Correspondance avec le roi de Prusse - Année 1775 - Partie 129
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510 – DE VOLTAIRE
A Ferney, 7 Juillet 1775.
Sire, Morival s’occupait à mesurer le lac de Genève, et à construire sur ses bords une citadelle imaginaire, lorsque je lui appris qu’il pourrait en tracer de réelles dans la Prusse occidentale ou dans vos autres Etats. Il a senti vos bienfaits avec une respectueuse reconnaissance égale à sa modestie. Vous êtes son seul roi, son seul bienfaiteur. Puisque vous permettez qu’il vienne se jeter à vos pieds dans Potsdam, voudriez-vous bien avoir la bonté de me dire à qui il faudra qu’il s’adresse pour être présenté à votre majesté ?
Permettez que je me joigne à lui dans la reconnaissance dont il ne cessera d’être pénétré : je ne peux pas aspirer, comme lui, à l’honneur d’être tué sur un bastion ou sur une courtine ; je ne suis qu’un vieux poltron, fait pour mourir dans mon lit. Je n’ai que de la sensibilité, et je la mets tout entière à vous admirer et à vous aimer.
Votre alliée l’impératrice Catherine fait, comme vous, de grandes choses. Elle fait surtout du bien à ses sujets ; mais le roi de France l’emporte sur tous les rois, puisqu’il fait des miracles. Il a touché à son sacre deux mille quatre cents malades d’écrouelles, et il les a sans doute guéris. Il est vrai qu’il y eut une des maîtresses de Louis XIV qui mourut de cette maladie, quoiqu’elle eût été très bien touchée mais un tel cas est très rare.
Votre majesté avait eu la bonté de me mander qu’après ses revues elle se délasserait un moment à entendre Le Kain et Aufresne ; mais je vois bien que vos héros guerriers, qui marchent sous vos drapeaux, l’emportent sur vos héros de théâtre. Votre majesté les passe en revue dans quatre cents lieues de pays pendant un mois. C’était à peu près avec cette rapidité qu’un de vos prédécesseurs, nommé Jules César, parcourait notre petit pays des Welches. Il faisait des vers aussi, ce Jules ou Julius, car les véritablement grands hommes font de tout.
Je suis, plus que jamais, l’adorateur, et l’admirateur des gens de ce caractère, qui sont en si petit nombre.
Agréez, sire, avec bonté, le profond respect, la reconnaissance, et l’attachement inviolable de ce vieux malade du mont Jura.
511 – DU ROI
A Potsdam, le 12 Juillet 1775.
Vous croyez donc, mon cher patriarche, que j’ai toujours l’épée au vent. Cependant votre lettre m’a trouvé la plume à la main, occupé à corriger d’anciens mémoires (1) que vous vous ressouviendrez peut-être d’avoir vus autrefois peu corrects et peu soignés. Je lèche mes petits ; je tâche de les polir. Trente années de différence rendent plus difficile à se satisfaire ; et quoique cet ouvrage soit destiné à demeurer enfoui pour toujours dans quelque archive poudreuse, je ne veux pourtant pas qu’il soit mal fait. En voilà assez pour mes occupations.
Quant à Morival d’Etallonde, je vois bien que vos bonnes intentions n’ont pas été suffisantes pour déraciner les préjugés du fanatisme des têtes de vos présidents à mortier. Il est plus difficile de faire entendre raison à un docteur en droit, que de composer la Henriade. Si Morival ne veut pas faire amende honorable, le cierge au poing, il peut venir ici, je le placerai dans le génie, à votre recommandation. Il vaut mieux étudier Vauban et Cohorn (2) que de s’avilir, surtout lorsqu’on est innocent. Il me semble que les progrès de la raison se font sentir plus rapidement en Allemagne, commencent à avoir honte de leurs superstitieux usages, au lieu qu’en France le clergé fait corps de l’Etat ; et toute grande compagnie reste attachée aux anciens usages, quand même elle en connaît l’abus.
