SIÈCLE DE LOUIS XIV - Chapitre XVII - Traité avec la Savoie - Partie 2

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SIÈCLE DE LOUIS XIV - Chapitre XVII - Traité avec la Savoie - Partie 2

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SIÈCLE DE LOUIS XIV

 

PAR

 

VOLTAIRE

 

 

 

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- Partie 2 -

 

 

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CHAPITRE XVII.

 

Traité avec la Savoie. Mariage du duc de Bourgogne.

Paix de Ryswick. Etat de la France et de l’Europe.

Mort et testament de Charles II, roi d’Espagne.

 

 

 

 

 

          Les malheurs publics recommencèrent bientôt. Le Nord fut troublé, dès l’an 1700, par les deux hommes les plus singuliers qui fussent sur la terre. L’un était le czar Pierre Alexiovitz, empereur de Russie, et l’autre le jeune Charles XII, roi de Suède. Le czar Pierre, supérieur à son siècle et à sa nation, a été, par son génie et par ses travaux, le réformateur ou plutôt le fondateur de son empire. Charles XII, plus courageux, mais moins utile à ses sujets, fait pour commander à des soldats et non à des peuples, a été le premier des héros de son temps ; mais il est mort avec la réputation d’un roi imprudent. La désolation du Nord, dans une guerre de dix-huit années, a dû son origine à la politique ambitieuse du czar, du roi de Danemark, et du roi de Pologne, qui voulurent profiter de la jeunesse de Charles XII pour lui ravir une partie de ses Etats. (1700) Le roi Charles, à l’âge de seize ans (1), les vainquit tous trois. Il fut la terreur du Nord, et passa déjà pour un grand homme dans un âge où les autres hommes n’ont pas reçu encore toute leur éducation. Il fut neuf ans le roi le plus redoutable qui fût au monde, et neuf autres années le plus malheureux.

 

          Les troubles du midi de l’Europe ont eu une autre origine. Il s’agissait de recueillir les dépouilles du roi d’Espagne, dont la mort s’approchait. Les puissances qui dévoraient déjà en idée cette succession immense, faisaient ce que nous voyons souvent dans la maladie d’un riche vieillard sans enfants. Sa femme, ses parents, des prêtres, des officiers préposés pour recevoir les dernières volontés des mourants, l’assiègent de tous côtés pour arracher de lui un mot favorable : quelques héritiers consentent à partager ses dépouilles ; d’autres s’apprêtent à les disputer.

 

          Louis XIV et l’empereur Léopold étaient au même degré : tous deux descendaient de Philippe III par les femmes ; mais Louis était fils de l’aînée. Le dauphin avait un plus grand avantage encore sur les enfants de l’empereur, c’est qu’il était petit-fils de Philippe IV, et les enfants de Léopold n’en descendaient pas. Tous les droits de la nature étaient donc dans la maison de France. On n’a qu’à jeter un coup d’œil sur la table suivante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        

 

 

 

 

 

            Mais la maison de l’empereur comptait pour ses droits, premièrement les renonciations authentiques et ratifiées de Louis XIII et de Louis XIV à la couronne d’Espagne, ensuite le nom d’Autriche ; le sang de Maximilien, dont Léopold et Charles II descendaient ; l’union presque toujours constante de ces deux branches autrichiennes ; la haine encore plus constante de ces deux branches contre les Bourbons ; l’aversion que la nation espagnole avait alors pour la nation française ; enfin, les ressorts d’une politique en possession de gouverner le conseil d’Espagne.

 

