LE SIÈCLE DE LOUIS XIV - Chapitre IV-2 - Guerre civile
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SIÈCLE DE LOUIS XIV
PAR
VOLTAIRE
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CHAPITRE IV.
Guerre civile.
(Partie 2)
(6 janvier 1649) Elle s’enfuit de Paris avec ses enfants, son ministre, le duc d’Orléans, frère de Louis XIII, le grand Condé lui-même, et alla à Saint-Germain, où presque toute la cour coucha sur la paille. On fut obligé de mettre en gage chez les usuriers les pierreries de la couronne.
Le roi manqua souvent du nécessaire. Les pages de sa chambre furent congédiés, parce qu’on n’avait pas de quoi les nourrir. En ce temps-là même la tante de Louis XIV, fille de Henri-le-Grand, femme du roi d’Angleterre, réfugiée à Paris, y était réduite aux extrémités de la pauvreté ; et sa fille, depuis mariée au frère de Louis XIV, restait au lit, n’ayant pas de quoi se chauffer, sans que le peuple de Paris, enivré de ses fureurs, fit seulement attention aux afflictions de tant de personnes royales.
Anne d’Autriche, dont on vantait l’esprit, les grâces, la bonté, n’avait presque jamais été en France que malheureuse. Longtemps traitée comme une criminelle par son époux, persécutée par le cardinal de Richelieu, elle avait vu ses papiers saisis au Val-de-Grâce ; elle avait été obligée de signer en plein conseil qu’elle était coupable envers le roi son mari. Quand elle accoucha de Louis XIV, ce même mari ne voulut jamais l’embrasser selon l’usage, et cet affront altéra sa santé au point de mettre en danger sa vie. Enfin, dans sa régence, après avoir comblé de grâces tous ceux qui l’avaient implorée, elle se voyait chassée de la capitale par un peuple volage et furieux. Elle et la reine d’Angleterre, sa belle-sœur, étaient toutes deux un mémorable exemple des révolutions que peuvent éprouver les têtes couronnées ; et sa belle-mère, Marie de Médicis, avait été encore plus malheureuse.
La reine, les larmes aux yeux, pressa le prince de Condé de servir de protecteur au roi. Le vainqueur de Rocroi, de Fribourg, de Lens, et de Nordlingen, ne put démentir tant de services passés : il fut flatté de l’honneur de défendre une cour qu’il croyait ingrate, contre la Fronde qui recherchait son appui (1). Le parlement eut donc le grand Condé à combattre, et il osa soutenir la guerre.
Le prince de Conti, frère du grand Condé, aussi jaloux de son aîné qu’incapable de l’égaler, le duc de Longueville, le duc de Beaufort, le duc de Bouillon, animés par l’esprit remuant du coadjuteur, et avides de nouveautés, se flattant d’élever leur grandeur sur les ruines de l’Etat, et de faire servir à leurs desseins particuliers les mouvements aveugles du parlement, vinrent lui offrir leurs services. On nomma, dans la grand’chambre, les généraux d’une armée qu’on n’avait pas. Chacun se taxa pour lever des troupes : il y avait vingt conseillers pourvus de charges nouvelles, créées par le cardinal de Richelieu. Leurs confrères, par une petitesse d’esprit dont toute société est susceptible, semblaient poursuivre sur eux la mémoire de Richelieu ; ils les accablaient de dégoûts, et ne les regardaient pas comme membres du parlement : il fallut qu’ils donnassent chacun quinze mille livres pour les frais de la guerre, et pour acheter la tolérance de leurs confrères.
La grand’chambre, les enquêtes, les requêtes, la chambre des comptes, la cour des aides, qui avaient tant crié contre des impôts faibles et nécessaires, et surtout contre l’augmentation du tarif, laquelle n’allait qu’à deux cent mille livres, fournirent une somme de près de dix millions de notre monnaie d’aujourd’hui, pour la subversion de la patrie. On rendit un arrêt par lequel il fut ordonné de se saisir de tout l’argent des partisans de la cour. On en prit pour douze cent mille de nos livres. On leva douze mille hommes par arrêt du parlement (15 février 1649) : chaque porte cochère fournit un homme et un cheval. Cette cavalerie fut appelée la cavalerie des portes cochères. Le coadjuteur avait un régiment à lui, qu’on nommait le régiment de Corinthe, parce que le coadjuteur était archevêque titulaire de Corinthe.
