SIÈCLE DE LOUIS XIV - Chapitre XVIII - Guerre mémorable pour la succession à la monarchie d’Espagne. - Partie 1
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SIÈCLE DE LOUIS XIV
PAR
VOLTAIRE
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- Partie 1 -
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CHAPITRE XVIII.
Guerre mémorable pour la succession à la monarchie d’Espagne.
Conduite des ministres et des généraux jusqu’en 1703.
A Guillaume III succéda la princesse Anne, fille du roi Jacques et de la fille d’Hyde, avocat devenu chancelier et l’un des grands hommes de l’Angleterre (1). Elle était mariée au prince de Danemark, qui ne fut que son premier sujet. Dès qu’elle fut sur le trône, elle entra dans toutes les mesures du roi Guillaume, quoiqu’elle eût été ouvertement brouillée avec lui. Ces mesures étaient les vœux de la nation. Un roi fait d’ailleurs entrer aveuglément ses peuples dans toutes ses vues ; mais à Londres un roi doit entrer dans celles de son peuple.
Ces dispositions de l’Angleterre et de la Hollande pour mettre, s’il se pouvait, sur le trône d’Espagne l’archiduc Charles, fils de l’empereur, ou du moins pour résister aux Bourbons, méritent peut-être l’attention de tous les siècles. La Hollande devait, pour sa part, entretenir cent deux mille hommes de troupes, soit dans les garnisons, soit en campagne. Il s’en fallait beaucoup que la vaste monarchie espagnole pût en fournir autant dans cette conjoncture. Une province de marchands presque toute subjuguée en deux mois, trente ans auparavant, pouvait plus alors que les maîtres de l’Espagne, de Naples, de la Flandre, du Pérou, et du Mexique. L’Angleterre promettait quarante mille hommes, sans compter ses flottes. Il arrive dans toutes les alliances que l’on fournit à la longue beaucoup moins qu’on n’avait promis. L’Angleterre, au contraire, donna cinquante mille hommes dans la seconde année, au lieu de quarante ; et vers la fin de la guerre, elle entretint, tant de ses troupes que de celles des alliés sur les frontières de France, en Espagne, en Italie, en Irlande, en Amérique, et sur ses flottes, près de deux cent mille soldats et matelots combattants ; dépense presque incroyable pour qui considérera que l’Angleterre, proprement dite, n’est que le tiers de la France, et qu’elle n’avait pas la moitié tant d’argent monnayé ; mais dépense vraisemblable aux yeux de ceux qui savent ce que peuvent le commerce et le crédit. Les Anglais ont porté toujours le plus grand fardeau de cette alliance. Les Hollandais ont insensiblement diminué le leur ; car, après tout, la république des états généraux n’est qu’une illustre compagnie de commerce ; et l’Angleterre est un pays fertile, rempli de négociants et de guerriers.
L’empereur devait fournir quatre-vingt-dix mille hommes, sans compter les secours de l’empire et des alliés qu’il espérait détacher de la maison de Bourbon ; et cependant le fils de Louis XIV régnait déjà paisiblement dans Madrid ; et Louis, au commencement du siècle, était au comble de sa puissance et de sa gloire ; mais ceux qui pénétraient dans les ressorts des cours de l’Europe, et surtout celle de France, commençaient à craindre quelques revers ; l’Espagne, affaiblie sous les derniers rois du sang de Charles-Quint, l’était encore davantage dans les premiers jours du règne d’un Bourbon. La maison d’Autriche avait des partisans dans plus d’une province de cette monarchie. La Catalogne semblait prête à secouer le joug nouveau, et à se donner à l’archiduc Charles II. Il était impossible que le Portugal ne se rangeât tôt ou tard du côté de la maison d’Autriche. Son intérêt visible était de nourrir chez les Espagnols, ses ennemis naturels, une guerre civile dont Lisbonne ne pouvait que profiter. Le duc de Savoie, à peine beau-père du nouveau roi d’Espagne, et lié aux Bourbons par le sang et par les traités, paraissait déjà mécontent de ses gendres. Cinquante mille écus par mois, poussés depuis jusqu’à deux cent mille francs, ne paraissaient pas un avantage assez grand pour le retenir dans leur parti. Il lui fallait au moins le Montferrat-Mantouan et une partie du Milanais Les hauteurs qu’il essuyait des généraux français et du ministère de Versailles lui faisaient craindre avec raison d’être bientôt compté pour rien par ses deux gendres, qui tenaient resserrés ses Etats de tous côtés (2). Il avait déjà quitté brusquement le parti de l’empire pour la France. Il est vraisemblable qu’étant si peu ménagé par la France, il s’en détacherait à la première occasion.
