SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 21 - M

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SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 21 - M

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CATALOGUE

 

DE LA PLUPART DES ÉCRIVAINS FRANÇAIS

 

QUI ONT PARU DANS LE SIÈCLE DE LOUIS XIV,

 

Pour servir à l’histoire littéraire de ce temps.

 

 

 

 

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MABILLON (Jean)

 

1632 - ?

 

 

Né en Champagne en 1632, bénédictin. C’est lui qui, étant chargé de montrer le trésor de Saint-Denis, demanda à quitter cet emploi, parce qu’il n’aimait pas à mêler la fable avec la vérité. Il a fait de profondes recherches. Colbert l’employa à rechercher les anciens titres.

 

 

 

 

 

MAIGNAN (Emmanuel)

 

1601 - 1676

 

 

Né à Toulouse en 1601, minime. L’un de ceux qui ont appris les mathématiques sans maître. Professeur de mathématiques à Rome, où il y a toujours eu depuis un professeur minime français. Mort à Toulouse, en 1676.

 

 

 

 

 

MAILLET (Benoît de)

 

? - 1738

 

 

Consul au Grand-Caire. On a de lui des lettres instructives sur l’Egypte, et des ouvrages manuscrits d’une philosophie hardie. L’ouvrage intitulé Telliamed est de lui, ou du moins a été fait d’après ses idées. On y trouve l’opinion que la terre a été toute couverte d’eau, opinion adoptée par M. de Buffon, qui l’a fortifiée de preuves nouvelles ; mais ce n’est et ce ne sera longtemps qu’une opinion. Il est même certain qu’il existe de grands espaces où l’on ne trouve aucun vestige du séjour des eaux ; d’autres où l’on n’aperçoit que des dépôts laissés par les eaux terrestres. Mort en 1738.

 

 

 

 

 

MAIMBOURG (Louis)

 

1610 - 1686

 

 

Il y a encore quelques-unes de ses histoires qu’on ne lit pas sans plaisir. Il eut d’abord trop de vogue, et on l’a trop négligé ensuite. Ce qui est singulier, c’est qu’il fut obligé de quitter les jésuites, pour avoir écrit en faveur du clergé de France. Mort à Saint-Victor en 1686.

 

 

 

 

 

 

MAINTENON (Françoise d’Aubigné Scarron, marquise de)

 

1635 - 1719

 

 

Elle est auteur, comme madame de Sévigné, parce qu’on a imprimé ses Lettres après sa mort. Les unes et les autres sont écrites avec beaucoup d’esprit, mais avec un esprit différent. Le cœur et l’imagination ont dicté celles de madame de Sévigné ; elles ont plus de gaieté, plus de liberté : celles de madame de Maintenon sont plus contraintes ; il semble qu’elle ait toujours prévu qu’elles seraient un jour publiques. Madame de Sévigné, en écrivant à sa fille, n’écrivait que pour sa fille. On trouve quelques anecdotes dans les unes et dans les autres. On voit par celles de madame de Maintenon, qu’elle avait épousé Louis XIV, qu’elle influait dans les affaires d’Etat, mais qu’elle ne les gouvernait pas ; qu’elle ne pressa point la révocation de l’Edit de Nantes et ses suites, mais qu’elle ne s’y opposa point ; qu’elle prit le parti des molinistes, parce que Louis XIV, sur la fin de sa vie, portait des reliques ; et beaucoup d’autres particularités. Mais les connaissances qu’on peut puiser dans ce recueil sont trop achetées par la quantité de lettres inutiles qu’il renferme ; défaut commun à tous ces recueils. Si l’on n’imprimait que l’utile, il y aurait cent fois moins de livres. Morte à Saint-Cyr, en 1719 (*).

 

          Un nommé La Beaumelle, qui a été précepteur à Genève, a fait imprimer des Mémoires de Maintenon remplis de faussetés.

 

 

* L’article est de 1756, le recueil de Lettres n’ayant paru qu’en 1752. Nous avons déjà dit que La Beaumelle avait défiguré nombre de ces lettres. L’alinéa qui suit est de 1768. (G.A.)

 

 

 

 

MALEBRANCHE (Nicolas)

 

1638 - 1715

 

 

Né à Paris en 1638, de l’Oratoire, l’un des plus profonds méditatifs qui aient jamais écrit. Animé de cette imagination forte qui fait plus de disciples que la vérité, il en eut : de son temps il y avait des malebranchistes. Il a montré admirablement les erreurs des sens et de l’imagination, et quand il a voulu sonder la nature de l’âme, il s’est perdu dans cet abîme comme les autres. Il est, ainsi que Descartes, un grand homme, avec lequel on apprend bien peu de chose ; et il n’était pas un grand géomètre comme Descartes. Mort en 1715.

 

 

 

 

 

MALEZIEU (Nicolas)

 

1650 - 1727

 

 

Né à Paris en 1650. Les Eléments de Géométrie du duc de Bourgogne sont les leçons qu’il donna à ce prince. Il se fit une réputation par sa profonde littérature. Madame la duchesse du Maine fit sa fortune. Mort en 1727.

 

 

 

 

 

MALLEVILLE (Claude de)

 

? - 1647

 

 

L’un des premiers académiciens. Le seul sonnet de la Belle matineuse en fit un homme célèbre. On ne parlerait pas aujourd’hui d’un tel ouvrage ; mais le bon en tout genre était alors aussi rare qu’il est devenu commun depuis. Mort en 1647.