Sans les noms de roi de France, de grand Condé, de capitale du royaume, cette guerre de la Fronde eût été aussi ridicule que celle des Barberins ; on ne savait pourquoi on était en armes. Le prince de Condé assiégea cent mille bourgeois avec huit mille soldats. Les Parisiens sortaient en campagne, ornés de plumes et de rubans ; leurs évolutions étaient le sujet de plaisanterie des gens du métier ; Ils fuyaient dès qu’ils rencontraient deux cents hommes de l’armée royale. Tout se tournait en raillerie ; le régiment de Corinthe ayant été battu par un petit parti, on appela cet échec la première aux Corinthiens.
Ces vingt conseillers, qui avaient fourni chacun quinze mille livres, n’eurent d’autre honneur que d’être appelés les quinze-vingts.
Le duc de Beaufort-Vendôme, petit-fils de Henri IV, l’idole du peuple, et l’instrument dont on se servit pour le soulever, prince popoulaire, mais d’un esprit borné, était publiquement l’objet des railleries de la cour et de la Fronde même. On ne parlait jamais de lui que sous le nom de roi des halles. Une balle lui ayant fait une contusion au bras, il disait que ce n’était qu’une confusion.
La duchesse de Nemours rapporte, dans ses Mémoires, que le prince de Condé présenta à la reine un petit nain bossu, armé de pied en cap. « Voilà, dit-il, le généralisme de l’armée parisienne. » Il voulait par là désigner son frère, le prince de Conti, qui était en effet bossu, et que les Parisiens avaient choisi pour leur général. Cependant ce même Condé fut ensuite général des mêmes troupes ; et madame de Nemours ajoute qu’il disait que toute cette guerre ne méritait d’être écrite qu’en vers burlesques. Il l’appelait aussi la guerre des pots de chambre.
Les troupes parisiennes, qui sortaient de Paris et revenaient toujours battues, étaient reçues avec des huées et des éclats de rire. On ne réparait tous ces petits échecs que par des couplets et des épigrammes. Les cabarets et les autres maisons de débauche étaient les tentes où l’on tenait les conseils de guerre, au milieu des plaisanteries, des chansons, et de la gaieté la plus dissolue. La licence était si effrénée, qu’une nuit les principaux officiers de la Fronde, ayant rencontré le saint-sacrement qu’on portait dans les rues à un homme qu’on soupçonnait d’être Mazarin, reconduisirent les prêtres à coups de plat d’épée.
Enfin on vit le coadjuteur, archevêque de Paris, venir prendre séance au parlement avec un poignard dans sa poche, dont on apercevait la poignée, et on criait : Voilà le bréviaire de notre archevêque.
Il vint un héraut d’armes à la porte Saint-Antoine, accompagné d’un gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, pour signifier des propositions (1649). Le parlement ne voulut point le recevoir ; mais il admit dans la grand’chambre un envoyé de l’archiduc Léopold, qui faisait alors la guerre à la France.
Au milieu de tous ces troubles, la noblesse s’assembla en corps aux Augustins, nomma des syndics, tint publiquement des séances réglées. On eût cru que c’était pour réformer la France, et pour assembler les états généraux ; c’était pour un tabouret que la reine avait accordé à madame de Pons ; peut-être n’y a-t-il jamais eu une preuve plus sensible de la légèreté d’esprit qu’on reprochait aux Français.
Les discordes civiles qui désolaient l’Angleterre, précisément en même temps, servent bien à faire voir les caractères des deux nations. Les Anglais avaient mis dans leurs troubles civils un acharnement mélancolique et une fureur raisonnée : ils donnaient de sanglantes batailles ; le fer décidait tout ; les échafauds étaient dressés pour les vaincus ; leur roi, pris en combattant, fut amené devant une cour de justice, interrogé sur l’abus qu’on lui reprochait d’avoir fait de son pouvoir, condamné à perdre la tête, et exécuté devant tout son peuple (9 février 1649), avec autant d’ordre, et avec le même appareil de justice, que si on avait condamné un citoyen criminel, sans que, dans le cours de ces troubles horribles, Londres se fût ressentie un moment des calamités attachées aux guerres civiles.