Quant à la cour de Louis XIV et à son royaume, les esprits fins y apercevaient déjà un changement que les grossiers ne voient que quand la décadence est arrivée. Le roi, âgé de plus de soixante ans, devenu plus retiré, ne pouvait plus si bien connaître les hommes ; il voyait les choses dans un trop grand éloignement, avec des yeux moins appliqués, et fascinés par une longue prospérité. Madame de Maintenon, avec toutes les qualités estimables qu’elle possédait, n’avait ni la force, ni le courage, ni la grandeur d’esprit nécessaires pour soutenir la gloire d’un Etat. Elle contribua à faire donner le ministère des finances en 1699, et celui de la guerre en 1701, à sa créature Chamillart, plus honnête homme que ministre, et qui avait plu au roi par la modestie de sa conduite, lorsqu’il était chargé de Saint-Cyr (3). Malgré cette modestie extérieure, il eut le malheur de se croire la force de supporter ces deux fardeaux, que Colbert et Louvois avaient à peine soutenus. Le roi, comptant sur sa propre expérience, croyait pouvoir diriger heureusement ses ministres. Il avait dit, après la mort de Louvois, au roi Jacques : « J’ai perdu un bon ministre mais vos affaires et les miennes n’en iront pas plus mal. » Lorsqu’il choisit Barbesieux pour succéder à Louvois dans le ministère de la guerre : « J’ai formé votre père, lui dit-il, je vous formerai de même (4). » Il en dit à peu près autant à Chamillart. Un roi qui avait travaillé si longtemps et si heureusement semblait avoir droit de parler ainsi ; mais sa confiance en ses lumières le trompait.
A l’égard des généraux qu’il employait, ils étaient souvent gênés par des ordres précis, comme des ambassadeurs qui ne devaient pas s’écarter de leurs instructions. Il dirigeait avec Chamillart, dans le cabinet de madame de Maintenon, les opérations de la campagne. Si le général voulait faire quelque grande entreprise, il fallait souvent qu’il en demandât la permission par un courrier qui trouvait, à son retour, ou l’occasion manquée ou le général battu (5).
Les dignités et les récompenses militaires furent prodiguées sous le ministère Chamillart. On donna la permission à trop de jeunes gens d’acheter des régiments presque au sortir de l’enfance ; tandis que chez les ennemis, un régiment était le prix de vingt ans de service. Cette différence ne fut ensuite que trop sensible dans plus d’une occasion, où un colonel expérimenté eût pu empêcher une déroute. Les croix de chevalier de Saint-Louis, récompense inventée par le roi en 1693 (6), et qui étaient l’objet de l’émulation des officiers, se vendirent dès le commencement du ministère de Chamillart. On les achetait cinquante écus dans les bureaux de la guerre. La discipline militaire, l’âme du service, si rigidement soutenue par Louvois, tomba dans un relâchement funeste : ni le nombre des soldats ne fut complet dans les compagnies, ni même celui des officiers dans les régiments. La facilité de s’entendre avec les commissaires, et l’inattention du ministre, produisaient ce désordre. De là naissait un inconvénient qui devait, toutes choses égales d’ailleurs, faire perdre nécessairement des batailles. Car, pour avoir un front aussi étendu que celui de l’ennemi, on était obligé d’opposer des bataillons faibles à des bataillons nombreux. Les magasins ne furent plus ni assez grands ni assez tôt prêts. Ceux qui voyaient ces défauts du gouvernement, et qui savaient à quels généraux la France aurait affaire, craignirent pour elle, même au milieu des premiers avantages qui promettaient à la France de plus grandes prospérités que jamais (7).
