrius (car les noms grecs étaient parvenus jusque dans cette partie du monde), chassé de ses États par son frère, vient à Mayence implorer l’assistance de l’empereur ; et, ce qui est plus remarquable, il envoie son fils à Rome aux pieds de Grégoire VII, comme au juge des chrétiens. L’empereur passait pour le chef temporal, et le pape pour le chef spirituel de l’Europe.

 

         Henri achève de dissiper la ligue, et rend la paix à l’empire.

 

         Il paraît qu’il redoutait les nouvelles révolutions ; car il écrivit une lettre très soumise au pape, dans laquelle il s’accuse de débauche et de simonie ; il faut l’en croire sur sa parole. Son aveu donnait à Grégoire VII le droit de le reprendre ; c’est le plus beau des droits ; mais il ne donne pas celui de disposer des couronnes.

 

         Grégoire VII écrit aux évêques de Brême, de Constance, à l’archevêque de Mayence, et à d’autres, et leur ordonne de venir à Rome. « Vous avez permis aux clercs, dit-il, de garder leurs concubines, même d’en prendre de nouvelles ; nous vous ordonnons de venir à Rome au premier concile. »

 

         Il s’agissait aussi de dîmes ecclésiastiques, que les évêques et les abbés d’Allemagne se disputaient.

 

         Grégoire VII propose le premier une croisade : il en écrit à Henri IV. Il prétend qu’il ira délivrer le saint sépulcre à la tête de cinquante mille hommes, et veut que l’empereur vienne servir sous lui. L’esprit qui régnait alors ôte à cette idée du pape l’air de la démence, et n’y laisse que celui de la grandeur.

 

         Le dessein de commander à l’empereur et à tous les rois ne paraissait pas moins chimérique ; c’est cependant ce qu’il entreprit, et non sans quelques succès.

 

         Salomon, roi de Hongrie, chassé d’une partie de ses États, et n’étant plus maître que de Presbourg jusqu’à l’Autriche, vient à Vorms renouveler l’hommage de la Hongrie à l’empire.

 

         Grégoire VII lui écrit : « Vous devez savoir que le royaume de Hongrie appartient à l’Église romaine. Apprenez que vous éprouverez l’indignation du saint-siège, si vous ne reconnaissez que vous tenez vos États de lui, et non du roi de Germanie. »

 

         Le pape exige du duc de Bohême cent marcs d’argent en tribut annuel, et lui donne en récompense le droit de porter la mitre.

 

1076 – Henri IV jouissait toujours du droit de nommer les évêques et les abbés, et de donner l’investiture par la crosse et par l’anneau ; ce droit lui était commun avec presque tous les princes. Il appartient naturellement au peuple de choisir ses pontifes et ses magistrats. Il est juste que l’autorité royale y concoure ; mais cette autorité avait tout envahi. Les empereurs nommaient aux évêchés, et Henri IV les vendait. Grégoire, en s’opposant à l’abus, soutenait la liberté naturelle des hommes ; mais en s’opposant au concours de l’autorité impériale, il introduisait un abus plus grand encore. C’est alors qu’éclatèrent les divisions entre l’empire et le sacerdoce.

 

         Les prédécesseurs de Grégoire VII n’avait envoyé des légats aux empereurs que pour les prier de venir les secourir et de se faire couronner dans Rome. Grégoire envoie deux légats à Henri, pour le citer à venir comparaître devant lui comme un accusé.

 

         Les légats arrivés à Goslar sont abandonnés aux insultes des valets. On assemble pour réponse une diète dans Vorms, où se trouvent presque tous les seigneurs, les évêques et les abbés d’Allemagne.

 

         Un cardinal, nommé Hugues, y demande justice de tous les crimes qu’il impute au pape. Grégoire y est déposé à la pluralité des voix : mais il fallait avoir une armée pour aller à Rome soutenir ce jugement.

 

         Le pape, de son côté, dépose l’empereur par une bulle. « Je lui défends, dit-il, de gouverner le royaume teutonique et l’Italie ; et je délivre (1) ses sujets du serment de fidélité. »

 

         Grégoire, plus habile que l’empereur savait bien que ces excommunications seraient secondées par des guerres civiles. Il met les évêques allemands dans son parti. Ces évêques gagnent des seigneurs. Les Saxons, anciens ennemis de Henri, se joignent à eux. L’excommunication de Henri IV leur sert de prétexte.