Les Français, au contraire, se précipitaient dans les séditions par caprice, et en riant : les femmes étaient à la tête des factions ; l’amour faisait et rompait les cabales. La duchesse de Longueville engagea Turenne, à peine maréchal de France, à faire révolter l’armée qu’il commandait pour le roi.
C’était la même armée que le célèbre duc de Saxe-Weimar avait rassemblée. Elle était commandée, après la mort du duc de Weimar, par le comte d’Erlach, d’une ancienne maison du canton de Berne. Ce fut ce comte d’Erlach qui donna cette armée à la France, et qui lui valut la possession de l’Alsace. Le vicomte de Turenne voulut le séduire ; l’Alsace eût été perdue pour Louis XIV, mais il fut inébranlable ; il contint les troupes weimariennes dans la fidélité qu’elles devaient à leur serment. Il fut même chargé par le cardinal Mazarin d’arrêter le vicomte. Ce grand homme, infidèle alors par faiblesse, fut obligé de quitter en fugitif l’armée dont il était général, pour plaire à une femme qui se moquait de sa passion : il devint, de général du roi de France, lieutenant de don Estevan de Gamare, avec lequel il fut battu à Rethel par le maréchal du Plessis-Praslin.
On connaît ce billet du maréchal d’Hocquincourt à la duchesse de Montbazon : Péronne est à la belle des belles. On sait ces vers du duc de La Rochefoucauld, pour la duchesse de Longueville, lorsqu’il reçut, au combat de Saint-Antoine, un coup de mousquet qui lui fit perdre quelque temps la vue :
Pour mériter son cœur, pour plaire à ses beaux yeux,
J’ai fait la guerre aux rois ; je l’aurais faite aux dieux (2).
On voit, dans les Mémoires de Mademoiselle, une lettre de Gaston, duc d’Orléans, son père, dont l’adresse est : A mesdames les comtesses, maréchales de camp dans l’armée de ma fille contre le Mazarin.
La guerre finit, et recommença à plusieurs reprises ; il n’y eut personne qui ne changeât souvent de parti. Le prince de Condé, ayant ramené dans Paris la cour triomphante, se livra au plaisir de la mépriser après l’avoir défendue ; et ne trouvant pas qu’on lui donnât des récompenses proportionnées à sa gloire et à ses services, il fut le premier à tourner Mazarin en ridicule, à braver la reine, et à insulter le gouvernement qu’il dédaignait. Il écrivit, à ce qu’on prétend, au cardinal all’ illustrissimo signor Faquino. Il lui dit un jour : Adieu, Mars. Il encouragea un marquis de Jarsai à faire une déclaration d’amour à la reine, et trouva mauvais qu’elle osât s’en offenser. Il se ligua avec le prince de Conti, son frère, et le duc de Longueville, qui abandonnèrent le parti de la Fronde. On avait appelé la cabale du duc de Beaufort, au commencement de la régence, celle des importants ; on appelait celle de Condé le parti des petits-maîtres, parce qu’ils voulaient être les maîtres de l’Etat. Il n’est resté de tous ces troubles d’autres traces que ce nom de petit-maître, qu’on applique aujourd’hui à la jeunesse avantageuse et mal élevée, et le nom de frondeurs, qu’on donne aux censeurs du gouvernement.
On employa de tous côtés des moyens aussi bas qu’odieux. Joli, conseiller au châtelet, depuis secrétaire du cardinal de Retz, imagina de se faire une incision au bras, et de se faire tirer un coup de pistolet dans son carrosse, pour faire accroire que la cour avait voulu l’assassiner.
Quelques jours après, pour diviser le parti du prince de Condé et les frondeurs, et pour les rendre irréconciliables, on tire des coups de fusil dans les carrosses du grand Condé, et on tue un de ses valets de pied, ce qui s’appelait une joliade renforcée. Qui fit cette étrange entreprise ! est-ce le parti du cardinal Mazarin ? Il en fut très soupçonné. On accusa le cardinal de Retz, le duc de Beaufort, et le vieux Broussel, en plein parlement, et ils furent justifiés.