Le premier général qui balança la supériorité de la France fut un Français ; car on doit appeler de ce nom le prince Eugène, quoiqu’il fût petit-fils de Charles-Emmanuel, duc de Savoie. Son père, le comte de Soissons, établi en France, lieutenant général des armées et gouverneur de Champagne, avait épousé Olympe Mancini, l’une des nièces du cardinal Mazarin. (18 octobre 1663) De ce mariage, d’ailleurs malheureux, naquit à Paris ce prince si dangereux depuis à Louis XIV, et si peu connu de lui dans sa jeunesse. On le nomma d’abord en France le chevalier de Carignan. Il prit ensuite le petit collet. On l’appelait l’abbé de Savoie. On prétend qu’il demanda un régiment au roi, et qu’il essuya la mortification d’un refus accompagné de reproches. Ne pouvant réussir auprès de Louis XIV, il était allé servir l’empereur contre les Turcs dès l’an 1683. Le roi fit ordonner aux princes de Conti, et à tous ceux qui faisaient avec eux le voyage, de revenir. L’abbé de Savoie fut le seul qui n’obéit point (8). Il avait déjà déclaré qu’il renonçait à la France. Le roi, quand il l’apprit, dit à ses courtisans : « Ne trouvez-vous pas que j’ai fait là une grande perte ? » et les courtisans assurèrent que l’abbé de Savoie serait toujours un esprit dérangé, un homme incapable de tout. On en jugeait par quelques emportements de jeunesse, sur lesquels il ne faut jamais juger les hommes. Ce prince, trop méprisé à la cour de France, était né avec les qualités qui font un héros dans la guerre et un grand homme dans la paix ; un esprit plein de justesse et de hauteur, ayant le courage nécessaire et dans les armées et dans le cabinet. Il a fait des fautes comme tous les généraux ; mais elles ont été cachées sous le nombre de ses grandes actions. Il a ébranlé la grandeur de Louis XIV et la puissance ottomane ; il a gouverné l’empire ; et dans le cours de ses victoires et de son ministère, il a méprisé également le faste et les richesses. Il a même cultivé les lettres, et les a protégées autant qu’on le pouvait à la cour de Vienne. Agé alors de trente-sept ans, il avait l’expérience de ses victoires remportées sur les Turcs, et des fautes commises par les Impériaux dans les dernières guerres, où il avait servi contre la France.
Il descendit en Italie par le Trentin sur les terres de Venise avec trente mille hommes, et la liberté entière de s’en servir comme il le voudrait. Le roi de France défendit d’abord au maréchal de Catinat de s’opposer au passage du prince Eugène, soit pour ne point commettre le premier acte d’hostilité, ce qui est une mauvaise politique quand on a les armes à la main ; soit pour ménager les Vénitiens, qui étaient pourtant moins dangereux que l’armée allemande.
Cette faute de la cour en fit commettre d’autres à Catinat. Rarement réussit-on quand on suit un plan qui n’est pas le sien. On sait d’ailleurs combien il est difficile dans ce pays, tout coupé de rivières et de ruisseaux, d’empêcher un ennemi habile de les passer. Le prince Eugène joignait à une grande profondeur de desseins une vivacité prompte d’exécution. La nature du terrain aux bords de l’Adige faisait encore que l’armée ennemie était plus ramassée, et la française plus étendue. Catinat voulait aller à l’ennemi ; mais quelques lieutenants généraux firent des difficultés, et formèrent des cabales contre lui. Il eut la faiblesse de ne se pas faire obéir. La modération de son esprit lui fit commettre cette grande faute (9). Eugène força d’abord le poste de Carpi, auprès du canal Blanc, défendu par Saint-Fremont, qui ne suivit pas tous les ordres du général, et qui se fit battre. Après ce succès, l’armée allemande fut maîtresse du pays entre l’Adige et l’Adda ; elle pénétra dans le Bressan, et Catinat recula jusque derrière l’Oglie. Beaucoup de bons officiers approuvaient cette retraite qui leur paraissait sage, et il faut encore ajouter que le défaut des munitions promises par le ministre la rendait nécessaire. Les courtisans, et surtout ceux qui espéraient de commander à la place de Catinat, firent regarder sa conduite comme l’opprobre du nom français. Le maréchal de Villeroi persuada qu’il réparerait l’honneur de la nation. La confiance avec laquelle il parla, et le goût que le roi avait pour lui, obtinrent à ce général le commandement en Italie. Le maréchal de Catinat, malgré les victoires de Staffarde et de la Marsaille, fut obligé de servir sous lui.