          Rien ne paraissait plus naturel alors que de perpétuer le trône d’Espagne dans la maison d’Autriche. L’Europe entière s’y attendait avant la paix de Ryswick ; mais la faiblesse de Charles II avait dérangé dès l’année 1696 cet ordre de succession ; et le nom autrichien avait déjà été sacrifié en secret. Le roi d’Espagne avait un petit-neveu, fils de l’électeur de Bavière Maximilien-Emmanuel. La mère du roi, qui vivait encore, était bisaïeule de ce jeune prince de Bavière, âgé alors de quatre ans ; et quoique cette reine-mère fût de la maison d’Autriche, étant fille de l’empereur Ferdinand III, elle obtint de son fils que la race impériale fût déshéritée. Elle était piquée contre la cour de Vienne. Elle jeta les yeux sur ce prince bavarois sortant du berceau pour le destiner à la monarchie d’Espagne et du Nouveau-Monde. Charles II, alors gouverné par elle (2), fit un testament secret en faveur du prince électoral de Bavière, en 1696. Charles, ayant depuis perdu sa mère, fut gouverné par sa femme, Marie-Anne de Bavière-Neubourg. Cette princesse bavaroise, belle-sœur de l’empereur Léopold, était aussi attachée à la maison d’Autriche que la reine-mère autrichienne avait été affectionnée au sang de Bavière. Ainsi le cours naturel des choses fut toujours interverti dans cette affaire, où il s’agissait de la plus vaste monarchie du monde. Marie-Anne de Bavière fit déchirer le testament qui appelait le jeune Bavarois à la succession, et le roi promit à sa femme qu’il n’aurait jamais d’autre héritier qu’un fils de l’empereur Léopold, et qu’il ne ruinerait pas la maison d’Autriche. Les choses étaient en ces termes à la paix de Riswick. Les maisons de France et d’Autriche se craignaient et s’observaient, et elles avaient l’Europe à craindre. L’Angleterre et la Hollande alors puissante, dont l’intérêt était de tenir la balance entre les souverains, ne voulaient point souffrir que la même tête pût porter avec la couronne d’Espagne celle de l’empire, ou celle de France.

 

          Ce qu’il y eut de plus étrange, c’est que le roi de Portugal, Pierre II, se mit au rang des prétendants. Cela était absurde ; il ne pouvait tirer son droit que d’un Jean Ier, fils naturel de Pierre-le-Justicier, au quinzième siècle ; mais cette prétention chimérique était soutenue par le comte d’Oropesa de la maison de Bragance ; il était membre du conseil. Il osa en parler ; il fut disgracié et renvoyé.

 

          Louis XIV ne pouvait souffrir qu’un fils de l’empereur recueillît la succession, et il ne pouvait la demander. On ne sait pas positivement quel homme imagina le premier de faire un partage prématuré et inouï de la monarchie espagnole pendant la vie de Charles II. Il est très vraisemblable que ce fut le ministre Torcy ; car ce fut lui qui en fit l’ouverture au comte de Portland Bentinck, ambassadeur de Guillaume III auprès de Louis XIV (3).

 

          (Octobre 1698) Le roi Guillaume entra vivement dans ce projet nouveau. Il disposa dans La Haye, avec le comte de Tallard, de la succession d’Espagne. On donnait au jeune prince de Bavière l’Espagne et les Indes occidentales, sans savoir que Charles II lui avait déjà légué auparavant tous ses Etats. Le dauphin, fils de Louis XIV, devait posséder Naples, Sicile, et la province de Guipuscoa, avec quelques villes. On ne laissait à l’archiduc Charles, second fils de l’empereur Léopold, que le Milanais, et rien à l’archiduc Joseph, fils aîné de Léopold, héritier de l’empire.

 

          Le sort d’une partie de l’Europe et de la moitié de l’Amérique ainsi réglé, Louis promit, par ce traité de partage, de renoncer à la succession entière de l’Espagne. Le dauphin promit et signa la même chose. La France croyait gagner des Etats ; l’Angleterre et la Hollande croyaient affermir le repos d’une partie de l’Europe ; toute cette politique fut vaine. Le roi moribond, apprenant qu’on déchirait sa monarchie de son vivant, fut indigné. On s’attendait qu’à cette nouvelle il déclarerait pour sa succession ou l’empereur Léopold, ou un fils de cet empereur ; qu’il lui donnerait cette récompense, de n’avoir point trempé dans ce partage ; que la grandeur et l’intérêt de la maison d’Autriche lui dicteraient un testament. Il en fit en effet ; mais il déclara pour la seconde fois ce même prince de Bavière unique héritier de tous ses Etats (novembre 1698). La nation espagnole, qui ne craignait rien tant que le démembrement de sa monarchie, applaudissait à cette disposition. La paix semblait devoir en être le fruit. Cette espérance fut encore aussi vaine que le traité de partage. Le prince de Bavière, désigné roi, mourut à Bruxelles (4) (6 février 1699).