Tous les partis se choquaient, négociaient, se trahissaient tour à tour. Chaque homme important, ou qui voulait l’être, prétendait établir sa fortune sur la ruine publique ; et le bien public était dans la bouche de tout le monde. Gaston était jaloux de la gloire du grand Condé et du crédit de Mazarin. Condé ne les aimait ni ne les estimait. Le coadjuteur de l’archevêque de Paris voulait être cardinal par la nomination de la reine, et il se dévouait alors à elle pour obtenir cette dignité étrangère qui ne donnait aucune autorité, mais un grand relief. Telle était alors la force du préjugé, que le prince de Conti, frère du grand Condé, voulait aussi couvrir sa couronne de prince d’un chapeau rouge. Et el était en même temps le pouvoir des intrigues, qu’un abbé sans naissance et sans mérite, nommé La Rivière, disputait ce chapeau romain au prince. Ils ne l’eurent ni l’un ni l’autre : le prince, parce qu’enfin il sut le mépriser ; La Rivière, parce qu’on se moqua de son ambition ; mais le coadjuteur l’obtint pour avoir abandonné le prince de Condé aux ressentiments de la reine.
Ces ressentiments n’avaient d’autre fondement que de petites querelles d’intérêt entre le grand Condé et Mazarin. Nul crime d’Etat ne pouvait être imputé à Condé ; cependant on l’arrêta dans le Louvre, lui, son frère de Conti, et son beau-frère de Longueville, sans aucune formalité, et uniquement parce que Mazarin le craignait (18 janvier 1650). Cette démarche était, à la vérité, contre toutes les lois, mais on ne connaissait les lois dans aucun des partis (3).
Le cardinal, pour se rendre maître de ces princes, usa d’une fourberie qu’on appela politique. Les frondeurs étaient accusés d’avoir tenté d’assassiner le prince de Condé ; Mazarin lui fait accroire qu’il s’agit d’arrêter un des conjurés, et de tromper les frondeurs ; que c’est à son altesse à signer l’ordre aux gendarmes de la garde de se tenir prêt au Louvre. Le grand Condé signe lui-même l’ordre de sa détention. On ne vit jamais mieux que la politique consiste souvent dans le mensonge, et que l’habileté est de pénétrer le menteur.
On lit dans la Vie de la duchesse de Longueville que la reine-mère se retira dans son petit oratoire pendant qu’on se saisissait des princes, qu’elle fit mettre à genoux le roi son fils, âgé de onze ans, et qu’ils prièrent Dieu dévotement ensemble pour l’heureux succès de cette expédition. Si Mazarin en avait usé ainsi, c’eût été une momerie atroce. Ce n’était dans Anne d’Autriche qu’une faiblesse ordinaire aux femmes. La dévotion, chez elles, s’allie avec l’amour, avec la politique, avec la cruauté même. Les femmes fortes sont au-dessus de ces petitesses.
Le prince de Condé eût pu gouverner l’Etat s’il avait seulement voulu plaire ; mais il se contentait d’être admiré. Le peuple de Paris, qui avait fait des barricades pour un conseiller-clerc presque imbécile, fit des feux de joie lorsqu’on mena au donjon de Vincennes le défenseur et le héros de la France.
Ce qui montre encore combien les événements trompent les hommes, c’est que cette prison de trois princes, qui semblait devoir assoupir les passions, fut ce qui les releva. La mère du prince de Condé, exilée, resta dans Paris malgré la cour, et porta sa requête au parlement (1650). Sa femme, après mille périls, se réfugia dans la ville de Bordeaux, aidée des ducs de Bouillon et de La Rochefoucauld, elle souleva cette ville, et arma l’Espagne.
Toute la France redemandait le grand Condé. S’il avait paru alors, la cour était perdue. Gourville, qui, de simple valet de chambre du duc de La Rochefoucauld, était devenu un homme considérable par son caractère hardi et prudent, imagina un moyen sûr de délivrer les princes enfermés alors à Vincennes. Un des conjurés eut la bêtise de se confesser à un prêtre de la Fronde. Ce malheureux prêtre avertit le coadjuteur, persécuteur en ce temps-là du grand Condé. L’entreprise échoua par la révélation de la confession, si ordinaire dans les guerres civiles.