Le maréchal duc de Villeroi, fils du gouverneur du roi, élevé avec lui, avait eu toujours sa faveur : il avait été de toutes ses campagnes et de tous ses plaisirs : c’était un homme d’une figure agréable et imposante, très brave, très honnête homme, bon ami, vrai dans la société, magnifique en tout (10). Mais ses ennemis disaient qu’il était plus occupé, étant général d’armée, de l’honneur et du plaisir de commander que des desseins d’un grand capitaine. Ils lui reprochaient un attachement à ses opinions qui se déférait aux avis de personne.
Il vint en Italie donner des ordres au maréchal de Catinat, et des dégoûts au duc de Savoie. Il faisait sentir qu’il pensait en effet qu’un favori de Louis XIV, à la tête d’une puissante armée, était fort au-dessus d’un prince : il ne l’appelait que Mons de Savoie ; il le traitait comme un général à la solde de la France, et non comme un souverain, maître des barrières que la nature a mise entre la France et l’Italie. L’amitié de ce souverain ne fut pas aussi ménagée qu’elle était nécessaire (11). La cour pensa que la crainte serait le seul nœud qui le retiendrait, et qu’une armée française, dont environ six à sept mille soldats piémontais étaient sans cesse environnés, répondrait de sa fidélité. Le maréchal de Villeroi agit avec lui comme son égal dans le commerce ordinaire, et comme son supérieur dans le commandement. Le duc de Savoie avait le vain titre de généralissime ; mais le maréchal de Villeroi l’était. Il ordonna d’abord que l’on attaquât le prince Eugène au poste de Chiari, près de l’Oglio. (11 septembre 1701) Les officiers généraux jugeaient qu’il était contre toutes les règles de la guerre d’attaquer ce poste, pour des raisons décisives : c’est qu’il n’était d’aucune conséquence, et que les retranchements en étaient inabordables ; qu’on ne gagnait rien en le prenant, et que, si on le manquait, on perdait la réputation de la campagne. Villeroi dit au duc de Savoie qu’il fallait marcher, et envoya un aide de camp ordonner de sa part au maréchal de Catinat d’attaquer. Catinat se fit répéter l’ordre trois fois, puis se tournant vers les officiers qu’il commandait : « Allons donc, dit-il, messieurs, il faut obéir. » On marcha aux retranchements. Le duc de Savoie, à la tête de ses troupes, combattit comme un homme qui aurait été content de la France. Catinat chercha à se faire tuer. Il fut blessé : mais, tout blessé qu’il était, voyant les troupes du roi rebutées, et le maréchal de Villeroi ne donnant point d’ordre, il fit la retraite ; après quoi il quitta l’armée, et vint à Versailles rendre compte de sa conduite au roi sans se plaindre de personne.
1 – Plus connu comme homme d’Etat sous le nom de Clarendon : il a laissé une Histoire des guerres civiles d’Angleterre sous Charles Ier, et plusieurs autres ouvrages de politique. (K.)
2 – On lui déclara, lorsqu’il se proposait d’aller voir à Milan son gendre Philippe V, qu’il ne serait reçu que comme un de ses courtisans, et que le roi d’Espagne ne pourrait, sans manquer à sa dignité, l’admettre à sa table. (K.)
3 – « Sa capacité était nulle, dit Saint-Simon, et il croyait tout savoir et en tout genre. » Il avait arrangé les affaires entre les Chevreuse et Saint-Cyr, dont les terres se touchaient, et il jouait fort bien au billard. (G.A.)
4 – Voyez les Mémoires manuscrits de Dangeau ; on les cite ici parce que ce fait rapporté par eux a été souvent confirmé par le maréchal de La Feuillade, gendre du secrétaire d’Etat Chamillart. Louis XIV n’avait que trois ans de plus que Louvois ; à la mort de Mazarin, le roi avait vingt-trois ans ; Louvois en avait vingt, et était, depuis plusieurs années, adjoint de son père dans la place de ministre de la guerre.
