HISTOIRE DE L'ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME - 1776 - Partie 28

Publié le par loveVoltaire

HISTOIRE DE L'ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME - 1776 - Partie 28

Photo de PAPAPOUSS

 

 

 

 

CHAPITRE XVII.

 

Du labarum.

 

 

 

 

          Ce n’est pas ici le lieu de faire une histoire suivie et détaillée de Constantin, quoique les déclamations puériles d’Eusèbe, la partialité de Zonare et de Zosime, leur inexactitude, leurs contrariétés, et la foule de leurs insipides copistes, semblent exiger que la raison écrive enfin cette histoire si longtemps défigurée par la démence et le pédantisme.

 

          Nous n’avons ici d’autre objet que le labarum. C’était un signe militaire qui servait de ralliement, tandis que les aigles romaines étaient la principale enseigne de l’armée. Constantin s’étant fait proclamer césar chez nous par quelques cohortes, sortit vite de notre île pour aller disputer le trône à Maxence, fils de l’empereur Maximien Hercule encore vivant. Maxence avait été élu par le sénat romain, par les gardes prétoriennes, et par le peuple. Constantin leva une armée dans les Gaules. Il y avait dans cette armée un très grand nombre de chrétiens attachés à son père. Jésu-Christ, soit par reconnaissance, soit par politique, lui apparut, et lui montra en plein midi un nouveau labarum, placé dans l’air immédiatement au-dessus du soleil. Ce labarum était orné de son chiffre ; car on sait que Jésu-Christ avait un chiffre. Cet étendard fut vu d’une grande partie des soldats gaulois, et ils en lurent distinctement l’inscription, qui était en grec. Nous ne devons pas douter qu’il n’y eût aussi plusieurs de nos compatriotes dans cette armée, qui lurent cette légende, Vains en ceci ; car nous nous piquons d’entendre le grec beaucoup mieux que nos voisins.

 

          On ne nous a pas appris positivement en quel lieu et en quelle année ce merveilleux étendard parut au-dessus du soleil. Les uns disent que c’était à Besançon, les autres vers Trèves, d’autres près de Cologne, d’autres dans ces trois villes à la fois, en l’honneur de la sainte Trinité.

 

          Eusèbe l’arien, dans son Histoire de l’Eglise (1), dit qu’il tenait le conte du labarum de la bouche même de Constantin, et que ce véridique empereur l’avait assuré que jamais les soldats qui portaient cette enseigne n’étaient blessés. Nous croyons aisément que Constantin se fit un plaisir de tromper un prêtre ; ce n’était qu’un rendu. Scipion l’africain persuada bien à son armée qu’il avait un commerce intime avec les dieux, et il ne fut ni le premier ni le dernier qui abusa de la crédulité du vulgaire. Constantin était vainqueur, il lui était permis de tout dire. Si Maxence avait vaincu, Maxence aurait reçu sans doute un étendard de la main de Jupiter (2).

 

 

 

1 –  Ou plutôt dans la Vie de Constantin. (G.A.)

 

2 – Voyez, dans le Dictionnaire philosophique, les articles CHRISTIANISME et CONSTANTIN. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

Commenter cet article