On voit par les Mémoires du conseiller d’Etat Lenet, plus curieux que connus, combien, dans ces temps de licence effrénée, de troubles, d’iniquités, et même d’impiétés, les prêtres avaient encore de pouvoir sur les esprits. Il rapporte qu’en Bourgogne le doyen de la Sainte-Chapelle, attaché au prince de Condé, offrit pour tout secours de faire parler en sa faveur tous les prédicateurs en chaire, et de faire manœuvre tous les prêtres dans la confession.
Pour mieux faire connaître encore les mœurs du temps, il dit que lorsque la femme du grand Condé alla se réfugier dans Bordeaux, les ducs de Bouillon et de La Rochefoucauld allèrent au devant d’elle à la tête d’une foule de jeunes gentilshommes qui crièrent à ses oreilles, vive Condé ! ajoutant un mot obscène pour Mazarin, et la priant de joindre sa voix aux leurs.
(13 février 1651) Un an après, les mêmes frondeurs qui avaient vendu le grand Condé et les princes à la vengeance timide de Mazarin, forcèrent la reine à ouvrir leurs prisons, et à chasser du royaume son premier ministre. Mazarin alla lui-même au Havre, où ils étaient détenus ; il leur rendit leur liberté, et ne fut reçu d’eux qu’avec le mépris qu’il en devait attendre ; après quoi il se retira à Liège. Condé revint dans Paris aux acclamations de ce même peuple qui l’avait tant haï. Sa présence renouvela les cabales, les dissensions et les meurtres.
Le royaume resta dans cette combustion encore quelques années. Le gouvernement ne prit presque jamais que des partis faibles et incertains : il semblait devoir succomber ; mais les révoltés furent toujours désunis, et c’est ce qui sauva la cour. Le coadjuteur, tantôt ami, tantôt ennemi du prince de Condé, suscita contre lui une partie du parlement et du peuple : il osa en même temps servir la reine en tenant tête à ce prince, et l’outrager en la forçant d’éloigner le cardinal Mazarin, qui se retira à Cologne. La reine, par une contradiction trop ordinaire aux gouvernements faibles, fut obligée de recevoir à la fois ses services et ses offenses, et de nommer au cardinalat ce même coadjuteur, l’auteur des barricades, qui avait contraint la famille royale à sortir de la capitale, et à l’assiéger.
1 – Si Condé se mit du côté de la cour, c’est qu’il voulait dépouiller son frère Conti, en hériter. Ce qui caractérise, en effet, la famille des Condés, c’est la rapacité. (G.A.)
2 – Ces vers sont tirés d’une tragédie de Du Ryer ; le duc de La Rochefoucauld les écrivit au-dessous d’un portrait de madame de Longueville : s’étant aperçu qu’elle le trompait, il en pariodia les deux derniers hémistiches :
Pour mériter son cœur, qu’enfin je connais mieux,
J’ai fait la guerre aux rois ; j’en ai perdu les yeux.
3 – Le prince de Condé fut d’abord conduit à Vincennes, avec une escorte commandée par le comte de Miossens L’abbé de Choisy rapporte dans ses Mémoires que la voiture du prince ayant cassé, Condé di tà Miossens : « Voilà une belle occasion pour un cadet de Gascogne : » mais que Miossens fut fidèle à la reine. Cette anecdote ne peut être vraie : Miossens était d’Albret, du même nom que la mère de Henri IV, et ce n’était pas du prince de Condé qu’il pouvait attendre sa fortune. C’est le même que le maréchal d’Albret, qui fut depuis un des premiers protecteurs de madame de Maintenon.
Le comte d’Harcourt, de la maison de Lorraine, conduisit ensuite Condé au Havre ; le prince étant avec lui dans la même voiture, lui fit cette chanson :
Cet homme gros et court,
Si fameux dans l’histoire,
Ce grand comte d’Harcourt
Tout rayonnant de gloire.
Qui secourut Casal et qui reprit Turin,
Est devenu recors de Jules Mazarin.
K.