On n’a parlé ici que du sacre de Reims, des cérémonies bizarres qui s’y observent, et de la sainte ampoule, dont l’histoire est digne des Lapons. Un prince sage et éclairé pourrait abolir et la sainte ampoule et le sacre même.
J’ai vu ici deux jeunes Français bien aimables : l’un est un M. de Laval-Montmorency, et un Clermont-Gallerande (3). Ce dernier surtout à de la vivacité d’esprit, à laquelle est jointe une conduite mesurée et sage. Au lieu d’assister au sacre, ils voyagent. Ils ont été avec moi en Prusse, d’où ils se sont rendus à Varsovie, dans le dessein d’aller à Vienne.
Le Kain est venu ici : il jouera Œdipe, Orosmane, et Mahomet. Je sais qu’il a été à Ferney ; il sera obligé de me conter tout ce qu’il sait et ne sait pas de celui qui rend ce bourg si célèbre. J’ai vu jouer Aufresne, l’année passée. Je vous dirai auquel des deux je donne la préférence, quand j’aurais vu jouer celui-ci.
J’ai toute la maison pleine de nièces, de neveux, et de petits-neveux : il faut leur donner des spectacles qui les dédommagent de l’ennui qu’ils peuvent gagner en la compagnie d’un vieillard. Il faut se rendre justice, et se rendre supportable à la jeunesse. Ceci me regarde. Vous aurez le privilège exclusif de ne jamais vieillir ; et quand même quelques infirmités attaquent votre corps, votre esprit triomphe de leurs atteintes, et semble acquérir tous les jours des forces nouvelles.
Que Minerve et Apollon, que les Muses et les Grâces veillent sur leur plus bel ouvrage, et qu’ils conservent encore longtemps celui dont les siècles ne pourraient réparer la perte. Voilà les vœux que l’ermite de Sans-Souci fait pour le patriarche de Ferney. Vale. FÉDÉRIC.
1 – L’Histoire de mon temps. (G.A.)
2 – Le rival de Vauban. (G.A.)
3 – Mort en 1823. Il a laissé des Mémoires sur la Révolution. (G.A.)
512 – DU ROI
A Potsdam, le 24 Juillet 1775.
Je viens de voir Le Kain. Il a été obligé de me dire comme il vous a trouvé, et j’ai été bien aise d’apprendre de lui que vous vous promenez dans votre jardin, que votre santé est assez bonne, et que vous avez encore plus de gaieté dans votre conversation que dans vos ouvrages. Cette gaieté que vous conservez, est la marque la plus sûre que nous vous posséderons encore longtemps. Ce feu élémentaire, ce principe vital, est le premier qui s’affaiblit lorsque les années minent et sapent la mécanique de notre existence. Je ne crains donc plus maintenant que le trône du Parnasse devienne sitôt vacant ; je vous nommerai hardiment mon exécuteur testamentaire : ce qui me fait grand plaisir.
Le Kain a joué les rôles d’Œdipe, de Mahomet, et d’Orosmane : pour l’Œdipe, nous l’avons entendu deux fois. Ce comédien est très habile ; il a un bel organe ; il se présente avec dignité ; il a le geste noble, et il est impossible d’avoir plus d’attention pour la pantomime qu’il en a. Mais vous dirai-je naïvement l’impression qu’il a faite sur moi ? Je le voudrais un peu moins outré, et alors je le croirais parfait.
L’année passée, j’ai entendu Aufresne : peut-être lui faudrait-il un peu du feu que l’autre a de trop. Je ne consulte en ceci que la nature, et non ce qui peut être en usage en France. Cependant je n’ai pu retenir mes larmes ni dans Œdipe, ni dans Zaïre ; c’est qu’il y a des morceaux si touchants dans la dernière de ces pièces, et d’autres si terribles dans la première, qu’on s’attendrit dans l’une, et qu’on frémit dans l’autre. Quel bonheur pour le patriarche de Ferney d’avoir produit ces chefs d’œuvre, et d’avoir formé celui (1) dont l’organe les rend si supérieurement sur la scène !