 

          On accusa injustement de cette mort précipitée la maison d’Autriche, sur cette seule vraisemblance que ceux-là commettent le crime à qui le crime est utile. Alors recommencèrent les intrigues à la cour de Madrid, à Vienne, à Versailles, à Londres, à La Haye, et à Rome.

 

          Louis XIV, le roi Guillaume, et les états généraux, disposèrent encore une fois en idée de la monarchie espagnole. (Mars 1700) Ils assignaient à l’archiduc Charles, fils puîné de l’empereur, la part qu’ils avaient auparavant donnée à l’enfant qui venait de mourir. Le fils de Louis XIV devait posséder Naples et Sicile, et tout ce qu’on lui avait assigné par la première convention.

 

          On donnait Milan au duc de Lorraine ; et la Lorraine, si souvent envahie, et si souvent rendue par la France, devait y être annexée pour jamais. Ce traité, qui mit en mouvement la politique de tous les princes pour le traverser ou pour le soutenir, fut tout aussi inutile que le premier. L’Europe fut encore trompée dans son attente, comme il arrive presque toujours.

 

          L’empereur, à qui on proposait ce traité de partage à signer, n’en voulait point, parce qu’il espérait avoir toute la succession. Le roi de France, qui en avait pressé la signature, attendait les événements avec incertitude. Quand ce nouvel affront fut connu à la cour de Madrid, le roi fut sur le point de succomber à sa douleur ; et la reine, sa femme, fut transportée d’une si vive colère qu’elle brisa les meubles de son appartement, et surtout les glaces et les autres ornements qui venaient de France ; tant les passions sont les mêmes dans tous les rangs ! Ces partages imaginaires, ces intrigues, ces querelles, tout cela n’était qu’un intérêt personnel. La nation espagnole était comptée pour rien. On ne la consultait pas, on ne lui demandait pas quel roi elle voulait. On proposa d’assembler las cortes, les états généraux ; mais Charles frémissait à ce seul nom.

 

          Alors ce malheureux prince, qui se voyait mourir à la fleur de son âge, voulut donner tous ses Etats à l’archiduc Charles, neveu de sa femme, second fils de l’empereur Léopold. Il n’osait les laisser au fils aîné, tant le système de l’équilibre prévalait dans les esprits, et tant il était sûr que la crainte de voir l’Espagne, le Mexique, le Pérou, de grands établissements dans l’Inde, l’empire, la Hongrie, la Bohême, la Lombardie, dans les mêmes mains, armerait le reste de l’Europe ! Il demandait que l’empereur Léopold envoyât son second fils Charles à Madrid, à la tête de dix mille hommes ; mais ni la France, ni l’Angleterre, ni la Hollande, ni l’Italie, ne l’auraient alors souffert : toutes voulaient le partage. L’empereur ne voulait point envoyer son fils seul à la merci du conseil d’Espagne, et ne pouvait y faire passer dix mille hommes. Il voulait seulement faire marcher des troupes en Italie, pour s’assurer cette partie des Etats de la monarchie autrichienne-espagnole. Il arriva, pour le plus important intérêt entre deux grands rois, ce qui arrive tous les jours entre des particuliers pour des affaires légères. On disputa, on s’aigrit : la fierté allemande révoltait la hauteur castillane. La comtesse de Perlipz (5), qui gouvernait la femme du roi mourant, aliénait les esprits qu’elle eût dû gagner à Madrid ; et le conseil de Vienne les éloignait encore davantage par ses hauteurs.

 

          Le jeune archiduc, qui fut depuis l’empereur Charles VI, appelait toujours les Espagnols d’un nom injurieux. Il apprit alors combien les princes doivent peser leurs paroles. Un évêque de Lérida, ambassadeur de Madrid à Vienne, mécontent des Allemands, releva ces discours, les envenima dans ses dépêches, et écrivit lui-même des choses plus injurieuses pour le conseil d’Autriche que l’archiduc n’en avait prononcé contre les Espagnols. « Les ministres de Léopold, écrivait-il, ont l’esprit fait comme les cornes des chèvres de mon pays, petit, dur et tortu. » Cette lettre devint publique. L’évêque de Lérida fut rappelé ; et à son retour à Madrid, il ne fit qu’accroître l’aversion des Espagnols contre les Allemands.