 

 

 

 

 

MARCA (Pierre de)

 

1594 - 1662

 

 

Né en 1594. Etant veuf et ayant plusieurs enfants, il entra dans l’Eglise, et fut nommé à l’archevêché de Paris. Son livre de la Concorde de l’empire et du sacerdoce est estimé. Mort en 1662.

 

 

 

 

 

MAROLLES (Michel de)

 

1600 - 1681

 

 

Né en Touraine en 1600, fils du célèbre Claude de Marolles, capitaine des cent-suisses connu par son combat singulier, à la tête de l’armée de Henri IV, contre Marivault. Michel, abbé de Villeloin, composa soixante-neuf ouvrages, dont plusieurs étaient des traductions très utiles dans leur temps. Mort en 1681.

 

 

 

 

 

MARSOLLIER (Jacques)

 

1647 - 1724

 

 

Né à Paris en 1647, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, connu par plusieurs histoires bien écrites. Mort en 1724.

 

 

 

 

 

MARTIGNAC (Etienne Algai de)

 

1628 - 1698

 

 

Né en 1628, le premier qui donna une traduction supportable en prose de Virgile, d’Horace, etc. Je doute qu’on les traduise jamais heureusement en vers. Ce ne serait pas assez d’avoir leur génie : la différence des langues est un obstacle presque invincible. Mort en 1698.

 

 

 

 

 

MASCARON (Jules)

 

1634 - 1703

 

 

De Marseille, né en 1634, évêque de Tulle et puis d’Agen. Ses oraisons funèbres balancèrent d’abord celles de Bossuet ; mais aujourd’hui elles ne servent qu’à faire voir combien Bossuet était un grand homme : mort en 1703.

 

 

 

 

 

MASSILLON (Jean-Baptiste)

 

1633 - 1742

 

 

Né à Hyères, en Provence, en 1633, de l’Oratoire, évêque de Clermont. Le prédicateur qui a le mieux connu le monde ; plus fleuri que Bourdaloue, plus agréable, et dont l’éloquence sent l’homme de cour, l’académicien, et l’homme d’esprit ; de plus, philosophe modéré et tolérant : mort en 1742.

 

 

 

 

 

MAUCROIX (François de)

 

1619 - 1708

 

 

Né à Goyon en 1619, historien, poète, et littérateur. On a retenu quelques-uns de ses vers, tels que ceux-ci, qu’il fit à l’âge de plus de quatre-vingts ans :

 

Chaque jour est un bien que du ciel je reçoi ;

Jouissons aujourd’hui de celui qu’il nous donne.

Il n’appartient pas plus aux jeunes gens qu’à moi,

Et celui de demain n’appartient à personne.

 

Mort en 1708.

 

 

 

MAYNARD (François)

 

1582 - 1646

 

 

Président d’Aurillac, né à Toulouse vers 1782. On peut le compter parmi ceux qui ont annoncé le siècle de Louis XIV. Il reste de lui un assez grand nombre de vers heureux purement écrits. C’est un des auteurs qui s’est plaint le plus de la mauvaise fortune attachée aux talents. Il ignorait que le succès d’un bon ouvrage est la seule récompense digne d’un artiste ; que, si les princes et les ministres veulent se faire honneur en récompensant cette espèce de mérite, il y a plus d’honneur encore d’attendre ces faveurs sans les demander ; et que, si un bon écrivain ambitionne la fortune, il doit la faire soi-même.

 

          Rien n’est plus connu que son beau sonnet (*) pour le cardinal de Richelieu ; et cette réponse dure du ministre, ce mot cruel, rien. Le président Maynard, retiré enfin à Aurillac, fit ces vers, qui méritent autant d’être connus que son sonnet :

 

Par votre humeur le monde est gouverné ;

Vos volontés font le calme et l’orage ;

Vous vous riez de me voir confiné

Loin de la cour dans mon petit ménage :

Mais n’est-ce rien que d’être tout à soi,

De n’avoir point le fardeau d’un emploi,

D’avoir dompté la crainte et l’espérance ?

Ah ! si le ciel, qui me traite si bien,

Avait pitié de vous et de la France,

Votre bonheur serait égal au mien.

 

          Depuis la mort du cardinal, il dit dans d’autres vers que le tyran est mort, et qu’il n’en est pas plus heureux. Si le cardinal lui avait fait du bien, ce ministre eût été un dieu pour lui : il n’est un tyran que parce qu’il ne lui donna rien. C’est trop ressembler à ces mendiants qui appellent les passants monseigneur, et qui les maudissent s’ils n’en reçoivent point d’aumône. Les vers de Maynard étaient fort beaux. Il eût été plus beau de passer sa vie sans demander et sans murmurer. L’épitaphe qu’il fit pour lui-même est dans la bouche de tout le monde :

 

Las d’espérer et de me plaindre

Des Muses, des grands, et du sort,

C’est ici que j’attends la mort,

Sans la désirer ni la craindre.

 

 

          Les deux derniers vers sont la traduction de cet ancien vers latin :

 

Summum nec metuas diem, nec optes.

 

                                                                   MART., lib. X, ep. 47.

 

          La plupart des beaux vers de morale sont des traductions. Il est bien commun de ne pas désirer la mort ; il est bien rare de ne pas la craindre, et il eût été grand de ne pas seulement songer s’il y a des grands au monde : mort en 1646.

 

 

 

* Erreur. Voltaire veut parler d’un morceau qui a vingt vers. (G.A.)

 

 

 

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