Il y a eu beaucoup de spectateurs à ces représentations : ma sœur Amélie, la princesse Ferdinand, la landgrave de Hesse et la princesse de Virtemberg, votre voisine, qui est venue ici de Montbelliard pour entendre Le Kain. Ma nièce de Montbelliard m’a dit qu’elle pourrait bien entreprendre un jour le voyage de Ferney, pour voir l’auteur dont les ouvrages font les délices de l’Europe. Je l’ai fort encouragée à satisfaire cette digne curiosité. Oh ! que les belles-lettres sont utiles à la société ! Elles délassent de l’ouvrage de la journée, elles dissipent agréablement les vapeurs politiques qui entêtent, elles adoucissent l’esprit, elles amusent jusqu’aux femmes elles consolent les affligés, et sont enfin l’unique plaisir qui reste à ceux que l’âge a courbés sous son faix, et qui se trouvent heureux d’avoir contracté ce goût dès leur jeunesse.
Nos Allemands ont l’ambition de jouir à leur tour des avantages des beaux-arts : ils s’efforcent d’égaler Athènes, Rome, Florence, et Paris. Quelque amour que j’aie pour ma patrie, je ne saurais dire qu’ils réussissent jusqu’ici : deux choses leur manquent, la langue et le goût. La langue est trop verbeuse : la bonne compagnie parle français, et quelques cuistres de l’école et quelques professeurs ne peuvent lui donner la politesse et les tours aisés qu’elle ne peut acquérir que dans la société du grand monde. Ajoutez à cela la diversité des idiomes : chaque province soutient le sien et jusqu’à présent rien n’est décidé sur la préférence. Pour le goût, les Allemands en manquent sur tout ; ils n’ont pas encore pu imiter les auteurs du siècle d’Auguste : ils font un mélange vicieux du goût romain, anglais, français, et tudesque : ils manquent encore de ce discernement fin qui saisit les beautés où il les trouve, et sait distinguer le médiocre du parfait, le noble du sublime, et les appliquer chacun à leurs endroits convenables. Pourvu qu’il y ait beaucoup d’r dans les mots de leur poésie, ils croient que leurs vers sont harmonieux, et pour l’ordinaire, ce n’est qu’un galimatias de termes ampoulés. Dans l’histoire, ils n’omettraient pas la moindre circonstance, quand même elle serait inutile.
Leurs meilleurs ouvrages sont sur le droit public. Quant à la philosophie depuis le génie de Leibnitz et la grosse monade de Wolf, personne ne s’en mêle plus. Ils croient réussir au théâtre ; mais jusqu’ici rien de parfait n’a paru. L’Allemagne est actuellement comme était la France du temps de François Ier. Le goût des lettres commence à se répandre : il faut attendre que la nature fasse naître de vrais génies, comme sous les ministères des Richelieu et des Mazarin. Le sol qui a produit un Leibnitz en peut produire d’autres.
Je ne verrai pas ces beaux jours de ma patrie, mais j’en prévois la possibilité. Vous me direz que cela peut vous être très indifférent, et que je fais le prophète tout à mon aise, en étendant, le plus que je le peux, le terme de ma prédiction. C’est ma façon de prophétiser, et la plus sûre de toutes, puisque personne ne me donnera le démenti.
Pour moi, je me console d’avoir vécu dans le siècle de Voltaire : cela me suffit ; qu’il vive, qu’il digère qu’il soit de bonne humeur, et surtout qu’il n’oublie pas le solitaire de Sans-Souci. Vale. FÉDÉRIC.
1 – Le Kain. (G.A.)
513 – DU ROI
A Potsdam, le 27 Juillet1775.
Je pars dans quinze jours pour faire la tournée de la Silésie : je ne peux être de retour que le 6 de septembre. Si Morival veut se rendre vers ce temps-ci, il pourra s’adresser au colonel Coccei, qui me le présentera. J’ai saisi avec empressement cette occasion de vous faire plaisir, et en même temps de fixer le sort d’un homme qu’une étourderie de jeunesse a perdu pour jamais dans sa patrie. Comme les hommes abusent de tout, les lois qui devaient constater la sûreté et la liberté des peuples, infectées en France du poison du fanatisme, sont devenues cruelles et barbares. Mais la France est un pays civilisé ; comment concilier un pareil contraste ?