 

          Autant le parti autrichien révoltait la cour de Madrid, autant le marquis depuis duc d’Harcourt, ambassadeur de France, se conciliait tous les cœurs par la profusion de sa magnificence, par sa dextérité, et par le grand art de plaire. Reçu d’abord fort mal à la cour de Madrid, il souffrit tous les dégoûts sans se plaindre ; trois mois entiers s’écoulèrent sans qu’il pût avoir audience du roi (6). Il employa ce temps à gagner les esprits. Ce fut lui qui le premier qui fit changer en bienveillance cette antipathie que la nation espagnole nourrissait contre la française depuis Ferdinand-le-Catholique, et sa prudence prépara les temps où la France et l’Espagne ont renoué les anciens nœuds qui les avaient unies avant ce Ferdinand, de couronne à couronne, de peuple à peuple, et d’homme à homme. Il accoutuma la cour espagnole à aimer la maison de France ; ses ministres, à ne plus s’effrayer des renonciations de Marie-Thérèse et d’Anne d’Autriche ; et Charles II lui-même, à balancer entre sa propre maison et celle de Bourbon. Il fut ainsi le premier mobile de la plus grande révolution dans le gouvernement et dans les esprits. Cependant ce changement était encore éloigné (7).

 

          L’empereur priait, menaçait. Le roi de France représentait ses droits, mais sans oser jamais demander pour un de ses petits-fils la succession entière. Il ne s’occupait qu’à flatter le malade. Les Maures assiégeaient Ceuta. Aussitôt le marquis d’Harcourt offre des vaisseaux et des troupes à Charles, qui en fut sensiblement touché ; mais la reine, sa femme, en fut effrayée ; elle craignit que son mari n’eût trop de reconnaissance, et refusa sèchement ce secours.

 

          On ne savait encore quel parti prendre dans le conseil de Madrid, et Charles II approchait du tombeau, plus incertain que jamais. L’empereur Léopold piqué rappela son ambassadeur, le comte de Harrach ; mais bientôt après il le renvoya à Madrid, et les espérances en faveur de la maison d’Autriche se rétablirent. Le roi d’Espagne écrivit à l’empereur qu’il choisirait l’archiduc pour son successeur. Alors le roi de France, menaçant à son tour, assembla une armée vers les frontières d’Espagne ; et ce même marquis d’Harcourt fut rappelé de son ambassade pour commander cette armée. Il ne resta à Madrid qu’un officier d’infanterie qui avait servi de secrétaire d’ambassade, et qui fut chargé des affaires, comme le dit le marquis de Torcy. Ainsi le roi moribond, menacé tour à tour par ceux qui prétendaient à sa succession, voyant que le jour de sa mort serait celui de la guerre, que ses Etats allaient être déchirés, tendait à sa fin sans consolation, sans résolution, et au milieu des inquiétudes.

 

          Dans cette crise violente, le cardinal Portocarrero, archevêque de Tolède, le comte de Monterey, et d’autres grands d’Espagne, voulurent sauver la patrie. Ils se réunirent pour prévenir le démembrement de la monarchie. Leur haine contre le gouvernement allemand fortifia dans leurs esprits la raison d’Etat, et servit la cour de France sans qu’elle le sût. Ils persuadèrent à Charles II de préférer un petit-fils de Louis XIV à un prince éloigné d’eux, hors d’état de les défendre. Ce n’était point anéantir les renonciations solennelles de la mère et de la femme de Louis XIV à la couronne d’Espagne, puisqu’elles n’avaient été faites que pour empêcher les aînés de leurs descendants de réunir sous leur domination les deux royaumes, et qu’on ne choisissait point un aîné. C’était en même temps rendre justice aux droits du sang ; c’était conserver la monarchie espagnole sans partage. Le roi scrupuleux fit consulter des théologiens, qui furent de l’avis de son conseil ; ensuite, tout malade qu’il était, il écrivit de sa main au pape Innocent XII, et lui fit la même consultation. Le pape, qui croyait voir dans l’affaiblissement de la maison d’Autriche la liberté de l’Italie, écrivit au roi « que les lois d’Espagne et le bien de la chrétienté exigeaient de lui qu’il donnât la préférence à la maison de France. » La lettre du pape était du 16 juillet 1700. Il traita ce cas de conscience d’un souverain comme une affaire d’Etat, tandis que le roi d’Espagne faisait de cette grande affaire d’Etat un cas de conscience.