 

         Ce même Guelfe, à qui l’empereur avait donné la Bavière, s’arme contre lui de ses bienfaits, et soutient les mécontents.

 

         Enfin, la plupart des mêmes évêques et des mêmes princes qui avaient déposé Grégoire VII soumettent leur empereur au jugement de ce pape. Ils décrètent que le pape viendra juger définitivement l’empereur au jugement de ce pape. Ils décrètent que le pape viendra juger définitivement l’empereur dans Augsbourg.

 

1077 – L’empereur veut prévenir ce jugement fatal d’Augsbourg ; et par une résolution inouïe, il va, suivi de peu de domestiques, demander au pape l’absolution.

 

         Le pape était alors dans la forteresse de Canosse sur l’Apennin, avec la comtesse Mathilde, propre cousine de l’empereur.

 

         Cette comtesse Mathilde est la véritable cause de toutes les guerres entre les empereurs et les papes qui ont si longtemps désolé l’Italie. Elle possédait de son chef une grande partie de la Toscane, Mantoue, Parme, Reggio, Plaisance, Ferrare Modène, Vérone, presque tout ce qu’on appelle aujourd’hui le patrimoine de Saint-Pierre de Vitzerbe jusqu’à Orviette, une partie de l’Ombrie, de Spolette, de la marche d’Ancône. On l’appelait la grande comtesse, quelquefois duchesse ; il n’y avait alors aucune formule de titres usitée en Europe ; on disait aux rois votre excellence, votre sérénité ; votre grandeur, votre grâce, indifféremment. Le titre de majesté était rarement donné aux empereurs ; et c’était plutôt une épithète qu’un nom d’honneur affecté à la dignité impériale. Il y a encore un diplôme d’une donation de Mathilde à l’évêque de Modène, qui commence ainsi : « En présence de Mathilde, par la grâce de Dieu, duchesse et comtesse. » Sa mère, sœur de Henri III, et très maltraitée par son frère, avait nourri cette puissante princesse dans une haine implacable contre la maison de Henri. Elle était soumise au pape, qui était son directeur, et que ses ennemis accusaient d’être son amant. Son attachement à Grégoire et sa haine contre les Allemands allèrent au point qu’elle fit une donation de toutes ses terres au pape, du moins à ce qu’on prétend (2).

 

         C’est en présence de cette comtesse Mathilde qu’au mois de janvier 1077, l’empereur, pieds nus et couvert d’un cilice, se prosterne aux pieds du pape, en lui jurant qu’il lui sera en tout parfaitement soumis, et qu’il ira attendre son arrêt à Augsbourg.

 

         Tous les seigneurs lombards commençaient alors à être beaucoup plus mécontents du pape que de l’empereur. La donation de Mathilde leur donnait des alarmes. Ils promettent à Henri IV de le secourir, s’il casse le traité honteux qu’il vient de faire. Alors on voit ce qu’on n’avait point vu encore : un empereur allemand secouru par l’Italie, et abandonné par l’Allemagne.

 

         Les seigneurs et les évêques assemblés à Forcheim en Franconie, animés par les légats du pape, déposent l’empereur, et réunissent leurs suffrages en faveur de Rodolphe de Reinfeld, duc de Souade.

 

1078 – Grégoire se conduit  alors en juge suprême des rois. Il a déposé Henri IV, mais il peut lui pardonner. Il trouve mauvais qu’on n’ait pas attendu son ordre précis pour sacrer le nouvel élu à Mayence. Il déclare, de la forteresse de Canosse, où les seigneurs lombards le tiennent bloqué, qu’il reconnaîtra pour empereur et pour roi d’Allemagne celui des concurrents qu’il lui obéira le mieux.

 

         Henri IV repasse en Allemagne, ranime son parti, lève une armée. Presque toute l’Allemagne est mise par les deux partis à feu et à sang.

 

1079 – On voit tous les évêques en armes dans cette guerre.

 

         Un évêque de Strasbourg, partisan de Henri, va piller tous les couvents déclarés pour le pape.

 

 

 

 

 

2 – Voltaire a sans doute voulu dire « délie. » (G.A.)

 

3 – Cette donation, qui est vraie, n’était pas valable, d’après les lois féodales. Nous l’avons déjà fait remarquer dans l’Essai. (G.A.)

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