Comment ce sol, qui a produit des de Thou, des Gassendi, des Descartes, des Fontenelle, des Voltaire, des d’Alembert, a-t-il produit des furieux assez imbéciles pour condamner à mort des jeunes gens qui ont manqué de faire la révérence devant la statue d’un garçon charpentier juif ? La postérité trouvera cette énigme plus difficile à deviner que celle du sphinx qu’Œdipe expliqua. Je vous avoue de même que la sainte ampoule et ses otages, et la guérison des écrouelles, ne font guère honneur au dix-huitième siècle.
On parlait ces jours derniers de ces soi-disant miracles opérés par les rois très-chrétiens, et milord Maréchal (1) conta que pendant sa mission en France, il y avait vu des étrangers qui lui paraissaient espagnols ; que par attachement pour cette nation, où il avait passé une partie de sa vie (2), il leur avait demandé ce qu’ils venaient faire à Paris et que l’un d’eux lui répondit : Nous avons su, monsieur, que le roi de France a le don de guérir les écrouelles, nous sommes venus pour nous faire toucher par sa majesté ; mais, pour notre malheur nous avons appris qu’il est actuellement en péché mortel, et nous voilà obligés de nous en retourner infructueusement sur nos pas ; c’était Louis XV. Pour Louis XVI, on assure qu’il ne commettra de sa vie de péchés mortels ; ce qui doit donner bon courage aux patients qui ont été touchés par lui (3).
Vous aurez déjà reçu une longue lettre au sujet de Le Kain. Il doit partir dans peu pour jouer à Versailles une tragédie (4) de M. Guibert, le tacticien. Je n’ai point vu ce drame. Le Kain prétend que la reine de France protège la pièce ; ce qui doit en assurer le succès. Ce M. Guilbert veut aller à la gloire par tous les chemins : recueillir les applaudissements des armées, des théâtres, et des femmes, c’est un moyen sûr d’aller à l’immortalité.
Sans doute que ce qu’il a vu à Ferney l’a encouragé dans cette carrière périlleuse, où de mille qui l’enfilent, un seul à peine remporte la palme. Il est louable de se proposer de grands exemples et un grand but, et M. Guilbert en retirera infailliblement quelque avantage. On ne connaît ses propres talents qu’après en avoir fait l’essai.
Vos preuves sont faites depuis longtemps ; il ne vous faut qu’un peu ménager l’huile de la lampe, pour qu’elle brûle longtemps encore. C’est à quoi je m’intéresse plus que madame Denis et votre ménagère suisse (5), qui vous fait quitter l’ouvrage quand elle craint qu’il ne nuise à votre santé. Elles n’ont qu’une idée confuse de ce que vaut le patriarche de Ferney, et j’en ai une précise. Pour trouver un Voltaire dans l’antiquité, il faut rassembler le mérite de cinq ou six grands hommes, d’un Cicéron, d’un Virgile, d’un Lucien, et d’un Salluste ; et dans la renaissance des lettres, c’est la même chose : il faut englober un Guichardin, un Tasse, un Arétin, un Dante, un Arioste, et encore ce n’est pas assez : dans le siècle de Louis XIV, il manquera toujours pour l’épopée quelqu’un qui rende l’assemblage complet.
Voilà comme on pense de vous sur les bords de la mer Baltique, où l’on vous rend plus de justice que dans votre ingrate patrie.
N’oubliez pas ces bons Germains qui se souviennent toujours avec plaisir de vous avoir possédé autrefois, et qui vous célèbrent autant qu’il en est eux. Vale. FÉDÉRIC.
P.S. – Je viens de recevoir la Diatribe à l’auteur des Ephémérides (6). On dit que cet ouvrage vient de Ferney, et je crois y reconnaître l’auteur au style, qu’il ne saurait déguiser.