 

          Louis XIV en fut informé par le cardinal de Janson, qui résidait alors à Rome : c’est toute la part que le cabinet de Versailles eut à cet événement. Six mois s’étaient écoulés depuis qu’on n’avait plus d’ambassadeur à Madrid. C’était peut-être une faute, et ce fut peut-être encore cette faute qui valut la monarchie espagnole à la maison de France. (2 octobre 1700) Le roi d’Espagne fit son troisième testament, qu’on crut longtemps être le seul, et donna tous ses Etats au duc d’Anjou (8); On saisit un moment où sa femme n’était pas auprès de lui pour le faire signer. C’est ainsi que toute cette intrigue fut terminée.

 

          L’Europe a pensé que ce testament de Charles II avait été dicté à Versailles. Le roi mourant n’avait consulté que l’intérieur de son royaume, les vœux de ses sujets, et même leurs craintes ; car le roi de France faisait avancer des troupes sur la frontière pour s’assurer une partie de l’héritage, tandis que le roi moribond se révoltait à lui tout donner. Rien n’est plus vrai que la réputation de Louis XIV et l’idée de sa puissance furent les seuls négociateurs qui consommèrent cette révolution.

 

 

 

 

1 – Ou plutôt dix-huit ans. Voyez l’Histoire de Charles XII. (G.A.)

2 – Voyez les Mémoires de Torcy, tome I, page 52. (Voltaire.)

3 – L’auteur du Siècle de Louis XIV avait écrit la plupart de ces particularités, alors aussi nouvelles qu’intéressantes, longtemps avant que les Mémoires du marquis de Torcy parussent ; et ces Mémoires ont enfin confirmé tous les faits rapportés dans cette histoire.

4 – Les bruits odieux répandus sur la mort du prince électoral de Bavière ne sont plus répétés aujourd’hui que par de vils écrivains sans aveu, sans pudeur, et sans connaissance du monde, qui travaillent pour des libraires, et qui se donnent pour des politiques. On trouve dans les prétendus Mémoires de madame de Maintenon, tome V, page 6, ces paroles : « La cour de Vienne, de tout temps infectée des maximes de Machiavel, et soupçonnée de réparer par ses empoisonneurs les fautes de ses ministres. » Il semble, par cette phrase, que la cour de Vienne eût de tout temps des empoisonneurs en titre d’office, comme on a des huissiers et des drabans. C’est un devoir de relever des expressions indécentes, et de combattre des idées si calomnieuses. (Voltaire.)

5 – Saint-Simon écrit Berlips. Plus loin, Voltaire va dire Pernits. (G.A.)

6 – Reboulet suppose que cet ambassadeur fut reçu d’abord magnifiquement. Il fait un grand éloge de sa livrée, de son beau carrosse doré, et de l’accueil tout à fait gracieux de Sa Majesté. Mais le marquis, dans ses dépêches, avoue qu’on ne lui fit nulle civilité, et qu’il ne vit le roi qu’un moment dans une chambre très sombre, éclairée de deux bougies, de peur qu’il ne s’aperçût que ce prince était moribond. Enfin, les Mémoires de Torcy démontrent qu’il n’y a pas un mot de vrai dans tout ce que Reboulet, Limiers, et les autres historiens, ont dit de cette grande affaire. (Voltaire.)

7 – Il y avait toujours un parti français à la cour d’Espagne. Les chefs de ce parti imaginèrent de faire accroire au roi qu’il était ensorcelé, et l’on envoya consulter, en conséquence, le plus habile sorcier qu’il y eût alors dans toute l’Espagne. Le sorcier répondit comme on le désirait, mais il eût la maladresse de compromettre dans sa réponse des personnes très considérables ; ce qui fournit à la reine, contre qui cette intrigue était dirigée, et qui n’osait s’en plaindre, un prétexte pour perdre le sorcier et ses protecteurs. (Mémoires de Saint-Philippe.) (K.)

8 – Quelques Mémoires disent que le cardinal Portocarrero arracha du roi mourant la signature de ce testament ; ils lui font tenir un long discours pour y disposer ce monarque : mais on voit que tout était déjà préparé et réglé dès le mois de juillet. Qui pourrait d’ailleurs savoir ce que dit le cardinal Portocarrero, au roi tête à tête ?

 

 

 

 

 

 

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