5 – Le maréchal de Berwick rapporte, dans ses Mémoires, que Louis XIV l’ayant consulté sur un plan imaginé par Chamillart, pour la campagne de 1708, et dont l’exécution devait être confiée au maréchal, il n’eut pas de peine à en faire voir le ridicule au roi, qui ne put s’empêcher de lui dire en riant : « Chamillart croit en savoir beaucoup plus qu’un général, mais il n’y entend rien du tout. » Cependant Chamillart resta encore ministre ; et, dans la même campagne, Louis XIV l’envoya en Flandre pour prononcer entre le duc de Vendôme et le maréchal de Berwick, sur les moyens d’empêcher la prise de Lille. (K.)
6 – Voir chapitre XXIX. (G.A.)
7 – Le compilateur des Mémoires de madame de Maintenon dit que, vers la fin de la guerre précédente, le marquis de Nangis, colonel du régiment du roi, lui disait qu’on ne pourrait empêcher la désertion de ses soldats qu’en faisant casser la tête aux déserteurs. Remarquez que le marquis, depuis le maréchal de Nangis, ne fut colonel de ce régiment qu’en 1711.
8 – Par les instructions à moi envoyées, et puisées dans le dépôt des affaires étrangères, il est évident que le prince Eugène était déjà parti en 1683, et que le marquis de La Fare s’est mépris dans ses Mémoires, quand il fait partir les deux princes de Conti avec le prince Eugène ; ce qui a induit les historiens en erreur.
Il y eut alors plusieurs jeunes seigneurs de la cour qui écrivirent aux princes de Conti des lettres indécentes, dans lesquelles ils manquaient de respect au roi, et d’égards pour madame de Maintenon, qui n’était encore que favorite. Les lettres furent interceptées, et ces jeunes gens disgraciés pour quelque temps.
Le compilateur des Mémoires de Maintenon est le seul qui avance que le duc de la Roche-Guyon dit à son frère, le marquis de Liancourt : « Mon frère, si on intercepte votre lettre, vous méritez la mort. » Premièrement, on ne mérite point la mort parce qu’une lettre coupable est interceptée mais parce qu’on l’a écrite : secondement, on ne mérite point la mort pour avoir écrit des plaisanteries. Il parut bien que ces seigneurs, qui tous rentrèrent en grâce, ne méritaient point la mort. Tous ces prétendus discours qu’on débite avec légèreté dans le monde, et qui sont ensuite recueillis par des écrivains obscurs et mercenaires, sont indignes de croyance. (Voltaire.)
9 – C’est le roi qui n’autorisa pas l’offensive. « La modération du grand roi, dit à cette occasion Henri Martin, devenait aussi nuisible que l’avait été son orgueil. » (G.A.)
10 – L’auteur, qui dans sa jeunesse eut l’honneur de le voir souvent, a droit d’assurer que c’était là son caractère. La Beaumelle, qui insulte les maréchaux de Villeroi et de Villars, et tant d’autres, dans ses notes du Siècle de Louis XIV, parle ainsi de feu M. le maréchal de Villeroi, page 162, tome III, des Mémoires de madame de Maintenon : « Villeroi, le fastueux, qui amusait les femmes avec tant de légèreté, et qui disait à ses gens avec tant d’arrogance : A-t-on mis de l’or dans mes poches ? » Comment peut-il attribuer, je ne dis pas à un grand seigneur, mais à un homme bien élevé, ces paroles qu’on attribuait autrefois à un financier ridicule ? Comment peut-il parler de tant d’hommes du siècle passé, d’un homme qui les aurait vus ? et comment peut-on écrire si insolemment de telles indécences, de telles faussetés et de telles sottises ? - Les deux premières lignes de cette note nous apprennent pourquoi Voltaire a flatté le portrait de ce fat de Villeroy, « toujours baigné dans la pompe, » selon l’expression de Saint-Simon. (G.A.)
11 – Le duc faisait contre nous ce qu’il avait fait pour nous avant la paix de Ryswick. Dès le 5 janvier 1702, il avait traité avec Eugène, sans se déclarer ouvertement, et en restant toujours à nos côtés. Il correspondait avec l’ennemi, paraît-il ; mais, pour cacher son jeu sans doute, il ne se battait pas moins fort bravement. (G.A.)