1 – George Keith, né en Ecosse. Proscrit de son pays, il avait servi le roi de Prusse. Le titre de milord Maréchal était héréditaire dans sa famille. (G.A.)
2 – George Keith s’était d’abord réfugié en Espagne. (G.A.)
3 – C’est d’après l’édition de Berlin que nous donnons cette dernière phrase, où Frédéric fait allusion à l’impuissance de Louis XVI. Les éditeurs de Kehl l’avaient remplacée par celle-ci : « L’âge et les mœurs austères de Louis XVI auront certainement inspiré plus de confiance lors de la cérémonie de son sacre. » (G.A.)
4 – Le Connétable de Bourbon. (G.A.)
5 – Elle se nommait Barbara. (G.A.)
6 – Voyez aux OPUSCULES, sur la Législation. (G.A.)
514 – DE VOLTAIRE
A Ferney, du 29 Juillet 1775.
Sire, il n’y a point de vertu, soit tranquille, soit agissante, soit douce, soit fière, soit humaine, soit héroïque, qui ne soit à votre usage. Vous voilà occupé du soin d’amuser votre famille, après avoir donné une cinquantaine de batailles. Vous faites paraître devant vous Le Kain et Aufresne. Paul-Emile disait que le même esprit servait à ordonner une fête, et à battre le roi Persée. Vous êtes supérieur à tout dans la guerre et dans la paix.
Je vous remercie de vouloir bien occuper un petit coin de votre immensité à protéger d’Etallonde Morival, et à réparer le crime de ses assassins ; cela était digne de votre majesté. Le grand Julien, le premier des hommes après Marc-Aurèle, en usait à peu près ainsi : et d’ailleurs, il ne vous valait pas.
La bonté que vous avez pour Morival est un grand exemple que vous donnez à notre nation. Elle commence à se débarbouiller : presque tout notre ministère est composé de philosophes (1). L’abbé Galliani (2) a soutenu que Rome ne pourrait jamais reprendre un peu de splendeur que quand il y aurait un pape athée. Du moins, il est bien certain qu’un athée, successeur de saint Pierre, vaudrait beaucoup mieux qu’un pape superstitieux.
Nous espérons en France que la philosophie, qui est auprès du trône, sera bientôt dedans ; mais ce n’est qu’une espérance : elle est souvent trompeuse. Il y a tant de gens intéressés à soutenir l’erreur et la sottise, il y a tant de dignités et de richesses attachées à ce métier, qu’il est à craindre que les hypocrites ne l’emportent toujours sur les sages. Votre Allemagne, elle-même, n’a-t-elle pas fait des souverains de vos principaux ecclésiastiques ? Quel est l’électeur et l’évêque parmi vous, qui prendra le parti de la raison contre une secte qui lui donne quatre ou cinq millions de rente ? il faudrait bouleverser la terre entière pour la mettre sous l’empire de la philosophie. La seule ressource qi reste donc aux sages, c’est d’empêcher que les fanatiques ne deviennent trop dangereux : c’est ce que vous faites par la force de votre génie, et par la connaissance que vous avez des hommes.
Vivez longtemps, sire, et donnez de nouveaux exemples à la terre.
Des gazettes ont dit que Poellnitz était mort : c’est dommage ; cela me fait craindre pour milord Maréchal (3), qui vaut mieux que lui, et qui ne s’éloigne pas de son âge. Pour moi, je suis soutenu par les consolations que vous daignez me donner, et ma plus grande, en mourant, sera de songer que je vous laisse dans le monde plein de vie et de gloire.
Je supplie votre majesté de daigner me mander si je dois renvoyer Morival à Vesel, où l’adresser à Potsdam.
Qu’elle daigne agréer mes remerciements, mon admiration et mon respect.
1 – Turgot et Malesherbes venaient d’être nommés ministres. (G.A.)
2 – Ou plutôt Galiani, ami de Diderot et auteur des fameux Dialogues sur le commerce des blés. (G.A.)
3 – Milord Maréchal avait alors quatre-vingt-dix-ans. Il mourut en 1778, la même année que Voltaire. (G.A.)